Citations de Myriam Ouyessad (18)
D'habitude, Djalil prenait une boîte au hasard,
parmi toutes celles, bariolées, qui couvraient les murs
de la cabane. Il en sortait une graine, la tendait à Minoa,
et la femme commençait son récit.
Elle parlait du pays d'où venait la graine, dessinait l'arbre
qui l'avait portée, et expliquait les vertus de ses fruits.
Mais ce matin-là, pour la première fois, c'était Minoa qui lui tendait une boîte.
Blanche, un peu plus grande que les autres, Djalil ne l'avait jamais vue.
- Prends-la et ouvre-la, Djalil.
La voix de Minoa tremblait d'émotion.
J'ai mis mon lit dans la grande roue,
et je m'endors sous les étoiles.
Le soir, j'essaie de les compter.
De 1 à 7, c'est la Grande Ourse!
Mais après 10, je m'assoupis.
Au grand air, les rêves sont plus clairs.
C'était depuis les lois rabat-joie que le Tapaf avait prodigieusement enflé...Comme si le monstre se nourrissait de nos peurs, du désespoir. Il fallait donc tout renverser, faire oublier la peur et ranimer la joie !
Mais comment rendre le sourire à des milliers de gens ?
Les mains tremblantes, il déposa la graine dans le trou, la recouvrit délicatement, puis versa l'eau claire du ruisseau. A partir de cet instant, l'homme et le faucon veillèrent nuit et jour sur la précieuse graine.
Les oiseaux disent que l'ours blanc est ravissant.
Qu'ils n'ont jamais rien vu d'aussi beau. D'aussi blanc !
Tibouli est très surpris.
Jamais il n'aurait imaginé qu'on puisse l'admirer.
Pour rétablir l'ordre, on promulgua de nouvelles lois.
Les murs de la ville furent bientôt couverts de sombres affiches.
[ sur les murs ]
• IL EST INTERDIT de faire, de lire, de dire ou d'écrire des BLAGUES
• Le rire étant contagieux, IL EST INTERDIT de rire en public
• IL EST INTERDIT de porter des VETEMENTS ou des SOULIERS trop grands
• EN GÉNÉRAL TOUT ABUS DE GAIETÉ sera SÉVÈREMENT réprimé
L'arbre poussa d'une manière extraordinaire !
En quelques semaines, un tronc grand et solide apparut. Puis une branche poussa. Une seule et très longue branche, dont les ramifications s'enroulaient en spirales délicates.
Au bout se sept ans, de sept branches, l'arbre cessa de croître.
- Cette ville est immense ! C'est un vrai labyrinthe, avec des milliers de rues qui se ressemblent. Le loup ne trouverait pas notre immeuble.
- Et si le loup avait notre adresse ?
- Les loups ne savent pas lire, voyons !
- Mais ils ont du flair ! Peut-être qu'avec son flair le loup trouverait notre immeuble.
Djalil se retourna.
Tout allait bien. Personne ne l'avait suivi.
En quelques bonds, il gravit les marches qui menait à la cabane perchée.
Personne ne devait savoir qu'il venait chez Minoa,
ou alors, il aurait des ennuis.
Au village, les gens disaient n'importe quoi!
Pour certains, Minoa n'était qu'une vieille folle qui parlait aux arbres. Mais pour d'autres, les plus nombreux, c'était une sorcière.
Guimauve, chichis, croustillons, nougats,
crèmes glacées, pommes d'amour, barbes à papa...
Je me régale à tous les repas!
C'est sans vitamines, mais ça donne bonne mine.
Le seul problème avec le SPLOUTCH,
c'est qu'après, on est trempé.
Mais pour cesser de dégouliner,
j'ai la solution rêvée : un petit tour
en chaise volant! On en ressort essoré!
Et ça sèche même les chaussettes !
La fuite s'organise. Les louves et les louveteaux d'abord ! A la queue leu leu, les loups quittent la forêt dans le plus grand des silences.
Il ne faut pas réveiller le mouton qui dort...
C'est que Gaston n'a pas du tout envie d'ëtre tondu, lui ! (...)
Enfin, et surtout, il ne voit pas pourquoi il donnerait au berger sa belle laine bouclée !
S'il veut des poils, le berger n'a qu'à se laisser pousser les siens !
Rouge, jaune, bleu, mauve et orange !
Des couleurs apparaissent. Tibouli se redresse.
Bientôt, des centaines d'oiseaux bariolés papotent au-dessus de sa tête.
Que disent ces petites merveilles ?
Tibouli tend l'oreille...
— Maman, tu es sûre que le loup ne viendra pas ?
— Tout à fait sûre, mon lapin.
— Mais comment tu peux être aussi sûre ?
Minoa est une gardienne de graines. Chaque visite de Djalil est l'occasion de lui expliquer d'où vient une graine. Mais aujourd'hui, elle lui montre une graine spéciale, immense, ressemblant à un œil. Il n'existe pas d'arbre dans la nature correspondant à cette graine.
Minoa qui est très vieille confie cette graine à Djalil. Elle lui dit qu'il est plus facile de protéger une graine plutôt qu'un arbre.
Djalil va la garder pendant des années et dresser un faucon pour protéger le futur arbre.
Puis, un jour, il part dans le désert planter cette graine. Elle devient un arbre majestueux. Elle finit par donner un seul fruit. Djalil le mange et fait un cauchemar. Au matin, il comprend qu'il a eu des visions et qu'il doit secourir le palais du roi Argo.
Le roi demande alors à sa fille la princesse Nadja de trouver Djalil et de vérifier s'il lit l'avenir.
Magnifique conte basé sur un triptyque de Gustav Klimt et qui en reprend les codes d'illustrations. Ce livre est solaire !
- Pour mon anniversaire, mon papa m'a offert un chien.
Il est tellement grand qu'on dirait un cheval !
Depuis que son ourson est né, l'ours grognon n'a plus grogné. Plus jamais.
Maintenant il a un sourire béat, grand comme ça !
Il faut dire aussi qu'avec leurs grands yeux ronds, leur gros bidon et leurs petits petons, les oursons sont si mignons...