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Citations de Mongo Beti (51)


Toutes sortes de souvenirs lui affluaient à la mémoire... Les cours de catéchisme... si tu voles... un franc à une vieille femme qui n'avait que ce franc pour toute fortune... péché grave... péché mortel... tandis que si tu voles cent mille francs à... une milliardaire, tu ne commets peut-être même pas un péché véniel... Ouis !
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Dans la vie, songeait-il, ce qu'il faut, c'est ne jamais se décourager; il faut toujours lutter; nul ne sait où est fourrée sa chance; un jour, il la découvre par hasard, en fouinant.
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Si tu n'as pas la force, fils, essaie de russer. (P.55)
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Au fond, qu'est-ce qui vous différencie de l'agitateur communiste ? Hein, en quoi différez-vous du rouge ? Comme lui, vous êtes le mauvais génie de populations pacifique et débonnaires -- et qui ne demandent pas mieux que de rester ainsi, croyez-moi. Vous n'avez de cesse que vous n'ayez mis en branle ces gens innocents et inoffensifs en leur inculquant des notions dangereuses et trompeuses : la liberté, l'égalité devant dieu, la rédemption, la fraternité et je ne sais plus quelles balivernes.
Pourquoi ne pas leur fiche la paix, puisqu'ils ne demandent que cela ?...
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[...] Tout comme à l'apogée de la colonisation, l'absolutisme de la langue française était un humus empoisonné sur lequel poussaient nécessairement des plantes malsaines : l'apprentissage jamais achevé de ses raffinements retenait dans l'infantilisme ; l'exclusion inévitable ou calculée hors de ce paradis de l'immense majorité des populations produisait l'obscurantisme, la stagnation sociale et politique, ainsi que la frustration des masses. La rareté infinitésimale des élites, ces élus qui, surmontant tous les handicaps, parvenaient à la conquête d'un diplôme, en faisant un arbuste malingre qu'on enfermait dans la serre chaude des quartiers séparés où elles se laissaient déposséder d'elles-mêmes. L'assujettissement sans espoir faisait lever des moissons de révolte. Décidément, se persuadait le frère de Perpétue, l'Afrique est ravagée par trois grands fléaux, la dictature, l'alcoolisme et la langue française, à moins que ce ne soient trois visages d'un même malheur. [...] pages 134-135
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Vous voulez aller plus loin que l'image de l'Africain hébété, familier dans les médias français, qui supplie qu'on l'aide et qui attend tout de l’extérieur? Alors il faut accompagner Mongo Beti dans son retour au Cameroun. D'un oeil sensible et d'une plume alerte, Mongo Beti dresse un état des lieux qui, pour le coeur et l'esprit, se révèle infiniment plus saisissant que des encyclopédies du développement.
Libération
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C’était une boutade d’Eddie : après la privatisation très controversée des banques, de l’eau, de l’électricité, il restait désormais celle de la police et de l’armée, et même de l’Etat. Alors, du moins, le président, en fameux fainéant, serait enfin assuré de pouvoir se reposer tout le temps, son rêve secret.
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— Comment ? on ne t'a rien dit ? reprit-il à voix haute. T'es un flic ou pas ? Le gouvernement a peur pour les élections qui viennent ; il veut s'assurer de la fidélité de ses partisans supposés. On ne t'a pas dit ça ?
— Non, monsieur, chuchota Norbert.
— Mais alors, qu'est-ce qu'on t'a dit ?
— Rien, seulement : tu vas faire des enquêtes et ça va te changer.
— Ça va te changer ? Pourquoi ça va te changer ?
— Parce que, nous, dans notre police, on ne fait jamais d'enquête ; c'est même interdit.
— Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Non mais c'est dingue. C'est interdit aux policiers d'ici de faire une enquête ? C'est vrai, ce mensonge ?
— C'est vrai monsieur.
— Est-ce possible ?
— Si, si, c'est vrai, monsieur. Chaque fois qu'on fait une enquête, on tombe immanquablement sur un grand.
— Un homme puissant, c'est ça que tu veux dire ?
— Oui, monsieur. C'est pour ça que c'est interdit de faire des enquêtes.
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- Pourquoi toujours retenir les fous de commettre des folies ? De toute façon, si ce n'est pas pour emmener sa belle-soeur enceinte, ce qui n'est quand même pas tous les jours, ce koundremann trouvera une autre raison encore plus futile de gaspiller son argent.
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Il faut dire que, si, après une longue période de dictature, des exilés, que favorise une circonstance imprévue, reviennent en masse au pays, ce n'est pas rassurant pour le pouvoir ; mais, contrairement à ce que l'on pourrait croire a priori, ce n'est pas tellement plus rassurant non plus pour l'ensemble de la société en place, trop bien façonnée par le temps et les habitudes, trop résignée à ce qu'on appelle la force des choses. [...] Les nouveaux venus ont des aspirations, un langage, un comportement non seulement étrangers, mais incompréhensibles, voire odieux. Le contraste de leurs façons de vivre avec les us traditionnels n'est-il pas un miroir où la société majoritaire lit nécessairement son arriération et sa décrépitude ? [...] De même que la cellule humaine se positionne de manière à s'accoutumer à l'imprégnation alcoolique pour en devenir finalement un artisan involontaire, de la même façon les populations sédentaires avaient dû s'accommoder des exactions, des turpitudes des autocrates ; elles en avaient pris le pli. Presque plus rien ne les blessait ni ne les étonnait, bien au contraire ; elles en étaient même arrivées à applaudir aux extravagances de la dictature. Là où le peuple a été trop longtemps tenu à l'écart des lumières du droit, le vice devient la norme, le tortueux la règle, l'arbitraire la vertu. L'arrivée massive des exilés causa un choc aux populations, en les contraignant à un brusque réveil. On se réjouissait en public du retour des enfants prodigues ; en privé, on les blâmait de ne pas agir en sentir comme tout le monde. S'indignaient-ils de la corruption ? on leur répondait : « Il faut bien que tout le monde mange », oh, le vilain mot ! S'abstenaient-ils de courtiser les puissants ? Le peuple sermonnait : « Dieu a dit : obéissez aux supérieurs. » S'acharnaient-ils au travail ? on les en blâmait, sous prétexte que l'homme n'a qu'une vie et qu'il faut la gâcher le moins possible. Se scandalisaient-ils des financements dérisoires de l'éducation et de la santé des populations ? Priorité au remboursement de la dette, leur rétorquaient la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Prêchaient-ils la révolution, comme c'est la manie chez les exilés revenus au pays ? on levait les yeux au ciel en invoquant la fatalité.

Les exilés étaient de retour, et c'est bien vrai que rien ne serait plus jamais comme avant. Mais, en attendant, le fleuve impavide des résignations mesquines et des turpitudes furtives continuait de couler, et c'est ce qui désespérait Eddie, trop attaché à son indépendance pour nourrir la moindre ambition politique à vrai dire, mais trop écorché dans sa dignité d'Africain par un long exil au milieu de populations racistes pour laisser courir les choses, et c'était là son drame.
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Avant de pénétrer dans le bureau du commissaire, il revit une dernière fois l'image de sa mère, une pauvre chose, maigre, noire, misérable, dégoûtante, inhumaine et digne de pitié, qui gisait sur un lit de bambou.
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Pourquoi les recrutait-on toujours dans le Nord ?(...) C' est
peut-être uniquement parce qu' ici ce n' était pas leur pays .
Si on prenait des gars d' ici pour être gardes régionaux
là-bas , peut-être qu 'ils seraient aussi insensibles .
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[...] Admirons cette fois les sages de notre clan qui jugèrent cette attitude avec sévérité, affirmant sans ambages qu'elle était de mauvais alois. Ils se gardèrent toutefois de déclarer, comme ils auraient dû, que Mor-Zamba était un homme libre comme tout un chacun dans la cité, et que personne, à l'avenir, ne serait fondé à tenter de disposer de lui ainsi que d'un captif, et surtout, que d'être né ailleurs que dans notre clan, et même d'être né Dieu seul savait où ne pouvait être désigné comme une tare comme tant de gens semblaient le croire. [...]
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A dater de ce jour-là ,de ce moment-là ,deux convictions se solidement installées en moi et n 'ont pas bougé : la première ,c 'est qu 'il n 'est rien au monde qui ait plus mauvais goût que le whisky américain ; la seconde ,qu 'il
n 'est rien au monde comme une boisson alcoolisée pour vous mettre à l 'aise dans n 'importe quel milieu .
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Je vous en supplie, frères, laissez-moi écraser cette sale vermine sous mon seul pied gauche et vous n'en entendrez plus jamais parler. Qu'est-il venu ficher dans notre pays, je vous le demande? Il crevait de faim dans son pays, il s'amène, nous le nourrissons, nous le gratifions de terres, il se construit de belles maisons avec l'argent que nous lui donnons; et même nous lui prêtons nos femmes pendant trois mois
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A dater de ce jour-là, de ce moment-là, deux convictions se sont solidement installées en moi et n'ont pas bougé : la première, c'est qu'il n'est rien au monde qui ait plus mauvais goût que le whisky américain ; la seconde, qu'il n'est rien au mmonde comme une boisson alcoolisée pour vous mettre à l'aise dans n'importe quel milieu.
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Le drame dont souffre notre notre peuple ,est celui d 'un
homme laissé à lui-même dans un monde qui ne lui appartient pas , un monde qu 'il n 'a pas fait ,un monde où il ne comprend rien .
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Pendant vingt-ans , je n'ai rien compris à rien .
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Dans cette ville où, bien que les fous y fourmillent, il n'y a pas d'asile de fous, ni d'hôpital acceptant de les accueillir, on voit un jeune homme, trente ans au maximum, nu comme le fut, dit-on , le premier homme au jardin de l'Eden, déambuler le jour dans les rues populeuses du grand port, ou s'absorber dans un soliloque zébré de sourires sporadiques et incohérents, tandis qu'il fourrage mécaniquement et en gloussant dans les ordures où il se nourrit.
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- Va pour ce nouveau témoignage, gronda le chef de l’Etat ramassé sur lui-même comme un bouledogue, mais que ce soit la dernière séance de cette mascarade, est-ce que c’est bien clair ? Je veux entendre une réponse de chacun : est-ce que c’est bien clair, cette fois ?
- Très clair, Excellence, dit le premier conseiller intime en s’inclinant.
- Très clair, Excellence, dit le deuxième conseiller intime en s’inclinant.
- Très clair, Excellence, dit troisième le conseiller intime en s’inclinant.
- Très clair, Excellence, dit le quatrième conseiller intime en s’inclinant.
- Très clair, Excellence, dit le cinquième conseiller intime en s’inclinant.
- Très clair, Excellence, dit le sixième conseiller intime en s’inclinant.
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