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Critique de JournalDuneBibliothecaire


La première femme est en chacune d'entre nous. Ils ont cherché à la faire taire. Mais comment devient-on une femme quand on grandit sans mère ? Kirabo le découvre jour après jour dans ce monde où les hommes sont puissants et où les femmes réinvestissent leur puissance.

J'ai mis plusieurs pages avant de m'accrocher et de prendre réellement plaisir dans la lecture. Une fois que Kirabo grandit et qu'elle expérimente les choses, j'ai été conquise. C'était sans doute aussi le temps de m'adapter à la culture et à la langue. Avec “la première femme” nous faisons une plongée en Ouganda et tout n'est pas traduit. Mais une fois passé ce cap j'ai pris plaisir à suivre les aventures de Kirabo et à découvrir son pays, sa famille et ses traditions.

La première femme
La première femme c'est la toute première de l'humanité, celle des légendes, celle des histoires de Nsuuta que je laisse vous faire découvrir. Mais c'est aussi celle qui arrive en premier comme la mère. Et c'est elle que Kirabo espère retrouver. Comme personne ne veut lui en parler elle peut être n'importe qui dans l'imagination de la petite fille. Son coeur de petite fille souhaite l'amour de sa mère pour se construire.
Comment se construire en tant que femme quand on n'a pas de mère ? Nous découvrons dans ce roman les autres femmes autour de Kirabo. Que ce soit sa grand-mère qui a suivi le parcours attendu d'une femme (le mariage et les enfants, entre autres) ou Nsuuta la sorcière qui cherche à lui ouvrir les yeux sur l'émancipation possible des femmes, elle qui a fait des études et choisi un autre chemin ; ou les religieuses qui lui donnent un point de vue plus occidental ; ou ses amies etc.
J'ai trouvé sa discussion avec Nsuuta très intéressante. La vieille dame essaie de lui inculquer quelque chose sur les femmes en général, le patriarcat et le jugement que l'on porte sur notre propre sexe (ex : nous blâmons la femme qui faute et non l'homme qui a fauté avec elle.) Finalement, ne serait-ce pas son enseignement que la jeune femme va expérimenter avec ses études et sa prise d'autonomie ?

“Promets-moi de transmettre l'histoire de la première femme, sous la forme que tu souhaites […]. Les histoires sont essentielles, Kirabo, ajouta-t-elle d'un air pensif. Dès que nous nous tairons quelqu'un comblera le silence à notre place.” (PAGE 441 SUR LISEUSE) NSUUTA S'ADRESSE À KIRABO DANS CETTE CITATION. SI LES FEMMES NE RACONTENT PAS CE QU'ELLES SONT ET LAISSENT LES HOMMES S'EXPRIMER À LEUR PLACE ELLES LEUR DONNENT LE POUVOIR POUR LES FAÇONNER.

Les femmes et le Ouganda
La femme, la maternité ou non, la sororité ou non, sont les sujets principaux de “la première femme” car nous grandissons avec Koriba et la suivons dans ses enseignements de la vie en tant que femme. Mais tout ceci se déroule aussi dans un contexte et le roman nous le montre très bien.
Nous sommes en 1975 en Ouganda alors que le pays connaît la dictature d'Idi Amin Dada. Elle est qualifiée d'ubuesque, imprévisible et absurde. Et cette histoire est en arrière fond. Parfois elle passe sur le devant de la scène quand nous assistons à des kidnappings de certaines personnes ou quand la guerre éclate. Mais elle reste le plus souvent en arrière fond pour donner toute sa place à Kirabo.
Nous découvrons aussi comment la société ougandaise fonctionne avec les clans et leurs systèmes, la vie dans les campagnes ou dans les villes, la place de chacun et l'importance des richesses etc.

Le conseil de la bibliothécaire : Si vous avez la curiosité de découvrir “la première femme” avec les éléments que je vous ai donnés, foncez ! Avis à ceux et celles qui veulent lire une histoire qui parle de femmes, découvrir une autre culture, et suivre la saga d'une vie (celle de Kirabo.) On peut sans doute compléter cette lecture par ce documentaire qui dévoile comment on a associé les femmes à la figure du diable pour mieux les maîtriser et les contrôler : "le diable : les origines de la diabolisation de la femme."
Lien : https://journaldunebibliothe..
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