Natoua, princesse de la Petite Nation
Dans l'île qui se dresse entre le sommet des chutes et l’étroit entonnoir, on peut voir briller des centaines de lueurs étincelantes, les nuits d’été. Le seigneur et son fils, Joseph et Denis-Benjamin Papineau, en demeurèrent stupéfaits lorsqu’ils découvrirent ce fascinant spectacle en 1805.
— C’est Vile secrète du Chaman, leur expliqua l’un des rares descendants des Algonquins de la Petite Nation. Les fils de Natoua, princesse des chutes, y reviennent commémorer en août le mariage de leur mère. Bâtonnet allumés, ils hantent les lieux sacrés à la recherche de l’urne de cuivre, des graines d’orchenette jaune et d’angéliques sauvages.
- Bah! ont prétendu des incrédules, ce ne sont que des vers luisants, des lucioles aux ailes phosphorescentes.
Depuis plus de trois siècles pourtant, les lueurs d’août brillent dans la nuit et File du Chaman s’illumine sans que personne n’ait attrapé de lucioles lumineuses.
Voici l’histoire authentique de la belle Natoua qui a bu la tisane de framboise à même l’urne de cuivre et dont les fils reviennent célébrer le mariage inoublié.
La différence entre une légende et un fait demeure si mince que l’auteur ne l’a pas perçue. À chacun sa transparence et ses rêves !
Si Borduas, de son côté, connaît des heures de gloire avec le manifeste des automatistes, il en paie le prix car les autorités l'expulsent de l'École du meuble ou il enseigne depuis plus de dix ans. Le monde artistique est divisé. Pellan, blessé, se plonge dans le travail.
L’auteur a simplement transposé dans le cadre de la Petite-Nation des coutumes et des traditions algonquines. C’est d’ailleurs le long de cette rivière merveilleuse à laquelle les Algonquins de la Petite Nation — les Weskasipinini — donnèrent leur nom que vécut, grandit et mourut cette fière tribu. Bien après leur massacre par les Iroquois, en 1653, Louis-Joseph-Amédée Papineau note dans son Journal d'un fils de la liberté la présence du cimetière des Algonquins de la Petite-Nation : « Le chipaye situé au bord de la rivière des Outaouais, en deçà d’une terre de pépé [son grand-père, Joseph Papineau, premier seigneur civil de la Petite-Nation].»
Nous cherchons une peinture libérée de toute contingence de temps et de lieux, d'idéologie restrictive et conçue en dehors de toute ingérence littéraire, politique, philosophique ou autre qui pourrait adultérer l'expression et compromettre sa pureté.
Le critique Jacques Lassaigne récidive en mai : " Les natures mortes que Pellan vient d'exposer, abondantes et savamment ordonnées, aux couleurs franches et sobres, sont l'oeuvres d'un tempérament si riche qu'il peut prendre à tous sans devoir rien à personne. "