L'HOMME DES FOULES
Réserves d'oxygène
Collection des visages
Solitudes en bouteilles
Afin de plonger nu
Dans l'échiquier social
Une idée
Une image
Des parcmètres
Des araignées au plafond
Moi
Personnellement
Je
Utopie et Renoncement vont dans un bateau
Le bateau prend l'eau…
Oh
p.13
LA PROPAGANDE DU VRAI
Demain nous changerons le monde
Avant de partir travailler
Petit-maître d'anthologie
Comme disait Léon-Paul Fargue
Je vends ma force de travail
Relis Proudhon dans le métro
En deux temps et trois mouvements
Je passe à côté du Mystère
Je t'interroge et m'exaspère
Avant que nous naissions la nuit nous avait tués
Aurons-nous l'esprit baïonnette
Et le verbe bien acéré
Des minutes de pub sur nos cœurs délavés
À vitesse grand v ?
Petite mort hebdomadaire
Et les trois huit six jours sur sept
p.12
INFRAROUGE
Peuple atomisé
Fratries monadisées
Nomades déniés
Sédentaires sédatés
Mona Lisa ne lit que les visas.
Une caméra de surveillance l'écrit
En infrarouge.
p.43
L’ÂME N’EST PAS SILENCIEUSE
Pourquoi y a-t-il tant de camions ??
Parce qu’il n’y a pas de trains.
Tant d’étoiles dans le ciel ??
Car il n’y a pas d’avions.
Tant de musique dans la rue ??
Car l’âme n’est pas silencieuse.
L'ÉCONOMIE AUTOUR
Il y avait des filles fatales
Des hommes fatalistes
La Beauté aiguisait ses couteaux
Croches
Noires
Blanches
Drogue fatale des propos
On volait au ras des pâquerettes
Mais on volait
p.18
Oh Jim
L'amitié un blockhaus tout au long de a vie,
en claquant des doigts sur : Oh Jim.
On les connaît ces fleurs d'automne
Sachant ébouillanter les joues.
Parce que c'étaient elles, parce que c'était nous,
J'oubliais la douleur dans nos parties de cartes,
Les jeux de mots bancals, les bourrades,
Nos silences épuisés, heureux, lucides, dans la nuit.
Notre humour était noir, peu sucré,
Comme le café que tu aimais tant frérot,
Frérot frère d'armes, jamais de larmes.
Tu les connais ces poupées tueuses
Qui savaient user nos genoux.
Parce que c'étaient elles, parce que c'était nous.
PERSONNE
Sous l'œil cyclopéen de l'Ordre électronique
Les poètes ne s'inquiètent pas du prix du gazole
Des radars sur les routes, des hausses du tabac
Même s'ils fument (on ne les en blâme pas)
Pousse-café liqueurs anecdotes mondaines
Femmes à la peau claire en Bacall improbables
Libidos torturées en robes de soirée
On a remis le prix à un auteur fictif
Qui préférait penser avec préservatif
p.61
PROSE POUR UN JEUNE FLIC
Tu es jeune sous le casque
Police est écrit sur ton dos
Tu ne sais pas comment fraterniser puisque
Ton chien commande
Tu n'as pas le temps d'apercevoir
Les portables qui te flashent
Sur les autoroutes de l'information
Car nul gaz lacrymo n'asphyxie les critiques
Et le peuple a des yeux
Pour t'inventer des larmes
Liquidant l'apartheid
Du pays où tu vis
p.113
APOLOGIE DE LA LECTURE
De la poésie dans les roses
Dans les choux, sous hypnose
Des romans qui nous aiment
Mangas comics Malcom X
Spin doctors du splenn, crèmes
Qui liront sur la FM
Du poème.
Adieu bondieuseries
Apprécie
Edward Bond, Bourdieu
Derrida de Vigny
Ris
Avant la faux après Sappho
Avec ou sans fous rires lis
(Rares, curare alors et satiné je jouis)
Annabel Lee
Dit Po dit Li Po pas poli
Liposuccion classy d'une grâce lippue
Hue cheval, dada ne le hue plus
Police de caractère
La seule au La Bruyère
Manipulant mais pur dans l'âme
L'esprit dessalé se laisse aller et lit
En bon soldat ému d'un faux Général Lee
Ce que l'Homme écrivit.
La Femme aussi.
p.18-19
ODÉON
Un seul homme a compris et cet homme c'est
vous
Si vous payez la place et prenez du pop-corn
La ville s'offre là dans la fumée des pots
Racine rentre tard du conseil d'entreprise
Dernier homme épuisé, pas besoin d'expertise
On a médit là-bas en buvant du rosé
La plupart des soirées étaient télévisées
Délivre-nous doxa, de la peur de penser
Et d'ignorer Malraux en mangeant des burgers
On passe à la radio des standards de west coast
Le crachin rafraîchit, ce n'est pas une plainte
Un seul homme a compris et il cherche sa femme
p.65