La carence des théories économiques à rendre compte des mutations structurelles que nous vivons a mis de plus en plus sur la voie d’une explication non économique de la crise économique, en considérant celle-ci de plus en plus comme un effet, le plus immédiat et le plus visible dans une société capitaliste, d’une crise de l’organisation sociale dans son ensemble. Mais une telle analyse de la crise s’est faite parfois sous des formes intellectuelles qui dérivent vers l’idéalisme, sous prétexte de dépasser l’économisme. Tel est le cas des interprétations des bouleversements actuels en tant qu’expression d’une « crise de civilisation »
La crise économique qui a secoué le monde en 1974-1976 n'est pas un simple accident de parcours : il s'agit d'une crise structurelle. Si des modifications substantielles ne sont pas introduites dans l'organisation sociale et politique du capitalisme avancé, de nouvelles crises, beaucoup plus violentes, surviendront à bref délai, car il sera impossible de sortir du cercle vicieux récession-inflation. Ce livre essaie d'expliquer les raisons de cette situation critique en s'appuyant sur une analyse concrète du développement et des effets de la crise au cœur du capitalisme mondial : aux États-Unis.
Ainsi, après un rappel des principales études théoriques de la crise économique mondiale, l'auteur s'attache au processus de croissance de l'économie américaine dès 1945, en montrant que les facteurs de la croissance étaient en même temps des facteurs porteurs de crise. Il examine ensuite la structure sociale de la société américaine (les classes, les femmes, les minorités ethniques, la pauvreté), en essayant d'évaluer l'impact différencié de la crise. Cette analyse permet alors d'esquisser une interprétation du processus politique en cours dans la société américaine, de la crise du Watergate aux politiques de traitement de la crise.