"Faire un autoportrait ne m'intéresse pas. Les sujets de peinture qui m'intéressent? Les autres et en particulier les femmes..."
Modigliani projetait de créer un temple dédié à la Beauté comportant des centaines de caryatides. Celui-ci ne fut jamais construit, mais simplement le nombre et la variété des dessins qu’il produisit en tant que sculpteur au cours de ces années suggèrent que, loin d’être des esquisses préparatoires pour une sculpture en particulier, la plupart sont des idées pour des sculptures ultérieures qui ne virent jamais le jour.
A la fin de la série de nus, Modigliani perfectionne la représentation de la sensualité et de l’attrait individuels. Il élimine les signes distinctifs superflus de ses tableaux pour ne plus dévoiler que les aspects abstraits de la beauté. Après avoir exploré les profondeurs de la sexualité dans sa propre vie, il recherche au-delà du désir ardent individuel le désir transcendant et il sait se libérer de l’intensité extatique et charnelle de ses œuvres antérieures pour créer un érotisme impersonnel et par conséquent moins éphémère. Il réussit à traduire l’énergie érotique et l’attirance émanant d’un modèle précis à un moment précis en un tableau reflétant l’universalité et l’atemporalité de la sexualité humaine. Peut-être cette transformation constitue-t-elle l’exploit artistique majeur de Modigliani.
Le baiser. 1907-08.
Leurs visages ressortent, sérieux et calmes, d’un amas de dessins et de couleurs, habilement disposés derrière elles. Les corps sont submergés par des drapés de tissus chamarrés se mêlant à l’arrière-plan pour que le visage apparaisse isolé, fragile et seul.
Je suis certain que ma personne ne comporte rien d’exceptionnel. Je suis simplement un peintre qui peint chaque jour du matin au soir…