Lisbeth von Benedek, docteur en psychologie, est psychanalyste didacticienne de la SFPA (Institut C.-G. JUNG, France). Elle a été responsable, pendant une vingtaine d'années, de l'enseignement de la psychologie clinique et de l'introduction à la psychanalyse à l'Université Paris XIII.
L'enfant qui se sent le moins aimé est parfois celui qui s'occupe le plus des parents vieillissants ; comme si le manque d'affection et d'attention l'amenait à se dévouer dans l'espoir que viennent enfin la reconnaissance et l'amour dont il s'est toujours senti privé.
Les difficultés liées à la place que l'on a occupée dans la fratrie peuvent aussi engendrer une réaction salutaire, et permettre de développer une force particulière.
Tout être humain a besoin de l'autre, reflet d'une partie de lui-même, pour prendre conscience de son identité ; car l'image intérieure du frère ou de la sœur correspond à un aspect inconnu de lui. Elle fera retour à chaque conflit qui nous renverra au stade où nous n'avions pas conscience d'être un individu distinct.
Les expériences vécues au sein de la fratrie par les tout-petits créent une intimité particulière, une complicité dans des expériences sensorielles archaïques, intrinsèque à la relation fraternelle et que nous ne revivrons plus jamais avec personne d'autre.
Lorsqu'un enfant meurt, le frère ou la sœur qui suit risque d' "hériter" du deuil, douloureux ou impossible, des parents ; il doit de plus endosser la comparaison avec l'image idéalisée qui a été projetée sur cet enfant "perdu".
Quand l'écart d'âge est de plus de quatre ans, l'aîné aura tendance à s'identifier au rôle parental - comme s'il était le papa ou la maman de son petit frère ou de sa petite sœur.