20 mai 1996 Olivier BARROT présente une biographie de MONTAIGNE, écrite par Jean LACOUTURE, aux éditions du Seuil : "MONTAIGNE A CHEVAL". Images d'archive INA
C'est peut être en Indochine que le bref passage au pouvoir de Léon Blum laissa le plus de traces. Non seulement parce que l'amnistie politique permit aux divers courants révolutionnaires-communistes,notamment-de s'exprimer et de se faire élire à la mairie de Saigon. Mais aussi parce que l'envoi d'une mission conduite par le radical de gauche Justin Godart,provoqua une remarquable "décompression " psychologique. Et enfin parce que la création d'une inspection du travail permit de mettre un terme à nombre d'abus sociaux. Pour les dirigeants de la Révolution vietnamienne-qui devraient connaître d'autres temps d'épreuves ,et d'abord la dure répression anticommuniste de 39/40-,les années 36/37 restent comme une sorte d'oasis historique.
Maigre bilan ? Il n'a pas dependu de Léon Blum qu'il fut plus important. Là encore on peut suggérer que cet homme d'imagination, que ce "révolutionnaire par la loi" a manqué de détermination. Ne pouvait il par exemple imposer par décret le projet Violette en Algérie? S'agissant de l'Algérie, faire prévaloir une telle réforme sans l'appui du parlement dans une société aussi hermétiquement coloniale et dominée par le parti radical était probablement impossible. Il est des cas où la nécessaire révolution ne relève pas de la loi.
Alors Leo Lagrange n'y tient plus. Il frappe sur la table, parle le dur langage de l'Etat,du pouvoir. Il arrache une réduction de 40% sur les billets de congés payés et quelques millions de français s'en trouvèrent bien. Ainsi s'opéra cette rencontre un peu miraculeuse et scandaleusement tardive entre la masse du peuple et l'espace francais, le rendez vous du monde du travail avec la mer,la découverte de la France par ceux qui la batissaient , ce que Léon Blum a appelé "la reconciliation avec la vie naturelle des ouvriers séparés et frustrés."
A partir de la fin de juillet 1936,le Front Populaire a cessé d'être uni et Léon Blum a cessé d'être heureux. Qu'est ce qu'une fête célébrée dans un champ voisin de celui ou l'on fusille vos camarades ? Qu'est ce qu'un bonheur fondé sur l'abandon-inévitable ou non- des plus profondes solidarités ?
GISCARD D'ESTAING
" Pour moi, le changement est une notion que je reconnais comme une nécessité, imposée par la pression des faits extérieurs, et à laquelle je pense qu'il est souhaitable de savoir s'adapter à temps. Ce n'est jamais une préférence. Tout ce que je vois change autour de moi depuis l'enfance, les visages, les silhouettes, les objets qui ne servent plus, les peintures qui s'écaillent, les chemins de terre que l'on goudronne, tout ce qui perd de sa fraîcheur, de son intégrité, je le regrette comme un signe de ce qui est révolu, de ce qu'on ne retrouvera jamais, je le sens comme la présence d'un germe de mort qui taraude de l'intérieur tout ce que j'ai l'instinct d'aimer."
MITTERRAND
" Chirac ce professionnel du mot nu, qu'une image écorcherait, ce rhéteur du complément direct qui n'a jamais poussé sa grammaire jusqu'au conditionnel, n'est à l'aise que dans la simplicité des fausses évidences. "
" Chirac est un De Gaulle sans 18 juin mais disponible pour un 13 mai. "
En tout état de cause,l'"explosion sociale" de mai-juin 1936 fut pour le gouvernement de Front Populaire et l'ensemble de la coalition,communistes compris,à la fois une épreuve prénatale décisive et un stimulant vigoureux
POMPIDOU
" Notre civilisation traverse une crise spirituelle. Les mutations économiques, l'accélération du progrès scientifique et technique, l'ébranlement des croyances et des contraintes traditionnelles, le bouleversement des mœurs, tout contribue à entraîner la société dans une course éperdue vers le progrès matériel, progrès dont on n'aperçoit pas les limites mais dont il apparaît qu'il développe les besoins plus encore qu'il ne les satisfait et ne fournit aucune réponse aux aspirations profondes d'une humanité désorientée."
" Il n'y a pas de pouvoir durable sans base démocratique, pas de démocratie efficace sans pouvoir fort, pas de progrès collectif sans promotion individuelle et réciproquement. Mais ce qui est essentiel, c'est de ne jamais sacrifier l'avenir à la satisfaction des désirs immédiats si légitimes soient-ils [...] Au bout de ce chemin, il y a la médiocrité et, sous une forme ou une autre, une certaine servitude qui n'a jamais assuré le bonheur".
Beaucoup de finesse en tout cela , et quelque acidité : Clara écrit son livre après pas mal d' orages, restée seule et retranchée de la période de gloire . Mais sans amertume,
rancunière, et surtout sans bassesse . Il est clair que, dès ce temps -là , elle a mesuré les faiblesses aussi bien les dons du jeune homme et pris ses risques en conséquences.
Elle le voit plus érudit encore que savant , moins cultivé qu' ingénieux -et misogyne de surcroît . Mais elle voit bien aussi que ce demi-parvenu de l' art est brûlé de quel que
chose qui est à la fois la passion de la beauté , le goût de la liberté , l' ardeur de l' échange , un vrai courage.
Surprenante incapacité à dépasser les a priori d'une pensée politico-stratégique. Dès la fin des années 20,Blum voit mieux que personne l'ampleur du phénomène fasciste, ses implications,ses liaisons . Mais jamais,jusqu'en 1935,il ne saura en tirer les conséquences les plus simples,les plus naturelles. Contre des assassins qui s'admettent pour tels et s'affirment par leurs actes de mort est il d'autre choix que de se donner les moyens de défense ? Il s'agit d'un réflexe élémentaire. Mais élémentaire n'était pas son fort.
DE GAULLE
" Vous devriez le savoir ; il n'est pas possible de se faire élire sur un programme et de l'appliquer. Car le choix est simple ; ou l'élu trompe ses électeurs, ou il trompe l'intérêt du pays."
" C'est parce que nous ne sommes plus une grande puissance qu'il nous faut une grande politique, parce que, si nous n'avons pas une grande politique, comme nous ne sommes plus une grande puissance, nous ne serons plus rien."
FAURE
" C'est comme une société anonyme, la République. Une société anonyme fait de mauvaises affaires : elle dépose son bilan. Aucun de ses membres, s'il n'y a pas de fraudes mais seulement mauvaise administration ou malchance n'est touché dans son honneur. La monarchie au contraire, c'est une maison de commerce dont le patron est personnellement responsable. Il est très difficile de faire sauter une République comme la nôtre, car on ne sait pas par quel bout la prendre, car elle a trop de bouts. Une monarchie, au contraire, on l'attaque dans le monarque qui est une grosse cible où tous les coups portent et laissent des traces visibles."
POMPIDOU
" Passer sa vie dans l'opposition est pour un homme politique ce que serait pour un poète se condamner à lire et à juger les vers des autres."
" Poètes et politiques doivent être guidés par une conception du sens de la vie et, j'ose dire, un besoin idéal. Mais les poètes l'expriment et les politiques cherchent à l'atteindre."
DE GAULLE
" L'opinion public, ça n'existe pas. Tout ce qui s'est fait de grand depuis l'aube des temps, s'est fait en dépit de l'opinion public."