Philippe Devouassoux & Julie Klein, La Route du thé par ABM-TV
Le moral descend avec la température, peu à peu. Et soudain, dans la tempête, l’antenne de téléphonie mobile qui annonce la ville ! Il est toujours surprenant de constater que ce que nous exécrons en France peut revêtir ici une importance symbolique. Dans le désert qu’est le plateau tibétain, ce sont les antennes télécoms qui situent les villes au marcheur, comme des cairns dans le brouillard ou un phare pour le bateau dans l’immensité de l’océan. Là où, en France, on ne voit qu’ondes néfastes, ici l’antenne est source de vie. Au pied de cet enchevêtrement de métal, il y a des familles qui vivent !
Après le fourmillement de Ya’an et de la plaine de Sichuan, le relatif isolement dont nous sortons nous a inquiétés. Même si c’est aussi ce que nous recherchons intrinsèquement, ne plus voir nos contemporains pendant quelques heures nous semble une éternité : nous nous sentons coupés du monde, comme devant une nouvelle naissance. Qu’il est bon de s’immerger, le corps réchauffé et l’âme apaisée, dans ce paysage majestueux et de prendre, par simple plaisir, quelques azimuts en vue d’identifier sur la carte les principaux sommets à plus de 6 000 mètres qui nous entourent !
La galette de thé, millésime 2005, emballée dans un joli papier de soie imprimé au nom de nos hôtes est un présent inattendu. Il donne tout son sens à notre voyage sur la route du thé et des chevaux, mais Liu et Yang l’ignoraient. Nous n’expliquons qu’occasionnellement la raison de notre présence, à pied, dans ces contrées à l’écart des sentiers touristiques. Nous partons du principe que le marcheur est suspect, à la fois pour les autorités chinoises et les habitants.