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Critiques de Hisham Matar (97)
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Un mois à Sienne

(...) Un mois à Sienne est le récit d’un voyage intérieur, une déambulation méditative dans la ville italienne et dans ses musées. A dix-neuf ans, l’auteur développe « une mystérieuse fascination pour l’école siennoise de peinture ». La même année, il perd toute trace de son père, probablement disparu dans les geôles de Kadhafi, et prend l’habitude de dialoguer avec les peintures, une à la fois. Chaque toile devient l’espace d’un dialogue, avec les morts et avec la vie. Examiner une œuvre, dit-il, c’est « surprendre une des plus passionnantes discussions de l’histoire de l’art : celle qui cherche à définir ce que peut être un tableau, sa raison d’être, ce qu’il est susceptible d’accomplir à l’intérieur du drame intime se jouant dans la relation unique qu’il noue avec l’inconnu devant lui ».

Hisham Matar dépeint la ville de Sienne avec élégance. « Les ruelles sinueuses serpentaient selon leur propre dessein secret, gouvernées moins par quelque plan directeur d’urbanisme que par un tempérament spontané ». Ou encore, évoquant la Piazza del Campo : « Traverser cette place, c’est prendre part à une chorégraphie vieille de plusieurs siècles destinée à rappeler aux êtres solitaires qu’il n’est ni souhaitable ni possible d’exister sans le moindre lien. »

Les liens, il les trouve dans la contemplation des œuvres d’Ambrogio Lorenzetti, du Duccio ou de Sano di Pietro et dans les rencontres qu’il fait au cours de ses promenades. Nous suivons son regard et sa pensée. Au-delà de l’expression artistique, sa lecture érudite de la peinture ouvre notre horizon, philosophique et politique, élargit notre niveau de conscience, notre humanité, dévoile nos failles. Le passé éclaire le présent, reprenant le fil d’une conversation commencée il y a bien longtemps.(...)

Elisabeth Dong dans Double Marge (extrait)
Lien : https://doublemarge.com/un-m..
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La terre qui les sépare

Toute ma reconnaissance à Babelio et aux éditions Gallimard, qui m'ont communiqué le dernier récit traduit de Hisham Matar, écrivain d'origine libyenne. Ecrivain dont j'ignorais jusqu'au nom, et que je lis , grâce à cet envoi et à l' invitation à une rencontre prochaîne de l'auteur...chez son éditeur.





Une lecture aussi captivante que bouleversante, dérangeante. L'écrivain narre l'histoire violente de son pays, La Libye, ainsi que toutes ses richesses culturelles et humaines en narrant également l'histoire de sa famille sur cette terre si malmenée par la dictature de Kadhafi, où le Père, grande personnalité de l'opposition, sera kidnappé, emprisonné... et dont les

deux fils dont notre écrivain passeront plus de 20 ans à réclamer , sans succès, des nouvelles de leur père. L'auteur frappera à toutes les portes, se déplacera pour rencontrer tous les témoins possibles... avec l'espoir chevillé au corps...



Un hommage des plus vibrants à un Père, exceptionnel, courageux, passionné de football, de littérature et de poésie...père et mari aimants, ami fidèle et résistant authentique.Digne fils lui-même de son père, qui se battit et résista aux Italiens et à Mussolini. Hisham Matar dit aussi son affection et son admiration envers ce grand-père paternel...tout aussi impressionnant...



-" Je souhaiterais être le fils de quelque homme heureux

qui dût vieillir sur ses domaines-

au lieu de cela, sa mort demeure à jamais inconnue...



Et , pour la première fois, ces mots familiers, qui furent mes compagnons fidèles durant ces nombreuses années, changèrent de sens et s'étendirent. A présent ils concernaient aussi bien Ulysse que Télémaque; aussi bien le père que le fils; ils exprimaient autant le voeu du fils d'avoir un père qui pût passer le restant de ses jours dans le confort et la dignité de sa propre maison, que le désir d'un fils de pouvoir enfin laisser son père derrière lui, dans sa maison, pour aller de l'avant et s'aventurer dans le monde. Tant qu'Ulysse est absent, Télémaque ne peut quitter le foyer. (p. 317)"



Un texte qui va au-delà du drame personnel de l'auteur, c'est aussi un formidable hommage à tous les résistants de la dictature de Kadhafi , et de toutes les dictatures...du monde, ainsi qu'une description unique du déchirement lancinant de tous les exilés de la terre....



"Y retourner, après toutes ces années, était une mauvaise idée, pensai-je soudain. Ma famille en était partie en 1979, trente-trois ans plus tôt. Telle était la mesure du gouffre qui me séparait aujourd'hui du garçon huit ans que j'étais alors. (...)Ce genre de voyage était évidemment risqué. Il pourrait me priver d'une aptitude que j'avais acquise au prix d'un long travail: vivre loin des gens et des lieux que j'aime. Joseph Borodsky avait raison. Nabokov et Conrad aussi. Ces artistes n'étaient jamais retournés chez eux. Chacun d'eux, à sa manière, avait tenté de se guérir de son pays. Ce qu'on laisse derrière soi se dissout. Si l'on y retourne, on se confronte forcément à l'absence ou à la défiguration de ce que l'on a chéri. Mais Dimitri Chostakovitch, Boris Pasternak et Naguib Mahfouz avaient raison, eux aussi: ne quittez jamais votre patrie. Si vous la quittez, ce qui vous lie à la source sera brisé. Vous serez comme le tronc d'un arbre mort, dur et creux.

Que fait-on lorsqu'on ne peut ni partir ni revenir ?" (p. 14-15)



Cet ouvrage m'a aussi appris mille choses sur l'histoire de la Libye, de sa culture, de ses traditions, usages, jusqu'à un architecte italien, Guido Ferrazza , qui oeuvra pour la ville de Benghazi, sans oublier la place vitale, nourrissante de la poésie, et de la littérature que partagent ce père "manquant" et le fils.



Un moment très fort dans ce récit: lorsque notre auteur découvre

des nouvelles écrites par son père, alors qu'il était tout jeune étudiant...



"Rien ne semblait pouvoir le[ Le Père] réjouir davantage que la présence de la poésie. Un beau vers le réconfortait, remettait le monde en ordre un instant. Il était à la fois ravivé et encouragé par le langage." (p. 84)



Un livre exceptionnel et une lecture dense, bouleversante, remuante... qui resteront longtemps dans ma mémoire...



[N.B. J'éprouve également l'élan de lire et découvrir les deux écrits précédents d'Hisham Matar, dont "Anatomie d'une disparition", qui doit paraître de plus , en format poche, le 19 janvier prochain [ en Folio, si mes souvenirs sont exacts]



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La terre qui les sépare

En 1969, Kadhafi renverse le roi Idris, une arrivée au pouvoir saluée par les Libyens qui déchantent rapidement. Dans les années 80, la dictature mise en place est féroce vis à vis de l'opposition dont Jaballa Hisham, le père de l'auteur, un homme d'affaires prospère, fait partie. Cet homme, un meneur que son engagement politique a rendu dangereux aux yeux du régime de Khadafi, est obligé de s'exiler en Egypte. Enlevé en 1990 dans ce pays, livré à la Libye où il est emprisonné (il avait été condamné à mort par contumace) il ne fut jamais relâché, ni retrouvé après août 2011, à la chute du dictateur.



En quête de ce qui est advenu de Jaballa, Hisham Matar, accompagné de sa mère et de sa femme, est de retour en Libye. Il découvre un pays désorganisé, sans armée ni police nationales, un pays, dépendant de milices armées, habité par des forts sentiments d'espoir mais aussi d'appréhension. Sur les pas de son père, ce voyage est aussi l'occasion pour Hisham, en retrouvant les siens et en les questionnant, de se remémorer ce que fut l'histoire de la Libye, de l'occupation italienne à aujourd'hui.



La terre qui les sépare est un bel hommage d'un fils à un père disparu, tendrement aimé et respecté. Même si je lui ai trouvé un manque de rythme (je me suis endormie plusieurs fois) et trop d'introspection, ce récit venant du fils d'un opposant du raïs est un témoignage majeur pour comprendre l'impitoyable dictature de Kadhafi et les raisons de sa durée.
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La terre qui les sépare

Libye, pays méditerranéen, pays d'Afrique, terre du Maghreb, trois provinces la composent : la Cyrénaïque, le Fezzan, et la Tripolitaine. Mais que savons nous vraiment de la Libye ?

Son désert, son pétrole, ses guerres, ses villes ? Connaissons nous son histoire, sa poésie, connaissons nous celles et ceux que Kadhafi a fait torturer, a fait enfermer, a massacrer ?

«  être libyen c'est vivre avec des questions » ( p 180). Hisham Matar pose la question : «  qu'avez vous fait de mon père ?». C'est l'histoire d'un fils qui réclame la vérité, qui demande que lui soit rendu si ce n'est le corps de son père au moins que ce soit son histoire.

A travers cette enquête c'est une partie de l'histoire de la Libye que nous découvrons également . Nous prenons contact avec la l'horreur Mussolinienne et la folie de Kadhafi.

C'est le livre d'une quête. Question d'exil, d'absence, de retour, de terre, d'héritage, d'enfance, de famille.

«  Que fait on lorsqu'on ne peut ni partir ni revenir » ?. Comment fait on lorsque les images vous manquent ? Pour ne pas s'y perdre ? Comment se mettre en marche avec son chagrin ? Comment revenir ? Comment repartir ? Peut on guérir de son pays ?

Un puissant témoignage qui nous permet de comprendre un peu mieux l'avant, pendant, et après dictature, jusqu'au Printemps arabe, ainsi que la place de la Libye sur le grand échiquier international.

traduction en français d'Agnès Desarthe.

Astrid Shriqui Garain

18.01.2017 : Babelio nous invite à rencontrer l'auteur dans les locaux des éditions Gallimard à Paris. Qu'ils en soient ici tous remerciés . Ce fut une très belle et riche rencontre. Hisham Matar est un être extrêmement chaleureux qui porte un regard bienveillant et apaisant, et très lucide, sur les turbulences du monde.

Anatomie d’une disparition (Une disparition) , sort aujourd'hui en livre de poche Collection Folio (n° 6238), Gallimard.



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La terre qui les sépare

« Être Libyen, c’est vivre avec des questions. »



Qui est ce vieil homme, prisonnier dans le quartier des opposants politiques de Tripoli, qui récite des poèmes ? Se peut-il que ce soit le père de l’auteur, l’oncle et le frère des autres prisonniers qui peinent à reconnaitre sa voix ?



La question restera sans réponse, et peut-être que cela vaut mieux comme ça, car « quand votre père a disparu depuis dix-huit ans, votre désir de le retrouver est égal à la peur que vous avez que cela arrive. Vous êtes le théâtre d’une bataille honteuse et privée. »



Confusion, voilà vraiment le mot qui caractérise la première moitié de ce récit de l’exil et de la séparation. Difficile exil qui nous coupe de la source et fait de nous un arbre au tronc mort et creux, et qui va toujours accompagné par la culpabilité. C’est aussi une quête, celle d’un père, opposant au régime de Kadhafi, emprisonné au secret pendant plusieurs longues années.



Puis on se laisse gagner par l’empathie pour l’auteur amené à côtoyer les hommes du régime détesté et probablement coupable de la mort de son père, hommes qui par ailleurs entretiennent des relations d’affaires avec les politiciens anglais, la realpolitik vous comprenez bien, via les fameux fonds libyens. Empathie aussi envers le peuple libyen qui connut en 2011 une « période comme un interstice précieux lors duquel la justice, la démocratie et la loi semblaient à portée de main. »



Mais c’est aussi pour le lecteur l’occasion de visiter la Libye, ce si beau pays constitué de 94% de terre désertique, bordé par la Méditerranée et inondé de soleil, ce qui lui donne cette lumière si emblématique. La Libye est un pays occupé depuis des millénaires, d’abord par les Phéniciens, les Grecs, les Romains, les Ottomans, et puis enfin par les Italiens, un « pays qui n’est rien d’autre qu’une occasion pour les étrangers d’exorciser leurs démons et d’exercer leurs ambitions », et dont les habitants qui « espéreraient entrevoir quelque chose de ce passé se sentent comme des individus qui s’incrustent dans une fête où ils n’ont pas été conviés. »



La Libye, c’est aussi le lieu d’un des nombreux génocides du XXème siècle, perpétré par les Italiens sur les Bédouins autochtones dans les années 30, qui subirent tortures, humiliation et famine, et dont un journaliste danois (Knud Holmboe, assassiné plus tard par on ne sait qui) en fit un livre, interdit de parution par les Italiens. Génocide dont plus personne ne parle aujourd’hui.



Ce récit est surtout un très bel hommage à la résistance du peuple libyen, à travers le témoignage des anciens prisonniers, comme par exemple, l’oncle Mahmoud qui dit : « Ils m’ont battu, ils m’ont privé de sommeil et de nourriture, ils m’ont attaché, m’ont renversé un seau plein de cafards sur la poitrine. Il n’y a rien qu’ils ne m’aient fait. Rien ne peut plus m’arriver de pire après ce que j’ai vécu. Et toujours je tenais bon. Je gardais un espace dans mon esprit dans lequel j’étais encore capable d’aimer et de pardonner, dit-il, les yeux pleins de douceur et les lèvres souriantes. Ils ne sont jamais parvenus à m’arracher ça.»



Que dire après cela ?

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La terre qui les sépare

Ce livre est le récit d’une quête, une quête désespérée et désespérante : découvrir la vérité sur Jaballa Matar, père de l’auteur.

Opposant au régime de Kadhafi, il est arrêté en 1990 et enfermé dans la sinistre prison d’Abou Salim. Six ans plus tard, plus de 1200 prisonniers y ont été massacrés après une rébellion.

Pourtant, un ancien détenu assure avoir vu Jaballa en 2002 : a-t-il échappé au massacre ? Est-il encore vivant ?

Hisham Matar tente d’alerter le monde entier sur le sort des prisonniers politiques libyens, écrit sans relâche, rencontre jusqu’au fils de Kadhafi lui-même pour obtenir des réponses.

Il explique comment toute la famille vit dans cette ignorance, dans cet espoir ; comment il lui a été difficile, à lui, de grandir dans l’ombre du disparu.

"[Les mots de Télémaque] exprimaient autant le vœu du fils d’avoir un père qui pût passer le restant de ses jours dans le confort et la dignité de sa propre maison, que le désir d’un fils de pouvoir enfin laisser son père derrière lui, dans sa maison, pour aller de l’avant et s’aventurer dans le monde."

Certains passages sont bouleversants ; je suis restée hantée par cet adolescent qui doit vivre sous une fausse identité, par cette fragilité du fils derrière l’écrivain reconnu.

Mais malgré le sujet poignant, j’ai été un peu rebutée par la description de son enfance dorée : "Alors que j’avais douze ans, j’eus besoin de consulter un ophtalmologiste. Ma mère me prit un billet d’avion et je fis le trajet seul du Caire à Genève."

Et j’ai également été un peu déçue par certaines longueurs, m’évoquant davantage un rapport d’Amnesty International qu’un témoignage personnel émouvant.



Traduction impeccable d’Agnès Desarthe.



Challenge Globe-trotter (Libye)

Club de lecture février 2024 : "La PAL fraîche"
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La terre qui les sépare

2010, Londres, dans le salon d'un palace. Saïf al-Islam Kadhafi a accepté de rencontrer Hisham Matar pour évoquer le sort de son père. Jaballa Matar, un opposant de Kadhafi, a été enlevé par les services secrets égyptiens vingt ans plus tôt. L'homme a ensuite été remis aux autorités libyennes. Les premières années, il a pu faire secrètement passer quelques lettres de sa prison, mais depuis, plus rien. Sa famille ne sait ni où il se trouve, ni même s'il est encore en vie. Le fils du bourreau et celui de la victime se font face. Mais l'entretien s'achève sur de vagues promesses, sans nouvelle information.



Le destin de la famille Matar est lié aux heures tragiques de la Libye. le récit de ces vies brisées permet à l'auteur de retracer l'histoire des cent dernières années de ce pays. Le grand-père Hamed a combattu la domination coloniale italienne, le père a organisé la résistance à Kadhafi et Izzo, un cousin de l'auteur, a été abattu en 2011 à Tripoli pendant la guerre civile.



« La terre qui les sépare » est le récit de la quête d'un fils qui se bat pour connaître la vérité sur son père. L'absence de cet homme charismatique crée un vrai manque pour ses proches. Les possibilités de le retrouver en vie sont très minces mais ils gardent espoir et continuent de se battre. Et si sa mort est plus que probable, il leur faut connaître la date et les conditions de celle-ci pour pouvoir en faire le deuil. Mais si à la mort du dictateur, les portes des prisons vont s'ouvrir, le mystère demeure.



Hisham Matar témoigne aussi de la douleur de l'exil. Sa famille doit s'installer en Égypte alors qu'il n'a que huit ans. L'auteur exprime la mélancolie de la terre natale, de ses proches restés sur place et de tout un monde qu'il a laissé derrière lui en partant. Et le pays qu'il retrouve à son retour a non seulement énormément changé, mais il est en plein bouleversement post guerre civile. Au passé, irrémédiablement perdu, succède le présent et l'avenir, terriblement précaires.



Hisham Matar signe un récit touchant. Derrière l'écrivain, l'intellectuel engagé, le lecteur devine le portrait d'un enfant blessé, privé de l'amour d'un père et de l'insouciance d'une jeunesse. Et ce retour dans une Libye « libérée » marque aussi l'impossibilité de retrouver une patrie intime. Il n'y a pas de retour possible, l'exil perdure ; la plaie reste ouverte.



***je remercie les éditions Gallimard et Babelio pour cette lecture***
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La terre qui les sépare

Un livre dense ; un récit exceptionnel ; une radiographie précise d’événements et de sentiments ; une enquête fouillée et méticuleuse ; une méditation personnelle qui plonge dans une réflexion universelle et profonde ; un portrait inédit de la Libye prise dans la violence et les troubles ; une lecture poignante qui marque le lecteur... Le livre est tout cela, tour à tour, et on pourrait se suffire de chaque point, mais ensemble ces points créent une unité et une cohérence qui transcende le discours et le rend profondément humain.



Un grand merci à Babelio et aux Editions Gallimard qui m’ont permis de découvrir l’œuvre et de rencontrer l’homme, un intellectuel au sens noble du terme.



J’ai été très embarrassé pour écrire cette chronique et j’ai d’ailleurs laissé passer trois semaines depuis la rencontre, avant d’écrire ces quelques mots. Le récit d’Hisham Matar est extrêmement personnel. L’auteur nous délivre son histoire et celle de sa famille de manière très intime, très profonde. Dans ces conditions, il était clair pour moi que cette chronique ne pouvait en aucune manière discuter les éléments du récit.



Je peux simplement vous faire part du plaisir et de l’intérêt que j’ai eu à lire ce livre. J'ai appris beaucoup sur la Libye, son histoire, son passé colonial, les exactions de la trop longue période despotique du dictateur Kadhafi. Mais je dois bien admettre que je partais de très loin et j’ai surtout pris conscience de l’étendue de mon ignorance sur ces sujets. C’est une des vertus de la lecture et ce livre ouvre des pistes d’exploration que j’ai ensuite suivies, notamment grâce à Internet.



Pendant la lecture j’ai aussi eu plaisir à avoir recours à Internet en particulier pour avoir sous les yeux des représentations des tableaux que l’auteur décrit dans son récit, comme par exemple « le martyre de saint Laurent » du Titien. Hisham Matar est architecte de formation. Or, cette formation l’a exercé à focaliser son attention pour regarder vraiment les choses, les lieux, les gens. Il décrit d’ailleurs dans le livre sa manière très particulière de visiter les musées. Il ne passe pas, comme nous le faisons tous, d’une œuvre à l’autre, d’une salle à l’autre. Il ne visite pas un musée, il visite un tableau. Plusieurs heures d’affilée, plusieurs jours, voire plusieurs semaines, de suite il s’arrête devant le même tableau de manière quasi obsessionnelle. Sa manière de décrire les lieux, les paysages, les villes s’en ressent et il nous propose des pages d’une grande précision.



Je voudrais noter pour finir –ce qui n’est ni un reproche ni un regret– que le fantastique témoignage d’Hisham Matar est immanquablement très marqué d’un point de vue social et culturel. Sa famille était une famille bourgeoise, très à l’aise. Son père, dignitaire du régime précédent, avait fait fortune dans le négoce. Leur fuite en Egypte, au Caire, a été grandement facilitée par leurs moyens financiers. Hisham est envoyé faire des études en Suisse, puis au Royaume-Uni. La famille possède aussi un logement au Kenya, à Nairobi.

Cela ne retire rien à la qualité et à l’humanité du texte. Je pensais seulement que parmi les 1271 victimes du massacre de la prison d’Abou-Salim, où encore parmi les victimes du Printemps arabe libyen, il est fort vraisemblable que peu aient eu ce profil. Il serait bon qu’un jour prochain un témoignage plus populaire puisse aussi voir le jour.
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La terre qui les sépare

En 1990, Jaballa Matar, opposant politique au régime de Kadhafi, est arrêté par les services secrets égyptiens et remis à la police libyenne.

Sa famille ne le reverra jamais.



Son fils Hisham, expatrié depuis l'enfance, enraciné londonien par son métier et sa vie personnelle, n'en reste pas moins extrêmement proche de ses racines, dans un rapport fusionnel avec le pays d'origine.

Un attachement, doublé de la culpabilité du survivant, qui le porte dans une quête sans relâche, avec courage et obstination, pour ce père évaporé, renouant avec sa famille libyenne, stigmatisant le calvaire d’un pays sous 40 années de dictature, accompagnant le printemps arabe et les espoirs suscités.



Une vie personnelle qui se lit comme un roman, avec la narration fluide de l'auteur. La plume est légère, ample et délicate, en constante opposition avec les faits tragiques évoqués. Plusieurs époques s'entremêlent entre les souvenirs et les voyages, mettant en perspective l'histoire politique du pays et le parcours familial sur plusieurs générations.



C'est un récit vivant, haletant, effrayant, d'une famille ballottée par le déracinement, l'incertitude du quotidien, la crainte de l'attentat ou de l’enlèvement, d’un fils d'une loyauté sans faille pour communiquer en actes et pensées avec le disparu, au-delà de l'absence et du silence.



C'est aussi une touchante réflexion sur le rapport au père, la douleur de l'absence, le deuil et la résilience.



Une bien belle lecture qui évoque en filigrane l'amour de la littérature, indispensable espace de liberté.

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Un mois à Sienne

"Adorable ville. Il y a bien cent rues ou ruelles qui valent la peine d'être vues ; et pas une, sauf les nouvelles, qui donne le regret d'y avoir perdu un instant. Les maisons, par centaines, sont toutes belles ou touchantes, toutes les maisons peut-être, moins celles bâties d'hier, en très petit nombre d'ailleurs. Que de palais, d'églises, de chapelles méritent le regard. Même après les grandes merveilles, toute pierre est plaisante aux yeux et parle à la pensée. Tout est souvenir à Sienne, présence du passé, occasion de rêve, charme et magie, caresse pour le cœur : car tout est désir ou trace de beauté."

André Suarès - Voyage du Condottière



Magnifique éloge de la ville de Sienne, sur laquelle trop peu d’auteurs ont écrit. Mais lorsqu'ils le font c’est à la hauteur cette sublime ville, et c’est le cas avec ce Mois à Sienne que nous propose Hisham Matar et qu'il résume si bien : "Sienne me semblait aussi familière qu’un médaillon qu’on porte autour du cou et pourtant aussi complexe qu’un labyrinthe."



Ce n'est qu'aux deux tiers du parcours que l'auteur semble réaliser quelque chose sur le voyage qu'il a entrepris.



Les ouvrages précédents d'Hisham Matar ont tous traité d'une manière ou d'une autre du trou béant laissé par la disparition de son père.



Matar est tombé amoureux de l'école d'art siennoise il y a plus de 25 ans ; ayant terminé son livre de "The Return" (la terre qui les sépare) qui tente en vain de cerner le sort de son père et allait remporter le prix Pulitzer, il se décide à visiter enfin Sienne pour se mettre en quête de la ville d’art, de l’art dans la ville, mais qui sait peut-être au fond une quête de lui-même car comme le dit André Suarès « Tout est souvenir à Sienne, présence du passé ».



Après avoir erré dans les rues médiévales, passé des heures devant les œuvres d'Ambrogio Lorenzetti et Duccio di Buoninsegna, après avoir erré et emprunté l'une des trente-neuf portes pour sortir de la ville, il entre dans un cimetière. C’est un endroit vers lequel il est attiré en tant que "pleureur sans tombe", pour s’asseoir et contempler la vie.

Paradoxal .....

"bataillons de pierres tombales après bataillons de pierres tombales. Vertigineux. C’est une chose de se pencher sur l’intimité particulière d’une seule tombe, c’en est une autre d’apercevoir l’appétit insatiable de la mort. Le nombre des défunts dépasse de loin celui des vivants. Le présent est la bordure dorée d’une étoffe noire. Quel scandale, d’être en vie, me suis-je dit. Cela m’a rempli d’enthousiasme et d’une sombre fierté pour l’humanité, pour notre courage, notre héroïsme face aux preuves indéniables que la vie ne peut être préservée, que peu importe l’armure que nous choisissons, tout est voué à mourir."



Et c'est là, seul, en écoutant le chant des oiseaux, qu'il a une révélation. « Je savais alors que j'étais venu à Sienne non seulement pour regarder des peintures. J'étais également venu pour pleurer seul, pour considérer le nouveau terrain et pour déterminer comment je pourrais continuer à partir d'ici.



Dans le cimetière, il ressent tout le poids du passé.

« Comme c’est scandaleux d’être vivant »



Un mois à Sienne porte toutes les caractéristiques de l’écriture de Matar :

C'est un livre superbement construit ;

L’utilisation du langage est précise et délicatement nuancée sans prétention.

Une simplicité trompeuse au regard de son effort d'écriture.



Ce qui émerge est une exploration philosophique bien plus complexe de la mort, de l'amour, de l'art, des relations et du temps.

Sienne est la toile de fond parfaite pour son exploration. Errant dans ses rues, se liant d'amitié avec ses citoyens et se tenant devant son art, Matar à la sensation "de n’être pas tant dans une ville que dans une idée, une allégorie épousant parfaitement mes besoins, tel un vieux vêtement bien coupé."



Est-ce pour cela que l'on y trouve ce tableau "Allégorie du bon gouvernement" de Lorenzotti ?



Le temps s'effondre ici.

"Une peinture change à mesure que vous l’observez, de plusieurs manières, toutes imprévisibles. J’ai compris qu’un tableau demande du temps. Aujourd’hui, il me faut plusieurs mois, et bien souvent une année entière, avant de pouvoir passer au suivant. Dans l’intervalle, le tableau en question devient pour moi un espace mental aussi bien que physique."



Comme il communie pendant des jours avec un seul tableau, il se révèle à lui - et à lui à lui seul.



Matar joue subtilement le changement de perspective comme le fait Duccio dans "L'annonciation" ou "la guérison de l'aveugle" :

"Examiner attentivement leur œuvre, c’est surprendre une des plus passionnantes discussions de l’histoire de l’art : celle qui cherche à définir ce que peut être un tableau, sa raison d’être, ce qu’il est susceptible d’accomplir à l’intérieur du drame intime se jouant dans la relation unique qu’il noue avec l’inconnu devant lui. On peut entendre ces peintres se demander à quel point le tableau pourrait s’appuyer sur la vie affective de celui ou de celle qui le regarde, comment une expérience humaine partagée peut changer le contrat entre l’artiste et le spectateur, et les possibilités créatives qu’ouvre potentiellement cette nouvelle collaboration."



Comme il communie pendant des jours avec la ville, elle se révèle à lui - et à lui à lui seul. Revenant régulièrement à la Piazza del Campo, cœur vivant de la ville, son épicentre, réceptacle des vies, des déambulations, des vibrations.



" C'est la conque d'Aphrodite ou le bénitier de Marie : elle est rose sous la lune, et partagée en longs pétales de marbre. Immense et déserte à cette heure, elle est toute à moi comme au silence. Son ovale exquis, à la suave pente, est le sexe brûlant et clos de l'adorable ville. Voilà bien le Campo, la plus belle des places en Italie, toute bordée de palais rouges : et le plus vaste, le plus hardi de tous, qui en occupe tout un côté, est le palais de la République. Le doux ventre de la place s'incline avec langueur vers le palais illustre. Et lancé au fond du ciel, cherchant la lune, la plus ravissante et la plus haute des tours se dresse d'un seul jet, si robuste et si fin, si fort et si léger qu'il est l'essor d'un lys rose à la corolle de neige, le beffroi de Sienne, un lys qui serait une flèche."

André Suarès - Voyage du Condottière



Si on osait un parallèle avec l'art, le style de Matar est un reflet subtil des couches des peintures qu'il observe et de la ville elle-même qui comprime le temps comme seuls la mémoire et l'art peuvent le faire.



Devant se séparer de Diana, c'est la solitude qui le rattrape....

"Elle m’a aussitôt manqué. Ma solitude était de retour, toujours aussi vive, épaisse et lourde. Et temporellement chargée, comme si le temps, quand on est seul, devenait une pièce avec double exposition, une fenêtre donnant sur le passé et l’autre sur l’avenir."



Ponctué de tableaux de l'école siennoise, ce livre se présente comme une invitation au voyage et une bouleversante réflexion sur l'art et la littérature, ces élans pleins d'espoir qui nous relient à ceux qu'on aime et offrent un espace où retrouver ceux que l'on a perdus.

Comme une parenthèse, comme un temps suspendu le temps d'une lecture aussi sensible que subtile.



"Blanc et noir, partout les couleurs de Sienne. Jamais couleurs ne furent mieux parlantes. Voilà bien la lumière et la nuit de la passion, l'avers et le revers d'une âme qui brûle."

André Suarès - Voyage du Condottière



Et si je dois retenir un passage empli de lumière, de blanc, de l'avers d'une âme, de vie :

"J’ai soudain senti une présence dans mon dos. Je me suis retourné et j’ai vu un banc à l’écart, face au paysage. Il bénéficiait des derniers rayons du soleil et présentait un aspect inhabituel, comme réservé, mais avec une vue dégagée et panoramique sur le paysage. Un bon endroit d’où regarder la campagne, me suis-je dit. Un bon endroit où se cacher. Un bon endroit où pleurer. Je me suis assis en espérant que jamais personne n’enlèverait ce banc, qu’il resterait là jusqu’à la fin des temps. "



Le jour où je retournerai à Sienne, j'irais me cacher sur ce banc mais juste pour relire ces mots,

comme un hommage à cet hommage à cette ville....

Et comme une mise en abyme de sa devise Cor magis tibi Sena pandit - Sienne t'ouvre un cœur encore plus grand.
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La terre qui les sépare

Ce roman,envoyé par Babelio,a fait une forte impression sur moi.

Je ne connaissais rien de ce pays si ce n'est que ce que j'entendais aux informations me faisait très peur et qu'il en ressortait une vision cauchemardesque.Si cette vision n'a pas disparu de mon esprit,elle s'est enrichie de la "connaissance" de son histoire contemporaine;j'ai découvert l'érudition,la poésie,la luminosité de ce pays,en quelque sorte son aspect "paradisiaque" enfoui très profondément et solidement ancré dans une réalité très sombre.

L'auteur aborde tant de sujets essentiels que je ne pourrai pas les recenser tous.Le fil conducteur de l'histoire est la recherche du père disparu,qu'on espère toujours en vie,le deuil impossible,la difficulté de se construire sans le savoir.Il y a l'amour de la famille,le respect des anciens,la fierté de ses origines et de ses convictions opposés à la soif de pouvoir,la lâcheté,la tyrannie des dirigeants,la perte de repères d'hommes qui vont se transformer en bourreaux.Le thème de l'exil,celui de la prise de position peu glorieuse de certains pays ou d'hommes(souvent dans un but économique),la difficulté de rentrer au pays après une très longue absence....

Je suis impatiente de rencontrer l'auteur qui devrait m'apporter un peu plus encore l'envie de mieux comprendre la Libye et ceux qui se battent pour le rendre vivant,à nouveau.
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Mes amis

Merci à Masse critique et aux éditions Gallimard pour l'envoi de ce roman.

Il commence par la fin. A Londres ,deux amis se séparent, peut-être pour toujours. Hosam part vivre en Californie, et son ami Khaled, le narrateur, retourne vers son appartement de Shepherd's Bush, réfléchissant et se souvenant du passé tout au long de sa déambulation dans les rues de la ville.



Khaled a quitté la Lybie à dix-neuf ans pour aller étudier la littérature dans une université écossaise, après avoir entendu une nouvelle d'Hosam Zowa diffusée à la radio.

Cette lecture aura un double impact sur la construction identitaire de Khaled : elle nourrit sa passion pour les livres et crée également les conditions pour une amitié à venir sous le signe de la littérature comme résistance à la dictature.

" Ils se feraient un plaisir de fournir des détails qui, rétrospectivement, prédisaient l'évènement : notre goût de la lecture, le fait que nous soyons du côté des livres, qu'on nous voie constamment nous promener avec eux, que même le week-end on nous aperçoive en train de lire dans les cafés et que nous ne sortions jamais le soir sans un mince opus glissé, comme une arme, au fond d'une poche. "



Le coeur du roman est un événement tragique qui a réellement eu lieu à Londres en 1984 pendant une manifestation contre Kadhafi. Des tirs provenant de l'intérieur de l'ambassade avaient alors tué un policier et blessé de nombreux manifestants.

Dans la fiction, Khaled fait partie des victimes, il est grièvement blessé au poumon et comprend qu'il ne pourra plus retourner en Libye tant que Kadhafi sera au pouvoir. Il ne peut même pas prévenir ses parents car les communications sont surveillées et pourraient mettre leurs vies en danger.

Fils d'un opposant disparu dans les geôles de Kadhafi dans les années 1990, Hisham Matar connaît les risques encourus lorsque l'on défie un dictateur.



Le titre au pluriel permet de présumer que Khaled a au moins deux amis, le déterminant possessif, dans sa simplicité, établit un rapport de proximité mais aussi de bien-être . Hosam sera le dernier à entrer dans sa vie. Mais d'autres rencontres ont joué un rôle très important et offrent une représentation différente de l'amitié.

Le professeur Walbrook interprète le rôle du mentor, tant sur le plan intellectuel que sur le plan financier, tout en incarnant une figure paternelle. Ensemble ils arpentent les rues de la ville sur les traces des écrivains célèbres et c'est ainsi qu'ils apprivoisent la capitale.

Son amitié avec Rana, une étudiante en architecture, est subtilement genrée dans la mesure où il ne craint pas de lui montrer un attachement émotionnel et affectif, en dehors de toute attirance sexuelle. Leur complicité se révélera des plus solides lorsqu'il se tiendra à ses côtés pour affronter la maladie.



Mustafa, un lybien rencontré à l'université, est un ami fidèle auprès duquel "assis en silence près de lui, il me semblait savoir exactement ce qu'il ressentait ; je ne parle pas seulement de ses opinions, mais des profondeurs de son âme."

Ainsi l'auteur substitue à l'exil une patrie émotionnelle que les amitiés profondes peuvent offrir, mais cette amitié, proche du sentiment amoureux, peut être pesante tant elle est fusionnelle.

Khaled ressent cette charge mentale lorsqu'il déclare : "Certains, comme Mustafa, pensent que l'amitié, ou du moins le genre d'amitié qui nous liait tous les deux, sanctifiée par le sang, devait être comme l'amour romantique, monogame. "



Pour échapper à cette exclusivité, Khaled va compartimenter sa vie durant toute une période et tardera à révéler son amitié avec Hosam, de peur de blesser Mustafa. Cette attention à l'autre, ce désir de le préserver de tout chagrin, prouve la profondeur de cette amitié.



Toutes ces analepses aboutissent à une réflexion sur la manière dont le temps met à l'épreuve et effiloche ces liens.

L'émergence du Printemps arabe va bouleverser cette amitié triangulaire car chacun devra faire des choix.

Hisham Matar décrit magnifiquement la décision prise par Khaled, celle d'un homme qui, loin de toute forme d'héroïsme, assume une vie ordinaire, quitte à ce qu'on lui reproche son inertie.



"Je ne peux pas retourner là où je voudrais retourner, car l'endroit et moi avons changé, et ce que j'ai construit ici est peut-être maigre et modeste, mais ça m'a coûté tout ce que j'avais et j'ai peur, si je pars, de ne pas avoir la volonté de revenir, et alors je serai perdu à nouveau, j'ai déjà été perdu par le passé et je ferai n'importe quoi pour ne plus jamais l'être, et je ne sais pas si c'est lâche ou courageux et cela m'est égal, et j'ai décidé sans décider, car c'est ma seule option, de m'en tenir aux jours, de dormir quand il est bon pour moi de dormir et de me réveiller à temps pour m'occuper de mon travail et des gens qui comptent sur moi. "



Hisham Matar ne porte aucun jugement sur ses personnages : on a l'impression qu'il les regarde vivre, avec nostalgie, mélancolie et tendresse. On oublie qu'ils sont des personnages de fiction d' autant plus facilement qu'ils sont mêlés à une réalité historique bien présente. Son écriture, classique et limpide, ne verse jamais dans le sentimentalisme ou les lamentations, et décrit avec acuité les tourments de l'exil et les bonheurs de l'amitié.







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La terre qui les sépare

Je suis sacrément embêtée avec ce roman. J'aurais tellement aimé ressortir de cette lecture submergée par l'émotion, la tristesse tout comme la colère, l'enthousiasme, le cœur serré et la gorge nouée. Mais rien de tout cela n'est arrivé. Niet, nada, rien, si ce n'est le sentiment d'en avoir appris un peu plus sur la Libye, le régime de Khadafi et sa manière bien à elle de gérer la question des opposants politiques. Voilà.



Pourtant, quelle quête que celle menée par Hisham Matar concernant le sort de son père, un des principaux opposants politiques de Khadafi, enlevé grâce à la belle coopération des services égyptiens, au nez et à la barbe de sa famille exilée au Caire (vive l'entente entre les dictatures, que c'est beau l'amitié).



En 2011, au moment où la Libye se libère du joug de 40 ans de dictature, portée par le souffle impétueux des printemps arabes, Hisham Matar revient sur ses terres, parmi les siens, bien décidé à faire la lumière sur ce père dont il n'a plus eu de nouvelles un jour, taraudé par cette obsédante question : est-il mort ? A t-il été massacré comme 1200 autres dissidents un beau matin de juin 1996 dans la prison d'Abou Salim ? A-t-il succombé aux tortures, à la faim, à la peur ou au désespoir ?



Hisham Matar entremêle dans un incessant va et vient, souvenirs d'enfance auprès de ce père aimant et cultivé, courageux et pugnace, adepte des Lumières, l'après, cette survie en tant que jeune adulte privé de père qui se transforme en un homme mur hanté par l'incertitude, et son enquête auprès de ceux qui ont, d'une manière ou d'une autre, côtoyé Jaballah Matar et pourraient apporter un éclairage nouveau sur son sort. C'est d'ailleurs cette alternance d'époques, la multitude des personnages, des témoignages, la grande histoire comme l'histoire intime mélangés dans un tourbillon narratif, qui m'a semée en cours de route pour ne jamais me retrouver. Le récit d'Hisham Matar est fabuleux, je ne peux le nier mais la forme, distante et distanciée, cette enquête quasi clinique, digne d'un reportage de guerre, une façon pour l'auteur de se protéger sans doute, m'a déçue. Je n'ai pas adhéré au traitement de cette autobiographie qui m'a donc gardée à distance. Fort heureusement, quelques beaux passages ont sauvé mon impression générale mais ce ne sera pas suffisant.



Je ressors enrichie de savoir sur ce pays quasi inconnu (si ce n'est Khadafi et quelques infos glanées sur la révolte de 2011 et encore), complexe également, étonnée, outrée, choquée par la barbarie sans nom d'une dictature cruelle au final peu connue. En revanche, je demeure une coquille un peu vide lorsqu'il s'agit de l'affect, du ressenti. Mais que cela ne vous empêche pas de vous forger votre opinion car la majorité des lecteurs a été touchée par ce récit, cette histoire « vraie », digne d'un roman (tiens donc) et par ce fils aimant, Hisham, à la recherche d'un père qui aura façonné l'être qu'il est.


Lien : http://www.livreetcompagnie...
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La terre qui les sépare

"Le pays qui sépare les pères des fils a désorienté plus d'un voyageur. Il est très facile de s'y perdre. Télémaque, Edgar, Hamlet et d'autres fils innombrables, dont le drame intime égrène les heures de silence, ont vogué si loin et parcouru de si longues distances entre le passé et le présent qu'ils semblent pour toujours à la dérive".



Que dire alors de celui qui sépare Hisham Matar de son père, disparu sans laisser de trace dans les geôles libyennes de Kadhafi ? C'est sur cette route entre passé et présent que l'auteur nous invite à cheminer à ses côtés à travers ce récit qui mêle enquête, observation et méditation. Auteur de deux romans, Hisham Matar se présente lui-même comme un auteur de fiction. Mais la nécessité de ce récit s'est imposée alors qu'il faisait pour la première fois en trente ans le voyage vers sa terre d'origine, la Libye. C'était en 2011 après la chute de la dictature. L'auteur a tenu un journal de bord afin de tenter de garder ses sentiments à distance et ce n'est que plusieurs mois après son retour à Londres que ce journal a servi de déclencheur à l'écriture de ce livre.



Fil conducteur du récit, la figure de ce père "à la fois vivant et mort. Je ne possède pas de grammaire pour lui. Il est dans le passé, le présent et le futur". Opposant politique au régime de Kadhafi, réfugié en Egypte avec sa famille, Jaballa Matar est enlevé avec la complicité du gouvernement égyptien et jeté en prison en Libye. Très vite, les nouvelles se font rares puis cessent. Après la révolution et la libération de milliers de prisonniers, la famille Matar se trouve confrontée au vide. Jaballa n'est sur aucune liste, de morts ou de rescapés. Le chemin que choisit Hisham Matar, cette quête autour du père passe par une plongée dans l'histoire d'un pays aux nombreux silences (dont la période de colonisation italienne) qui sont autant de traumatismes intimement liés à l'histoire de sa famille.



Hisham Matar est un fantastique écrivain qui livre ici un récit à la fois émouvant, percutant et poétique. Il ne cherche ni à convaincre ni à figer des faits dans le marbre. Il observe et tente de restituer au mieux les sensations et les sentiments par lesquels il passe, de rendre compte de la réalité d'un pays, avec ses failles et ses blessures. Il s'aide pour cela des références littéraires qui ont guidé sa vie, et de son oeil d'architecte habitué à regarder vraiment, ce qui nous vaut de très belles pages sur les paysages et les habitations qu'il traverse en Libye. Quant à l'émotion, elle vous surprend régulièrement au détour d'une page, sans crier gare.



La terre qui les sépare est de ces livres qui vous enrichissent en s'emparant autant de votre intellect que de vos sens. Utile et beau. Intelligent et sensible.



Un énorme merci aux Editions Gallimard et à Babelio pour cette opération qui m'a permis de découvrir un bel écrivain et une belle personne. Je suis encore sous le charme de la rencontre d'hier soir, passée bien trop vite par rapport à la densité du propos et aux multiples questions que nous aurions tous aimé pouvoir poser. Un moment rare.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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La terre qui les sépare

Un vibrant témoignage sur le pouvoir dictatorial de Kadhafi! Le plus troublant est qu'en lisant ce livre, on se rend compte que sous Khadafi, le peuple en a payé du prix, et pendant la révolution, le peuple a encore payé le plus gros prix, et après Kadhafi, le prix continue à être payé. Le récit est très touchant, on reste ému par les atrocités dont le peuple est victime. De même, la famille Matar a enduré d'affreux martyrs, pour ne parler que de la disparition du père sans laisser de traces... On sent que l'histoire se construit telle qu'elle a percuté le cœur de l'auteur, a bouleversé sa vie familiale, dérouté son histoire. Comment dire que j'ai savouré ce livre, pourtant je l'ai lu, peut-être pas d'un trait mais avec frénésie jusqu'au bout, c'est tellement bouleversant que ça laisse des souvenirs écœurants! Un livre à lire absolument !
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Au pays des hommes

« Nous sommes deux moitiés de la même âme ; deux pages ouvertes du même livre ». Histoire de mémoire, de transmission, d'enfance, de famille, de pays, de tribus, histoire de sable, de ce sable qui verse son encre sur nos tables.

Lybie. Pays d'Afrique. Pays de Méditerranée. Pays du Maghreb.

Peuple berbère envahit par les phéniciens, les grecs, les romains, les ottomans, les italiens. Mille et un visages, mille et un chemins. Le destin d'un pays n'est pas forcément le choix de son peuple.

Comme le destin d'un famille ne repose pas toujours sur le choix de ses enfants.

La mémoire est le plus souvent collective, les souvenirs nous sont toujours personnels.

« De la sollicitude.Je pense que c'est ce que je cherchais désespérément. Une sollicitude chaude, stable immuable, . En un temps de sang et de larmes, dans une Lybie pleine d'hommes couverts d'hématomes et maculés d'urine, taraudée par le manque et désireuse de se libérer, j'étais cet enfant ridicule en quête de sollicitude, et même si je n'y songeais pas en ces termes à l'époque, l'auto-apitoiement avait viré à la détestation de soi ». On a est très lucide parfois lorsqu'on a 9 ans.

Mailles serrées de destins scarifiés.

Membre de la ligue arabe , de l'union du Maghreb arabe, et membre de L'OPEP , pendant près de 42 ans, la Libye sera gouvernée par Mouammar Kadhafi.

Violence, solitude, absence, mis au secret, la douleur, le manque. Les sables sont cruellement mouvants.

L'injustice qui tape à la porte. Qui prend, torture, malmène, exécute, efface.

Un enfant, un enfant , une femme, une mère, un homme, un père une histoire de famille de coutume, de culture , de pouvoir, d'impuissance, tout se fait malaxer sous les pas de l'Histoire.

A quoi ça tient un destin ? À une dénonciation, un voisin, un livre, une opinion, un espoir, un pays, un avion , un roi, un fou,  ?

Roman d'enfance, de blessure d'enfance.

Être l'enfant de celle qui ne vous pas voulu, être l'enfant du refus , être, aussi, l’enfant de celui qui a pris, être l'enfant de la victime et du bourreau , mais être aussi l'enfant de l'aimante, la délirante et du héros, du résistant. Etre l'enfant tout simplement nés de l'union de cet ensemble. Etre l'enfant qui tente d'exister, de prendre sa part, de se faire entendre, peut être comprendre, se vouloir, e savoir être aimé au milieu d'un cauchemar.

Etre celui qui partira, qu'on éloignera, qui se verra rejeté pour être sauvé , qui se verra sacrifié pour espérer la liberté. Suleiman devient « Moïse »…. Sera-t-il sauvé ? « deux pages ouvertes du même livre »...L'histoire des hommes se lit toujours dans le sens de leurs âmes.  

Énormément d'humanité dans ce roman, rien n'est facile, rien n'est évident. L'humain dans toute son étrangeté et toute sa communauté.

Amour, désir, passion, filiation, révolte, soumission, abnégation, héritage, deuil, partage, exil, langage.

C'est complexe une société. Comme une vie.

Multiple et complexe. C'est fragile un enfant, fragile et extrêmement fort. C'est vivant.

Peur, doute, mensonge, Pour Suleiman, 9 ans, le monde des adultes est étouffant. Faut il grandir à ce prix ? Doit on craindre, aimer, juger ? Quand commence t on à vivre ? Qu'emporte-t-on de son enfance, que reste t il de son pays ? Entre les mains de l'homme reste le regard de l'enfant. C'est la marque du temps, l'empreinte qu'il laissera dans les sables. Ce même sable qui verse son encre sur nos pages. Une trace pour retrouver son chemin.



Astrid Shriqui Garain

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La terre qui les sépare

C'est dans la liste de la lectrice Fanfanouche " dictature , gangrène des gouvernances " que j'ai pioché pour choisir ce livre .

Les dictatures ont des fonctionements similaires : élimination ou emprisonnement des intellectuels , journalistes ou écrivains et ce fut donc le cas sous le règne de Kadhafi comme le raconte ce livre .

Je savais bien peu de choses concernant l'histoire de la Lybie en dehors du fait que le tyran fut invité en grande pompe par Nicolas Sarkozy .

L'écriture est vraiment plaisante et atténue quelque peu la violence des faits . L'emprisonnement durant une vingtaine d'années du père de l'auteur et l'ignorance de ce qu'il a pu devenir est la trame même du livre

C'est désormais un auteur dont j'essaierai de me procurer les autres écrits tant j'ai appréciée la lecture de ce titre .
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La terre qui les sépare

Si « le meilleur régime politique est la monarchie absolue tempérée par l’assassinat », comme l’affirme Stendhal, le régime Kadhafi est à notre époque un modèle admiré, envié, encensé par nombre de dirigeants notamment africains dont les archives montrent aujourd’hui qu’ils étaient stipendiés par les profits issus du pétrole libyen. Des occidentaux profitèrent aussi de cette générosité qui assura au tyran un règne aussi long que dévastateur.



« La terre qui les sépare » est l’émouvant récit de cette quête et contextualise cette enquête en l’inscrivant dans l’histoire de ce territoire tout au long du XX siècle : invasion italienne, dictature mussolinienne, seconde guerre mondiale, décolonisation, royauté, coup d’état, dictature, printemps arabe, guerre civile … En 3 générations la famille de Hisham a vécu, avec héroïsme cette épopée, et nous vivons les exploits du grand père, du père et des oncles , puis l’incarcération d’une grande partie de la famille MATAR dans les bagnes de Kadhafi.



Avec pudeur, mais aussi beaucoup d’émotions, et notamment quand il décrit les exploits de sa mère, Hisham nous fait vivre cette tragédie et la grave dans le patrimoine de la civilisation car cet écrivain qui apprit à lire en se plongeant dans la poésie jusqu’à l’âge de 20 ans, inscrit sa tragédie familiale dans le prolongement de l’Odyssée et y trouve matière à réflexion ce qui hisse ce livre au niveau de l’archipel du Goulag et des récits sur la Shoah.



Chef d’oeuvre, lu d’une traite, cet ouvrage admirablement traduit par Agnès Desarthe, ne laissera pas le lecteur indemne et le plongera dans l’actualité en l’entrainant dans les ruines de Benghazi et les combats dans Tripoli.



Merci à Babelio de m’avoir adressé en avant première ce roman magnifique. Puisse l’éditeur, avant la mise en vente de ces pages, corriger page 198 la conjugaison « j’y allait exprès » … car si Gallimard oublie l’orthographe où allons nous ?
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La terre qui les sépare

Un véritable coup de cœur pour ce roman où l'auteur, Hisham Matar, revient sur les évènements qui ont poussé sa famille à fuir la Libye pour le Caire, puis sur ses longues années d'exil, l'emprisonnement de son père, opposant politique à Kadhafi et son premier retour en Libye en 2012.



On y découvre une famille cultivant un amour inextinguible pour la littérature et la démocratie, et dont le patriotisme se noue paradoxalement à une vie d'exil entre Nairobi, Le Caire, Paris et Rome pour tenter de se soustraire aux services secrets à la botte de Kadhafi.



Roman de l'exil par excellence, La terre qui les sépare est tout autant une quête de la vérité pour découvrir si et comment le père du narrateur a disparu dans les geôles du régime, qu'un prétexte pour se souvenir de cette figure emblématique qu'est Jaballa Matar, dont on croit percevoir l'esprit tour à tour chez son fils et chez la multitude d'oncles, cousins et amis qui le fréquentèrent. On y découvre le portrait d'un père ayant sacrifié sa famille à l'idéal de la démocratie, et celui d'un fils dont les repères se troublent face à l'absence et au silence qui entoure la disparition de son père.



Tout au long de cette quête éperdue et des pistes qu'Hisham Matar explore se dessine un monde où la littérature et la poésie sont les clés de voûte d'une société avide de changements suite à la dictature de Kadhafi ; amour littéraire qui contraste d'ailleurs avec, comme le dit l'auteur, le faible nombre d'écrits sur l'histoire moderne de la Libye : on en apprécie que plus La terre qui les sépare qui fournit aussi de précieuses informations sur l'histoire libyenne, des trois provinces de la Cyrénaïque, de la Tripolitaine et du Fezzan à l'invasion italienne dont la violence fut tue et amoindrie jusqu'à être éclipsée par la barbarie de la Seconde Guerre mondiale. Cette page secrète de l'histoire italienne m'a d'ailleurs rappelé le roman de Mazaa Mengiste Le roi fantôme, qui traite de l'invasion italienne en Ethiopie.



Un roman magnifique qui se clôt sur les tentatives désespérées du narrateur auprès des autorités britanniques, dont il dénonce le rapprochement avec la Libye sous Tony Blair, mais aussi sur l'espoir vite douché qu'a suscité les manifestations des pays voisins tunisien et égyptien, avant qu'elles ne gagnent la Libye.

Quelle tristesse de voir le chaos dans lequel le pays s'est replongé, avec des élections reportées une énième fois.
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La terre qui les sépare

Hicham Matar est un splendide romancier. Au pays des hommes et Une disparition racontaient notamment comment un garçon libyen vivait l'absence d'un père emprisonné. Bien entendu, il y avait dans ces deux livres, derrière la fiction, une veine autobiographique très marquée quand on connaissait un peu l'histoire de l'auteur, né à New York et vivant à Londres mais ayant passé toute son enfance en Libye et "perdu" son père à l'âge de 19 ans quand celui-ci a été emprisonné par le régime de Kadhafi. La terre qui les sépare, le dernier ouvrage de Hisham Matar, s'annonce d'emblée comme un récit, celui de la quête d'un fils, Matar lui-même, pour un père dont il ignore s'il est encore vivant ou non, après que la révolution de 2011 a ouvert les portes des cellules. Le livre raconte le retour de l'auteur dans son pays de coeur mais il est bien plus que cela : c'est un ouvrage intime autour d'un deuil impossible, une enquête minutieuse pour connaître la vérité et enfin une histoire d'un pays qui a connu moult occupations étrangères : phénicienne, grecque, romaine, arabe, ottomane, italienne ... avant que seulement après 18 ans d'indépendance, Kadhafi ne confisque le pouvoir pour plus de 40 ans d'un règne sans partage, d'une cruauté sans nom pour ses opposants. Le style de Matar est toujours aussi superbe, ce qu'il évoque, sans trémolos et parfois un peu de distance, par pudeur, est d'un énorme intérêt. Cependant, il n'est pas interdit de trouver le récit qui fuit la linéarité parfois un peu confus, en particulier du point de vue temporel. Perdre le fil un moment, et confondre les nombreux personnages qui peuplent le livre, ne sont pas toutefois rédhibitoires. Hommage à un grand homme, et à un père, et partant à tout un peuple qui a lutté contre un tyran épouvantable, La terre qui les sépare fera sans doute davantage connaître Hisham Matar que ses deux premiers romans, hélas passés inaperçus, du moins en France. Tant mieux, cet écrivain le mérite amplement.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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