J'ai écrit "Shogun" pour combler un fossé entre l'Est et l'Ouest, et pour tenter d'expliquer la culture du Soleil Levant aux occidentaux par la biais de la fiction. L’œuvre est passionnément pro-Japonaise et l'ai conçue avec soin et amour. D'une certaine façon, c'est mon cadeau au Japon.
- Le karma est le début du savoir. La patience vient ensuite. Elle est très importante. Les hommes forts sont ceux qui sont patients. La patience consiste à ne pas se laisser aller aux sept émotions : haine, adoration, joie, inquiétude, colère, peine, peur. Si vous contrôlez ces émotions, vous serez patient. Vous saisirez alors très vite les différentes facettes des choses et vous serez en harmonie avec l'éternité. (p. 174)
Que sont les nuages
Hormis une excuse pour le ciel ?
Qu'est-ce que la vie ?
Hormis une fuite devant la mort ?
– Tous les ans, cette terre bénie des dieux est traversée par les séismes, les feux, les tsunami et des tempêtes monstres que nous appelons taifῡ. Dame Nature est très dure avec nous.
Des larmes se formèrent au coin de ses yeux.
— Peut-être est-ce la raison pour laquelle nous aimons la vie par-dessus tout, Anjin-san. Voyez-vous, c'est notre devoir. La mort est partout. Elle imprègne notre air, nos mers et nos terres. Il vous faut bien le comprendre, Anjin-san : sur cette Terre de Larmes, la mort est notre fatalité. (p. 578)
Les mauvaises nouvelles ont la fâcheuse habitude de voyager vite.
La justice britannique, bien que rapide et dure, ne paraissait pas cruelle aux Chinois. La torture publique, le fouet à mort, les poucettes et les mutilations, l’arrachage d’un œil ou des deux, les pieds ou les mains coupées, la marque au fer rouge, le garrot, la langue arrachée, milles supplices raffinés, tout cela était pour les Chinois un châtiment normal. Les chinois n’avaient pas de tribunaux, pas de jury. Comme Hong Kong échappait à la justice chinoise, tous les criminels du continent qui pouvaient s’échapper affluaient à Tai Ping Shan, hors d’atteinte, et se moquaient des faiblesses des lois barbares.
Et tandis que la civilisation prenait l’île d’assaut, les ordures s’amoncelaient.
C’est la banqueroute. Dieu tout-puissant, j’avais prévenu Robb, de ne pas mettre tout l’argent dans une la même banque. Pas avec tout cette spéculation en Angleterre, pas quand une banque peut émettre du papier jusqu’à concurrence de n’importe quelle somme.
- Mais la banque est sûre, avait dit Robb, et nous besoin d’avoir l’argent d’un bloc comme garantie.
Robb lui avait expliqué par le menu une structure financière compliquée où il était question d’obligations espagnoles, françaises et allemandes et de bons du Trésor, et qui devait donner à Struan et Compagnie une position bancaire internationale sûre et un vaste pouvoir d’achat pour augmenter la flotte et assurer à la Noble Maison des privilèges particuliers sur les marchés lucratifs d’Allemagne, de France et d’Espagne.
Struan avait donné son accord, sans comprendre ces acrobaties financières, mais certain que Robb ne pouvait conseiller que la sagesse.
Et maintenant nous sommes ruinés. En faillite.
Doux Jésus !
Sans une épouse bien née, la vie mondaine est impossible. La diplomatie se fait dans les salons privés, dans le luxe.
Frisant la cinquantaine, Tyler Brock était un colosse borgne, aussi solide et aussi éternel que le fer qu’il avait été obligé de vendre dans sa jeunesse à Liverpool, et aussi dangereux que les navires marchands armés sur lesquels il avait embarqué et qu’il fini par diriger, en tant que maître de Brock et Fils.
La Russie est en quarantaine, mais ça n’a pas d’importance. Sa politique historique a toujours été de conquérir par la ruse, de soudoyer les dirigeants d’un pays et les chefs de l’opposition s’il y en a. De s’étendre par « sphères d’influence » et non par la guerre. Comme il n’y a pas de menace à l’ouest, je pense qu’elle tournera ses regards vers l’est. Car elle aussi, elle croit qu’elle occupe sur la terre une situation de droit divin, qu’elle aussi – comme la France et la Prusse – a la mission divine de gouverner le monde.