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3.9/5 (sur 21 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Éditrice à Paris, Marie Alvery est atteinte de troubles bipolaires.

Elle est mariée et mère de deux enfants.

En 2013, elle a publié un livre témoignage sur le sujet, "J'ai choisi la vie", co-écrit avec Héléne Gabert.




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Bipolarité : s'en sortir, le parcours de Marie Alvery. Replay de l'émission "Mille et une vies" diffusée le 21/11/2016 à 14h sur France 2.


Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Marie : …
Et puis, il y a ma mère, mon incroyable mère. Nous avons tellement peu échangé autour de mon état de santé que je crois même avoir omis de lui annoncer mon diagnostic. Elle a dû savoir par mon père. Mais j'attendais de temps en temps de sa part un petit « comment va ta santé ? ». C'était en vain... Pudeur ? Indifférence ? Sujet tabou ? Sûrement un peu des trois. Dans ma famille, on ne parle pas de soi : comme dans bien d'autres familles, on cultive la jolie « pudeur » celle qui cache bien souvent une inaptitude à la remise en question. Je ne sais pas si je peux pardonner à ma mère un tel manque, une telle incapacité à appréhender les choses de la vie. "Dieu" seul peut ce que l'homme ne peut pas...
(p. 172)
Hélène : …
D’ailleurs, récemment, je suis restée très songeuse après avoir regardé un dossier sur le trouble bipolaire présenté au journal télévisé. Tout d’abord, le journaliste a présenté le trouble bipolaire comme une forme aggravée de la maniaco-dépression ! Puis, lors de ce dossier, la problématique du travail a été abordée avec l'intervention d’un responsable des ressources humaines d’une grande entreprise. Celui-ci préconisait que les personnes atteintes de troubles bipolaires se déclarent auprès de leur service des ressources humaines pour une meilleure surveillance et prise en charge pendant les horaires de travail. J'avoue que cela me laisse très perplexe. Beau « coup » de communication, ou bien cette entreprise souhaite-t-elle réellement intégrer des personnes avec un trouble qui peut se révéler handicapant ? J’aimerais croire à cette démarche responsable. À l'image d'une autre grande société d’assurance qui a récemment mis en ligne un reportage pour montrer les handicaps cachés de ses salariés atteints de maladies chroniques « qui ne se voient pas », comme le trouble bipolaire.
Dans une société méconnaissant le trouble bipolaire, il me semble plus sage de ne pas afficher sa particularité. D’ailleurs, tous ceux qui l’ont fait autour de moi se sont fait licencier tôt ou tard, voire, pour certains, sur-le-champ.
Et pourtant, je pense que le travail ou une activité non lucrative est salutaire pour retrouver un équilibre et « une normalité » sociale.
(p. 176)
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L'amour plus fort que tout

Hélène : ...
Je pense qu’il est plus facile pour des enfants d'accepter un parent malade (même s'il n'est pas forcément facile de vivre avec) que pour des parents d'accepter leur enfant malade. En ce qui me concerne, vis-à-vis de mes enfants, l'idée qu'ils puissent hériter de cette pathologie m’est douloureuse. Vis-à-vis de mes parents, le sujet a toujours été tabou. Ma famille s'est habituée à mes euphories et déceptions passagères, mes emballements sur des projets abandonnés en cours de route ou qui n’aboutissent à rien. Mes parents restent toujours prudents, voire dubitatifs, sur mes dires et mes actes. De tout ce qu'ils ont pu en penser je ne leur tiens pas rigueur et leur pardonne tout jugement !
(p. 162)
...
Il nous incombe de nous soigner, mais cela est toujours plus facile quand on est bien entouré. Avec le temps, j'ai appris à bien m’entourer !
(p. 163)
...
Mais si j'ai perdu quelques amis en cours de route, je me félicite de ceux, si fidèles, qui m'ont accompagnée sans condition ni jugement. J'ai de la chance. Beaucoup d'amis bipolaires autour de moi n'ont pas cette chance. Beaucoup vivent en marge de la société et sont en rupture familiale. Pour autant, nous ne sommes pas pires ou plus fous que certains. « La seule différence entre un fou et moi, c'est que moi je ne suis pas fou », disait Dali.
(p. 164)
...
informaticien, étudiant, mère au foyer, infirmier, commercial, assistant social, DRH, employé communal ou secrétaire... en activité — souvent réduite —, en arrêt ou en invalidité. Qu'importe, au-delà de leurs compétences professionnelles, ils sont en tout cas experts de leur maladie. Grâce à eux, j'ai arrêté d'avoir peur, je me suis rendu à l'évidence que le processus de rétablissement passe par l'acceptation de la maladie et qu'elle peut être mieux vécue ainsi.
...
J'ai eu — ou provoqué — cette chance de trouver tout au long de mon chemin des parents, des amis, des collaborateurs qui m'ont fait confiance et je les en remercie. En effet, qu'y a-t-il de plus beau que de permettre à quelqu’un d'être lui-même parce qu'il se sait écouté ?
(p. 166)
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« À certains moments, il semble qu'on ait besoin d'une âme attentive, étrangère à soi, pour s'assurer de ce que l'on est. » Jacqueline Dupuy – Le sabre d'Arlequin -


Marie : …
Je ne reparlai jamais de cet épisode à Pierre, qui lui-même ne m’a jamais posé de question. Les choses s’en sont allées ainsi. Qu'a-t-il pensé de cela ? Et que lui a-t-on dit ? Que lui en reste-t-il aujourd'hui ? Sept ans plus tard, devenu majeur, il me dit, dans un mouvement de colère : « De toute façon, je ne crois pas en la famille ! » Je n'arrive pas à penser que cette phrase est le fruit d’une simple provocation. N'est-elle pas aussi le résidu de cette histoire ?
En l'entendant ainsi, c’est le plus cuisant de mes souvenirs qui me revenait à la figure. Ce jour de folie où j’avais brisé le rêve d’unité familiale d'un enfant, le mien, brutalement et d’un coup sec, comme avec un pic à glace aiguisé. Ce jour où je lui avais insufflé le doute, où j'avais brouillé la vérité, démantibulé l’amour, défiguré le père. Ce jour où il dut penser que tout n'était que faux, l’édifice factice, la famille bouffonnerie. Ce n’était pas seulement une mère qui délirait, c'était un monde qui s'écroulait à ses yeux. Et moi, croyant le protéger, je n’avais été que mauvaise fée, vilaine mère, maman destructrice. Ce jour-là, oui, j'en suis sûre, j’ai — bien malgré moi — fait un mal infini à mon Pierre.
...
p. 123
...
Le lendemain, mon père vient me chercher et m'emmène à l'hôpital. Je ne résiste pas. Je ne crois pas l'avoir connu plus bouleversé et inquiet que ce jour-là.
...
p. 124
...
Un univers carcéral en blouses blanches
...
Les premiers jours, seul mon mari était habilité à venir me voir. Il pouvait rentrer dans la petite bâtisse aux ouvertures grillagées où se trouvait ma chambre en passant par le sas de sécurité où il était obligatoire de décliner son identité. Derrière sa petite ouverture, le gardien le laissait alors passer.
Je ne sais pas ce qu'ont ressenti les quelques amis qui sont venus. Mon image a dû en prendre un sacré coup. Il y a bien dû en avoir au moins un pour penser que je ne pourrai ressortir d’un lieu pareil...
Dans mon cas, l’hospitalisation a pour but de stopper la crise maniaque et de mettre au point un traitement pour la suite. Stopper la phase maniaque, c'est assez rapide, il y a des médicaments puissants pour cela (des trucs qui vous rigidifient les muscles et même ralentissent la parole, comme l'Haldol, puissant antipsychotique neuroleptique destiné aux « états psychotiques aigus, schizophrénie, délires chroniques non schizophréniques : délires paranoïaques, psychoses hallucinatoires chroniques » !).
Mais mettre au point le traitement pour la suite, c'est assez long.
p. 133
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J'ai toujours l idée que mon lendemain est incertain. Je vis avec le sentiment que mon seul présent constitue mon avenir. Que je mourrais jeune, peut-être demain, qu il me faut tout faire tout de suite, sinon rien ne sera certain. Une impatience liée à un sentiment d urgence, comme la conscience d une maladie susceptible de me dérober mon futur à tout instant.
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Un équilibre professionnel forgé à la force du poignet
Marie : ...
Il va sans dire que, professionnellement, le trouble bipolaire est une maladie qui rend les choses compliquées. Le stress, notamment celui lié aux exigences d'une grande entreprise, est contre indiqué. Aussi, j'ai eu un parcours chaotique
(p. 177).
...
Lorsque j'étais à l'hôpital, mon entourage professionnel n'est pas venu me Voir. J'y avais pourtant de bonnes amies. Mais l'entreprise et l'hôpital sont deux mondes incompatibles. L'image est trop importante dans le monde de l'entreprise. De plus, celle-ci fonctionne encore trop souvent selon des paradigmes binaires et parfois archaïques tels que forts-faibles, dominants/dominés et la maladie n'entre pas dans cette grille de lecture.
(p. 178)

Hélène : ...
J'ai compris que vivre, c'est accepter mes limites, lâcher prise et admettre que le monde ne s'écroulera pas pour autant. C'est aussi accepter que les choses ne peuvent être réalisées immédiatement à la vitesse à laquelle je les pense. Qu'il n'y a rien d'urgent ou rien de grave. « Ce n'est pas grave, il n’y a pas mort d'homme », me dis-je toute la journée.
Voilà avec quoi je dois lutter toute la journée. Des angoisses que je ne m'explique pas. Des pressions inutiles que je n’arrive pas à rationaliser, même si j’en prends conscience. Parfois, je ne peux me débarrasser de ces emportements émotionnels qu’une fois que l'angoisse a gagné les limites de mon cerveau et que je pète littéralement un plomb. Il faut l'implosion et l'épuisement physique et psychique pour désamorcer le processus. Des réactions émotionnelles intenses face à des situations ordinaires que je n’arrive parfois plus à maîtriser.
Je sens physiquement que ces réactions modifient mon état de conscience et font des dégâts irréparables au niveau neurologique. C'est peut-être difficilement compréhensible, mais je ressens physiquement que mon cerveau est affecté et modifié par mes emportements et qu'à chaque « pétage de boulons », je détruis quelques cellules supplémentaires.
(p. 191)
« Ce n'est pas à la partie attentive que nous devons faire attention, mais précisément à ce qu'il y a d'inattentif en nous. »
Samael Aun Weor - "Introduction à la Gnose"
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« Exprimer l'intime c'est prendre le risque de la confiance »
Annemarie Trekker, - Écriture de l'intime -


Hélène : ...
« C’est cela qui hante mon cœur et qui la nuit devient parfois insoutenable », écrivait ma grand-mère à sa belle-sœur. J’ai hérité de ce tourment. Tourment qui m'est insupportable. Une souffrance transgénérationnelle sur laquelle repose une partie de mon éducation. Si la religion et le sens du devoir nous défendent d'exprimer notre profond désarroi, nos angoisses et nos nombreuses émotions, je ne peux les contenir et souhaite m’en affranchir.
p. 16
...
Ainsi, que ce soit du côté maternel ou paternel — est-ce l'époque ? L'éducation ? l'environnement socio-économique ? — j’ai hérité de blessures, de déchirements et de silences.
Silences ou secrets de famille ? Je crois qu'il n’y avait rien à cacher. Juste des sujets dont on ne souhaitait pas parler. Uniquement des tabous et une souffrance trop difficile à porter, au point de tout faire pour l'oublier.
Dans ce contexte, le courage, la rigueur et le travail sont des valeurs sûres dans lesquelles mes grands-parents et mes parents n’ont pas eu d'autres choix que de se réfugier. Il faut faire honneur à la famille, être un bon enfant, être un bon élève, ne pas être un souci supplémentaire.
Pour ma part, il me semble que j’ai hérité de la douleur familiale qui a plané sur mon enfance.
p. 18

Marie : …
Pourquoi ma mère avait-elle tant tenu à nous cacher la vérité, à tout verrouiller, à travestir le réel ? Bien sûr, elle avait dû être déçue, et avait porté en elle une honte qu’elle n'était pas capable de dépasser. Ce n’était pas convenable. Mettre en question le modèle du père, c'eut été s’exclure du bien. C'était trop. Ce n’était pas possible. Du coup, il était difficile de grandir. Ma mère est toujours restée une petite fille.
...
p. 22

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Hélène : ...

Diagnostic : ma gorge se noue et je reste sans voix.

... sachant que quarante pour cent de dépressifs sont des personnes atteintes de troubles bipolaires qui s'ignorent et qu’un trouble bipolaire sur quatre non soigné mène au suicide, sans parler des ravages familiaux et socioprofessionnels. C'est pourquoi, il est important de traiter cela sérieusement.
p. 93
...
Au temps de mes parents ou de mes grands-parents, les affections mentales sont masquées par la peur de ne pas correspondre à l'image sociale, parce qu’elles font peur et que l'accès à la psychiatrie est encore très limité. À l’asile, on enferme les fous, tous confondus !
p. 97
...
— Par ailleurs, les médicaments ne suffisent pas. Il faut en parallèle mener une thérapie comportementale et cognitive pour que le traitement soit efficace. Nous savons que les pensées conditionnent les émotions et donc nos actions. Ce n’est pas le monde extérieur qui est la cause de nos émotions et de notre humeur, mais seulement la représentation que l’on s’en fait qui détermine nos pensées. Il vous faut alors travailler sur votre mode de fonctionnement pour changer votre comportement et vos pensées.
...
p. 118
...
Je prends conscience que mes réactions ont été disproportionnées par rapport à l'événement. Je prends conscience aussi qu'un déménagement comme une séparation, un deuil ou un licenciement sont des moments à risque pour les personnes atteintes de troubles bipolaires, qui ont besoin plus que quiconque de repères et d’une vie la plus régulière et la moins perturbée possible pour éviter de bouleverser leurs habitudes.
...
p. 119
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(Hélène)
J’ai souhaité témoigner pour démystifié l’image de la personne atteinte d’un trouble bipolaire. Parce que je ne me suis pas reconnue dans la caricature d’une personne souvent dépeinte divorcée, interdite bancaire et de jeu, en situation précaire ou avec des démêlés judiciaires. Parce que la bipolarité n’est pas forcément synonyme de crises sensationnelles. Parce que je ne suis pas réduite à une maladie et que ma vie n’est pas réduite à des crises. Parce qu’il y a autant de dérèglements de l’humeur possible qu’il y a de personnes diagnostiquées bipolaires.
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(Hélène)
Mes angoisses, mes crises de larmes ou d’irritabilité, lassent l’amoureux. Il n’a ni l’envie ni la force de supporter mes sautes d’humeur. Moi non plus. Je le comprends et ne lui en veux pas.
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(....), il faut remettre sans cesse le coeur à l'ouvrage pour obtenir les applaudissements du public.
Oui, c est un vrai travail quotidien. Quand bien même je peux me réjouir d être bien entourée, je reste seule face à mon dérèglement de l humeur. Personne d autre que moi ne peut le gérer et le prendre en charge chaque jour.
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