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Citations de Marie Darrieussecq (585)


Quand nous marchons au milieu des plantes et des animaux, nous nous déplaçons dans du vivant, nous en faisons partie. Quand nous nous tassons au milieu des objets, ce qui nous entoure est mort, nous en faisons partie. Et l'immobilité nous cloue entre les planches de l'insomnie.
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J'essaie de ne penser à rien. De respirer. L'air est merveilleux ici. Il sent le vert. Il sent la sève. C'est bon. Entre les feuilles on devine des confettis de ciel. Des paillettes de ciel. Il pleut du ciel bleu. Le ciel bleu se dépose sur moi.
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Les clichés reprennent sens pour moi, les formules, oui, puisque sans métaphore je donnerais ma vie pour lui.
C'est la première fois que cette phrase est vraie, que j'entends sa vérité ; La première fois qu'elle est mienne.
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J'essaie de faire comme me l'avait montré Yvan, mais à rebrousse-poil de ses propres méthodes: moi c'est pour retrouver ma cambrure d'humain que je tends mon cou vers la Lune.
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"...Et pour finir, toi-même tu te vis comme un fruit, tu te dépouillas de tes vêtements, tu allas te placer devant le miroir et tu t'y enfonças
jusqu'à y perdre ton regard : lequel, gardant courage,
s'abstint de dire : c'est moi. Non : ceci est".
Rilke, Requiem pour une amie
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Les clichés aident à décrire un monde compliqué. Les Français sont frivoles et blasés, sales et spirituels. Les Allemands, par contraste, sont honnêtes et sérieux, propres et lents.
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Les rencontres nous signent. Nous devenons des livres d'or. Nous apprenons à parler des mots donnés par nos aimés. (p. 41)
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On pourrait imaginer qu'en faisant le tour de l'iceberg (combien ? une heure de mer ? une journée ?) il y aurait, face cachée de la Lune, des signes laissés, une intention. Mais ça n'a rien à voir avec les humains. Ça se passe d'eux. De la glace un point c'est tout. Ni prairie au dégel, ni arbres, ni rivières, ni même ces déserts qu'on connait, avec du sable, des buissons, un lit de rivière à sec. Oued. Non, ça ne veut rien dire. Edmée aimerait croire (sentinelle, émissaire) que ça guette, que ça attend. Que ça leur veut quelque chose, et pas rien.
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Je lui ai parlé des rêves d'enfants, des cauchemars des hommes
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"Je ne t'ai guère oubliée. Pendant trois ans, après le tournage, je n'ai trouvé aucune femme qui te vaille. Oui, pendant TROIS ans, aucune femme ne m'a plu comme toi". Et à son ton factuel, admiratif, gentil, elle sait que c'était la plus belle déclaration d'amour qu'il lui fera jamais.
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En France, quand un homme explique longuement quelque chose à une femme, c'est d'abord pour coucher avec elle.
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[Incipit.]

Tom est mort. J'écris cette phrase.

Ça fait dix ans que Tom est mort. Dix ans main­tenant. Mais la date ne s'est pas inscrite au fer rouge, comme on dit. Quand Tom est mort j'étais dans une période où, justement, je ne savais plus très bien quel jour on était. Pour mon mari ce n'est pas pareil. La date s'est inscrite au fer rouge dans sa tête, dit-il. Sa vie a basculé autour de cette date. Moi aussi ma vie a basculé. Mais ce ne sont pas les mots que je dirais.

Par exemple, les dates de mes enfants, de mes autres enfants, il faut que je réfléchisse. J'ai tendance à mélanger, mes enfants sont tous nés au printemps, comme ceux des loutres ou des koalas ou des diables de Tasmanie, ou de beaucoup d'autres animaux, je cite les animaux qui m'intéressent. Mai, juin. La saison des anniversaires. C'est bientôt. J'ai envie d'écrire : si nous sommes encore en vie. C'est une phrase qui me venait souvent après la mort de Tom. Je la disais comme une découverte, pas vraiment stupéfiante, mais comme une évidence que j'ignorais jusque-là. Si nous sommes toujours en vie. Ensuite j'ai dit la phrase par conviction. Je l'ai dite aussi par provocation, je ne la dis plus, ça blesse les gens. Et puis c'est devenu un tic, un tic de pensée, ça terminait mes raisonnements, mes phrases mentales, tous mes projets (les projets étaient revenus. Nous avions découvert ça aussi : que les projets pouvaient revenir, que nous en étions à nouveau capables).

J'ai essayé les thérapies, les groupes de parole, et Tom ne m'a pas été rendu. Même ça : refuser Affaire le deuil, ça fait partie du travail, c'est codifié par des graphiques. Quand on est en deuil, on a du travail, même si on ne veut pas du tout le faire. Pour ça, mon mari était comme moi. Et si je commence ce cahier, c'est peut-être parce que lui et moi on en est au même point maintenant, pour une fois au même point en même temps. Synchrones. C'est lui qui dit ça, nous sommes synchrones. Presque ensemble.

Le deuil qu'ils décrivent est un processus naturel qui me dégoûte. Une digestion. On entre dedans et on avance, qu'on le veuille ou non, comme à travers une série de boyaux. La mort de Tom passe à travers nos corps. On n'a pas fini, je ne dis pas qu'il faut dix ans. Je ne dis rien. Est-ce que je souffre moins qu'avant ? Le plus et le moins, je ne sais pas. Peut-être que je souffre moins souvent. La mort de Tom est une bête qui relève la tête de temps en temps, un dragon avec des soubresauts, et la terre se soulève, sa tête se dresse. Une géographie créée par une bête, dans nos cerveaux. On dit «répliques» après un tremblement de terre.
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"Et puis, comme une vague imprévisible, une de ces vagues tueuses au milieu de la mer, je l'ai agrippé et secoué et je me suis vidée sur lui de tombereaux de cris et d'insultes." ..." Quelque chose est monté du ventre de Stuart jusque derrière ses mains. Son cri à lui. Nous étions transformés en animaux et nous découvrions, chacun, notre cri. Un zoo de douleur."

..."Des cris de torturés à qui l'on a coupé les cordes vocales"
..."Stuart se tenant les mains, serrées à hauteur du front, bras crispés, ses deux mains cramponnées l'une à l'autre, écrasées sur son front; et moi debout derrière, bras ballants, corps ballant, ballante comme une cloche, juste après le cri _ ça, la première image que j'ai de nous, l'image de l'hôpital, juste après la mort de Tom."
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"Elle dit que mon père fait un "épisode délirant", il hurle et se débat, il est dans une clinique. Mon père a la seule réaction possible, sensée et cohérente, au milieu de nous tous, les paralytiques. Mon père se montre à la hauteur du désastre; Moi je suis sortie du cri et je ne sais plus quoi faire, de moi, de mes enfants, de mes mains."
..." Me remuer, pas comme mon père qui hurle sa souffrance enfermé dans une clinique."
..."Elle me donne des nouvelles de mon père, de son cri. Entre deux prises de médicaments le cri renaissait, grondait dans sa poitrine, montait, puis éclatait."
..."Mon père criait pour moi, pour nous. Ce cri creusait un trou où Tom avait été, à cet emplacement béant, qu'il fallait maintenir béant.
Quelque temps après on a volé le Cri de Munch dans la Galerie Nationale d'Oslo. C'était les ondes concentriques autour du cri de mon père qui avaient englouti le tableau, avalé dans sa gueule ouverte, disparu pendant que mon père criait, et bien sûr la toile on ne la retrouverait pas, puisque le monde ne demeurait pas intact finalement, puisque tout de même, à quelques signes, on voyait que des failles craquelaient la surface, les atomes s'y engloutissaient, et du monde matériel ne demeuraient que des souvenirs."
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Il y a des champions du sommeil. Ils posent la tête sur l'oreiller et ils glissent. Ils dévalent la pente. La vague s'enroule. Le ciel s'ouvre. Sommeil océanique. [...] Et nous, insomniaques, nous chutons dans d'affreux ravins, et nos cernes ont la couleur des ecchymoses.
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J’admire de si bons dormeurs. Des maîtres du sommeil, qui savent dormir quoi qu’il arrive. Quel est leur secret ? Ont-ils, comme le veut la sagesse populaire, la conscience tranquille ? Victor Hugo l’a dit (il a tout dit, comme Churchill) : « Mieux vaut une conscience tranquille qu’une destinée prospère. J’aime mieux un bon sommeil qu’un bon lit. »
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Mon patient le cliqueur. Quel fichu intello. Parmi des millions et des millions de cliqueurs. La dernière grande masse de job humain du monde. Les psys, par exemple, on encore besoin de nous mais pas beaucoup. Les robots compassionnels s'en sortent de mieux en mieux. Pourquoi je pense à mon ancien métier, dans la forêt. Il me manque, faut croire. Écouter, faire ce que je pouvais dans la limite de mes méthodes. Bah.
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Chez Paula il y a de vraies femmes. J’ai envie de dire des femmes enfin nues : dénudées du regard masculin. Des femmes qui ne posent pas devant un homme, qui ne sont pas vues par le désir, la frustration, la possessivité, la domination, la contrariété des hommes. Les femmes dans l’œuvre de Modersohn-Becker ne sont ni aguicheuses (Gervex), ni exotiques (Gauguin), ni provocantes (Manet), ni victimes (Degas), ni éperdues (Toulouse-Lautrec), ni grosses (Renoir), ni colossales (Picasso), ni sculpturales (Puvis de Chavannes), ni éthérées (Carolus-Duran). Ni « en pâte d’amande blanche et rose » (Cabanel, moqué par Zola). Il n’y a chez Paula aucune revanche. Aucun discours. Aucun jugement. Elle montre ce qu’elle voit.
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Ils habitaient ensemble un point du temps; une bulle tournoyant parmi le temps des autres. Parfois l'un d'eux partait vers les bords,mais il semblait que le mariage soit comme un élastique, qui le ramenait toujours. Un fluide invisible occupait l'espace entre eux.
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L'été 1906 est brûlant. Son atelier est infesté de puces, et elle ne voit pas le ciel, car la verrière est en épais verre jaune. Elle se demande où le passer, cet été. Comment le franchir. Comment affronter ce désert de chaleur, comment vivre la minute qui vient. Elle ne sait pas que la vie sera courte, mais pour l'instant elle est invivable. Elle rêve d'air et de campagne. "J'espère avoir bien d'autres été à venir, où je pourrai peindre dehors. (p. 107)
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