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Citation de Lovise


Lovise
14 septembre 2023
Simon Aronov était devant lui, et le personnage était capable de retenir l’attention la plus flottante.
Sans trop savoir pourquoi, et tandis qu’il suivait Elie Amschel dans les entrailles du ghetto, l’imagination de Morosini, toujours prête à courir la poste, s’était composée une image pittoresque de celui qui l’attendait au bout de son voyage : une sorte de Shylock en lévite et haut bonnet de feutre noir, un Juif dans la plus pure tradition des récits moyenâgeux, habitant logique d’un souterrain ténébreux. Au lieu de cala, il rencontrait l’un de ses pareils, un gentilhomme moderne qui n’eût déparé aucun salon aristocratique.
Aussi grand que lui mais peut-être un peu plus massif, Simon Aronov dressait une tête ronde, presque chauve à l’exception d’une demi-couronne de cheveux gris, sur une silhouette à l’élégance sévère, habillée très certainement par un tailleur anglais. Le visage, à la peau de blond tannée comme il arrive à ceux qui vivent beaucoup au-dehors, était marqué de rides profondes mais l’éclat de l’œil unique -l’autre se cachait sous une œillère de cuir noir- d’un bleu intense devrait se révéler insoutenable à la longue.
Ce fut seulement lorsqu’Aronov vint vers lui en appuyant sur une lourde canne une boiterie prononcée que Morosini remarqua la chaussure orthopédique où s’emprisonnait le pied gauche, mais la main qui se tendait était belle tandis que la voix de velours sombre reprenait :
- Je vous sais un gré infini d’avoir bien voulu venir jusqu’ici, prince Morosini.
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