Je me tournai vers ma mère, qui regardait toujours le tableau de Monet, un tableau qui se trouvait être une de ses œuvres les plus célèbres. Elle se balançait légèrement d'un pied sur l'autre, comme au son d'une musique, ou comme si elle était très fatiguée. Je lui dis qu'à moi aussi il m'arrivait de ne pas comprendre ce que je voyais dans les galeries, ou lisais dans les livres. Même quand je sentais qu'on attendait de moi que j'aie une opinion, surtout une qui se puisse exprimer clairement, et qui en général était indissociable d'une certaine éducation. Ça permettait de parler d'histoire et de contexte, ce qui ressemblait beaucoup à une langue étrangère. Pendant longtemps, j'avais cru à cette langue, et j'avais fait de mon mieux pour la parler couramment. Mais je lui dis que, parfois, de plus en plus souvent en fait, je commençais à sentir que ce genre de réaction était fausse elle aussi, une performance, et non celle que je recherchais. Parfois, je regardais un tableau et ne ressentais absolument rien. Ou si je ressentais quelque chose, c'était seulement intuitif, une réaction, rien qui puisse s'exprimer par des mots. Il était normal, dis-je, de reconnaître quand c'était de rester ouvert, d'écouter, de savoir quand parler et quand ne rien dire.
Je dis que , à cet égard, écrire s'apparentait à peindre. Ce n'était que de cette façon qu'on pouvait revenir en arrière et changer le passé, afin de restituer les choses non telles qu'elles étaient, mais telles qu'on souhaitait qu'elles soient, ou plutôt telles qu'on les voyait.
Some were strong and definite, while others bled and faded, giving the impression of vapour. And yet, when you looked, you saw something: mountains, dissolution, form and colour running forever downwards.