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Critiques de Jennifer Nansubuga Makumbi (25)
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Kintu

« Kintu », c'est le coeur de l'Afrique battant la chamade, sous une chaleur écrasante.

Un premier roman d'une richesse incroyable.





L’HISTOIRE :



Kintu c'est une plongée dans l'Ouganda, une apnée dans les eaux troubles de la famille, de ces liens qui unissent pour le meilleur et pour .... le pire ! le pire ici prend un malin plaisir à s'immiscer insidieusement dans les veines, à distiller dans le sang son mal, et ce, de génération en génération, inlassablement.



A l'origine du mal, un mot effrayant, diabolique, le prononcer c'est déjà se mettre en danger : la MALEDICTION.

1750, l'ancêtre Kintu Kidda commet la faute irréparable qui condamnera tous ses descendants à la malédiction.

2004, les malheureux en payent encore le prix. Héritiers malgré eux de la tragédie, leurs vies est une lutte permanente contre les fléaux qui s'abattent sur eux : mort violente, maladie, folie ... aucuns échappatoires semblent plausibles dans cet enfer et pourtant il suffit parfois d'une minuscule étincelle pour éclairer la conscience ...





MON AVIS :



Mon coeur aussi a battu la chamade, au rythme de cette histoire poignante.

Transportée j'ai été, dans les différents récits qui se succèdent. Six livres où l'on découvre un à un les fameux descendants et le lien qui les unit, qui se tisse peu à peu pour donner vie à l'ouvrage final.

L'écriture est belle même dans sa noirceur. le ton est juste, aucune place n'est donnée à l'apitoiement.



Un roman très contemporain, orignal dans sa structure parfaitement maîtrisée.

« Kintu », c'est s'ouvrir aux traditions africaines, aux rituels magiques et à la puissance du lien du sang. Des ancêtres fantomatiques qui s'invitent dans les esprits.



Un roman vivant, des plus vibrants. Une réflexion poussée sur un sujet qui me passionne : les liens transgénérationnels.

Une épopée moderne aux multiples thématiques : la gémellité, l'histoire africaine et la complexité des relations avec l'Occident, la misère, la maladie, la violence ...



En un mot : PASSIONNANT !!!



Un premier roman de cette rentrée 2019 dont on a peu entendu parler et c'est bien dommage !

Je remercie, chaleureusement, Babelio et les éditions Metailié pour cette très belle découverte :-)
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Kintu

Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les Editions Métailié pour l'envoi de ce roman dans le cadre de la dernière opération Masse critique.



Kintu est le premier roman de l'auteure ougandaise Jennifer Nansubuga Makumbi, je l'ai trouvé excellent.



L'histoire commence en janvier 2004 avec le meurtre de Kamu Kintu par une foule en colère. On pense (à tort) qu'il est un voleur. Malchance ou malédiction ancestrale ?



Petit retour en arrière quand l'Ouganda était encore le royaume du Buganda en 1750, quand le lac Victoria s'appelait encore Nnalubaale. L'Afrique pré-coloniale est fascinante, tout le roman se serait passé à cette époque que j'en aurai été ravie. C'était vraiment la partie que j'ai préféré. On y fait la connaissance du lointain ancêtre de Kamu, Kintu Kidda.



Une malheureuse gifle cause la mort de son fils adoptif Kalema d'origine Tutsi. Il y a des rituels à observer lors d'un décès mais Kintu préfère cacher la mort de l'enfant car il a honte de son geste. C'est le père naturel de Kalema qui va maudire Kintu Kidda et toute sa descendance en guise de vengeance.



Retour ensuite en 2004 pour y retrouver les membres de la famille et leur histoire. Il y a Suubi Nnakintu, Kanani Kintu, Isaac Newton Kintu et Miisi Kintu.



Chaque histoire démarre le 5 janvier 2004 et puis repart dans le temps pour raconter la vie de chaque personnage. C'est une narration plutôt originale qui permet de bien connaître tout le clan avant qu'ils se retrouvent tous pour tenter de mettre fin à la malédiction.



Ce n'est pas un coup de coeur – à cause de la fin que je n'ai pas compris – mais j'ai vraiment beaucoup apprécié cette lecture.
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La Première femme

Ouganda, 1975, sous la dictature d'Idi Amin Dada.



A douze ans, Kirabo vit au village, élevée par ses grands-parents paternels. Peu après sa naissance, la mère de Kirabo s'est volatilisée, et son père, qui travaille en ville, ne revient que sporadiquement auprès des siens.



En grandissant, Kirabo se pose de plus en plus de questions sur sa mère, mais personne ne veut lui répondre. Elle décide d'en avoir le coeur net et, en cachette, va consulter Nsuuta, la sorcière aveugle.



Voilà pour le point de départ de ce long, long, long, roman de 540 pages. Pour le reste, on suit Kirabo dans son parcours scolaire, au village d'abord, puis dans un internat pour jeunes filles en ville, à ce moment du passage délicat de l'enfance à l'âge adulte où l'on découvre les sentiments et le désir amoureux. Au milieu du récit, on quitte temporairement la jeune fille pour remonter 40 ans en arrière et plonger dans l'histoire de la relation entre la grand-mère de Kirabo et Nsuuta, avant de revenir à Kirabo en quête de traces de sa mère.



Ce roman est donc centré sur la question de savoir comment devenir/être femme en Ouganda, société alors éminemment patriarcale, dominée par le poids des traditions claniques (« On lui avait dit et répété qu'avec sa beauté, elle n'avait pas besoin d'éducation. L'éducation était destinée aux filles laides, pour leur donner de la valeur »).



Ce thème m'intéressait, d'autant plus dans un roman d'une auteure ougandaise (je n'avais encore rien lu en provenance de ce pays), et dans le contexte d'une dictature particulièrement fantasque et cruelle.



Et pourtant je me suis ennuyée dans cette lecture. J'ai trouvé le style très bavard, fourmillant de détails et de descriptions dispensables, le rythme trop lent ou trop rapide. Quant à Kirabo, je l'ai trouvée trop peu incarnée et ne suscitant pas l'empathie. Cela manque également de mise en contexte socio-politique : le système de clans n'est abordé qu'incidemment, et les événements politiques (notamment la fin de règne d'Amin Dada et la guerre contre la Tanzanie) sont expédiés en quelques pages, presque anecdotiques. Beaucoup de mots ne sont pas traduits et le sens de certains n'est pas toujours simple à déduire du reste du texte. Seule l'histoire de la grand-mère et de Nsuuta est touchante, à condition de passer outre l'invraisemblance de leur « pacte » de jeunesse.



En bref, les ingrédients étaient là, mais pour moi la sauce n'a pas pris, je suis passée à côté de ce roman.



En partenariat avec les Editions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Kintu

2004 : en Ouganda, un homme injustement acusé de vol, lynché par une foule hystérique, décédera de façon terrible. Pour l'opinion publique, cette tragédie est étroitement liée à une malédiction gémellaire bien particulière.



Une malédiction ancestrale qui remonte en 1750 lorsque le gouverneur de la province de Buganda tua un de ses fils d'une gifle accidentelle et qui a ensuite rendu victime tous les prétendants au trône...



Premier roman ( écrit il y a déjà plusieurs années) mais qui ne sort qu'en cette rentrée littéraire en France chez Metailié, habitué à publier des romans venus de contrées africaines ou sud américaines, "Kintu", écrit par l'ougandaise Jennifer Nansubuga Makumbi, a connu un beau succès de vente dans certains pays africains mais aussi dans certains pays anglo saxons comme les USA et la Grande Bretagne.



Bienvenue au royaume de Buganda, où les malédictions et la magie des rites africains peuplent la destinée d'un pays à travers deux siècles.



Une saga épique et flamboyant qui sonde la place de la femme dans une société ultra patriarcale porté par un rythme qui nous laisse sans répit



Les secrets et rites dans un pays qu'on connait très mal en occident l’Ouganda, nous perdent un peu parfois pour les initiés mais ravira à coup sur les amateurs de saga romanesque qui traverse les époques.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Kintu

Ce que j’ai ressenti:



▪️Parcourir le royaume de Buganda, entre risques et périls…



Les terres d’Afrique sont riches d’évasions, de prières, d’enfants, d’amours mais aussi de sangs et de légendes, et Jennifer Nansubuga Makumba nous en sculpte, un roman d’une beauté saisissante. VI livres comme autant de destins maudits. Des lundis 5 janvier 2004, comme points de départs pour ces vies en suspens. 470 pages pour nous emmener au cœur de la culture et des traditions africaines. Un voyage magnifique, intense, et dépaysant. Emballée dans une poésie renversante, parsemée des grains de mots venus de ces terres lointaines, cette histoire vibre aux sons de leurs cris d’amour, des liens du sang, des fol espoirs de ces personnages. La puissance de la vie face à la fatalité de la mort, et entre ces deux extrêmes: une famille tourmentée. Dans leurs souffrances, dans leurs errances, dans leurs croyances, dans leurs espérances, je les ai trouvé tous, fascinants.



On ne s’aperçoit pas qu’on est maudits jusqu’à ce qu’on soit exposé à cette autre façon de vivre.



▪️La puissance d’une malédiction.



Kintu, est un nom maudit. En effet, en ayant eu un geste malencontreux cet homme condamne toute sa descendance et la marque, à jamais, dans le drame…Même après 250 ans, elle est toujours là, cette malédiction.Tenace, inquiétante, puissante. Elle guette dans l’ombre, et fonce en piqué, sur le sang des Kintu, immanquablement. Kidda, Suubi, Isaac, Miisi, Baale, Kanani, Magda et tous les autres, m’ont captivée. Chacun à leur manière, ces personnages ont quelque chose à nous faire ressentir, à nous faire découvrir, à nous apprendre même…Et l’auteure réussit un tour de force impressionnant, en nous faisant vivre, viscéralement, cette malédiction. Il y a une multitude d’émotions, de mystères et de découvertes dans ces pages, et c’est pour cela que j’ai adoré suivre les Kintu dans leurs cheminements intérieurs, les voir se débattre avec leurs destinées sanglantes et leurs karmas malheureux. Il vous prend aux tripes, ce roman, parce qu’il est bouillonnant de sentiments. C’est un ailleurs qui a le pouvoir d’envoûter, littéralement. Et bien sûr, c’est comme une évidence, de se laisser charmer de la sorte…



-Quels sont les derniers mensonges du monde?



▪️Un premier roman magistral.



Jennifer Nansubuga Makumbi nous conte admirablement le poids des traditions, les transmissions familiales, la puissance des liens, des mystères venus d’ailleurs, les effets de la gémellité, la beauté d’un pays, le cœur battant d’un peuple. Et c’est magnifique. Autant l’écriture que les thèmes abordés, on est transporté par ce roman débordant de vie. J’ai passé un moment très fort avec les Kintu. Il était tellement dense et beau ce roman, que j’ai encore du mal à quitter les membres de cette famille. Coup de Cœur!



Il sourit en pensant à l’ironie de la chose. Pour lui, l’humanité était maudite, de toute façon.



Ma note Plaisir de Lecture 10/10
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Kintu

C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai reçu l’ouvrage Kintu de l’autrice ougandaise Jennifer Nansubuga Makumb et je remercie Babelio et les éditions Métailié de m’avoir permise de découvrir cet ouvrage singulier. Kintu est un roman qui promet dépaysement et claque culturelle et bien que le roman puisse parfois nous perdre avec ses nombreux personnages, il n’en reste pas moins de qualité et d’une immersion totale dans cette culture assez méconnue.



En tuant son fils adoptif d’une simple claque, Kintu, gouverneur d’une province du Buganda, lance une malédiction sur toute sa descendance. Le roman nous plonge dans différentes époques et nous présente une galerie de personnage haute en couleur mais c’est surtout un bon prétexte pour nous faire découvrir la culture de ce pays. Kintu est complet et nous permet de découvrir la place des femmes et également des hommes en Afrique, les différents rituels qui peuvent jalonner la vie, la place du sexe dans cette société polygame et également, bien entendu, l’importance des superstitions.



Avec son premier roman, Jennifer Nansubuga Makumbi nous prouve déjà un certain talent d’écriture et surtout de narration. Telle une conteuse, elle nous expose l’histoire de cette famille bien singulière touchée par le malheur tout en nous dressant un portrait captivant de son pays.
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La Première femme

Direction l'Ouganda. Notre héroïne essaye de retrouver sa mère qui l'aurait abandonnée à la naissance, élevée seulement par son père et ses deux "grands-mères". Mais pour comprendre le pourquoi de cet abandon, elle va devoir remonter à l'histoire de la famille. Si le récit de cette famille est agréable, ce n'est pas en cela seul que tient le trésor de ce roman, mais aux phrases que sort parfois l'autrice. Elle y glisse les traditions, les dictons, les habitudes, les peuplades, de son pays ; et des réflexions sur de nombreux sujets : l'Occident, la place des femmes dans ce monde moderne, la séparation entre les villes et les campagnes, l'arrivée de la chrétienté, le respect des aînés et des morts, et j'en passe. Tout ce qu j'aime dans la littérature africaine : un autre regard, une vision riche et originale sur certains aspects de notre monde, et plus précisément sur ce pays à l'heure des bouleversements sociaux contemporains. Toutes ces phrases qui pourraient être extraites pour devenir citations ! Combien de fois je me suis arrêtée pour penser ses mots. Un exemple que je pose là : "le jour où tu surprendras ton homme avec une autre femme, tu t'en prendras à elle et pas à lui. Mes grands-mères appelaient ça le kweluma. C'est quand les opprimés se retournent les uns contre les autres ou contre eux-mêmes et se mordent. C'est une forme de soulagement. Si tu ne peux pas mordre ton oppresseur, tu te mords toi-même." Jdcjdr.
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Kintu

Kintu est un roman écrit par une autrice ougandaise vivant en Grande Bretagne.

Ce roman est divisé en 6 parties, les 5 premières tournent autour de 5 personnages différents, la première se passe antérieurement dans le temps, la sixième regroupe tous les personnages autour d’un rituel. De la deuxième à la sixième, chacune s’étend plus ou moins dans le temps, allant des années 1970 à 2010. C’est une histoire de malédiction familiale qui se déroule en Ouganda.

J’ai aimé la première partie, ancrée dans la tradition ougandaise, décrivant ce pays avant la colonisation britannique. Il y a un rythme qui lui est particulier, c’est un peu magique, on se sent porter par une certaine torpeur, les éléments naturels, faune, flore, géographie, prennent un poids dans la narration, ça m’a fait penser à La Mort du Roi Tsongor” de Laurent Gaudé. La dernière partie aussi, avec le rituel d’expiation pour contrer la malédiction.

L’histoire est belle, imprégnée de société africaine, de légendes, de traditions, de croyances et de modes de vie et même de politique. On s’immerge totalement, c’est une superbe expérience. Mais malheureusement, dans les tergiversations misérabilistes autour de la pauvreté, du mode de vie, je me suis par moment ennuyé, sans doute à cause des personnages multiple, on n'a pas envie de s'attacher à tous, à tel point qu’il m’a fallu faire une coupure en plein milieu de ma lecture pour passer à autre chose.

Dans l’ensemble, j’ai aimé le roman, non dénué de qualités, mais peut-être qu’il manque un peu de rythme, j’avoue que mon enthousiasme s'est érodé au fil des pages.

Une lecture intéressante, mais un plaisir mitigé.
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Kintu

On change d'histoires cinq fois avant de retrouver (plus ou moins) les personnages dans un final . Ça donne parfois un peu de frustration et parfois un peu de "chouette, on change" mais ça permet de balayer plusieurs facettes de l'Ouganda, pays riche en identités culturelles : plusieurs ethnies (2 langues officielles : le swahili et le luganda... ici on suit surtout les Gandas et on croise des Tutsis) et une histoire coloniale anglaise. C'est un gros roman original qui fait vraiment voyager et découvrir, assez facile à lire même s'il faut revenir régulièrement à l'arbre généalogique. Je regrette seulement que la maison d'édition n'ait pas fait le travail d'accompagnement qui l'aurait rendu parfait. La thématique des jumeaux, l'importance des noms et du clan, l'ordre familial, les problématiques religieuses et ésotériques, le vocabulaire non explicité, on passe forcément à coté de certaines choses, même avec un esprit ouvert et curieux.
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Kintu

Ce roman assez dense nous offre une plongée dans la culture et l’histoire de l’Ouganda. Dans les cinq premiers livres nous suivons à chaque fois un personnage différent avec sa propre histoire. Le point commun entre eux : ils font partie de la grande famille de Kintu et subissent donc sa malédiction qui se perpétue depuis plus de 250 ans.

A travers toutes ces histoires, de nombreuses thématiques sont abordées. Si certaines sont explorées sous l’angle de la culture africaine (les jumeaux, l’importance du clan, la malédiction, les esprits) d’autres revêtent un aspect universel (la colonisation, le SIDA). Mais toutes nous permettent de mieux comprendre l’Afrique, ses traditions mais aussi ses problématiques. J’ai également pu découvrir l’histoire de l’Ouganda et notamment son histoire coloniale.

L’écriture est en apparence assez simple mais la lecture peut s’avérer parfois assez ardue. Les personnages sont nombreux et il m’a fallu plusieurs fois revenir à l’arbre généalogique pour bien les situer les uns par rapport aux autres. Le texte comporte de nombreux mots en langue traditionnelle et je pense qu’un glossaire aurait été le bienvenu pour pouvoir s’assurer qu’on en saisit bien le sens même si cela ne nuit pas à la compréhension générale.

Le point fort de ce roman réside dans la synthèse de tous les personnages effectuée dans la dernière partie. Cette synthèse est largement attendue tout au long de la lecture et l’auteure a très bien su la construire pour réunir toutes ces histoires individuelles en une saga familiale.

Je remercie les lectrices qui m’ont proposé cette lecture commune et avec qui j’ai pu échanger pour enrichir mon expérience de lecture.
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Kintu

Après une brève et violente introduction dans l'Ouganda contemporain, Kintu, le premier roman de Jennifer Nansubaga Makumbi, nous transporte dans un autre temps, en 1750, plus précisément, auprès de Kintu Kitta dont un geste malheureux précipitera une malédiction sur ses descendants. Ce premier quart du livre est remarquable, d'une grande finesse narrative et donne envie au lecteur de remonter le temps jusqu'à aujourd'hui. Hélas, la romancière a un autre plan et s'en tient par la suite à l'année 2004 à travers les destins plus ou moins heureux de plusieurs personnages, tous reliés au Kintu originel. Hélas, oui, car si le style de Makumbi ne manque pas de grandeur, aucun des récits n'a la même puissance que les 100 premières pages, constituant comme une sorte de collection de nouvelles reliées plutôt artificiellement au thème de la malédiction ancestrale et peu connectées les unes avec les autres malgré un segment final (et un arbre généalogique en début d'ouvrage) qui réunit l'ensemble des protagonistes. Il est en tous cas difficile de s'attacher à chacun d'entre eux, dont le cheminement est inégalement passionnant, et, de toutes manières, trop peu développé. Par ailleurs, le contexte politique et social, celui du règne de Museveni, après celui d'Idi Amin Dada, n'apparait qu'en filigrane, l'auteure ayant préféré se concentrer sur des intrigues plus personnelles et passablement complexes. A moins de se laisser ensorceler par la qualité indéniable de la prose de Jennifer Nansubaga Makumbi, Kintu peut aussi se révéler globalement indigeste sur le long cours, un rendez-vous manqué comme il en arrive parfois dans la vie d'un lecteur qui aurait finalement voulu lire, l'égoïste, un tout autre livre.






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La Première femme

Après Kintu, un premier roman luxuriant mais quelque peu indigeste (avis personnel), La première femme montre une romancière en pleine maîtrise d'un récit qui s'étend de 1975 à 1983, avec une incursion dans les années 30, en grande partie organisée autour de son héroïne, la jeune Kirabo, mais aussi d'une myriade de femmes de sa famille. Le livre de Jennifer Nansubuga Makumbi raconte notamment l'Ouganda de la fin de la dictature du trop célèbre Idi Amin Dada mais c'est avant tout une toile de fond pour suivre l'enfance de Kirabo, à la campagne, puis son adolescence, dans une école de Kampala. A la recherche de sa mère disparue, elle côtoie une multitude de personnages de tous âges qui la font grandir et forgent son caractère singulier, exigeant et indomptable. C'est la force du roman que de nous rendre attachante cette destinée, tout en ménageant de nombreux pas de côté narratifs, à la rencontre de filles ou de femmes, au gré de portraits, très vivants, qui contribuent à rendre le livre profond, épicé et très ancré dans le territoire ougandais. Malgré un abus de termes locaux non traduits, La première femme reste limpide dans sa progression, fourmillant de scènes pittoresques, comiques et tragiques, avec autour de Kirabo, des mères, des grand-mères, des belles-mères, des amies et quelques hommes, quand même, moins nombreux mais essentiels au destin de Kirabo, dans un enchevêtrement de secrets de famille, de trahisons, de haines recuites et d'amitiés brisées. Le livre pourrait aisément être décliné en série, grâce au style vif de l'autrice et à son talent pour partager son intrigue entre événements déterminants et sentiments en constante évolution dans ce qui tient à la fois du roman d'apprentissage et de l'hymne féministe vibrant, sous la plume d'une conteuse sûre de ses effets et de l'ampleur de son récit.
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Kintu

Attention la tête !

Non, vous n’êtes pas face à un linteau particulièrement bas, mais face à la malédiction qui suit, au fil des générations, la famille de Kintu du 18ème siècle à nos jours : les coups à la tête, leur point faible.

Kintu l’ancêtre est un notable important, vassal du roi de Buganda. Ses descendant·es seront des personnages beaucoup moins flamboyants.

Chaque chapitre nous donne à voir un aspect de l’Ouganda contemporain : politique, social, religion, tout y est en filigrane de l’intrigue. On retrace les années Amin Dada, aussi bien que l’arrivée du SIDA.

Toutefois, la narration est inégale, tous les personnages ne sont pas aussi attachants et j’avoue avoir même sauté des passages vers la fin, qui s’éternise.

Traduction de Céline Schwaller.

Challenge ABC 2022/2023

Challenge Globe-Trotter (Ouganda)
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Kintu

Kintu… l’histoire d’une malédiction familiale… un roman atypique construit autour de cinq livres, correspondant chacun à l’histoire d’un descendant de Kintu, où l’on découvre sa vie, son histoire et surtout ses malheurs, avant un livre VI final dans lequel les différents personnages se retrouvent. Il est un peu frustrant et perturbant de changer chaque fois d’histoire et de personnages, mais cela suscite aussi de l’enthousiasme et la curiosité d’une nouvelle découverte. Chaque livre offre une nouvelle facette intéressante de l’Ouganda. J’ai beaucoup aimé découvrir un peu de ce pays, de ses traditions et sa culture, à travers cette lecture. J’ai été un peu perdue dans le livre VI final, malgré l’arbre généalogique du début, il n’est pas simple à suivre, mais je le relirai certainement de façon plus concentrée. Une bonne expérience de lecture quoi qu’il en soit !
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Kintu

Kintu est l'histoire d'une malédiction familiale qui traverser les années, les siècles.

En 1750, alors gouverneur renommé au Buganda, Kidda Kintu tue accidentellement l'un des fils qu'il a élevé, Kalema. Ce dernier a été confié aux bons soins du gouverneur par son père, dans l'impossibilité de l'élever. Mais lorsque Kalema alors adolescent commet une faute, Kintu le gifle pour le corriger, sans se douter que cela causerait sa mort.

Le véritable père de Kalema maudit alors Kintu, sa famille et toute sa descendance, les vouant ainsi à la folie, à une mort violente ou au suicide.

QUasiment trois siècles plus tard, en 2004, les descendants de Kintu font encore les frais de cette malédiction.

Nous découvrons ainsi Suubi, hantée par sa jumelle morte jeune. Paulo Kalema, fruit d'un supposé viol, dont la mère entretenait une relation spéciale avec son frère jumeau et dont ses grands parents Faisi et Kanani sont des fanatiques chrétiens. Isaac Newton Kintu, qui est le fruit d'un viol et dont l'enfance a été compliquée. Et enfin Miisi, un intellectuel dans la fleur de l'âge qui a eu 10 enfants mais dont seulement deux sont encore en vie.

Ils sont tous des descendants de Kintu Kidda et de Babyrie et de Nnakato (deux soeurs jumelles).

Leurs histoires sont bouleversantes et vont toutes se rejoindre lors d'un conseil réunissant une bonne partie du clan. Leur but : mettre fin à la malédiction ancestrale.



Grâce aux différents challenges de Babelio, je me dirige vers des livres que je n'aurai jamais lu et ça aurait été dommage.

Pour le challenge Globe-Trotteur, j'ai donc décider de m'arrêter en Ouganda. Après quelques recherches et grâce à mon abonnement Amazon Reading, j'ai découvert ce magnifique livre qu'est Kintu.

J'ai eu un peu de mal à situer tous les membres du clans, mais grâce à un ingénieux arbre généalogique au début du roman, j'ai réussi à comprendre qui était qui.

Le roman est divisé en 6 parties appelés livres. Les 5 premiers sont consacrés aux personnages aux 5 personnages centraux du livre : Kintu Kidda, Suubi, Isaac Newton, Kanani et Miisi. Le dernier rassemble tous les anciens du clan, cousins, cousines pour un "retour aux sources".

Toutes les histoires s’entremêlent à un moment donné, et plus on avance dans le livre, plus on comprend l'histoire.

C'est une belle plongée au coeur de l'Ouganda, de son histoire, ancienne comme moderne, un récit où se mêlent réalité et surnaturel, fantômes, esprits.

J'ai été amusée de voir comment au fil des siècles, une histoire peut être changée, modifiée par ceux qui la racontent. Le 1er livre relate la cause de la malédiction. Et dans les autres, cette cause a été modifée avec le temps et par la transmission orale de l'histoire originale.



Je ne regrette absolument pas ma lecture, même les mots en swahili, non traduits ne m'ont pas découragés car dans le contexte, on comprends plus ou moins ce que le mot signifie.
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Kintu

Ce roman met les nerfs à rude à épreuve. Autant, j’étais emballée par le début de l’histoire, autant j’ai décroché pour une raison que j’ignore. Kintu n’est pas un navet loin de là mais la magie a cessé d’opérer lorsque je suis rentrée dans la période du colonialisme. Naturellement, je le reprendrai à mon rythme qui est devenu très lent.
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Kintu

De la gémellité magique à une malédiction héréditaire. Avec une variation rythmée de point de vue, Kintu nous conte le devenir d'un clan, différents aspects de la vie contemporaine en Ouganda, sous l'angle d'une malédiction sur laquelle Jennifer Nanubuga Makumbi laisse toujours planer le doute. Kintu offre alors une fine réflexion sur les récits qui nous constitue.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Kintu

Kintu nous laisse découvrir sa longue descendance en même temps que l histoire de cette province d' afrique: le Buganda ( le plus grand des royaumes traditionnels actuels de l'Ouganda) de 1750 à nos jours. A travers ses descendants ( très nombreux, on s y perd parfois!), on est invité à rentrer dans cette histoire africaine, pleine de magie et de malédiction, et qui à travers le colonialisme, va se perdre entre le pragmatisme occidental et la mystique africaine. Les personnages que Makumbi nous décrits sont des tragédiens hauts en couleur harcelés par leurs ancêtres mais incapables de le comprendre car leurs esprits occidentalisés ne sont plus ouverts à leurs racines et à leur héritage culturel. Heureusement ou malheureusement, les multiples branches de la tribu de Kintu ont encore quelques racines bien ancrées...

Mon voyage dans cette tribu fût enchanteur, même si parfois un peu chaotique. L'écriture de Makumbi est affûtée pour un premier roman et déjà une grande plume africaine.
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Kintu

1750, le gouverneur d'une province du Buganda, Kintu Kidda, commet l'irréparable lors d'un long périple pour présenter ses voeux au nouveau roi du pays. Pire que tout, il le cache à son retour à l'ensemble du village et de ses proches. Un homme lui lance alors une malédiction pour lui et toute sa descendance. Descendance vaste dans cette famille, puisque la « tradition » est d'y voir naître de nombreux jumeaux. 2004, on y suit quelques-uns des enfants Kintu dont la vie est effectivement loin d'être rose. Suubi, née maigre et malade, subit une enfance malheureuse, tout le monde étant persuadé que sa santé fragile ne lui offre aucun avenir. Et malgré tout, Suubi grandit, hantée par sa jumelle décédée, l'empêchant de vivre libérée et pleinement heureuse. Kanani, un homme hanté tout comme son épouse par la religion anglicane… et par le sexe. Une double obsession qui l'amènera à évangéliser autour de lui, mais lui apportera la damnation éternelle et ce, dès sa vie terrestre. Isaac Newton est quant à lui persuadé d'avoir transmis le sida à sa femme récemment décédé et son fils Kizza. Un homme qui pourtant avait réussi à franchir de nombreux obstacles vers la réussite professionnelle. Enfin Miisi, le patriarche des descendants malgré lui, un intellectuel formé par les blancs, ayant connu l'exil durant la dictature d'Amin Dada, et s'occupant de ses petits-enfants après avoir perdu 10 de ses enfants. Tout ce petit monde se réunira dans une cérémonie traditionnelle pour conjurer ce sort ancestral. Un premier roman polyphonique et ambitieux, à la fois centré sur une famille et une région d'Afrique (le Buganda, province de l'Ouganda) mais aussi plus universel, car cette malédiction n'est-elle pas tout simplement celle de l'Afrique ? Misère, violences, maladies, prééminence des religions, relation complexe avec l'Occident tous ces maux sont-ils vraiment la conséquence d'un sort jeté deux siècles et demi plus tôt, par un père en colère ? Jennifer Nansubuga Makumbi nous fait découvrir l'histoire et les traditions d'une région, le Buganda, et celles d'un pays, l'Ouganda, territoire redécoupé par l'homme blanc selon ses convenances. Une très belle découverte.
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La Première femme

La première femme est en chacune d’entre nous. Ils ont cherché à la faire taire. Mais comment devient-on une femme quand on grandit sans mère ? Kirabo le découvre jour après jour dans ce monde où les hommes sont puissants et où les femmes réinvestissent leur puissance.



J’ai mis plusieurs pages avant de m’accrocher et de prendre réellement plaisir dans la lecture. Une fois que Kirabo grandit et qu’elle expérimente les choses, j’ai été conquise. C’était sans doute aussi le temps de m’adapter à la culture et à la langue. Avec “la première femme” nous faisons une plongée en Ouganda et tout n’est pas traduit. Mais une fois passé ce cap j’ai pris plaisir à suivre les aventures de Kirabo et à découvrir son pays, sa famille et ses traditions.



La première femme

La première femme c’est la toute première de l’humanité, celle des légendes, celle des histoires de Nsuuta que je laisse vous faire découvrir. Mais c’est aussi celle qui arrive en premier comme la mère. Et c’est elle que Kirabo espère retrouver. Comme personne ne veut lui en parler elle peut être n’importe qui dans l’imagination de la petite fille. Son cœur de petite fille souhaite l’amour de sa mère pour se construire.

Comment se construire en tant que femme quand on n’a pas de mère ? Nous découvrons dans ce roman les autres femmes autour de Kirabo. Que ce soit sa grand-mère qui a suivi le parcours attendu d’une femme (le mariage et les enfants, entre autres) ou Nsuuta la sorcière qui cherche à lui ouvrir les yeux sur l’émancipation possible des femmes, elle qui a fait des études et choisi un autre chemin ; ou les religieuses qui lui donnent un point de vue plus occidental ; ou ses amies etc.

J’ai trouvé sa discussion avec Nsuuta très intéressante. La vieille dame essaie de lui inculquer quelque chose sur les femmes en général, le patriarcat et le jugement que l’on porte sur notre propre sexe (ex : nous blâmons la femme qui faute et non l’homme qui a fauté avec elle.) Finalement, ne serait-ce pas son enseignement que la jeune femme va expérimenter avec ses études et sa prise d’autonomie ?



“Promets-moi de transmettre l’histoire de la première femme, sous la forme que tu souhaites […]. Les histoires sont essentielles, Kirabo, ajouta-t-elle d’un air pensif. Dès que nous nous tairons quelqu’un comblera le silence à notre place.” (PAGE 441 SUR LISEUSE) NSUUTA S’ADRESSE À KIRABO DANS CETTE CITATION. SI LES FEMMES NE RACONTENT PAS CE QU’ELLES SONT ET LAISSENT LES HOMMES S’EXPRIMER À LEUR PLACE ELLES LEUR DONNENT LE POUVOIR POUR LES FAÇONNER.



Les femmes et le Ouganda

La femme, la maternité ou non, la sororité ou non, sont les sujets principaux de “la première femme” car nous grandissons avec Koriba et la suivons dans ses enseignements de la vie en tant que femme. Mais tout ceci se déroule aussi dans un contexte et le roman nous le montre très bien.

Nous sommes en 1975 en Ouganda alors que le pays connaît la dictature d’Idi Amin Dada. Elle est qualifiée d’ubuesque, imprévisible et absurde. Et cette histoire est en arrière fond. Parfois elle passe sur le devant de la scène quand nous assistons à des kidnappings de certaines personnes ou quand la guerre éclate. Mais elle reste le plus souvent en arrière fond pour donner toute sa place à Kirabo.

Nous découvrons aussi comment la société ougandaise fonctionne avec les clans et leurs systèmes, la vie dans les campagnes ou dans les villes, la place de chacun et l’importance des richesses etc.



Le conseil de la bibliothécaire : Si vous avez la curiosité de découvrir “la première femme” avec les éléments que je vous ai donnés, foncez ! Avis à ceux et celles qui veulent lire une histoire qui parle de femmes, découvrir une autre culture, et suivre la saga d’une vie (celle de Kirabo.) On peut sans doute compléter cette lecture par ce documentaire qui dévoile comment on a associé les femmes à la figure du diable pour mieux les maîtriser et les contrôler : "le diable : les origines de la diabolisation de la femme."
Lien : https://journaldunebibliothe..
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