Poète je suis le sel de la terre
une condensation actuelle de désirs restant à l'état de désir
et qui sur le papier se pulvérisent
au contact glaçant des mots hostiles aux rencontres incongrues
aux évidences profondes
Poète je suis le décodeur des hasards de l'univers
mes poèmes sont des draps réalisés avec des sueurs proportionnelles
à l'éclat des chevelures de comètes à fixer pour la postérité
mes poèmes sont des pièges à emploi souple
capables de se plier aux exigences cachées des particuliers charmés
Poète je suis l'homme qu'il vous faut
P.136
Жизнь – как зебра !... черная полоса !... белая полоса !
La vie est comme un zèbre, une bande blanche, une bande noire...
Dans le noir, on entend des rafales de vent, de pluie, de grêle, des craquements de banquise, des chutes d’arbres, des cris de mouettes, des chants d’oiseaux, des stridences d’insectes, des grognements d’ours, des hurlements et chants de loups, des cris de terreur, des cris de joie, des respirations, des chuchotements, des baisers, des raclements de gorge, des halètements d’orgasmes féminins vocaliques, d’orgasmes masculins consonantiques, des quintes de toux... Le jeu insiste sur les bruits du monde et sur la res- piration dans les échanges réussis, ratés, dans les malentendus, les silences, les sous-entendus, les lapsus, les non-dits, les sous-textes, les irruptions intempestives : rouge aux joues, bouffée d’angoisse, émotion inouïe, souffle coupé, aphonie, bégaiement... Orchestration terrestre et vitale qui va en s’éteignant progressivement. Le silence dure car le monde sait aussi faire silence. Un compositeur pourrait être maître d’œuvre de cette orchestration.