Du jour au lendemain, je suis devenu une sorte de héros pour les gars les plus pitoyables du lycée. Je ne cesse de croiser des losers boutonneux, qui voient en moi une oasis de paix au milieu du tourment. Comment leur refuser ma protection ? Après tout, je suis moi-même un loser boutonneux dont Jerry Whitman aime tapoter la tête. Et, que je le veuille ou non, je joue dans la même catégorie que des types comme Manny et Winston.
Comme Jerry et ses sbires me fichent plus ou moins la paix, je suis devenu une espèce de refuge ambulant pour tous ceux qui se font persécuter, voler, ou maltraiter en général. On reconnaît facilement un gosse de Jerry sur le point de craquer : il a les yeux vitreux et ressemble à un extraterrestre. À chaque fois que j'en repère un à la cafétéria, je m'assieds à côté de lui. Ce n'est pas grand-chose, mais ça lui procure un certain répit.
Voilà comment j'ai hérité de mon surnom de «Sauveur» Sherwood. En fait, je m'appelle Alex, mais, quand la nouvelle s'est répandue que j'étais disposé à faire une bonne action de temps en temps, tous les gosses de Jerry ont commencé à employer ce surnom stupide. «Demain, c'est mon tour de m'asseoir à côté du Sauveur», disent-ils. Et figurez-vous qu'ils se disputent !
- Quatre-vingt-dix pour cent des légendes urbaines sont une accumulation de sottises brodées sur une infime parcelle de vérité. Les dix pour cent restants sont des ragots de gens qui s'ennuient, destinés à décourager la moindre excentricité, pourtant salutaire. (p.178)
Winston semblait déçu que le passé de harry ne soit pas plus coloré.
- Harry n'est qu'un "has been" sous-doué en chemise bariolée, a-t-il conclu. Il n'a même pas le cran d'être un "serial killer".
- Il fiche sa vie en l'air, a approuvé Manny en enfournant un Twinkie.
Puis la bouche pleine :
- Ce type n'a manifestement aucune autodiscipline. (p.219)
- Les livres sont comme les gens. Ce n'est pas correct de les laisser tomber avant de connaître toute leur histoire. (p.231)
- Pense à toute l'énergie que les non-losers dépensent pour draguer et se faire mousser en public. Les losers, eux, la consacrent à ranger leur chambre et à construire des modèles réduits de navettes spatiales. C'est du gâchis. (p.286)
La salle à elle seule était trois fois comme mon appartement. Winston a embrassé l'espace d'un geste :
- C'est l'endroit préféré de mes parents. Ils peuvent faire semblant d'être ensemble sans jamais se croiser. (p.66)
- Au lycée, les losers sont plus nombreux que les gars de Jerry, m'a expliqué Julie. Celui qui canaliserait leur pouvoir sauvage pourrait leur faire faire n'importe quoi. (p.286)