Nata Minor : le chapeau de monsieur
FreudAssis en compagnie de
Nata MINOR dans le
café le Rostand, dans le 6ème arrondissement de Paris,
Olivier BARROT interroge l'écrivain sur son livre "Le chapeau de Monsieur
Freud". Bt de la couverture du livre.
C'est merveilleux quand tout se réveille, on croyait que c'était fini, qu'il n'y aurait plus jamais de fleurs, de feuilles aux arbres et voilà que ça recommence.
Pouchkine, par exemple, vous ne voudrez pas croire, on pleure encore quand on pense au duel et à comment ce français imbécile l'a tué. On sanglote même.
Apparemment, c'était la manière dont il la nommait qui me convenait le mieux , qui me paraissait la plus apte à la décrire., la plus propre à me la faire imaginer, comme si toute autre appellation risquait de projeter Mademoiselle dans l'insipide, le neutre, le figé. Mais existait-elle vraiment ? Et si elle n'existait pas "vraiment", qui était Mademoiselle ?
-Mais je crois que vous n'avez rien compris au caractère de Mademoiselle ! Elle ne voulait pas quitter la Russie, pour elle il n'en était pas question. Elle était très indépendante, savez-vous, impressionnable mais indépendante. Elle avait gagné ça avec la lecture. Couchée elle n'avait besoin de personne, bien au chaud l'hiver; bien au frais, devant la fenêtre ouverte l'été, elle était contente avec ses livres, pas de discussions, pas de disputes, juste assez de sentiments et voilà.
Un rayon de soleil oblique éclairait un coin de l'étagère, faisait chatoyer la petite tête en jaspe de la déesse Tanit, avec ses minuscules cornes et son sourire énigmatique, ce sourire très particulier de certaines femmes. De certaines, seulement? En fait toutes l'avaient mais le maquillaient, le dissimulaient et on se laissait tromper. Et pourtant il arrivait que l'on se dise : "Ce petit masque-là laisse augurer un sens caché."
Disséquer! C'était ce que certains lui reprochaient : de disséquer l'âme. Son besoin de savoir était taraudant, il l'admettait volontiers. Cependant il y avait dans ce besoin quelque chose d'informulé, d'imprécis ne pouvant se poser que sous la forme d'une question. Mais il se demandait aujourd'hui de quelle question il s'agissait, il ne savait le dire. Ç’avait affaire avec la déesse Tanit, la tiédeur du jaspe, la féminité.
Quelle anarchie, les idées tourbillonnent, se précipitent sans se suivre... et j'ai affaire à ça, vingt-quatre heures sur vingt-quatre...
Plus aucun bruit, tout est calme dans l’enclos tout le monde dort et les mots de ma vie, des vies s’amenuisent, s’estompent, bientôt ils seront effacés. En demeurera peut-être une trame invisible, un souvenir léger. Cela aurait-il changé quelque chose si je les avais retenus ?