C’est à la mode, de penser que l’argent peut tout acheter… Ça heurte ma conscience. Vous voulez soigner le service public français par la privatisation ? C’est noble. Ce qui l’est moins, à mes yeux, c’est de penser que notre institution policière est un terrain de jeu lucratif pour blasés en mal de sensations fortes.
Une héroïne qui a la saveur du curry et une senteur vanille qui nous fait plonger dans les tréfonds les plus noirs de l'âme humaine pour nous faire frissonner à la manière d'un Jo Nesbo ou d'une Fred Vargas pour notre plus grand plaisir.
Pour les passionnés du roman noir à lire sans retenue. Merci et bravo Madame.
Le statut de baiseur compulsif l’a vite lassé. C’est toujours la même chose. On les hameçonne, elles répondent. On joue la carte de l’humour, on ajoute quelques grivoiseries plus ou moins explicites selon le QI de la proie, puis à nouveau on attend. Ça finit en général sur le canapé pour celles qu’il n’a pas envie d’emmener jusqu’à sa chambre. Et puis les emmerdes commencent. Au mieux, les premières semaines, il gagne du temps. Une rupture avant vingt et un jours, c’est ce qu’il préfère. Parfois, l’illusion du bonheur s’installe. On se voit partir en vacances, cuisiner devant la cheminée, rencontrer les amis respectifs.
C’est un bon gosse, Ziad. Lieutenant de police à 28 ans. La Réunionnaise et l’Arabe, lancés dans la résistance pour sauver le service public français. je ne sais pas ce que ça va nous rapporter, mais on fait le boulot. Malgré la désorganisation, malgré l’hiver et malgré la nuit.
Je me tais. Je ne peux pas lui dire que ce raisonnement, je l'ai déjà poursuivi mille fois. A toute heure du jour et de la nuit. Que l'âme agonisante de Lorie me hante désormais autant que celle du nourrisson, hurlant à la mort dans le silence glacé de mes cauchemars. Que cette prémonition macabre me détruit, s'immisce chaque jour un peu plus en moi, triomphant de mes forces, de ma vigilance, et des efforts de mon intelligence. Je ne veux pas lui avouer que si ce meurtrier me tient en échec, c'est parce que je ressens qu'il possède, comme Brahma, plusieurs visages. Qui tous me renvoient à ma terreur grandissante.
Des crimes aussi barbares, je n’en ai pas connu beaucoup. Mon lot à moi, c’est plutôt les meurtres passionnels, les beuveries qui finissent en boucherie, ou les vols à main armée qui dérapent. Il y a des cadavres, du sang, des proches à consoler, mais des gosses décapités, jamais. Ce que je vis là, il faut bien l’avouer, je ne l’ai vu qu’à la télé. En ce moment, ma réalité dépasse de loin la fiction.
Je dois trouver un sanctuaire à ce qu’il reste de cet enfant, avant l’arrivée des agents de la police scientifique. D’abord, pour la dignité. Ensuite, pour des raisons techniques. Une dépouille est toujours une mine d’indices éphémères. Je transporte l’assiette en évitant de croiser les pupilles vitreuses, dilatées par l’effroi. Oui, je me suis lâchement détournée de ce regard effaré. Je ne peux supporter ces yeux qui me scrutent, et leur muet reproche.
J’aime quand on me donne les moyens de bosser correctement… Ils n’ont pas le choix… C’est le genre d’opportunité que la police ne doit pas laisser passer… Écoutez, je ne parle pas en mon nom. Je parle au nom de mon équipe. Nous sommes fiers d’être les pionniers de cette expérience pilote. Et autant vous dire que dans quelques mois, vous croulerez sous les demandes des commissariats… Affirmatif. À demain.
- Parce que tu crois que la psychose est un truc de vieux?
Ben détrompe-toi. Ça se développe dès l'enfance. Tu veux que je te donne l'âge des tueurs fous sur les campus américains? Pas plus de 16 ans.
- On ne parle pas de pulsion meurtrière, là. On parle d'une construction machiavélique. D'un fantasme qui aboutit au passage à l'acte. "arce que tu crois que la psychose est un truc de vieux?
Ben détrompe-toi. Ça se développe dès l'enfance. Tu veux que je te donne l'âge des tueurs fous sur les campus américains? Pas plus de 16 ans.
- On ne parle pas de pulsion meurtrière, là. On parle d'une construction machiavélique. D'un fantasme qui aboutit au passage à l'acte.
C’est fou comme les acquis meurent vite. Si on m’avait dit il y a quelques années qu’à l’avenir n’importe qui serait appelé n’importe où et pour n’importe quoi, je n’y aurais pas cru. Évidemment que je n’y aurais pas cru.
L’argent, certes, mais surtout la mise en œuvre de capacités. Physiques et intellectuelles. Lesquelles ont été stimulées par sa motivation. Cet homme s’est donné les moyens de réaliser un rêve de gosse. Pas en claquant des doigts. Il lui a fallu cinq mois d’entraînement, sans avoir la certitude qu’il partirait. Il lui a fallu une vie pour bâtir l’empire artistique qui lui a permis de financer ce projet. Et croyez-moi, il a su le réinvestir dans ses prochaines créations. C’est ce qu’on appelle un cercle vertueux. Et nous travaillions sur le vôtre ?