Joanna Challis

- Daphné !
J'avais prévu cet interrogatoire de ma mère dès que lady Gersham serait partie.
- Oui, mère ?
- Pourquoi Jeanne a-t-elle mentionné le major ? Tu as eu d'autres nouvelles de lui ?
Je me détournai. Je ne voulais pas que ma mère décèle la vérité sur mon visage. Le visage trahit toujours quelqu'un, et les mères possèdent le don étrange de percer les secrets de leurs enfants.
- Mère, soupirai-je, sir Marcus est un ami, pas un soupirant. J'aimerais que vous cessiez de répandre des rumeurs sur nous. Il ne trouverait pas cela amusant.
En fait, sir Marcus aurait trouvé cela amusant mais ma mère n'avait pas besoin de le savoir.
- Eh bien, cette façon que vous avez de chuchoter dans les coins laisse penser autre chose.
- Nous sommes juste des amis.
- J’étais une amie de ton père avant notre mariage.
Oh non. Encore cette histoire de mariage.
- Maman, je vous l'ai dit. Je ne vais ni me marier bientôt, ni faire comme si j'allais me marier, tout particulièrement devant lady Gersham !
- Je fais juste un peu de réclame pour que l'on sache que tu es disponible, répliqua-t-elle du tac au tac. Vraiment Daphné, tu as l'intention de devenir vieille fille ? Car tu vas y arriver si tu continues de cette façon. Les gentlemans ont besoin d’encouragements, et ta langue trop acérée me désespère. Cela n'a pas aidé Elizabeth Bennet auprès de Mr Darcy, n'est-ce pas ?
- Permettez-moi de ne pas partager cette opinion. Sa langue acérée a protégé ses intérêts des le debut et, plus tard, Mr Darcy l'a louangée pour son esprit, plutôt que pour ses "beaux yeux".

- Je suis incroyablement curieux, dit Sir Marcus dont le visage avait rompu ma rêverie. A quoi pensiez-vous en ce moment ? Je n'ose espérer que vous étiez en train de rêver à moi, au point d'en faire un thème pour une histoire.
Je hochai la tête.
- Un roman d'amour ? Quel genre de roman d'amour ? Une aventure romantique ? Un roman d'amour policier ?
Je haussai les épaules pour éloigner son sarcasme.
- Pourquoi tous les hommes supposent-ils que, si les femmes écrivent, elles doivent écrire des romans d'amour ?

- "Affaire", répéta Ellen, qui pâlit. Si mon mari a été victime d'un crime odieux, je ne vois pas comment on pourrait arrêter le coupable.
- Aucun meurtre n'est parfait, Mrs Grimshaw.

Il a des amis en haut lieu à qui il est redevable, mais j'ai toujours prédit qu'un jour, il finirait par tomber de haut. "Avant la ruine, il y a l'arrogance", disent les Écritures.

Demeurant concentré sur la tâche à accomplir, Lord David était silencieux; ceci en soi aidait au processus de deuil.

-- Je savais que tu aimerais le jardin clos. Il y a aussi un banc dissimulé, là au centre. C'est un endroit idéal pour passer l'après-midi à lire.
-- Tu ne devrais pas me donner des idées, l'avertis-je. Il se peut que tu ne me voies plus pendant un mois.

Mon père m'avait appris que la meilleure défense contre les médias était de les éviter.

Avant ce jour, je n'avais pas compris à quel point on change entre quinze et vingt-cinq ans. J'imaginais que le passage de la trentaine à la quarantaine nous révèlerait d'autres mystères de notre véritable personnalité.

Mon épaule gauche élançait. Afin de concentrer mon attention sur autre chose que la douleur, je fermai les yeux et imaginai le roman que j'aimerais écrire.

Je ne peux pas m'imaginer grandissant sans mes sœurs... Je soupçonne que les enfants uniques souffrent beaucoup de solitude.