Eugène était rassuré : les centaines de chausse-trappes qu'on avait bien voulu lui confier étaient toujours là.
Il se saisit de l'une d'elles, la sortit de son sac et la plaça dans le creux de sa main. Trois des quatre branches de la chausse-trappe reposaient sur sa peau, certaines ne cherchant qu'un mouvement maladroit pour s'y enfoncer plus avant. Le tout tenait dans un cube de 5 centimètres de côté.
Ce genre de pièges était, lui avait-on dit, un excellent moyen de paralyser les mouvements allemands à moindres frais, en crevant les roues des convois, des estafettes ou des transports de troupes. On lui avait même assuré que, utilisées en masse, ces chausse-trappes constituaient un dispositif clé. En réalité, il le savait, c'était tout ce qu'on avait voulu concéder à ce groupe de jeunes qui s'étaient découverts, avec un enthousiasme non feint mais tardif, une vocation de résistants.
En passant devant la clôture, il tourna la tête contre le champ. Des chevaux y paissaient.