Valéry ... a parfois "tenté de vivre", de s'oublier, de se perdre. ... Bienheureux abandon, grâce auquel sa poésie a pu mûrir, comme le fruit d'un accord magnifique et paradoxal entre un penseur et un poète qui ne sont pas toujours exactement le même homme, le penseur ne se plaisant qu'à comprendre et le poète ne prisant la poésie que dans la mesure où elle atteint l'être tout entier, sans viser d'abord à être comprise.(p.169)
S'il est un point tragique dans le destin de Valéry, et dont dépend le destin de sa poésie, c'est celui-ci ... L'esprit tend à devenir une "puissance sans objet", incapable à se prouver à elle-même son existence. Et l'univers, tout animé qu'il soit du poète, et caressé en ses formes et ses visages, l'esprit ne consent à voir en lui qu'un ennemi, un défaut, une souillure. (p.168)