L’intuition ne frappe à toutes les portes de la même façon.
C’est d’ailleurs le propre de l’homme que de donner une enveloppe et une bénédiction au diable pour ensuite chercher le pardon auprès des anges.
L’anglais se marie si mal avec l’accent marseillais.
J’ai l’impression que la folie devient le refuge ultime des sages face à l’horreur des hallucinés .
Le silence appartient au nageur. Il s’immisce partout. Au cœur de la nature et colle à même sa peau, à travers la fine combinaison en néoprène. Un frisson de bonheur dont il ne se lasse jamais. Sur sa gauche, les roches blanches, veinées et rugueuses, près du Cap Croisette, disparaissent lentement sous les assauts du crépuscule. Il s'en moque. Il se prépare, le visage tourné vers le fond, le pince-nez et le tuba en position. Quelques sachets de grenailles de plombs autour de la taille en guise de gueuse. Deux kilogrammes, à peine.
L’image bucolique paraît pourtant, au premier abord, solide. Elle est bâtie de murs épais de galets, de ceux que produit l’érosion à longueur d’année dans le ravin voisin. Elle est entourée d’une pelouse, certes rêche et fade après l’hiver, mais dans laquelle on peut tout de même aimer s’allonger.
– Il a d’abord été militaire au sein de Tsahal, un simple troufion. Il se fait remarquer lors de la guerre des Six Jours et intègre le Mossad, l’année suivante, en 1968. Puis on tombe dans le brouillard le plus total à son sujet jusqu’à sa mutation en France comme attaché diplomatique et sans doute espion. Je crois, en 1981. C’est à Paris qu’il rencontre sa future compagne, Mathilde. Eux se marient assez vite, à l’inverse d’un couple d’incapables que je connais bien. Ensuite, on s’en fout un peu. Ça te va ?
– La fin, j’ai moins aimé, mais sinon, c’était bien.
– Alors, mon p’tit Jul ! Pour ta gouverne : Rafez et Radouane Fezoui, c’est pareil. Et je peux te parier une soirée au Maracana club que, tout ça, c’est du pipeau. Tu joues au pipeau, toi ?
– Ben... non, patron.
– Eh bien, moi non plus. Tu saisis le problème ?
L’homme, une fois la conversation terminée, inspire une franche goulée d’air, histoire de nettoyer ses poumons grignotés par l’angoisse, et retourne donner un coup de main à ses trois jeunes amis.
Marc tourne avec délicatesse le premier feuillet, une lettre, pour en découvrir un autre, puis un autre... Dans l’atelier de reprographie, il n’avait fait qu’aller vite. Là, l’attention devient nouvelle. Il s’attarde. Il hume et goûte presque l’atmosphère de cette époque. Il constate que les documents portent un en-tête. Certains, plus urgents, pourrait-on croire, ne sont pas stigmatisés, si ce n’est par la présence d’un simple seing de haute noblesse.
Il n’y a pas que les matelas qui tombent.
Les idées toutes faites trébuchent aussi et, par effet domino, entraînent nombre de convictions au sol. Je commence à saisir, grâce à l’intervention cavalière de monsieur Gabor, dans quel bac à purin je suis en train de me vautrer, et tout ça par la faute d’un petit bout de chiffon tout sale. Je ne suis pas un cochon, non ! mais avouez, tout de même, que l’eau du bain, au minimum, n’est pas claire.