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Critiques de Maurice Sendak (112)
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Max et les Maximonstres

Est-il besoin de présenter Max Et Les Maximonstres ? Sans doute, toutes époques confondues, l'un des plus gros succès éditoriaux de la littérature jeunesse dans la catégorie albums. On en voit traîner un exemplaire dans presque toutes les chambres d'enfant, dans la quasi totalité des bibliothèques de maternelle et autres structures dédiées à la prime enfance. Je ne m’appesantirai donc nullement dans la présentation de cet album mais m'en vient plutôt taper la discute autour de ce phénoménal succès.



Pourquoi Max Et Les Maximonstres marche-t-il si fort auprès des enfants ? J'en ai vu, littéralement captivés par l'histoire à laquelle, manifestement, il ne comprenaient goutte.



Point fort n° 1 : le magnétisme des illustrations.

Eh oui, si l'on y regarde de près, le texte importe peu. Il est peu présent et s'efface même carrément en plein milieu d'album, probablement au passage où les enfants sont le plus aimantés au livre.



Maurice Sendak a réussi avec cet album à trouver le juste dosage entre la couleur : pas trop éclatante mais tout de même bien présente ; le trait des personnages : suffisant pour que les enfants estiment qu'il s'agit de monstres repoussants sans toutefois être effrayés par eux. Ça ce n'était pas évident et le véritable tour de force de l'illustrateur me semble résider sur ce point précis. Ses monstres sont assez comparables aux Brigands de Tomi Ungerer : ils sont inquiétants mais pas effrayants. La nuance est subtile mais elle est essentielle.



Donc l'alchimie monstres-couleurs à profusion-image dense fourmillant de nombreux détails fonctionne à merveille en milieu d'album. Le crescendo de l'épouvante est d'ailleurs tout à fait couplé au crescendo de la couleur et de la densité de l'image du début de l'album jusqu'à la moitié puis les deux sont à nouveau couplées en décrescendo du milieu jusqu'à la fin de l'album. Si bien que les enfants de restent pas sur le stade d'excitation maximal produit au milieu du livre mais regagnent un état d'apaisement très rassurant à la fin.



Point fort n° 2 : la personnalité du héros.

Celle-ci joue indéniablement, elle aussi, un rôle majeur dans le succès de l'album auprès des enfants : Max est un enfant turbulent qui n'écoute pas sa maman mais qui l'aime beaucoup quand même. Il ne l'écoute tellement pas qu'il se retrouve puni dans sa chambre. Un épisode vécu par l'immense majorité de nos bambins.



Autre trait essentiel lié au héros : Max ne redoute pas les monstres et vient même à faire partie de leur confrérie sans que cela prête à conséquence. On peut y percevoir comme une sorte de chèque en blanc, une autorisation spéciale et temporaire à passer " du côté obscur " tout en ayant la possibilité de faire machine arrière. Ça aussi c'est un élément particulièrement alléchant pour les enfants et qui suscite une forte identification et un sentiment d'adhésion au parcours du héros.



Troisième trait essentiel imputable au héros : le déguisement. Quel enfant n'aime pas se déguiser ? Et, tout au long de l'histoire, le héros arbore son étrange déguisement de loup blanc, preuve que l'enfant " méchant ", n'est pas lui-même. C'est juste un passage transitoire et c'est l'une des symbolique qu'intuitivement les enfants perçoivent à la lecture. L'allégorie du rêve et de l'endormissement leur passe au-dessus de la tête, par contre, celle du déguisement, du " Max n'est pas comme dans la vraie vie ", ils la ressentent tout à fait et d'autant mieux qu'à la dernière image, Max commence à retirer son déguisement.



Ainsi, contrairement à l'album Grosse Colère de Mireille d'Allancé où la colère est symbolisée par un gros monstre rouge extérieur à l'enfant et qui ravage tout, à l'insu même de l'enfant, ici, la colère est comme une seconde peau, pas quelque chose extérieur à nous même mais un vêtement, qu'on peut mettre et retirer. Et ça, je crois, c'est une image qui parle bien aux enfants.



Enfin, dernier élément visuel qui ravit nos petits lecteurs : la transformation progressive de la chambre de Max. Encore une expérience qu'ont pu faire nombre d'enfant, juste avant de s'endormir, quand la lumière s'éteint, que les objets familiers prennent des formes fantomatiques et quelque peu inquiétantes.



Point fort n° 3 : les mots.

Le tout ne serait sans doute pas complet si l'on omettait de parler de la superbe allitération du titre et qui revient de nombreuses fois dans l'album. Les enfants auxquels se destinent le livre ne maîtrisent pas tous l'ensemble de la phonologie et ils adorent s'emmêler les crayons à prononcer ce titre à rallonge avec des " KS — KS " qui restent collés sur la langue...



En somme, une vraie réussite graphique, scénique et symbolique pour les enfants et déchiffrable par eux. Ceux-ci ne se lassent pas de se faire lire, lire et relire cette histoire où pourtant, il ne se passe pas grand-chose. Preuve s'il en était besoin que les petits ne sont pas forcément demandeurs d'action à gogo comme ce qu'on leur propose de plus en plus et de plus en plus tôt.



Prenons le temps, prenez le temps et laissons leur prendre le temps de savourer des histoires, de revenir en arrière, de laisser l'œil gambader dans les illustrations, plutôt que cette course à la performance, la seule véritable maximonstre de notre temps. Mais ce n'est là que mon maximonstre d'avis, c'est-à-dire bien peu de chose à l'heure du réveil.
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Max et les Maximonstres

Maurice Sendak, je connais - ou plutôt je pensais connaître - depuis mon enfance, avec le premier album de la série Petit-Ours. Bizarrement, alors que j'ai lu d'autres albums de Petit-Ours adulte, et que j'ai découvert Qu'est-ce qu'on fait ? grâce à Babelio, je n'avais pourtant jamais lu jusqu'à l'hiver dernier Max et les Maximonstres, qui est considéré comme un classique incontournable. Je gage que la couverture et la colorisation y sont pour quelque chose, car elles ne m'ont jamais attirée.





Que dire de l'histoire ? Un enfant qui enchaîne les "bêtises", sans qu'on sache vraiment quelles sont les bêtises en question (bon, oui, il plante un clou dans un mur, sans qu'on voie l'étendue des dégâts, et surtout il fait peur au chien de la maison, ce qui est loin d'être sympa). Et là, sa mère le traite de monstre (ce qui ne me paraît pas très malin, ni même le genre de truc qu'on dirait dans ce genre de situation), ce à quoi Max répond qu'il va la manger (on ne peut nier qu'il a de la répartie, cet enfant). Tombe la punition : au lit sans manger. Ce qu'on saura plus tard, c'est que la mère de Max n'a pas réellement l'intention de le priver de dîner ; il semble qu'elle veuille plutôt qu'il se calme un chouïa en restant dans sa chambre (il a l'air d'être vraiment très excité).





C'est là qu'on passe à l'aspect onirique de l'album. Max rêve d'une forêt dans sa chambre, puis d'un bateau qui l'emmène très loin, au pays des Maximonstres. Et là, je suis désolée d'être complètement à l'opposé de tout le monde, mais je trouve que ça ne raconte pas grand-chose. Oui, Max s'imagine en roi des Maximonstres, s'amusant avec eux puis les punissant comme il a été puni (il est vachard, quand même, ce Max ; c'est pas sympa pour ces pauvres Maximonstres de se venger sur eux). Une fois calmé, il a envie de retrouver sa vie de tous les jours, il reprend le bateau, ne joue plus les tyrans avec les Maximonstres mais leur dit juste au revoir, et le revoilà dans sa chambre (avec son dîner qui l'attend).





Est-ce que c'est un album qu'il faut découvrir enfant et qui marche moins bien plus tard ? Ce qui est certain, c'est que je n'ai pas tellement aimé les dessins, pas la colorisation tout en tons pastels non plus (alors que je suis loin d'être une adepte des albums saturés de couleurs vives), et pas non plus l'histoire. Ça fait pas grand-chose que j'ai aimé, en gros, à part quelques pages avec les Maximonstres (dont j'aime bien l'aspect, en revanche). J'avoue que pour le côté "Max fait des bêtises", j'avais trouvé beaucoup plus sympa l'album Gaspard et Lisa s'ennuient ; et pourtant je ne suis pas une fan de la série Gaspard et Lisa. Sur l'aspect onirique, j'ai lu des albums récents qui allaient bien plus loin, dont le jardin invisible qui est pour moi un modèle du genre. Je regrette que les moments passés avec les Maximonstres soient si peu développés. Oui, Max et ses sujets chantent et dansent, oui, ils se balancent aux arbres, et après ? Et si je veux prendre un autre exemple d'album qui traite des rêves d'enfants et qui est peu ou prou de la même époque que Max et les Maximonstres, eh bien il se trouve que Petit-Ours, justement, avec la courte histoire "Le souhait de Petit-Ours", traite bien mieux du sujet à mon sens. J'imagine qu'avoir lu Petit-Ours enfant, et pas Max et les Maximonstres, doit jouer sur mon ressenti ; cela dit, j'ai quand même retenté Max et les Maximonstres six mois après ma première lecture, au cas où j'aurais été de trop méchante humeur la première fois pour l'apprécier. Mais rien n'y a fait.





Donc c'est une déception, et c'est pas fini, parce qu'après Max et les Maximonstres, j'ai lu Cuisine de nuit, du même Maurice Sendak... Il faut dire que je me suis aperçu que je ne connaissais auparavant Maurice Sendak que comme illustrateur (et dont les styles de dessin sont très variés), et pas comme scénariste. Sur ce point, je le trouve bien moins inventif que ses collaboratrices, ou d'autres auteurs d'albums pour enfants.
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Cuisine de nuit

Très inspiré par Little Nemo de Winsor McCay, Maurice Sendak, auteur de Max et les Maximonstres, a renoué avec le monde des rêves et de l'enfance en 1970 (encore qu'il ne l'ait probablement jamais quitté), avec l'album Cuisine de nuit. la première chose qui me vient à l'esprit, c'est :"Lisez plutôt Little Nemo." Car comme Little Nemo, Mickey se trouve depuis son lit plongé dans un monde fantastique, celui de sa propre cuisine. Où trois Hardy (de Laurel et Hardy), qui arborent des têtes qui foutent un peu la trouille à l'adulte que je suis - mais probablement pas aux enfants - sont occupés à préparer de la pâte à pain brioché. Mickey manque d'être cuit avec la pâte, s'échappe, aide les Hardy à terminer leur pâte et s'envole pour retrouver son lit. Bien.





Je ne trouve pas Cuisine de nuit très inventif, parce que beaucoup trop inspiré de Winsor MacCay. Donc je ne vois pas l'intérêt de faire la même chose en moins bien, même si, évidemment, il est un peu absurde de comparer un strip qui a été publié pendant des années (avec en sus pas mal de texte en bas de case dans les débuts) à un album d'une trentaine de pages. Je n'aime pas beaucoup les dessins de Sendak pour cet album, contrairement à ceux de McCay, et l'histoire m'a ennuyée - mais je ne suis pas un enfant, et j'ai visiblement perdu cette spontanéité qui me faisait hurler de rire à cinq ans quand ma grand-mère me lisait Sept histoires de souris d'Arnold Lobel ; et pourtant Lobel continue à me ravir à l'heure actuelle. Cela dit, quand je raconte le coup des pieds échangeables à mon conjoint, il trouve ça gore, et c'est peut-être comme ça que je le verrais si je le découvrais aujourd'hui - mais à l'époque, j'ai trouvé ça hilarant, contrairement à ma grand-mère qui attendait patiemment que j'ai piqué mon fou rire n'en finissant plus. Si je trouve toujours ça drôle aujourd'hui, je ne me roule plus par terre ; bon, j'ai aussi piqué un fou rire avec la scène des cagoules dans Django Unchained, alors qu'au second visionnage, j'ai trouvé la scène toujours drôle, mais je ne me suis pas non plus roulée par terre - l'effet de surprise aide beaucoup les crises de fou rire. Revenons à Maurice Sendak, que j'ai un peu oublié en chemin.





Le seul truc que j'ai trouvé vraiment joli et qui m'ait plu, c'est la transformation des bocaux et autres éléments de la cuisine en architecture urbaine, et j'estime que c'est une belle réussite. Pour le reste, Sendak voulait rendre hommage à McKay, dont les thématiques, je crois, croisent pas mal des siennes (merci anlixelle, qui a commencé à me faire comprendre des trucs que je ne soupçonnais pas chez Sendak et qui du coup me pousse à m'intéresser de plus près à lui). Ce qui ne suffit pas à l'adulte aigrie que je suis devenue pour apprécier Cuisine de nuit.





J'ai bien conscience de ne pas être le public visé, mais alors comment expliquer que j'arrive à comprendre ce qui fait mouche chez les enfants avec Hulul de Lobel (oui, encore !), album que j'ai découvert adulte, et que je passe à côté de Sendak ? Bref, j'ai un souci avec Maurice Sendak, et ça m'attriste, parce que je ne pensais pas un jour devenir un vieux machin qui ne comprendrait plus rien à l'enfance. Mais bon, ado je pensais que je n'oublierais jamais de ma vie les émotions et questions existentielles qui me taraudaient alors, et moins de dix ans plus tard, il n'en restait déjà plus grand-chose...
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Max et les Maximonstres

Si je veux poursuivre ma quête des monstres et des ombres afin de travailler avec ma classe de GS / CP au sein de ma médiathèque, il était inévitable, voire même indispensable que je découvre à mon tour cet album dont on n'arrête pas de me parler, même plus de vingt ans après sa sortie qu'est Max et les Maximonstres. Comme pour tout album publié à "l'école des loisirs", je remarque tout d'abord et admire les dessins extrêmement bien travaillés, toujours aux couleurs pastel.



Max est un jeune garçon qui ne tient pas en place. Il enchaîne bêtise sur bêtise, au point d'exaspérer sa mère (je tiens à préciser que l'on ne voit pas cette dernière, on entend (ou plutôt on lit) les paroles qu'elle adresse à Max en l'envoyer dans sa chambre et en le privant de souper. Pire que tout, elle le traite de "Monstre". Effectivement, pour notre petit Max, déguisé en loup, il n'en faut pas plus pour qu'il se laisse emporter par son imagination et s'embarque pour un long périple à bord de son bateau afin d'arriver, au bout d'un périlleux et interminable voyage, sur l'île des Maximonstres.



Une histoire très vite lue mais qui je crois, passionne autant les tous petits que leurs parents, voire les grandes personnes tout court. En effet, qui n'a jamais fait de bêtises dans sa vie et il en arriverait parfois qu'étant adulte, on en arriverait presque, afin de laver ces dernières, d'être uniquement privés de dessert ou de repas et de s'embarquer vers un autre univers, peuplé de monstres s'il faut en passer par là, afin de voir ses erreurs effacées et que tout rentre dans l'ordre. Max est un sacré veinard et je crois que bon nombre d'entre nous, si nous ne l'avons pas déjà été, rêverions de redevenir comme lui, ne serait-ce que l'espace d'un instant.



Ouvrage sélectionné d'office pour mon travail avec ma classe comme je le disait en débutant cette critique car en plus d'être enchanteur, il est moralisateur tout en étant rempli d'une grande sagesse pour qui veut pousser l'interprétation de cette lecture un peu plus loin. Un incontournable de la littérature jeunesse à lire mais surtout à faire lire et découvrir !
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Max et les Maximonstres

Certains ouvrages de littérature enfantine ne prennent pas une ride avec les ans et deviennent ainsi des CLASSIQUES. C'est le cas de Max et les Maximonstres de Maurice Sendak.



Traduit dans le monde entier, ce livre a non seulement conquis des générations d'enfants (il figure au nombre des ouvrages préférés de Barack Obama), mais a révolutionné l'image que l'on se faisait des livres pour enfants.

C'est que ce coquin de Max en partant sur son petit bateau ouvre grand la porte à l'imagination et aux fantasmes enfantins.



Max s'amuse beaucoup, et en partant loin de sa mère, à la rencontre des Maximonstres, ne joue-t-il pas un peu avec Sigmund Freud ? Il est très satisfait d'avoir fait apparaître ces bêtes atroces, ces visons épouvantables à vous donner le frisson, ces créatures cauchemardesques munies de crocs et de griffes dominant la jungle de l'île tels d'épouvantables King Kong féroces. On peut se demander alors si leur empressement à recevoir des ordres d'un roi miniature agressif ne constitue pas pour le petit garçon la réalisation de son rêve le plus cher : être puissant et adulé.



Max contrôle la situation avec un aplomb désinvolte, et les enfants-lecteurs-écouteurs d'histoire peuvent s'emparer de sa confiance, voguer avec lui sur les flots de cette aventure en y prenant la même assurance, le même plaisir.

Les dessins (parfois sans texte) sont sublimes, et nous donnent envie de sortir nos propres crayons. Tout n'est pas dit dans le texte, laissant ainsi de l'espace pour revenir à l'histoire avec l'enfant.



La popularité de ce genre de livres est la preuve que l'on n'en a pas fini avec les tergiversations autour des peurs de l'enfance, et de ce que l'on peut en faire. Ce qui intéressait Maurice Sendak, c'est ce que font les enfants dans les moments particuliers de leur vie où il n'y a ni règles ni lois… c'est plutôt réussi.


Lien : http://justelire.fr/max-et-l..
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Qu'est-ce qu'on fait ?

C'est un régal de découvrir cet album de Sesyle Joslin et Maurice Sendak de 1961, sous-titré "Manuel de savoir-vivre à l'usage des jeunes gens et des jeunes personnes destiné à servir de guide dans la conduite quotidienne de la vie en société" (tout un programme !), qui n'avait jamais encore été publié en France jusqu'à présent - on se demande d'ailleurs bien pourquoi. Sur le mode des manuels de savoir-vivre qui ont de tous temps abreuvé leurs lecteurs de conseils plus inutiles et ridicules les uns que les autres, Sesyle Joslin pousse l'exercice encore plus loin. Les bonnes manières et le soi-disant bon sens des gens bien comme il faut deviennent sous sa plume une délicieuse occasion pour les enfants de manier l'ironie et l'absurde, sur un ton joliment décalé. Un ton décalé qui fait d'autant plus mouche qu'il trouve un écho parfait dans les illustrations de Maurice Sendak, qui ajoute une bonne touche de saveur au texte.



On y apprendra donc comment se comporter correctement en toutes circonstances, qu'on soit victime d'un bandit qui vous kidnappe à la bibliothèque, un pirate sur le point de jeter une dame à la mer, ou encore une jeune fille qu'on demande en mariage alors qu'elle est en train de se gaver de pudding : chaque situation trouvera sa solution dans la plus stricte observance des convenances.



On notera juste une bizarrerie de la version française (Françoise Morvan étant pourtant une traductrice aguerrie), la phrase leitmotiv originale "What do you do, dear ?", qui rythme tout l'album, étant traduite par "Qu'est-ce qu'on fait, chéri ?" et non par "Qu'est-ce qu'on fait, très cher / très chère ?", plus littéral et qui ferait surtout bien mieux référence au style désuet des manuels de savoir-vivre. Mais malgré cette petite fausse note, on a été fort bien inspiré aux éditions MeMo de publier ce livre injustement méconnu en France.



Un album à lire dans l'intimité, entre parents et enfants (ou entre enfants), afin d'en savourer pleinement l'humour très anglo-saxon. À conseiller également à Nadine de Rotschild, qui a beaucoup à apprendre sur le sujet.







Masse Critique Jeunesse
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On est tous dans la gadoue

Inspirée d'un rencontre dans la ville de NewYork, Maurice Sendak a su comme nul autre représenter la pauvreté en littérature jeunesse, à partir d'un texte de comptine. Les rats représentent l'horreur de la pauvreté et du dénuement, le graphisme pertinent permet sans nul autre pareille de se passer de mots pour présenter le mal-logement, la pauvreté symbolisée par le manque d'habits, le manque de nourriture.C'est à partir de la deuxième comptine, qu'un message optimiste apparaît avec une distribution gratuite de pain et un joli discours incitatif par la symbolique d'un chat protecteur qui représente la solidarité collectivité. La version éditée à l'Ecole des loisirs est sublime par son choix de papier rugueux, adapté proposant un support dans la continuité du message porté par l'album.
Lien : http://www.liresousletilleul..
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Brundibar

Un album indémodable pas assez connu en France à mon avis. Il tisse des passerelles entre imaginaire et histoire avec un grand H. Il porte un regard sur la société, la pauvreté sans consession mais adapté à l'univers de l'enfant. Le graphisme de Sendak avec ses gros traits et son humour noir parle de résistance et de revendication. Nul autre album exprimé avec autant de justesse le désarroi de l'histoire lorqu'elle doit présenter l'extermination des juifs.
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Max et les Maximonstres

Il aura fallu attendre que je devienne mère pour découvrir ce classique de la littérature jeunesse.



Une belle découverte toutefois ! Moins cocasse que le chat du Dr Seuss mais un bel album pour aborder les "angoisses" des enfants turbulents et du besoin d'affection des parents.
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Max et les Maximonstres

Magie de l'imagination! Ce soir-là, la chambre de Max - puni encore une fois pour avoir fait des bêtises - se transforme en forêt vierge, et au loin, un océan et un bateau l'attendent.

Max, qui est un garçon intrépide et coléreux, semble t-il ,embarque et voyage longtemps. Il accoste enfin sur l'île des Maximonstres. Ceux-ci vouent un amour anthropophage pour Max, qui fait d'eux ce qu'il veut.

Les illustrations sont magnifiques - et encore, j'ai une édition bon marché! - le récit simple mais efficace, bref c'est un vrai plaisir de lecture.

Max semble lui-même être un petit monstre qui a un gros besoin d'affection, ce qu'il ne manquera pas de trouver.



Pour ceux qui ont vu le film mais pas vu le livre, le film n'a rien à voir. Il est pas mal, c'est vrai, les décors sont très beaux, mais je n'y retrouve pas le livre, certes court mais qui laisse une large place à l'imagination.
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Mini bibliothèque

Une mini bibliothèque qui vous apprendra à compter, les lettres de l'alphabet, les mois de l'année et aussi et surtout que rien n'est égal. Un régal !
Lien : http://latetedelart2.blogspo..
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La fenêtre de Kenny

"La Fenêtre de Kenny" est le premier ouvrage de Maurice Sendak en tant qu'auteur-illustrateur écrit en 1956.

Kenny rêve, une nuit, d'un jardin baigné à la fois par la lumière du jour et par l'ombre de la nuit. Sur le modèle des contes initiatiques, il résoudra des conflits, fera des choix, voyagera entre sa chambre et le monde, grâce aux ressorts de l'imaginaire. Maurice Sendak signe ici dès ses premiers écrits un langage et des illustrations qui n'ont vocation qu'a faire grandir les enfants de l'intime à l'universel. Il y démontre les pouvoirs de l'imagination pour chasser ses peurs.
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Max et les Maximonstres

Max et les Maximonstres c'est l'histoire d'un petit garçon qui fait des bêtises. Trop de bêtises. Alors il est puni par maman. Qui l'envoie dans sa chambre. Et là, une gigantesque forêt envahit la pièce familière pour la transformer en jungle. C'est le début d'une grande aventure au pays des monstres…



Il y a au moins trois choses qui font de cet album un objet fantastique.



D'abord, une construction particulière



19 doubles pages. Sur les premières le texte est à gauche et l'image à droite au milieu de la page. Puis au fur et à mesure que l'on tourne les pages et que l'excitation de Max grandit, l'image envahit la page de droite, déborde sur celle de gauche, et finit par “écraser” le texte en ne lui laissant qu'un bandeau de plus en plus fin en bas de la double page (3 lignes / 2 lignes / 1 ligne). Au sommet de l'excitation, pendant la fête “épouvantable” que Max et les monstres organisent, le texte disparaît au profit de l'image (3 doubles pages).



Puis Max décrète que ça suffit. le bandeau revient, de plus en plus large, avec un texte de plus en plus fourni (3 lignes / 4 lignes ). Et finalement le texte finit par avoir le dessus total sur l'image en deux doubles pages. (Bien plus vite donc que quand il avait disparu.) Sur la dernière double page il n'y a que deux mots entre tirets ” – tout chaud- ” et plus aucune illustration.



Cette construction narrative n'est pas gratuite. C'est la bataille que mène Max contre ses monstres.



Une symbolique forte



Le texte ici, c'est la raison. L'image, la pulsion enfantine. Une pulsion sauvage (le titre original, tellement beau, y fait d'ailleurs allusion : Where the Wild Things Are), incontrôlable. Qui pousse nos tout petits à courir partout, à crier, à tempêter, à hurler, à désobéir. Toutes ces choses normales tant qu'un cerveau humain est immature. D'ailleurs tout le monde le sait. L'âge de raison c'est 7 ans. Quand on comprend le bien, le mal et la conséquence de ses actes. Avant ça l'enfance, c'est le Far West.



Et bien l'histoire de Maurice Sendak, c'est exactement ça. En direct et pour toujours. C'est ce moment-là, précisément, qui est fixé sur le papier, quand un jeune enfant, encore innocent mais déjà sauvage (disons un loup blanc 😉 ) fait cet effort pour la première fois. Quand tout seul, sans l'aide d'un adulte, pour la première fois, il se dit stop. Quand pour la toute première fois, il se raisonne, se calme. Et qu'il fait un pas vers la société des Hommes. Et ce premier pas (si grand pour lui, si petit pour nous), nous l'avons tous fait.



Il résulte d'un choix. D'un renoncement. C'est renoncer à la toute-puissance (les Maximonstres ont reconnu Max comme leur roi, rappelons-le) pour grandir enfin et sortir du territoire furieux de la petite enfance.



Je crois honnêtement que personne d'autre que Maurice Sendak n'a su capter ce moment aussi justement dans un album jeunesse. (Peut-être faut-il me détromper à ce sujet...)



Un texte magnifique



Et puis bien sûr, Max et les Maximonstres ne serait pas ce qu'il est sans cette écriture. Au plus près des enfants, avec une économie de mots, et une telle justesse dans le sentiment enfantin, Maurice Sendak leur parle de ce qu'ils sont, de ce qu'est la petite enfance, ce temps où il est normal de manger sa mère (littéralement, avant de se tourner vers un autre type de nourriture). Où il est normal qu'un voyage prenne quelques heures et quelques années en même temps et où la terreur, l'épouvante et les monstres côtoient les joies, les bonheurs et les figures aimantes.
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Max et les Maximonstres

Un immense classique de la littérature enfantine dont le point de départ est presque banal : un enfant fait des bêtises et sa mère l’envoie dans sa chambre en le privant de repas et le traitant de monstre. Il n’en faut pas plus pour que l’imagination de l’enfant puni s’emballe, il s’appelle Max, et sa chambre se transforme au fil des pages en pays des maximonstres dont il est le roi. A la fin le calme est revenu, l’enfant s’est calmé. Une grande part du succès de ce livre est dans l’illustration, très colorée, et avec un crescendo jusqu’au milieu de l’album suivi d’un decrescendo jusqu’à la fin de l’album. Les monstres sont laids, inquiétants mais ils ne font pas vraiment peur. Il s’agit d’un rêve, mais ce n’est pas dit, tout se passe comme si Max se déguisait, ce qui est parlant pour les enfants, et rassurant aussi car ce n’est donc pas pour de vrai. A la fin il pourra faire marche arrière et ôter son déguisement. Les transformations de la chambre parlent aussi à l’imaginaire de tous les enfants avec toutes les formes qui sont susceptibles d’apparaître dans la pénombre. Et bien sûr le coeur du livre, c’est le plaisir de Max d’exercer sa toute puissance en devenant le roi de ces maximonstres avant de décider soudainement, de lui-même, de tout arrêter et de redevenir lui-même dans sa chambre, où sa maman et son dîner l’attendent. Un livre qui continue à surprendre les adultes qui ne le connaissent pas et à parler aux enfants qui l’apprécient assez instinctivement.
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Le Grand Livre vert

J'ai la version de 1979, Enfantimages de chez Gallimard, dessins au trait noir de Sendak, aux expressions savoureuses et texte en vert de Robert Graves. Jack le petit orphelin est sans conteste un frère ainé de Max.Quoi de mieux qu'un vieux livre trouvé au grenier pour débrider l'imaginaire ? On ne sait si doté de ses pouvoirs magiques, Jack va régler ses comptes avec son oncle et sa tante. La tentation est là. Finalement, Jack n'est pas un vilain garnement. Tout se finit bien. Il manque un peu la tendresse de Max mais je reste inconditionnelle de Sendak.
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Max et les Maximonstres

Le grand écrivain pour enfants Maurice Sendak, né à Brooklyn, nous a quitté en 2012, à l'âge de 83 ans. Woodkid lui a rendu le plus bel hommage dans la vidéo de 'Run boy, run', inspirée de 'Max et les Maxi-monstres'.

Sendak est un pionnier. Il fut le premier à intégrer des aspects sombres et transgressifs de l'imaginaire dans la littérature s'adressant aux enfants. D'abord très controversé, souvent contesté, parfois même censuré, il est aujourd'hui reconnu comme l'un des plus grands.

Il fait partie des rares illustrateurs a avoir obtenu le Prix Hans Christian Andersen (en 1970).


Lien : http://youtu.be/lmc21V-zBq0
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Hector Protector et J'allais joyeux sur les..

Two stories, one book.



(et je pourrais jamais me lasser des histoires de Sendak)



Hector Protector et J’allais joyeux sur les flots bleus est un ensemble de comptines issu de l’imagination inépuisable de l’auteur de Max et les Maximonstres.



Les deux comptines sont extraites des Contes de ma mère l’Oye détaillant les aventures de deux garçons (qui se ressemblent beaucoup), l'un donnant du fil à retordre à sa mère et à la reine, et l'autre rencontrant diverses créatures près de l'eau.



Sendak a fait un excellent travail tant au niveau des illustrations que dans l'interprétation de ces vieilles comptines d'un point de vue lyrique, racontant presque sans l’aide de mots les aventures des personnages principaux en rimes.



Ce qui frappe aujourd’hui à examiner plus précisément l’oeuvre de Sendak, c’est qu’il prend l’enfant dans son ensemble et lui raconte que c’est ok de vouloir/pouvoir se rebeller, défier l’autorité sans pour autant figer l’enfant dans ce caractère, en équilibrant toujours par la suite avec des traits liés à la tendresse et à l’affection.



Ses personnages sont bourrés de spontanéité, de désordre et c’est ce qui fait qu’on aime Sendak quand on est gosse ; il étale les actes de rébellion à tel point que le comportement n’est plus inapproprié ; il laisse la colère ou le besoin de se confronter au monde possible et toujours une fois que ses personnages ont vécu ce sentiment, la paix et la quiétude font leur chemin.



Chaque page de ces comptines illustrées sont des tableaux qui invitent à l’aventure, regorgeant de détails qui permettent des interprétations et des lectures quasi infinies.


Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Qu'est-ce qu'on fait ?

Je remercie Les éditions MeMo et la masse critique Babelio pour cette découverte. Les critiques Mère/fils sont mes préférés.



A première vu, cet album jeunesse est très bien dessiné. J'adore ce genre d'album fait main et sans ordinateur. De très beaux dessins bien réalistes et qui parlent aux enfants. Le concept de cet album était une très bonne idée de base : apprendre la politesse à nos bambins à toutes occasions.

Et sur ces occasions que je tique ,beaucoup.

J'ai lu une première fois seule et je me suis demandée si mon fils de 5 ans allait suivre l'album. Et je me suis rendue compte qu'il faisait sa petite histoire. Moment sympa de partage mais l'objectif de l'album n'était pas atteint.

Pour avoir un autre avis, la maitresse de mon fils l'a présenté à la classe. Je confirme l'objectif n'est pas atteint.



En ce qui me concerne, les situations sont trop abracadabrantes. Le concept est vraiment bien mais les situations non. Pourtant il y avait beaucoup de point positifs et je pense sans ce concept de l'art d'être poli, j'aurais mis une autre note.



Donc pour moi, c'est dommage. Mais je testerais bien d'autres albums de cette maison d'éditions qui permet d'apprendre d'une manière ludique les gestes du quotidien à nos pitchouns.



Encore Merci Babelio et les Editions MeMo.
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Max et les Maximonstres

Un soir, Max enchaîne les bêtises et sa mère l'envoie dans sa chambre. Petit à petit, sa chambre se transforme...



Il y a deux personnes en moi lorsque je lis cet album :



il y a l'adulte bibliothécaire. En tant que bibliothécaire, j'admire la construction de l'album avec la place de plus en plus grande pour l'image au fur et à mesure que la colère de Max s’amplifie. Une colère qui finit prendre toute la place dans la page ne laissant plus de place pour les mots puis qui en s'apaisant redonne de la place au texte et réduit l'illustration.

Je m'amuse de retrouver dans les dessins de Max, les fameux maximonstres de l’île, de voir la chambre se transformer peu à peu.

Je m'amuse du jeu sur le temps qui oppose le temps de cette colère et le retour très long et la chambre à son retour qui indique que l'on est toujours dans la nuit.

Le texte claque. Il y a des allitérations, des reprises, des ruptures...

En tant qu'adulte, je reconnais cet album pour un grand album, une représentation exceptionnelle de la colère.



Mais il y aussi le souvenir de la petite fille complètement effrayé par cet album. Je ne peux pas expliquer à quel point cet album m'a fait peur, à quel point il m'a mis mal à l'aise au point que ce malaise continue. J'avais peur des maximonstres comme de n'importe quel monstre je crois que cette représentation d'un caprice, d'une colère aussi me gênait.



Je lis tout de même l'album aux enfants. La bibliothécaire gagne. Mais la petite fille n'est jamais bien loin...
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Max et les Maximonstres

Petit hommage à cet auteur dont le livre à peupler mon imaginaire et mes rêves de gentils monstres.

Un beau souvenir d'enfance à jamais graver dans les mémoires.
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