Déconcertée
l’allumette a crépité de l’ombre
quel bruit tendu au silence
n’est plus la nuit
son tissu ment
l’étoile
ne crépite et cesse
atonie
le soir apaise
Tout Oracle
extrait 7
C’est l’été, son règne éternel.
Sur mes doigts, j’épelle tes couleurs.
Nous apprenons, murmure savant,
l’orthographe des tables d’argile :
une fois le jour, ajout.
IV Ne t’éloigne pas, mon ombre fragile te suit
extrait 5
Je t’appelle et chevauche la nuit des temps :
Restée loin, regardant perdu l’horizon
qui tremble à midi, j’ai posé
quelques gouttes de rosée.
– Serait-ce au matin l’aveu rouge
d’une promesse lointaine
sous le pommier qui fleurit ?
je recompose
le passage secret où te trouver.
Je l’appelle « coquelicot ».
Une promesse
de livre,
comme l'eau répandue et le perron de pierre,
calcaire prend l'eau de pluie et son souvenir de mer
fait naître les mots-fossiles.
Je t'offrirai plus que l'eau des livres,
plus que les mots. Âme vive,
elle est certaine et belle
du retour menant au fond des mers
comme une ancre
prenant au sel sa densité.
La mer est une terre de mots
et les îles entrent souterraines, alcalines ou solitaires,
plus que la page, ce tournoiement des flots,
ce tourbillon nos mots ?
Ronde ondoyante, enceinte crénelée
tendue de toile
où nous écrivons encore : un temps dit le silence
et nous creusons nouvelle cette semence.
Cor au son-mémoire, appel
et dans la plaine accourt l'homme
que n'effraie pas sombre
le silence au risque du mot.
Non ne dis pas
Non ne dis pas
ce ciel meurtri arrache un cri
L’égard du jour s’il se lève
à folle idée gagne les arbres.
Les arabesques, le vent les étire,
à l’infini danse le printemps.
Je veux devenir le temps, bercer
l’écorce. Vois les pommiers poiriers
fleurissent. Tourment secoué de pâle étreinte
bien – ciel meurtri, oui.
Forçant mes lèvres, le cri sera le baiser.
Tel le cerisier nous change
Nous vivons au nuage voués.
Tout Oracle
extrait 4
J’attends blottie le pur essor des ailes.
Quelques feuilles caduques affrontent le vent
avant la chute des mots infimes. Assourdis,
dernier rebond.
Disparaître. Un murmure.
Nos certitudes offrent une issue : au printemps
l’or retient son souffle pour écrire l’été.
Retour à naître.
…
La métamorphose a cessé…
La métamorphose a cessé.
Fini les fées,
fini le bois du conte à Noyers.
Rompue, la coque,
coulée, la barque.
Force
engloutie dans l’eau douce des rigoles du présent,
j’accroche à tes mains le mot fin.
C’est le poème…
C’est le poème.
En rangs serrés. Proférer.
À deux nous sommes.
J’ai bien creusé, dérive feinte.
J’ai laissé, glace ou la feuille,
des vertiges plus noirs.
Fourche en fleurs.
À pic démembre en pétale la tige (effraie)
Plonge pistil à cœur se dresse et
sauve fane renaît.
Fourche avive et creuse en naître,
or se répand le jour à l’aube et vif
arc tendu de flèches. C’est l’ange
rebondi du silence (le cœur).
Tu vas secours cavale et
flots sous l’aile où soie se
dit de plume (caresse).Tu
tires à vue des vers explorent
le nid (l’attente).
Comme si tu revenais...
Comme si tu revenais n’ayant pas trouvé perdu
le chemin de Noyers,
comme si tu disais l’enfance dans le cirque,
trois pierres où nous sommes restés :
une année remontée dans ta barbe de sel,
la statue du temps s’est muée en promontoire
(je ne t’ai pas reconnu).
Alors devant mon pas je vois ta figure circulaire
(ma légende). Tu recours au géant de craie
tout mouillé. Il pleut.
Tu marches sur le fleuve,
on dirait que tu es vivant avant de te noyer.
Petite, je te suis, je crois au mystère
de ton compte rond.
La forêt rejoint le passé des feuilles revenues
(les arbres chantent avril : tu es né). Je cloche-pied
plus tôt que soir, tu n’auras pas peur,
j’arrête de courir je marelle.
Tout y est.