Elle ne chercha pas à se faire comprendre par sa famille. Leur livrer sa peine était au-dessus de ses forces. Alors, elle se mura dans le silence et leur pardonna dans le brouillard. Elle leur pardonna, malgré eux, car, au-delà de la douleur, il y avait l’amour inconditionnel, qu’elle leur portait.
Peut-être que nous ne témoignons notre amour que lorsque ça devient urgent, quand le destin nous rappelle que nous ne sommes pas éternels ? Nous témoignons donc notre amour égoïstement car nous avons peur de plus avoir l'occasion de le faire. L'amour n'est-il finalement que tourné vers soi ?
Alors, elle se persuada qu’elle n’était pas belle. Personne ne lui dit le contraire. En grandissant, cette croyance devint une vérité. Au collège, les filles métissées avaient toujours plus de succès auprès des garçons. Avec des ascendants originaires de l’Inde, du Yémen, de Madagascar… elles avaient souvent la peau plus claire, les cheveux plus lisses et plus longs. Alors, l’objectif était simple. Comment devenir plus belle ? Comment devenir plus blanche et avoir les cheveux plus lisses ? On lui proposa des solutions efficaces : les produits éclaircissants et défrisants. La plupart des mariées comoriennes passaient généralement par cette transformation. Tamaya se rendit compte, en quittant son île, que ce diktat de la beauté n’avait pas de frontières. Elle observa cette tendance à vouloir se dénaturer dans beaucoup d’autres communautés.