Quand on lui demande pourquoi elle a accepté un pari aussi dangereux, elle répond d'instinct par le credo de sa vie entière, qui allait donner son titre à son autobiographie : "For the fun of it!"
Il lisait et annotait - Tristes tropiques-, émerveillé et abattu l'instant d'après; Le livre de Lévi-Strauss lui montrait à quoi il aspirait sans l'atteindre : l'écriture d'un romancier au service d'une grande vision de l'Autre. (" Tu marcheras dans le soleil" , Stock, 2019, p. 117)
Après une vie de défis lancés vers le ciel, à fuir l'existence toute tracée de ceux qui foulent la terre, Amelia Earhart a confié son dernier secret aux profondeurs de la mer.
"Là où on brûle les livres, on finit par brûler les hommes."
Heinrich Heine, 1853
Mais comme ces tableaux qui réapparaissent parfois, bien des années plus tard, dans des lieux insoupçonnables, des secrets sortent encore des limbes de l'histoire. Des hommes et des femmes continuent de consacrer leur vie à retrouver, et à restituer, ces oeuvres arrachées par la violence à leurs propriétaires, à réparer des torts que personne n'a oubliés. Et à perpétuer ainsi ce geste simple pour lequel Rose Valland s'est battue jusqu'au bout : ramener un tableau chez lui, le raccrocher au mur de ceux qui l'ont aimé, et le contempler, l'âme en paix.
Fin juillet, en arrivant au Jeu de Paume, Rose aperçut une grande colonne de fumée s’élevant au-dessus de la terrasse des Tuileries. Des soldats nourrissaient un feu gigantesque, les flammes jaillissant à chaque objet qu’on y jetait. Épouvantée, Rose reconnut les tableaux modernes du Louvre, lacérés et arrachés de leurs cadres. Picasso, Paul Klee, Max Ernst, Fernand Léger flambaient sous le soleil d’été. Invendables, inutiles, détestables aux yeux du Reich, ces toiles subissaient le même sort que les œuvres brûlées dans la cour de la caserne des pompiers de Berlin, le 20 mars 1939.
« Impossible de rien sauver », inscrivit elle d’un trait tremblant.
À 28 ans, son statut et da qualité d'écrivain sont reconnus, mais ce sont son apparence et ses attitudes qui attirent la presse - et notamment les caricaturistes. Mishima devient... Rock´n'roll. Il change sa manière de s'habiller, porte des chemises hawaïennes, des lunettes noires et des chaussures à bout pointus. Fier de sa pilosité, inhabituelle pour un japonais, il ouvre largement sa chemise pour monter la chaîne en or qui retient quelques médaillons ramenés de ses voyages. Il se donne un côté voyou en coupant ses cheveux ras. Il ne passe pas inaperçu dans cet accoutrement, aussi bien pour se promener dans les avenues élégantes de Ginza que pour danser le rockabilly avec les actrices du Bungaku-za dans les clubs de Roppongi. Il inspire un mélange étrange de fascination et de répulsion.
Bruce Chatwin ? Un nom familier, supplanté par un visage qui retenait le regard. Beau, oui, mais plus que cela : un visage qui reflétait ce qu’il avait vu, vécu, écrit, vous fixait bien droit, vous mettait au défi, et laissait deviner une profonde mélancolie en dépit de l’énergie qu’il irradiait. Il n’en fallait pas plus pour m’attirer dans sa sphère.
Le pillage et la spoliation des biens culturels ont été un rouage important de la Shoah. Aujourd’hui encore, il apparaît nécessaire de marteler qu’ils ont été un des corollaires de la politique de persécution mise en place par les ordonnances des autorités d’occupation, mais également par les lois du gouvernement de Vichy. Il est même fondamental de transmettre cette vérité à la jeune génération, bien souvent ignorante des réalités de la Seconde Guerre mondiale.
Quand l'urgence d'un voyage devenait insoutenable, il allait se réfugier en bibliothèque. (...)
L'étrange migration du rêve au verbe faisait le reste. (p. 125)