#SalonDuLivreDeMontreal #slm2022
Marie Demers présente In Between
On pense que les choses arrivent pour une raison. On parle de destin, de fatalité. On dit n’importe quoi parce qu’on a peur de l’inconnu, parce qu’on a peur de notre impuissance, de laisser aller la vie à ce qu’elle est, justement: injuste.
Tout commence il y a de cela très longtemps, à l’époque où les loups parlaient encore et où les petites filles ne portaient jamais, jamais de pantalons. Bon, bon, bon, je vous entends déjà rouspéter: « Une histoire de loups et de fillettes ? Ça s’adresse à des bébés lala, cette histoire, ou quoi ? » Eille les cocos, on se calme tout de suite le poil des jambes, ok? Attendez un peu avant de juger! Les apparences sont souvent trompeuses...
Je n’aimerai jamais les femmes choisies par mon père. La preuve: je ne suis même pas certaine d’approuver le choix de ma propre génitrice.
Leslie a parfois l’impression de devoir nourrir la fiction, alimenter la chimère, jouer celle que Coco l’imagine être, cette surfemme fougueuse et parfaitement imparfaite. À l’image des héroïnes des sœurs Brontë, qui ont pour plus grands défauts de trop impressionnantes qualités. Au fond, Colette préfère-t-elle cette amie de papier, fantasmée, à la Leslie de peu de chair, de beaucoup d’os et de cassures?
Souvent, je vous imagine en train de vous raconter les niaiseries les plus niaiseuses du monde et vous trouver drôles comme personne. Ça me fait sourire de mon sourire le plus jambon. Vous me manquez tellement. Le gorille et la porc-épic. Vous êtes la preuve vivante que les duos les plus inattendus fonctionnent le mieux. MON duo inattendu: le gorc-épille.
Comment Coco peut-elle penser qu’Alice pourrait la remplacer? Alice est un ersatz trop sucré. Elle t’arrive pas à la cheville. La nouvelle amoureuse de Colette ne lui inspire qu’indifférence. Avec un soupçon de mépris. Leslie la trouve fausse. Forcée. Le genre de fille qui trouve des solutions simples aux problèmes compliqués.
Toujours, elle rêve d’avancer ou de reculer le temps. Tout pour ne pas vivre l’instant présent. Elle préfère tanguer dans un cycle vaporeux, entre la nostalgie et l’attente, entre l’ailleurs et l’ici. Se languir d’hier, remettre sa vie à demain. Parce qu’il n’y a jamais rien de pire qu’aujourd’hui.
En deux heures, elle a lu trois pages. Même la lecture est devenue une activité pénible. Elle se lève en soupirant et se dirige vers le comptoir de cuisine. Elle voudrait se recoucher, mais elle n’est réveillée que depuis midi. Il y a toujours ben des limites.
La descente est d’autant plus raide quand on a monté très haut. Mais j’essaie de profiter de mes fulgurances. («Fulgurance», c’est-tu pas un bon mot?) Pis anyway, j’ai pas peur des hauteurs. Quoique je sais que c’est pas l’altitude, le problème, mais l’abysse…
Aucune série ne lui fait envie sur Netflix. Elle a l’impression d’avoir tout regardé. Rien écouté. C’est quand même incroyable combien on peut accumuler de savoir inutile en écoutant neuf heures de télé par jour. Pop culture nothingness.