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Citation de lafilledepassage


Le pays qui sépare les pères des fils a désorienté plus d’un voyageur. Il est très facile de s’y perdre. Télémaque, Edgar, Hamlet et d’autres fils innombrables dont le drame intime égrène les heures de silence, ont vogué si loin et parcouru de si longues distances entre le passé et le présent qu’ils semblent pour toujours à la dérive. Ce sont des hommes qui, comme leurs semblables, sont venus au monde par le biais d’un autre homme, un mentor, qui leur a ouvert la porte, et qui, s’ils sont chanceux, l’a fait avec douceur, en leur adressant peut-être un sourire rassurant et en posant sur leur épaule une main encourageante. Les pères savent forcément, ayant eux-mêmes été des fils, que la présence fantomatique de leur main restera des années durant et jusqu’à la fin des temps, et que, quels que soient les fardeaux qu’on accumulera sur cette épaule et le nombre des baisers que l’amour viendra y déposer, sans doute attiré par le désir secret d’effacer le sceau d’un autre, cette épaule restera pour toujours loyale, en souvenir de la main de cet homme qui a eu la bonté d’ouvrir les portes du monde. À chaque jour qui passe, le père s’enfonce plus profondément dans sa propre nuit, dans le brouillard, laissant derrière lui des lambeaux de ce qu’il a été et cette vérité monumentale et pourtant simple, à la fois frustrante et bénéfique -car comment le fils pourrait-il continuer à vivre s’il ne lui est pas donné d’oublier à mesure-, cette vérité qui tient en une phrase : quels que soient nos efforts nous ne pourrons jamais pleinement connaitre nos pères.
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