Martial Caroff, universitaire spécialiste du volcanisme ancien, a reçu le prix du Quai des Orfèvres 2024 mercredi 8 novembre 2023 pour son roman «
Ne me remerciez pas ! ».
Martial Caroff écrit régulièrement des articles et livres documentaires de géologie. Ses « périodes favorites » sont « la Préhistoire et l'Antiquité »
Ne me remerciez pas ! raconte l'histoire d'un spécialiste de la géologie paléolithique qui s'effondre et décède en plein cours. L'enquête est menée par la police judiciaire parisienne, où a été proclamé le prix mercredi soir.
Venez le rencontrer le samedi 18 novembre après-midi et dimanche 19 novembre 2023 de 10h à 18h au salon du Polar Noir sur Ormesson !
À retrouver sur lagriffenoire.com
https://lagriffenoire.com/prix-du-quai-des-orfevres-2024.html
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-Quelques trucs bizarres. Des faits un poli rectangulaires qu'on a du mal à faire entrer dans les trous carrés, situ vois ce que je veux dire...
Quand à sa région natale, personne dans le groupe ne la connaissait. Mars, peut-être ?
- Je vais vous exposer le résultat des cogitations qui m'ont remué le cervelet dans le trains du retour. Mais prenons les choses par le bon bout de la raison, comme aurait dit Rouletabille, et commençons par retourner aux Coirons. Premier point intrigant là-bas : l'éboulis sur la route, un peu avant le lieu du suicide.
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LES PAVES, C’EST DU LOURD
— Franck, faut qu’tu pointes d’urgence ! On vient d’être saisis d’un nouveau cas pas net. C’est à Paris-Diderot, tout près d’ici. Ça devrait te plaire : une affaire avec une arme du crime universitaire, pile ton nouveau rayon !
Une étudiante en lettres qu’aurait assassiné son prof en l’assommant avec un gros Plutarque, un bouquin d’une vingtaine de kilos.
Et puis, il y a un autre suspect. Lui, il possède carrément les trente-cinq tomes de l’Encyclopédie, de Diderot, justement.
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Non que les cours ou les conférences de cet enseignant ne fussent appréciés, mais quel besoin de les ponctuer de ces inter- ruptions intempestives, puérils suspenses agrémentés de grimaces et de gestes figés ? Sacré comédien, va ! Encore dix secondes et les traits de Jacques Gaubert reprirent vie. L'homme redevint ce professeur à la voix veloutée, dont le beau visage de quadragénaire – un peu jaune aujourd'hui - parvenait à reproduire d'un cours à l'autre le miracle de la multiplication des auditrices.
Beau tissu d'incohérences. On plaignait un mort que personne n'aimait de son vivant simplement parce que son ennemi était encore plus détesté.
Maigret était mort, son fantôme dissous dans la ringardise.
-Possible d'aller avec vous ? J'étouffe ici. Faute d'air marin, j'aimerais bien au moins pouvoir aspirer quelques bouffées bonne atmosphère de crime.
Antisthène, en tant que métèque, n’avait pas assisté à l’Assemblée du peuple. Mais la rumeur publique s’était chargée de le renseigner sur l’incident qui avait conclu la séance de l’Ecclésia.
Il était inquiet.
Non qu’il plaignît Alcibiade, un vil arriviste qu’il méprisait, mais Antisthène craignait les réactions du peuple, si prompt à s’enflammer. Or, des troubles civils à la veille du départ de la plus formidable flotte que les quais du Pirée aient jamais vue seraient immédiatement interprétés par les ennemis d’Athènes comme un signe de faiblesse.
Antisthène avait rendez-vous à l’Eleusinion, au nord-ouest de l’Acropole. C’était au cœur de ce temple que les objets sacrés des Mystères étaient temporairement entreposés dans une corbeille mystique, à la fin de l’été, avant d’être reconduits à Eleusis par la voie sacrée.
La voiture de police traversa rapidement Châtenoy-Malaparte, une ville de banlieue anciennement cossue, cherchant désormais sa voie entre intégration sociale et prétentions universitaires, et ne la trouvant pas. Le résultat, c'était, ici comme ailleurs, une pénurie de logements sociaux et des quartiers ghettoisés : les intellos logeaient du côté forêt dans des pavillons à haute performance énergétique, tandis que la plèbe squattait des masures à proximité du commissariat. Entre les deux, le centre-ville avec ses monuments, ses commerçants et leurs chalands chamarrés...
Les rues, presque désertes, étaient, sous les nuages momentanément taris, en attente du rush de fin de journée. Les deux policiers braquèrent le nez morveux de leur Peugeot plus toute jeune en direction de l'Institut européen des études climatiques