Difficile d'avoir le panache - ou la prudence - du général de Gaulle qui, à la fin de la guerre, aurait lancé à ses plus fidèles compagnons "Messieurs, je n'oublierai jamais ce que vous avez fait. A l'heure de ma mort, ma dernière pensée sera pour tous ceux qui ont combattu à mes côtés pour que vive la France. En attendant, soyez assurés de toute mon ingratitude !".
Une attitude impensable pour François Mitterand, tant les années passées paraissent entrelacées avec sa réussite, et ceux qui l'ont aidé au cours des années, indissociables de son existence. Parvenu au pouvoir suprême, il choisit de naviguer en eaux troubles. Jamais il ne tentera de maintenir ses proches à l'écart de l'Elysée ou de les confiner dans la sphère privée. Il aurait pu, bien sûr, dans l'intimité, leur témoigner toutes les attentions sans les laisser profiter des largesses du pouvoir, mais non !
Tout de suite, sans perdre de temps, de façon discrète mais impérative, il va faire comprendre à ses collaborateurs que ses amis sont des personnages essentiels, qu'il fau écouter, bichonner, et dont il faut soutenir les démarches, en un mot, exaucer tous les souhaits. Des consignes données "à la Mitterand", à demi-mot, en demi-teinte, mais de façon suffisamment limpide pour que certains de ses collaborateurs ne s'y trompent pas : Charasse, Boublil, Bérégovoy, Ménage, Prouteau savaient parfaitement que les paroles chuchotées étaient des ordres déguisés.
Durant l'affaire de l'Observatoire, l'attitude de Patrice Pelat est exemplaire. Jamais il ne quittera François Mitterand pendant sa longue traversée du désert. Et c'est bel et bien dans ces moments de crise qu'on teste la fidélité des siens. "Les amis, c'est comme les étoiles, c'est la nuit qu'on les voit apparaître", a écrit le poète.
En 1789, les Philosophes avaient convaincu les révolutionnaires que la Loi était la source et la gardienne des libertés, la référence qui devait guider la République, la forme la plus juste de l’État. Cette soumission à la Loi étant le seul rempart contre l'arbitraire, elle devait s'imposer à l’État. Nous en sommes loin.
Aujourd'hui, cette affaire est celle qui pose l'éternelle question : n'importe qui peut-il commettre un tel crime ?
Quand on l'a amené à la brigade, je lui ai demandé pourquoi, lui qui était intelligent, avait commis un acte aussi risqué. Il m'a répondu qu'il se trouvait au fond du trou. Il ne pouvait plus se payer les médicaments qu'on lui donnait en prison. Ses séances avec un psy ne lui servaient à rien. Alors c'était plus fort que lui, il fallait qu'il voie des corps d'enfants!
Paris nous attend. Maman y a laissé en gage sa gaieté d’antan.