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Citations de Léa Silhol (257)


"Ils t'ont amené dans ce monde, et puis ils veulent te poser comme un paquet sur le seuil d'un Centre, et t'y oublier.
T'y oublier parce que tu n'es pas conforme à ce qu'ils souhaitent, à leur vie bien rangée, où les choses sont droites et les meubles collent aux murs. Une vie où les gamins ne grimpent pas aux arbres au milieu de la nuit pour regarder la lune, ni ne rient en écoutant les ruisseaux. Où leurs visages ne sont pas des énigmes impossibles à déchiffrer. Ta vie à toi, la mienne. Une vie de rires et de silences, de regards éloquents.
Comment peut-on décider qu'on n'appartient plus à quelqu'un, qu'un enfant qu'on a bercé cinq ans n'est plus notre enfant ? Parce qu'il se tait, parce qu'il écoute le vent, parce qu'il ne nous ressemble pas. Plus notre enfant...
Mais je suis à toi, moi, Gift, je suis à toi."

[Runaway Train]
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Dorcha, qui est toujours aussi loin ou aussi près qu'on le désire. Dorcha gisait là, derrière l'éblouissement et le vertige, et ce fut avec ses yeux mi-clos qu'Angharad la vit pour la première fois. Pour Shimrod le paysage du fleuve noir, le fleuve de l'Est, aux rives semées de roseaux blêmes et de joncs d'ébène, avait le charme poignant de la terre natale. Pour Angharad, déjà, sous ce ciel d'ecchymose, il avait le visage bouleversant d'un amant.
Ils passèrent les prairies d'herbe vert de gris aux âmes de rasoir et entrèrent dans l'obscurité immense des bois. Pour parvenir à la cité obscure au sein du crépuscule, Irshem, celle dont le nom signifie Fleur-du-Venin, il fallait traverser cette ombre, ces futaies gigantesques dans lesquelles le bruit du vent incantait le roulement sans fin des vagues (p. 59).
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On dit que les gens du village trouvèrent la petite orpheline dans la forêt du printemps, en allant ramasser du bois pour faire des fagots en prévision des rites d'Imbolc. Ils la trouvèrent vêtue seulement de ses longs cheveux et lorsqu'elle s'éveilla aux bruits qu'ils firent, elle ouvrit sur eux des yeux étranges, reflétant la lumière comme ceux d'un chat, passant instantanément de la nacre à la couleur des feuilles. Son premier son fut un rire qui ressemblait à un chant, et à ce son des dizaines de fleurs naquirent autour de son berceau de mousse. Les paysans tombèrent à genoux et se signèrent.
" C'est un enfant des fées, pour sûr, dit l'un d'entre eux.
- Le Bon Peuple pourrait s'offenser si nous ne nous en occupions pas bien, fit un autre en hésitant, et s'offenser aussi si nous le prenons.
Une matrone s'avança d'un air décidé:
- Les Belles Gens m'ont volé mon fils il y a dix ans, celle-là sera mon dédommagement."
Elle ramassa la petite fille et l'emporta jusqu'au village , où elle l'éleva de manière bonne mais rude, ne comprenant jamais vraiment cette enfant qui ne songeait qu'à rire et à chanter, et qui pleurait lorsqu'on coupait les arbres. Et parce qu'elle était blanche comme la neige et portait sur l'épaule une marque qui ressemblait à un flocon, elle l'appela Eirlys.
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Angharad aimait donc Shimrod, et aimait Finstern. Elle les aimait l'un et l'autre à ne plus en aimer la vie.
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Je ne l'ai jamais mieux aimée qu'en silence, et c'est ainsi, alors, que je l'aime encore, et le ferai toujours. En silence, et avec la rime adéquate : à distance.

(Gold)
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" — Que fais-tu par terre, mon parent ? Est-ce ainsi qu'est l'Hiver ?
Il se redressa lentement.
— J'ai honte de t'avoir forcée à te baisser pour moi.
Elle inclina la tête de côté, comme un oiseau des bois.
— Personne ne me force à rien. Et il faut se baisser souvent, lorsque l'on plante des jardins. Je descendrais pour une fleur, et je ne le ferais pas pour toi ?
Et elle rit doucement, se redressant en même temps que lui, sûre comme une vague."
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Elle a tourné le regard vers le matelas de Gift et elle l'a vu, couché en chien de fusil, ses yeux la fixant dans le noir, immenses. Elle a entendu, par dessus la respiration tranquille des filles du fermier et les bruits de vaisselle entrechoquée (bruit de glaçons ?) les voix de leurs hôtes. Sa voix à elle, irritée "Appeler la police... sans doute une fugue... parents" sa voix à lui, lasse ou indifférente : "Pas nos affaires... juste pour cette nuit".
Elle a fait signe à Gift, ils se sont glissés dehors par la fenêtre à guillotine. Quand parlent les glaçons, ils ont toujours le dernier mot. Ceux qui entendent quelque chose à ces choses savent qu'il ne faut pas leur laisser le temps d'être croqués, crissants, sous les dents des adultes. Ou de fondre dissous, rendus au néant. Comme l'amour.
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Car ainsi sommes-nous, êtres de papier et d’étoffe, devant les coeurs de glace et les coeurs de nuits. Incorrigiblement épris, incertains, pleurant, amoureux des brûlures inendurables de leurs étreintes, et inféodés à leurs enchantements. Cherchant toujours, dans nos rêves aveugles d’enfants des mi-teintes et du jour, l’écho de quelque chose qui soit forgé à l’image d’élèvements indicibles ou d’effroyables chutes.
A l’image de l’Hiver, à l’image de la Nuit
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"Lorsque l'on personnifie les Muses, Fhaliva, il faut *toujours* courtiser le courroux des dieux. On ne brise de tels interdits qu'en se voulant le disciple — *au moins* — de Prométhée en personne. Isenne aime ses artisans et ses navigateurs, mais ce qu'elle désire, plus que tout, c'est donner naissance à des Titans. Ou gagner le cœur des étoiles elles-mêmes, lorsqu'elles nous font la grâce de tomber à terre, comme vous le fîtes indubitablement."

Sfrixàda (L'Empreinte, dans la Cendre)
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Lorsqu'on aime monter, on n'a pas besoin d'objectif ou de leurre. Seulement de l'espace grand ouvert droit devant, et derrière, et au-dessus.

(Under The Ivy)
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Il est des projets qui lorsqu'ils prennent forme vous déchirent les entrailles plus sûrement qu'une épée. Et l'épée est d'autant plus mortelle, dit-on, si on la forge soi-même.
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Une empreinte. Dans l'herbe mouillée. Je sais.

Quelque chose de fragile, dans le petit matin. S'avance. Sur l'herbe embuée de rosée, dans l'ombre des bois,à travers la fissure de la lumière. S'avance. N'écoute pas le vent, qui détisse ses espoirs et les rend à l'informulé. A l'informel. A la trace impalpable. Quelque chose. Elle.
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La haine donne de la patience, et la douleur des ruses efficaces.
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"- Si tu me suis, Lugh, et que cet impossible projet soit accompli... tu te perdras. Tu perdras tes jeux, tes chevaux, tes expertises. Tu perdras ton chemin et jusqu'au souvenir de ton nom. Et pourtant par cette voie, et cette voie seule, pourras-tu demeurer Lugh. Rester celui que rien ne limite, et qui refuse de se définir, rester celui aux "multiples talents", rester la lumière du feu. Je te promets la fuite, l'exil, le combat. Le doute, le deuil, la souffrance. L'acier, le sang, la guerre encore. Et chaque jour plus dépourvu de certitude faible, vacillante, promise aux fers et à l'extinction, j'en verrai vers toi, en souvenir du jour de Rodruban, le plus aimé de mes enfants. Et il te ramènera de l'ombre de la captivité. Je l'enverrai pour toi, dusse-t-il tomber et se perdre, et mon coeur en rester frappé de deuil. Je l'enverrai pour toi. Même si cela signifie grande peine pour lui, et pour moi, et péril pour nous. Et même si, à la fin, oui, cela devait précipité dans l'abîme tout ce que nous aurions tant peiné à bâtir. Même si Seuil elle-même devait brûler, en souvenir du jour du cadeau, j'enverrai vers toi mon bien-aimé.

Le roi fronça les sourcils, et son visage se fit grave. Et il demanda doucement :
- Pourquoi ?
- Pas en paiement de la dette, car je ne négocie pas avec toi, Lugh. Mais parce qu'il se peut que moi aussi, vois-tu, je me souvienne de toi, bien que je ne sois plus la Cailleach que tu as aimée. Mais surtout parce que Seuil, au final, doit être cela. Une voie nouvelle, une forme nouvelle. La mémoire dans l'oubli, et des frères qui vont chercher leurs frères. la terre où nul, jamais, n'est laissé derrière. l'espace du courage. Et de l'espoir. Et de la foi. Notre humanité, et mieux que l'humanité. Une force hybride, qui joindra enfin deux mondes. Seuil, cela doit être cela, et rien d'autre, ou Seuil n'est rien."
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"J'ai été dans ma première existence, un instrument, un enjeu, une fonction. On a usé de moi, on a abusé de moi. J'ai connu cela, et tu sais, toi, ce dont je parle : être entraîné, balloté, acheté vendu et donné. J'ai pris ma liberté, dans la négation et dans le sang. La peur me reste, gravée dans les os, d'être à nouveau l'outil des plans d'un autre. Mais je sais, au bout de mon chemin d'errance, de refus et de terreur, que cette trahison-là ne me viendra jamais de l'Osbcur. Que, de prime abord, il est le premier dont elle me soit venue.

Alors ne crois surtout pas, Kélis, ne crois pas que je lui aie dit "non", ce jour là, en Irshem. Je lui ai dit "pas ici" et "entièrement ou rien". Je l'ai voulu dépouillé de tout, au moment même où il venait d'être élevé au pinacle par les siens. Et c'est ce que, contre toutes mes attentes, il m'a donné. Et, se rendant, ma vaincue. Alors, peut-être est-ce être faible, que de vivre sous cet esclavage, car oui, je suis en esclavage. Je respire de son souffle, et ne vibre qu'à sa voix... et son coeur... Son coeur bat là... Je n'avais que moi, et ma futile liberté, et voici que je porte son coeur... l'esclavage, ah... cet esclavage... de ne plus jamais rien vouloir sans l'autre, je l'ai accepté, voulu, épousé. Et la force que ceci exige vaut pour toutes les puissances de ces autres qui n'ont rien que ce que j'avais. Rien qu'eux-mêmes, et rien de plus. Et, si souvent, moins que cela encore. Et je te dis, Kelis : maudits sont ceux qui n'ont pas ce que j'ai. Ni la liberté, qu'on n'acquiert en notre monde qu'à grand coût, ni la gloire de cette dépendance. Veux-tu que je te dise à quel moment j'ai été, oui, faible, et lâche ? Pendant toutes ces interminables années où je n'ai pas cru. Où j'ai fait à l'aimé cette injustice. Où j'étais aveugle, et stupide. Arrogante de me croire la seule à pouvoir faire ce choix.

A présent, suis-je moins forte d'être avec lui ? Je suis plus fragile, car je sers ses causes en sus des miennes, et tremble à ses combats. Lui, est-il amoindri de n'être plus roi, et d'avoir renoncé à la solitudes des aigles ? D'être asservi à mes veines comme je le suis aux siennes ? Libres, voilà ce que nous sommes, libres hormis de cet incendiaire esclavage qui nous donne l'un à l'autre, et seulement l'un à l'autre. Ensemble. Qui se préoccupe des mots et des codes ? Les maudits. Et qu'ils le restent, si c'est là leur refuge. Pour voler, Kelis, il faut vouloir le ciel. Le vertige et l'air libre, et rien d'autre où se tenir que son propre coeur... battant dans la poitrine d'un autre."
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Ici. Ce lieu. Ma race a essayé, tu sais, d’inventer Frontier. Dans ses mythes, dans ses romans. Des cités modèles, des pays de paix. Des dizaines et des dizaines de visions fantasmées d’une même utopie. Et vous vivez ici.
- Oui.
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- Ce mystère est une image de la vérité, reprit Pallas. La vérité n’est pas une, mais double, multiple. Les serpents figurent le chaos, les forces brutales de la terre, mais ce sont aussi les gardiens de la sagesse. Le dieu a écrasé en eux le principe de désordre, mais il honore, à travers moi, ces emblèmes sacrés de science et d’intelligence.
[Celles qui marchent dans l’Ombre – Jean-Philippe Jaworski]
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Si l'Art est le cœur de l'homme, le Mythe est son âme.
[Mythophages - Léa Silhol]
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Si j'en avais le temps, je pourrais te raconter les mille et une histoires de cette forêt où j'ai vécu si longtemps. [...] Mais il me faudrait toutes les nuits de ta vie pour en faire le récit et je ne suis pas sûre que tu en aies la patience. En ce temps-là, il m'arrivait de faire saigner les oreilles des gens à force de les emplir de mes histoires.
[L'Arbre de la Vie - Léo Henry]
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A certains stades de notre vie, nous devons habiter des prisons. Les lieux sans portes sont périlleux.
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