II se murmure que la recherche de titres donne lieu à des séances de remue méninges au sein de l'équipe de Duhamel, dans une émulation, ludique pour trouver des titres percutants. Le 2 juillet 1955, un lecteur parisien écrit d'ailleurs à Marcel Duhamel pour lui en proposer :
Monsieur,
Je me suis laissé dire que vous recherchiez, pour votre Série Noire, des titres suggestifs. C'est pourquoi je me suis permis de vous en adresser quelques-uns :
La ratatouille pour les marmites
Pas d'entourloupes avec mézigue
J'les aimes mieux froids
Le croque-mort l'a dans l'os
Pas de condés pour les demi-sels
Du nanan pour les bourriques
Sonate au macchabée
Arrière crapule
En plein dans la viande
L'inspecteur perd son dentier
T'auras les jetons
Espérant que quelques-uns, parmi eux, sont susceptibles de vous convenir, je vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de mes sentiments les meilleurs.
le roman noir français est un roman prolétarien qui s’ignore
Finalement, le roman noir est une littérature du soupçon, pas à la manière du récit d’énigme qui rend le lecteur attentif à tous les signes, mais en tant que récit qui met à distance le jeu politique, qui démasque les fameux “éléments de langage”, qui montre à l’œuvre les dissonances, les écarts entre la communication politique et la réalité cachée des faits et des forces en présence. A travers la violence criminelle, il met à nu la violence du politique sur l’individu, que ce soit au sein d’une institution, d’une entreprise ou du pouvoir politique même. De plus en plus souvent, il jette également un regard sur le passé.
Le public du XIXe siècle est friand de récits de crime et la presse exploite abondamment ce goût en développant la rubrique des faits divers et la fiction criminelle. Il s'agit moins d'une fascination morbide que de l'expression de nouvelles angoisses face à un monde qui change très vite.
Sherlock Holmes théâtralise sa parole, mais il a besoin pour cela du medium narratif qu'est Watson afin d'accompagner le lecteur dans le brouillard des signes, avant de tout expliquer d'une parole magique qui éclaire et révèle.
[Watson] est surtout le double naïf du lecteur, attendant la révélation de la parole holmésienne, incapable de se livrer à la même analyse alors même qu'il possède les mêmes informations que le détective.
Arthur Conan Doyle n'invente pas une forme littéraire, mais il en exploite le potentiel et en fixe un modèle possible , perfectionnant le genre de récit en récit.
C'est la combinaison d'un héros tout-puissant, d'une aventure et d'une parole théâtralisée qui constitue la base d'un fonctionnement mythique du récit.
Les aventures de Sherlock Holmes offrent un écho aux controverses et aux grandes interrogations médicales de l'époque.
[Le roman Noir]
Un sale gosse qui casse les règles, se gausse de la bienséance et se vautre dans le caniveau,