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4.14/5 (sur 471 notes)

Nationalité : Arménie
Né(e) à : Erevan , 1969
Biographie :

À dix-huit ans, Mariam Petrosyan (née en 1969 à Erevan en Arménie) commence à ébaucher les personnages qui deviendront les héros d’un livre qu’elle écrira sans chercher à le faire publier pendant une dizaine d’années : La Maison dans laquelle. Elle finira par laisser un exemplaire du manuscrit à des amis qui, quinze ans plus tard, après être passé de lecteurs en lecteurs comme un trésor secret, arrive entre les mains d’un éditeur qui y jette un œil avant de le dévorer en quelques jours. À sa sortie en 2009, le livre est nominé et lauréat de nombreux prix, et devient un best-seller. Depuis, la communauté de ses fans ne cesse de grandir. La Maison dans laquelle est le seul roman de Mariam Petrosyan. Tout comme elle dit ne pas vraiment l’avoir écrit mais y avoir vécu, s’y être réfugiée soir après soir, elle ressent un grand vide depuis sa parution.
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Mariam Petrosyan. La maison dans laquelle.

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" Un sourire, mon petit, avait expliqué Elan, c'est ce qu'il y a de meilleur chez l'homme. Tu n'es pas vraiment un homme tant que tu ne sais pas sourire.
- Montre moi" lui avait demandé l'aveugle….
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Ils arrivèrent devant la Maison par une chaude journée d’août. Écrasée par le soleil, la rue était déserte. Une femme et un petit garçon. Ni les arbres malingres qui bordaient la chaussée ni les immeubles ne les protégeaient de leurs ombres. La chaleur montait du sol en une multitude de langues incandescentes ondulant sur le bleu vif du ciel. L’asphalte se déformait légèrement sous leurs pieds, si bien que les talons de la femme s’y imprimaient en laissant derrière eux une ligne de pointillés, comme les traces d’un étrange animal.
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Seul le vent, furieux, continua de hurler et de tambouriner contre les murs ; il se précipita même vers la lucarne, en fit violemment claquer le cadre et provoqua une pluie de verre. Puis il s’engouffra à l’intérieur, tapissant au passage le plancher de débris et de neige. Sans prêter attention aux éclats, l’Aveugle s’approcha pieds nus du trou en forme d’étoile que le vent venait de percer dans la fenêtre, et passa la main à travers les couteaux de verre pour récupérer sur le toit un peu de neige, veloutée et douce sous une croûte ferme. Il la but à même sa paume.
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Pour s’endormir, il fallait un entraînement que je n’avais pas encore. Ici, on enjambait les dormeurs, on leur rampait dessus, on les utilisait comme supports pour poser des objets en tout genre – assiettes, cendriers, journaux, etc. Le magnétophone, comme trois des douze lampes murales, restait toujours allumé, et à n’importe quelle heure de la nuit, il y avait toujours quelqu’un qui fumait, lisait, buvait du café ou du thé, prenait une douche ou cherchait un slip propre, écoutait de la musique ou, tout simplement, se baladait. Quand on était habitué au couvre-feu des Faisans, instauré à vingt et une heures pétantes, ce nouveau régime n’était pas facile à supporter. Cependant, je faisais de mon mieux pour m’y adapter. Car vivre dans ce groupe méritait bien quelques efforts ; ici, chacun faisait ce qu’il voulait, quand il le voulait, et y consacrait tout le temps qu’il jugeait nécessaire. Il n’y avait même pas d’éducateur.
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Élan les conduisit à la campagne à bord de Scarabée. Scarabée, c’était une voiture qu’on aurait dite fabriquée à partir des carcasses de dix autres, et qui n’aurait pas détonné dans une casse. Scarabée laissait entrer la pluie et le vent, peinait à accomplir de longs trajets et avait tendance à perdre des pièces dans les virages trop serrés. Scarabée aimait choisir elle- même son itinéraire ; ses passagers s’y soumettaient. Si l’on cherchait à s’opposer à sa volonté, le moteur calait, et Scarabée s’immobilisait dans les endroits les moins opportuns, refusant de redémarrer jusqu’à ce qu’on lui rende sa liberté. Scarabée pouvait bien s’arrêter où bon lui semblait, cela ne les dérangeait pas. Ils se réchauffaient au soleil, partaient explorer les étangs, déjeunaient léger et ne regagnaient jamais la Maison les mains vides.
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La Maison se dresse aux confins de la ville, en bordure d’un quartier appelé les « Peignes » où d’interminables immeubles sont alignés en rangs crénelés, telles des dents plus ou moins régulières. Séparées à la base par des cours de béton servant d’aires de jeux, les tours sont percées d’innombrables yeux. Là où elles n’ont pas encore poussé, s’étendent des ruines masquées par des palissades. Les enfants, d’ailleurs, s’intéressent bien plus aux décombres qui s’y cachent, refuge des rats et des chiens errants, qu’aux espaces aménagés pour eux.
(incipit)
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Mais je n’étais pas au bout de mes surprises : appuyé contre le mur se tenait un phénix. Ses couleurs à lui étaient authentiques, contrairement au reste de la famille. Il faut dire que le rouge ne se laissait pas dompter si facilement, on pouvait en porter de la tête aux pieds, s’en tartiner le visage autant qu’on voulait, mais n’obtenir au bout du compte qu’un résultat sans éclat, triste et terne. Cependant, lorsqu’elle était portée à propos, lorsqu’elle était profonde, sincère, cette couleur était alors celle des assassins, des sorciers et des clowns. Voilà pourquoi, à certains moments, je l’aimais passionnément et qu’à d’autres, je la détestais.
Ce garçon était rouge, oui. Mais ce n’était pas vraiment un garçon : c’était un phénix. J’arrivais toujours à les distinguer des hommes. Je les aimais bien, ils n’étaient pas mauvais, simplement différents. Si je ne l’avais pas vu entouré de ces étranges personnages, peut-être ne l’aurais-je pas repéré aussi vite ? Mais dans ce contexte en tout cas, ce fut un jeu d’enfant. Et puis, il ne fallait pas oublier que j’étais Chacal Tabaqui, celui qui pouvait attribuer les surnoms au premier regard ! J’étais heureux parrain d’une foule de filleuls qui allait toujours grandissante et chaque fois, à chacune de ces naissances, je me faisais conteur, bouffon et gardien du temps, garant de la mémoire universelle.



P 396 (Éditions Monsieur Toussaint Louverture 2016)
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Allongé dans l'herbe humide, les pieds croisés sur le dossier du banc, je contemplais le ciel en train de sécher ses larmes. La boue qui maculait mes baskets coagulait peu à peu et s'effritait sur les planches fendues. Ces premiers rayons estivaux étaient impitoyables. Dans une demi-heure, il ne resterait plus aucune trace de l'averse et bientôt, il faudrait des lunettes de soleil pour pouvoir se reposer ici. Pour le moment, je pouvais encore regarder le ciel bleu vif à travers l'entrelacs des branches d'un chêne tortueux, dont le tronc était comme tressé de cordages pétrifiés. Ce chêne était le plus bel arbre de la cour. Le plus vieux, aussi. Je le caressai des yeux, depuis l'extrémité de ses rameaux les plus fins jusqu'à ses racines, dont certaines étaient aussi épaisses que mes cuisses. Sur l'écorce craquelée, je remarquai de fines éraflures pâlies – un message : Souviens-toi… quelques mots encore, puis… ne perds pas… Je relevai la tête pour mieux déchiffrer ; j'avais l'habitude des énigmes.
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Eh oui intervins-je, c’est comme ça que ça se passe. Dans un monde civilisé, les petits garçons tirent les cheveux des filles qui leur plaisent et cachent des souris crevées dans leur sac. Sans parler des croche-pieds. C'est comme ça qu'ils expriment leur amour. Ce sont des procédés hérités de leurs ancêtres primitifs. Eh oui, parce qu'à l'époque, tout était simple, on comparait, on appréciait, on déclarait sa flamme d'un coup d'os de mammouth en travers de la tronche et hop, emballé c'est pesé ! Leurs descendants, eux, préféraient regarder sous les longues jupes de leurs contemporaines, mais celles-ci n'étaient pas bêtes non plus et portaient des culottes de dentelles. Du coup, il suffisait de faire tombe sa promise par terre et le tour était joué ! En plus, quoi de plus touchant qu'une jeune fille éplorée, les vêtements couverts de boue ? C'est le genre de scène qui fait forcément bondir le cœur de l'amoureux transi. Elles sont si belles quand elles pleurent !
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Si les histoires m'ennuient, les instants m'éblouissent. Je préfère sans hésiter la nuit au matin, la lune au soleil, et mille fois mieux ce qui se passe ici et maintenant à ce qui aura lieu, ou a déjà eu lieu, ailleurs. J'aime aussi les oiseaux, les champignons, le blues, les plumes de paon, les chats noirs, les gens aux yeux bleus, l'héraldique, l'astrologie, les polars sanglants et les épopées antiques où des têtes coupées tombent en riant dans le fracas des armes. J'aime manger et boire tout mon saoul, me prélasser dans un bain brûlant et me rouler ensuite dans la neige. J'aime porter tous les habits que je possède en même temps et garder sur moi tout ce dont je pourrais avoir besoin. La vitesse m'enivre et sentir mon ventre se tordre quand j'ai pris tellement d'élan que je ne peux plus m'arrêter est une expérience incomparable. J'aime faire peur et être effrayé, amuser et déconcerter. J'aime me cacher derrière les phrases mystérieuses que je trace un peu partout, et dessiner de façon si abstraite qu'on ne puisse deviner mon sujet. J'aime gribouiller sur les murs, perché en haut d'un escabeau ou assis par terre, avec une bombe ou à l'acrylique. J'aime utiliser une brosse de peintre, une éponge ou bien mon doigt. J'aime tracer d'abord le contour, puis remplir entièrement mon œuvre, sans laisser le moindre blanc. J'aime que les lettres soient aussi grandes que moi, mais les tout petits caractères m'enchantent aussi. J'aime guider les lecteurs vers d'autres endroits – également marqués de mes écrits –, avec des flèches ici où là, j'aime aussi brouiller les cartes et multiplier les fausses pistes. J'aime prédire l'avenir dans les runes, les os, les fèves, les lentilles et d'après le Yi Jing. Dans les films et les livres, j'aime les pays chauds, alors que dans la vie, c'est la pluie et le vent que je préfère. D'ailleurs, j'aime la pluie plus que tout. Au printemps, en été, ou en automne. Peu m'importent les circonstances. J'aime relire cent fois ce que j'ai déjà lu...
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