Citations de Jean-Marc Rochette (283)
J'ai pas voulu revoir ma mère après la guerre, j'avais honte... Je n'avais plus de visage, je me sentais moins qu'un chien. C'était une belle connerie. Une mère aime son fils, visage ou pas visage. Péché d'orgueil.
Parcourant la blanche immensité
d'un hiver éternel et glacé
d'un bout à l'autre de la planète
roule un train qui jamais ne s'arrête.
C'est le Transperceneige aux mille et un wagons.
C'est le dernier bastion de la civilisation.
L'art n'est rien s'il ne force le réel.
C'est plus beau qu'un Soutine.
Qu'un quoi ?
Soutine. Le peintre. Le bœuf écorché au musée de Grenoble.
Y'a un musée à Grenoble ?
Laisse tomber.
Le loup maintient toujours une distance suffisante pour éviter le coup de fusil. Mais il reste assez prêt pour attirer le berger à sa poursuite.
Monsieur le Procureur, j'exécute les condamnés, je ne les humilie pas.
Les gens sont méchants et cruels, bien plus que les bêtes de la forêt.
Les forêts sont devenues trop petites pour la liberté.
Le seul endroit où je pouvais apaiser ma douleur était au fond des bois, mais vous avez tout détruit.
Le loup a disparu, l’ours a disparu, l’aigle a disparu et tout le reste suivra. Vous avez exploité le monde jusqu’à sa racine.
Mais vous allez bientôt payer pour tout le mal que vous avez fait.
Il ne faudrait jamais écouter les apôtres.
Comme un train, un humain peut en cacher un autre.
Ne rien dire, c'est mentir par omission.
ÉDOUARD : L'ourse m'a dit que ses montagnes lui manquaient. Elle m'a parlé de l'arbre où elle avait l'habitude de se gratter.
Elle m'a raconté le goût des framboises et des myrtilles et le vent frais du soir.
L'art n'est rien, s'il ne force le réel. Seul l'homme a éteint son feu.
Chaque rencontre est marquante, chaque échange de regards nous dit les profondeurs, le mystère de la pensée animiste, la communion secrète des vivants. Une fois à ma table à dessin, tous ces regards me poursuivent, pas d arrière monde dans leurs reflets. Je convoque leurs secrets.
C’est le dernier représentant d’une lignée de plus de cent mille ans. Les ours ont régné sans partage sur le plateau. Le Vercors était un pays taillé pour eux : des forêts de hêtres immenses, gorgées de gibier, de fruits, de champignons, de racines. Des rivières débordantes de truites, d’écrevisses et de grenouilles. Des falaises calcaires truffées de grottes.
Leur règne aurait pu durer éternellement, mais nous sommes arrivés.
Tant que dans la montagne régneront les ours, le soleil se lèvera le matin. Mais, au soir où mourra la dernière reine... Alors, ce sera le début du temps des ténèbres.
De toutes parts, l’eau jaillit de la montagne, des cascades puissantes sautent des barres rocheuses, dessinant des gorges profondes où les torrents s’engouffrent, taillant la pierre éternellement. Une eau vive et pure se déverse à profusion vers les basses vallées. Une eau miraculeuse que l’homme va souiller en un jour.
À 4101 mètres, toutes les autres montagnes sont à nos pieds. Il n'y a que le ciel au-dessus. Si bleu et si profond qu'on devine la nuit étoilée qui se cache derrière.
L'éternité.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la montagne n'est pas un ennemi. Elle n'est qu'un miroir qui renvoie à chacun l'image trouble de cet autre lui-même que les doutes et les failles peuvent parfois pousser à des extrémités.