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Critiques de Max Porter (113)
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La douleur porte un costume de plumes

Papa est effondré.

Les enfants déracinés.

Maman est partie.

Vers un ailleurs loin d'ici.

C'est le grand vide.

Le désespoir, l'arrêt du temps.

Qui suspend son bruissement.

Corbeau surgit de nulle part.

Sûrement pas là par hasard.

Se charge de remplir la fissure.

Accompagne le désarroi.

Qui transpire à chaque pas.

Redonne une direction.

Un élan, une reconstruction.

L'écriture est atypique.

La mise en page itou.

Les mots sont forts.

Evocateurs et puissants.

Lâcher-prise est le sentiment

qui me vient pour pénétrer,

L'étrangeté de ce roman.

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Shy

« Sa mère a écrit : de même qu'une personne dévorée / l'animal en lui / la peau ? sur lui / qui l'emprisonne / Shy est à l'intérieur, mais la peau est aussi lui, enragée et vraie. Je suis presque jalouse. »



Ce qui m'a portée vers ce roman, c'est tout d'abord la magnifique couverture de Nathanaëlle Herbelin, cette sorte de beauté sauvage, intimiste et introspective, émotionnellement touchante. Ce qui frappe dans ce tableau, c'est tout d'abord ce chien noir, long sur patte et efflanqué, seul, la tête basse, misérable, abandonné. Puis le regard se déplace vers l'horizon et on aperçoit alors un paysage marin, profondément mélancolique, notes à dominante terreuse, piquetées de touches blanches et lumineuses.



*

Dès la toute première page, j'ai compris que ce roman ne serait pas comme les autres.

Des phrases courtes, souvent nominales, parfois un seul mot.

Des phrases en anglais, concises elles aussi. Percutantes. Nerveuses. Incisives. Lapidaires.

Et puis, il y a le style d'écriture qui d'emblée se démarque des lectures habituelles. Original et puissant. Une poésie profondément humaine qui s'entrelace avec une écriture plus crue, acérée et sans merci.



*

Shy s'enfuit à la faveur de la nuit, un sac rempli de pierres sur le dos pour rejoindre la mare voisine. Il fuit un établissement scolaire qui accueille de jeunes délinquants particulièrement violents. L'école de la dernière chance aide les enfants en souffrance, en détresse.

Rejetés, exclus, perdus.

Tous ont une histoire, déjà lourde malgré leur jeune âge.



« La nuit est immense et elle fait mal… le monde est atrocement calme et nu. »



Shy fuit cette école qui, en fermant bientôt ses portes, le repousse, l'abandonne.



*

Le temps d'une nuit, on plonge dans le monde de Shy, un monde qui étreint, emmure et écrase par sa force littéraire.

A mesure qu'il marche dans la nuit, l'adolescent est submergé par des souvenirs qui le hantent, le rongent et le grignotent, mais aussi par d'autres voix que la sienne, camarades, parents, éducateurs.

Le lecteur l'accompagne dans le cheminement de ses pensées, dans cet aller-retour incessant dans le temps.



Lorsque le passé est évoqué, les phrases s'allongent, interminables, ponctuées de virgules. Un flot de paroles qui se libèrent et s'enfoncent dans l'intime, nous aidant à ressentir la personnalité de Shy. Mésestime, fragilités, failles, solitude, espoirs, rêves avortés, échecs, colères, peurs, honte, culpabilité, regrets, rage, fuite.

Moqueries. Blessures.

Perte de confiance. Perte de repères. Perte de contrôle.

Dépression. Destruction.



Et pourtant, malgré tout cela, ou à cause de tout cela, je me suis attachée à cet un enfant en décrochage scolaire, psychologiquement et émotionnellement perturbé, angoissé et suicidaire, colérique et agressif. Sa fragilité m'a touchée, sa détresse m'a émue, son besoin de reconnaissance et d'amour m'a bouleversée.



*

Un langage visuel d'une émotion vive et bouleversante.

Une voix perdue, en souffrance, irascible, emportée, révoltée qui n'arrive pas à apprivoiser ses émotions.

Un style parfaitement maîtrisé et abouti, musical, rythmé par la musique électronique qu'écoute Shy à longueur de journée. Un son heurté, fracturé, métallique.

Une mise en page réfléchie, particulièrement intéressante.



« Réfugié dans sa capuche, dans un monde parfait de basses et de breaks et de scansions mitraillette. Emporté. »



Ce que je retiens également, c'est le mouvement singulier de ce roman qui adopte une narration tournoyante dans sa façon de raconter la vie de Shy. Entre phrases courtes et longues, entre vide et trop-plein, entre pensées intimes et monologues intérieurs encombrés de multiples voix, entre terreurs nocturnes et rêves éveillés, le récit alterne à la fois sa fuite, sa rage et son désespoir, mais également l'impuissance de son entourage à apaiser ses tempêtes intérieures.



« Tu prends trop de place. »

« Je te déteste. »

« Est-ce que tu as une idée du mal que tu fais ? »

« J'ai envie de crever. »



*

Entre retour sur l'enfance et quête de soi, Max Porter livre un texte féroce, intense sur les douleurs et les traumatismes de l'enfance. Magnifiquement écrit, Max Porter parvient à capter l'isolement au sein de la famille, de l'école et des camarades, le regard blessant et dévalorisant d'autrui.

Un roman original, inattendu.
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Shy

« Il a taggué, sniffé, fumé, juré, volé, tranché, cogné, fui, sauté, démoli une Ford Escort, détruit une boutique, saccagé une barraque, pété un nez, planté un couteau dans le doigt de son beau-père, mais ça fait un bail qu'il n'a pas fugué. C'est du taf et du stress » (p. 15). Une fugue ? une évasion plutôt, non ? Ni l'une ni l'autre, ou un peu les deux, c'est selon : on comprend vite ce qu'il a en tête. Avec un sac à dos qui pèse une tonne, rempli à craquer de lourdes pierres, des silex dans cette région, leur a dit Steve, il s'éloigne de L'École de la Dernière Chance où il a été placé en dernier recours. Ce manoir du XVIIe siècle, bâtiment magnifique, classé et, dit-on, hanté, doit prochainement être transformé en appartements de luxe. Juste avant de partir, il a gravé sur une des poutres apparentes de sa chambre son nom, Shy, et l'année en cours, 95. Il a 16 ans, il est fou de musique et horriblement mal dans sa peau.

***

Tout dans ce bref et brillant roman de Max Porter concoure à traduire l'agitation et la détresse de Shy. le rythme de l'écriture d'abord : on passe de phrases isolées à de brefs paragraphes pour se plonger ensuite dans de très longues phrases qui courent sur plusieurs pages, mais qui ne présentent aucune difficulté de lecture grâce aux virgules ; le ton ensuite, de l'humour grinçant au plus profond désespoir ; le style aussi, de la poésie à la vulgarité ; la narration : on change fréquemment de narrateur, passant du monologue intérieur de l'ado aux paroles des potes, des éducateurs, de la mère, du beau-père (ah ! le beau-père), à la voix off d'un documentaire, pour revenir à Shy ou à un narrateur à la troisième personne. La conception graphique est originale et remarquable (Cyriac Allard) : la mise en page, les changements de polices, de tailles et d'attributs de caractères. Dans deux passages, le texte commence sur la belle page pour continuer sur la fausse page… On adopte le rythme du garçon, ses hésitations, son mal-être, sa dépression, ses rancoeurs comme ses espoirs. Oui, il y a pourtant de l'espoir malgré les difficultés et…deux blaireaux morts, prétextes, entre autres choses, à une reconnexion avec la nature. Il ne m'a pas fallu plus de deux heures pour dévorer ce bref roman. Je l'ai lu il y a un mois, mais le livre étant sous embargo, j'ai attendu pour en faire la critique. Je me demandais si mon engouement tiendrait. C'est le cas. Tentez le coup !



Merci à Nathan de Babelio, à l'opération Masse critique privilégiée et aux éditions du Sous-Sol pour ce formidable roman.
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La douleur porte un costume de plumes

Un papa et deux garçons doivent survivre à mort de la maman. Un papa qui fait ce qu’il peut pour ne pas être fracassé de chagrin et deux enfants qui font ce qu’ils peuvent pour continuer de grandir comme des enfants. Heureusement qu’il y a Corbeau, qui de son bec redonne du courage et de ses plumes sèche les larmes. Un bel oiseau noir qui porte le deuil impossible, un bel oiseau noir qui fait supporter l’insupportable.



Un seul être vous manque et tout est déplumé…Une histoire d’ami imaginaire qui vient en aide à une famille en douleur, voilà toute l’histoire de ce court récit. Un livre de Fantaisy que seul un anglais pouvait écrire, Max Porter dans la lignée de quelques glorieux ainés : J.M Barrie, L. Carroll, B. Potter ou K. Grahame nous offre un drôle de long poème triste et gai. C’est bouleversant, pudique, vivifiant et toujours surprenant.



Une belle découverte.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La douleur porte un costume de plumes

Une fois de plus, je me suis laissée séduire par le titre, ce qui n'est pas la façon la plus intelligente de choisir une lecture, je vous l'accorde !

« La douleur porte un costume de plumes » me semblait un livre plein de promesses, sauf qu'au bout de trois pages, j'ai commencé à déchanter :

Un style d'écriture auquel je n'ai pas du tout accroché, une histoire qui m'a parue bien touffue.

Avec certes, une bonne accroche, une maman disparue brusquement laissant un papa désespéré et deux petits garçons. Jusqu'à ce qu'un soir une étrange créature frappe à la porte, un corbeau bien noir et bien gros comme le malheur qui qualifie bien souvent cet oiseau.

Et la vie peu à peu se transforme, l'oiseau prenant de plus en plus de place dans la famille.

L'auteur donne la parole tour à tour au papa, aux enfants et surtout à l'oiseau qui essaie de dédramatiser la situation et y parviens parfois par des réflexions cocasses et inattendues dans les circonstances.

Je n'ai pas aimé ce livre mais je crois surtout que je ne l'ai pas compris. Que représente l'oiseau ? Que veut nous montrer l'auteur ? Autant de questions sans réponses pour moi.

Si j'avais apprécié l'écriture, je crois que j'aurais recommencé ma lecture, mais là, j'attends de lire d'autres critiques pour essayer d'en savoir plus.

J'espère ne pas vous avoir dissuadé de lire ce livre car il a certainement des qualités, surtout pour son originalité, mais il n'a pas su me toucher.



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Shy

1995, à l’Ecole de la Dernière Chance, quelque part en Angleterre

Le vieux manoir classé qui accueille l’institution pour délinquants va être vendu, victime de la convoitise des promoteurs.

3 heures 13 du matin, Shy décide de fuguer.

Le dos lesté d’un sac rempli de silex, il se rend à la mare d’eau stagnante en bas de la propriété avec l’intention d’y entrer. Ce parcours sera un « Feuilleton débile sans public. Voix off qui ressassent et s’entrelacent ».

Le feuilleton de la vie de Shy est un embrouillamini d’évènements passés fait d’excès, de violence, de cauchemars, de ressentis, de mots échangés ou des mots qu’il se murmure à lui-même quand la musique ne résonne pas à ses oreilles.

Grâce à une typographie inventive, sa voix et celles des autres se mêlent pour que peu à peu se dessine le mal être de cet ado, sa difficulté à communiquer, de son incapacité à gérer ses émotions, et donc sa souffrance intérieure extrême…

Ce récit m’a beaucoup touchée peut-être parce que j’ai un peu mieux compris la souffrance d’un proche qui souffrait de bipolarité et auquel Shy dans sa détresse m’a fait beaucoup penser.

Oui touchant.

Je remercie Babelio et les Editions du Sous-sol pour cette découverte hors du commun.
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Shy

Shy, un gamin, avec des problèmes psychologiques, se sent diminué, pas à la hauteur d’une vie « normale ». Il rate tout, même sa dernière tentative avec une fille, n’a pas abouti. Honteux et en colère, il se rend dans son établissement scolaire, s’insurge contre son professeur, brise ce qui est à sa portée, puis va chez sa marraine, où pris d’une rage folle, il détruit tout.



1995, suite à cet incident très grave, ses parents vivant dans la campagne anglaise, ne le comprennent plus, ils décident de le placer dans une résidence pour mineurs délinquants implantée dans un manoir du XVIIe siècle, classé au patrimoine, et que dirige une équipe de jeunes travailleurs sociaux.



Violent, décrocheur scolaire. « Il a tagué, sniffé, fumé, juré, volé, tranché, cogné, fui, sauté, démoli une Ford Escort, détruit une boutique, saccagé une baraque, pété un nez, planté un couteau dans le doigt de son beau-père, mais ça fait un bail qu’il n’a pas fugué. C’est du taf et du stress. »



L'école de la Dernière Chance, peuplé d’amis d'infortune, tantôt tortionnaires, va malheureusement fermer, victime des promoteurs.



Shy, très triste, décide de faire le mur et de s'enfoncer dans la mare voisine, lesté de plusieurs kilos de pierres accrochées au dos.



Un peu avant l’aube, Shy se remémore sa courte vie.

« Il aimerait arrêter d’avoir des hauts et des bas. Il aimerait arrêter son esprit. L’éteindre. Il aimerait dormir pendant des jours sans faire de rêves. Il aimerait avoir dix-huit ans, pouvoir s’acheter une bouteille de Captain Morgan et un paquet de clopes, se poser quelque part sans personne et ne pas penser.

Il aimerait que sa mère l’emmène au buffet à volonté où il y a la fontaine de Coca et le stand de glaces et qu’il n’y ait ni problème, ni grande occasion ni stress d’anniversaire, que ce soit juste pour le plaisir.

Juste tous les deux.

Il aimerait poser le sac à dos. »



Nous plongeons dans la vie de ce garçon, qui se sent rejeté de partout, on ressent ses failles, responsables d’échecs à répétition, ses blessures, sa souffrance qui lui colle à la peau.



J’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce récit, l’écriture est atypique, des phrases très courtes. Une histoire sombre, furieuse, violente. Je n’ai pas adhéré au style, trop d’imbroglio.



Je remercie les éditions du sous-sol ainsi que Nathan de Babelio pour cette masse critique privilégiée.

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La douleur porte un costume de plumes

J'ai choisi ce livre totalement au hasard à la bibliothèque, attirée par le titre et le peu de pages à lire, souvent entre deux textes un peu conséquent, pour m'accorder une récréation, reprendre une respiration, j'aime lire un texte court. Et puis, en parcourant l'ouvrage, j'ai établi un parallèle avec le roman autobiographique de Mathias Malzieu "Maintenant qu'il fait toujours nuit sur toi", le sujet principal est le même : le deuil. Dans le cas de Mathias Malzieu, un géant (Jack) aide l'auteur à faire le deuil de sa mère, et dans le cas de Max Porter, c'est un corbeau qui intervient. La comparaison entre les deux livres s'arrête-là car si j'ai beaucoup aimé le roman de Mathias Malzieu, j'ai eu plus de mal à comprendre l'écriture de Max Porter, qui me semble assez hermétique. Je n'ai malheureusement été séduite par ce livre. Déception donc.
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La douleur porte un costume de plumes

Sachez qu'en ouvrant ce livre vous serez face à l'inconnu. La forme, la structure, les ressorts, tout est neuf, inédit. Roman, conte, poème... on ne sait pas vraiment à quoi on a affaire, même après l'avoir terminé. Une seule chose est sûre : c'est bouleversant.



Il était une fois un père et ses deux garçons anéantis par le décès brutal de la maman. Un soir, un corbeau frappe à leur porte et décide de s'installer chez eux afin de les aider à passer ce cap difficile... Réalité ou chimère ? Qu'importe si cela peut permettre de se réinstaller dans la vie. On dit que le corbeau est oiseau de malheur, qu'il inspire aussi les poètes. Quelques heures après avoir refermé ce livre, je suis tombée sur une brève dans Le Point faisant état des résultats d'une étude menée par des chercheurs sur les corvidés ; on leur reconnaît une intelligence proche de celle des grands singes malgré un cerveau cent fois plus petit. Ils pensent avec logique, se reconnaissent dans une glace et sont doués d'empathie... Ici, la compagnie de Corbeau offre à chacun des endeuillés l'opportunité d'extérioriser la douleur, même si cela doit être par la violence des gestes ou de la parole.



"Il y a un aller-retour constant et fascinant entre le naturel de Corbeau et son côté civilisé, entre le charognard et le philosophe, la déesse de l'être entier et la tache noire, entre Corbeau et son être-oiseau. Il me semble que c'est le même aller-retour qu'entre le deuil et la vie, avant et aujourd'hui. J'ai beaucoup à apprendre de lui."



En explorant alternativement les pensées du père, des garçons et de Corbeau, Max Porter donne vie à la douleur, au manque, aux regrets, au déni ou à la colère. Il le fait avec des mots parfaitement choisis, une sincérité heurtée et beaucoup de justesse même dans l'expression la plus crue du malheur. Et il parvient à rendre chacun des cheminements parfaitement reconnaissables, celui du veuf et ceux des deux orphelins qui tâtonnent en parallèle, souffrent, tombent mais se relèvent. Jusqu'à ce que la lumière, enfin, se faufile de nouveau devant leurs paupières.



Ce petit livre, on a immédiatement envie de le relire et puis de le garder à proximité histoire d'aller y puiser quelques mots de temps en temps. Car il dit aussi le pouvoir de l'imaginaire et des mots dans le processus de guérison. Et ça, c'est juste essentiel.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Shy

Je remercie très chaleureusement les Editions du sous-sol ainsi que Babelio pour ce service presse.



Max Porter en est à son quatrième roman publié aux Editions du sous-sol en cette rentrée littéraire : « Shy« . Le 18 août très exactement. Un roman poignant sur un adolescent anglais, Shy, au milieu des années 1990, accueilli dans un centre pour mineur en décrochage scolaire et condamné à de multiples reprises pour des actes de délinquance. Le point fort de ce roman c’est cette plongée, cette immersion dans la psyché de Shy. Max Porter veut nous faire ressentir la souffrance de Shy, ses colères débouchant sur des crises de violence, ses problèmes psychiques, notamment sa profonde dépression l’amenant à une conduite destructrice dans son rapport aux drogues mais aussi à l’autre. Shy n’a pas d’ami. Dans ce centre qui va fermer ses portes, il ne se sent pas à sa place. L’adolescence est décrite avec talent. La syntaxe, la typographie sont adaptées en fonction des crises traversées par l’adolescent. Cette révolte, cette envie de faire mal, de se conduire d’une façon à masquer une sensibilité à fleur de peau. Shy a ses secrets. Un beau-père et une mère qui font de leur mieux. Seul porte de sortie dans ce marasme, la musique et son baladeur où il se réfugie aux sons des nouveautés de musiques urbaines et électro. Il ressent dans les scansions de cette musique métallique une retranscription proche de l’état de son psychisme. Le suicide et le mal-être sont latent. Les éducateurs tentent d’établir le dialogue mais Shy est réticent au fait de s’ouvrir aux autres. Trop de souffrances et de colères en lui. L’écriture est le point fort de ce roman. Elle utilise un langage cru, décrivant des scènes qui peuvent mettre mal à l’aise. J’émets un bémol sur ce livre de Max Porter. J’ai peiné à m’attacher aux errances de ce jeune garçon. L’adolescence est une période unique dans une vie. Shy souffre c’est une certitude mais il m’a manqué l’émotion pour parfaire cette immersion dans l’univers psychique de Shy. Reste une description plutôt saisissante du mal-être adolescent, du sentiment de révolte face à un monde adulte autant redouté qu’attirant. Si le cœur vous en dit, tentez l’expérience !
Lien : https://thedude524.com/2023/..
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La douleur porte un costume de plumes

Bien que les critiques aient beaucoup parler de ce livre à sa sortie, je m'étais contenter de le prendre en mains plusieurs fois, de lire le quatrième de couverture et les premières pages, sans me décider. Voilà qui est chose faite à présent, je l'ai acheté et lu.



Premier roman de l'auteur. Manière étonnante de traiter le deuil. Très moderne comme présentation. Un défi pour le traducteur (je l'ai lu en français) mais qui s'en sort haut la main. C'est très tendre. Absurde aussi. Comme toutes les souffrances humaines lorsqu'on y réfléchit bien.



Pas un coup de coeur littéraire, mais un livre qui sort largement de la moyenne.
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La douleur porte un costume de plumes

« Je ne partirai pas tant que tu auras besoin de moi » a dit le corbeau au père de famille plombé par le chagrin.



Chaque objet, chaque centimètre de sa peau ou de ses cheveux est recouvert alors par une fine pellicule de douleur ; deux jeunes garçons perdus de chagrin viennent compléter ce triste tableau.



C'est la première fois qu'une critique du magazine Lire ne correspond pas à mon ressenti, mais alors pas du tout.



Dans des chapitres parfois très courts, PAPA, LE CORBEAU et LES GARCONS s'expriment sur ce pan de leur vie qui a suivi la mort de la mère. Puisse la blessure de la perte, à défaut de cicatriser, se refermer assez pour que l'envie de vivre réapparaisse.



Le sujet de la reconstruction après la mort d'un être aimé aurait dû être, à mes yeux, passionnant.

Les 120 pages portant sur le travail de deuil du père, par le biais de la présence très gothique du corbeau, messager surnaturel qu'on n'attendait pas, n'étaient pas à la hauteur de mes attentes. Les enfants s'amusent du corbeau, il sera confident, coach, ange gardien. Pour ma part, il ne sera rien du tout.



Hélas, le texte d'une inventivité littéraire trop osée pour moi (texte "fouilli", contenu parfois à la limite de l'intelligibilité..) m'a sans doute perdue très vite.



Je n'ai pas su vraiment si l'oiseau est un double des ruminations du père et des enfants, ou un objet littéraire non identifié du père qui est aussi auteur en recherche.



Les trois narrations, parce qu'elles se chevauchent, s'accordent, se contredisent souvent, avec leur style propre, font de cette musique une cacophonie qui m'a déstabilisée, agacée, désorientée.



Je ne suis pas très moderne en ce qui concerne la littérature. En tout cas, beaucoup moins que les journalistes du magazine Lire.




Lien : http://justelire.fr/la-doule..
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La douleur porte un costume de plumes

Un père et ses garçons se retrouvent seuls soudainement, recroquevillés dans leur cocon. Blottis les uns contre les autres et pourtant enfermés chacun dans le mutisme. Ils sont là, tous les trois, à respirer l'air de leur appartement londonnien, vivants mais vides de leur épouse et de leur mère. Une tristesse infinie a envahi leur être, écrasante. Un grand silence s'est installé. Quel sera leur avenir désormais ? Comment continuer sans elle ? De quelle manière survit-on à la mort de l'autre, de l'être cher ? Le temps adoucit-il ce goût amer ? La souffrance s'estompe-t-elle ? ...

Un soir, alors que les enfants dorment à poings fermés, le père entend frapper à la porte. Il ouvre et se trouve face à face avec un grand corbeau, sombre et majestueux. Inquiétant d'abord, ce personnage – réel ou d'imagination, de plumes et de pensées, de douleur et d'espoir - s'insinue dans cette famille diminuée – remplissant le blanc de son costume noir. Guide, chaperon, aile protectrice... une conscience, une boussole... un ange bienveillant et facétieux... Personnage central, indispensable à la reconstruction des uns et des autres, ombre planante mythique et poétique – le père est fasciné par les poèmes de Ted Hugues qui a écrit notamment Crow (ajoutons que sa femme Sylvia Plath s'est donnée la mort –, personnage de fable, oiseau de bon augure.

Un roman original sans pathos, empreint d'une légèreté – de plumes – et d'une lumière – bienfaisante. L'histoire d'un apprivoisement – celui de la mort –, d'un apprentissage – celui de la vie –, d'une liberté – celle de l'imaginaire, et d'une puissance – celle des mots. 
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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Shy

Shy où la magie de la littérature : vous téléporter en quelques lignes dans la peau d'un autre. Et vous faire ressentir jusqu'au fond des tripes, ses angoisses, ses névroses, ses pétages de plombs.

L'écriture est tranchante, incisive. Ah ça oui, vous allez mordre. Vous allez avoir envie de tout casser, comme ce garçon qui ne sait pas trop où il en est.

Vous allez vous sentir diablement anglais. Vous allez tour à tour aimer passionnément ses acolytes de souffrance, et la seconde d'après, avoir envie de détruire leurs grandes gueules de petites merdes.



Le récit passe du coq à l'âne, comme l'esprit du personnage principal : Shy.

Shy, c'est un peu un condensé de Shout (crier) et Cry (pleurer). Il tente de se construire dans un monde où certains moments lui sont aussi insupportables que du sel jeté sur une plaie à vif. Où sa vie lui pèse autant qu'un sac à dos rempli de pierres. On prend le présent à fond. Sans filtre. Comme les clopes. Et c'est violent.

D'un côté on a envie de l'aider à se forger une carapace protectrice pour ne pas tout prendre au sérieux. Et d'un autre côté, on a envie d'enlever sa propre carapace pour se lâcher. Faire ce qu'il n'est pas convenable de faire. Personnellement, j'ai toujours rêvé de donner un coup de boule. Même si dans la réalité, je n'ai ni la technique, ni la violence, et finalement ni la volonté de passer à l'acte. Mais l'idée du coup de boule m'a toujours fascinée.



Alors faut-il le lire ? Oui. Court roman, mais incisif. De ceux dont on se souvient longtemps.

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La douleur porte un costume de plumes

J'ai compris la partie de ce livre qui traite du deuil avec la perte d'une maman pour les 2 petits garçons et la perte de sa femme pour le mari, avec l'alternance des chapitres mais alors idem la partie du corbeau je n'ai pas réussi à comprendre.



S'agit-il du subconscient de l'homme? Cela m'a fait la même impression étrange que le début de A la table des hommes de Sylvie Germain, ce ne doit pas être ma tasse de thé ce genre de lecture.



Et pourtant j'ai vu pas mal d'avis positif sur ce livre comme quoi tout est une question de goût, l'écriture n'est pas mauvaise, le livre est court mais je n'ai pas compris non plus le fond de l'histoire.
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Shy

Timide est la traduction de SHY, c’est un peu vrai pour ce garçon qui a en grande partie remplacé les paroles par de la violence , en revanche c’est un fan de musique et des basses surtout Ses comportements anormalement excessifs l’ont amené à l’« ecole de la dernière chance », une vieille bâtisse bientôt détruite qui essaie du mieux qu ‘elle le peut de remettre dans le droit chemin des enfants difficiles.

Si jeune et désespéré de la vie, malgré une mère aimante, Shy décide une nuit d’en finir et c’est le dos lesté d’un sac rempli de silex qu’il se dirige vers l’étang proche.

Ce roman se passe donc sur ces quelques heures, et c’est le maelstrom qu’est son cerveau qui se déverse dans ces pages . Cela donne différentes polices d’écriture, de mise en page, une expérience d’écriture assez déstabilisante mais qui approche au plus près les vertiges et les divagations éprouvés par l’adolescent.

Déroutant mais ne peut laisser indifférent.

Merci aux Edts du sous-sol et à Babelio pour cette lecture .
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La douleur porte un costume de plumes



Trois voix : Papa, les garçons, Corbeau.

Maman vient de mourir, Papa est « aussi vidé qu'un pendu », détruit, anéanti. Les garçons n'y comprennent rien.

Devenus orphelins, ils proclament : « Nous remplirons cette maison de livres et de jouets et nous sangloterons comme si on nous avait oubliés à la garderie. »

Elle n'est plus là et le père hurle de douleur : « Elle me manque tant, c'est une immense stèle d'or, une salle de concert, un millier d'arbres, un lac, neuf mille bus, un million de voitures, vingt millions d'oiseaux et plus encore. La ville entière est ce qu'elle me manque. » Hyperboles de douleur. Il regrette « la dentelle délicate de nos chamailleries ». Et les garçons ont remarqué : « Papa nous racontait des histoires et les histoires ont changé quand papa a changé. »

Mais, la porte s'ouvre et l'oiseau de malheur entre. CHHHHHHHHHHT. Que vient-il faire ? Non, l'oiseau, c'est complet, il n'y a plus de place pour le malheur, il s'est répandu partout : sous les lits, sur le canapé, dans l'air : ils le respirent le malheur, l'oiseau, laisse-les tranquilles. « Chaque surface Maman est morte, chaque feutre, tracteur, manteau, botte, tout couvert d'une pellicule de douleur. » Va-t-en l'oiseau, laisse-les en paix...

Mais l'oiseau murmure à l'oreille de Papa : « Je ne partirai pas tant que tu auras besoin de moi. », il soulève la couette et fait « un baiser eskimo » et « un baiser papillon » à Papa endormi. Le Corbeau, le méchant Corbeau, vient panser les plaies, soigner le corps et l'âme, offrir « une petite pause dans le chagrin. » Il murmure à Papa : « Je te donnerai de quoi occuper tes pensées. »

Mwolloooa, mwolloooa, a-t-il ajouté.

Etrange et irrésistible roman-fable ou poésie-théâtrale qui met en scène un corbeau « psychanalyste » et « baby-sitter » (pratique non?), qui s'installe dans la maison et « feuillette des livres d'images et des recueils de poèmes » et surtout veille sur le Papa et les petits, une espèce de corbeau-poule (si,si!) qui raconte des histoires sans queue ni tête, ni bec ni ongles et qui joue avec les mots, dans des termes parfois un peu vulgaires, souvent poétiques et si tendres. Mots qui apaisent et qui soignent. On se sent à la fois chez Ionesco et les surréalistes. Le rire est toujours à portée de main même quand l'émotion nous anéantit.

|Étrange petit texte qui gagne à être lu et relu (signe d'une grande richesse) et à être dit peut-être aussi car les voix s'entremêlent, et se croisent, se superposent et se méditent.

L'oiseau de malheur apporte la paix, fait diversion, amuse les garçons.

Accueillez-le, écoutez-le. Il donne de bons conseils. Il dit : « Soyez sage et écoutez les oiseaux. »

Il sait partir quand il est temps.

Croyez-moi, on a tous besoin d'un corbeau chez soi !


Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Shy

Max Porter est un écrivain anglais né en 1981.

Dans son roman « Shy », l’auteur nous entraîne dans l’esprit tourmenté d’un adolescent. Shy décide de fuguer du foyer de « la Dernière Chance », foyer pour jeunes très perturbés, isolé au cœur d’une forêt. Il prend avec lui un sac à dos qui pèse très lourd, trop lourd même car rempli de silex. Le poids d’un sac à la limite du portable pour représenter le poids de sa vie, à la limite du supportable également ?



L’auteur nous entraîne dans l’esprit du garçon avec une telle force que l’on peut ressentir ses peurs, ses angoisses, ses regrets, ses frustrations mais également ses incohérences et ses « pétages de plomb » qui le rendent très violent. C’est très déstabilisant car le lecteur se sent parfois perdu et dépassé par des comportements incontrôlables dont l’origine n’est pas évidente à déterminer. Le mal-être du garçon est palpable tout comme celui de son entourage. Cela nous donne d’ailleurs parfois des sueurs froides.



Des fragments du passé, du présent, des rêves qui nous ouvrent autant de petites fenêtres sur la vie de Shy et surtout sur ses sentiments profonds. Le style et la police d’écriture rendent le cheminement intellectuel du garçon incroyablement réalistes. Le garçon s’exprime parfois clairement, parfois dans son propre langage, parfois il raconte les propos des personnes de son entourage, et d’autres fois l’incohérence de ses propos est forte.



Livre déchirant et extrême, l’auteur excellente à nous faire ressentir le mal-être d’un adolescent violent qui peine à se comprendre, et à se trouver un futur.

Le seul point regrettable est que parfois les propos de l’adolescent sont tellement incohérents que l’on peine nous-même à nous y retrouver dans l’histoire. Ce livre est une belle découverte, déconcertante.

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Shy

Shy est troublé, incompris et en difficulté,

j'ai essayé, j'ai lutter jusqu'à la derniere page.

Mais j'ai perdu tout intérêt pour cette lecture.

Je n'ai ressenti aucun lien pour Shy, ses luttes, et ses problèmes.

Max Porter à un style plutôt lyrique et poétique qui ne colle pas trop avec ce style de roman.
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La douleur porte un costume de plumes

Comment faire face à la perte d’un être cher, comment apprivoiser le deuil, comment un corbeau peut t’il déployer ses ailes pour que la douleur s’envole à son tour...



Un très joli premier roman que nous offre Max Porter empreint de mots aussi doux que fracassants.



Ces quelques pages ne sont que des mots, des noeux, des cris, des caresses. Petits chapitres où tour à tour se croisent et s’ajoutent la voix du papa, celle des garçons et enfin celle du corbeau qui à mon sens est la plus bouleversante. Bien sûr il faut se laisser aller à cette écriture saccadée où les mots ne forment pas toujours une phrase mais s'élancent tels des images à saisir dans lesquelles il faut s’emmitoufler pour chasser la peine.



J’ai retrouvé mon enfant intérieur dans ce roman, c’est en effet pour ces enfants oubliés, ces peines non cicatrisées, ces oiseaux de passage que ce roman trouve sa force. Saisissez les mots et ne cherchez pas au-delà. Les mots sont suffisamment chauds pour les attraper au vol.



« ... Les cendres ont frémi et paru s’impatienter alors j’ai incliné la boîte et hurlé dans le vent



Je t’aime je t’aime je t’aime



... et les garçons ont crié



Je t’aime je t’aime je t’aime



et leurs voix était la vie et le chant de leur mère. Inachevée. Magnifique. L’univers. »
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