Evariste Galois fait partie de ces êtres qui ne s'apprivoisent pas. Mathématicien de génie, provocateur irrésistible, républicain militant, il a traversé le début du XIXe siècle telle une comète. Flamboyant, éphémère. Mort à vingt ans pour une querelle de pacotille, il aura malgré tout eu le temps de d'être arrêté deux fois, jugé, incarcéré en prison pour crime politique, et, bien sûr, de marquer l'histoire des mathématiques. Evariste a mené, à cent à l'heure, une vie digne d'un roman. Jacques Cassabois nous livre ici le récit de ses dernières années, dont il nous lit le premier chapitre.
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A quoi bon mes richesses ? Qui ne possède l'amour ne possède rien !
Après l'incendie d'étoiles qui l'avait propulsée dans la vie, lorsqu'elle fut refroidie, la Terre se trouva très nue. Aucun arbuste, aucune herbe des champs n'avait alors germé et l'étincelle de l'homme ne brillait pas encore dans l'obscurité du temps.
Espérant qu'on lui fournirait quelques éclaircissements sur sa présence dans le jardin de l'univers, elle prit donc son mal en patience et attendit.
Je crois que, dans nos vies, même les pires événements ont un sens. Ils nous aident à nous transformer, par la force des choses.
Le malheur est toujours pour les autres. Quand on consent à l'envisager pour nous, on imagine qu'on trouvera bien une solution pour se tirer d'affaire... Cette illusion a traversé les millénaires.
(Préface)
Dès qu'il posa le pied sur le rivage, il sentit une présence. Personne en vue, pourtant quelqu'un était là. Une puissance invisible, comme la foudre au cœur de l'orage. Elle frappa soudain en se montrant et le jeune homme resta sans un mouvement. Elle avait pris silhouette humaine, mais n'appartenait pas au règne humain. Elle ressemblait à un animal, mais d'une espèce inconnue. Il y avait en elle de l'ours, du lynx, du sanglier, du loup, du cerf... On aurait dit que les âmes des animaux s'étaient unies pour former un seul grand être.
" Les dieux ne t'ont pas offert la royauté pour que tu négliges ton jardin, pour que tu batailles au loin, que tu les jalouses au point de vouloir devenir l'un des leurs. Tu as mieux à faire.Tu es un homme, alors fais régner l'homme. En toi, en chacun."
Gilgamesh écoute sans protester. Ce langage résonne en lui. Il le connaît sans l'avoir appris, mais il ne l'a jamais parlé.
" En suis-je capable ? Et comment l'apprendre ?"
Il va poser ces questions à son hôte, mais une autre les devance.
" Est-ce que je serai immortel ainsi ?
- Oui, tu seras immortel ! Comme tous ceux qui ont fait briller l'esprit, qui ont accompli une oeuvre juste. Non seulement personne ne t'oubliera, mais chacun portera en lui une part d'humanité que tu auras donnée. Voilà comment tu deviendras immortel ! "
Les sentiments sont les vêtements indémodables de nos personnalités.
Le désespoir aplanit la route de la mort.
Gilgamesh maîtrise l'art du pugilat. Il en possède toutes les astuces. Plus fin que son adversaire, il esquive, économise sa force et frappe à bon escient. Enkidou, lui, ne connaît pas la ruse. Il ne feinte pas, ne recule pas, ne se protège pas. Il encaisse et cogne, bélier obstiné, contre le rempart qu'il veut abattre.
- Rien ne dure éternellement. Ni les maisons qui s'écroulent, ni les royaumes qui tombent en ruine, ni les serments que l'on trahit toujours, ni l'amour, ni la haine... Profite de la vie, plutôt, pendant que tu la tiens.
(Sidouri à Gilgamesh)