les gens sont des nuages
Extrait 5
les gens sont des nuages
et tu penses non-respect des horaires
les gens sont des nuages
et tu penses insubordination
les gens sont des nuages et
tu penses faute grave
l'écorce des arbres elle
tu en es sûr et certain
fabrique du paracétamol
le centre
un hall
un cimetière
un sauna cul
une cour intérieure
un bar miteux aux vitres poussiéreuses
quatre heures de l'après-midi
les schmits dégagent d'un banc un sdf endormi sur son barda
non loin de la gare
une femme légèrement ivre reprend un rosé en terrasse
parle-t-elle toute seule
parle-t-elle au téléphone
me parle-t-elle à moi
larguée par un homme beaucoup plus jeune qu'elle
elle n'arrive pas à se décider à quitter cette ville
c'est le vieux passe-temps du sexe et des sentiments
c'est la vieille histoire de la bonne personne amoureuse
de la mauvaise
sur le trottoir d'en face
entre les chaises
les moineaux gueulent comme des putois
beau vert des arbres au bord de l'eau
sur la rive du canal les feuilles brillent comme des cristaux
jolies sensations qui viennent du ventre
avant de remettre mes lunettes
de soleil correctrices
je profite encore un peu de cette force
l'important n'est jamais au centre
Cerise ironise
les bars c'est pas bon ni pour le bronzage ni pour sentir bon
mais où c'est glauque Cerise trimballe toujours des trucs sexy
comme son petit air de savoir jongler avec des grenades
ainsi que sa façon de plisser les yeux pour me dire bonjour
d'ailleurs c'est trop bon comme elle me dit bonjour Cerise
jamais loin de ma bouche
c'est pure aquaticité et c'est pure grenadine
et quand elle ironise Cerise
passque les draps en fondant m'ont fait des cicatrices
passque j'ai l'air assez debout pour me casser la gueule
mais c'est peut-être ça aussi notre sort à tous
pour peu qu'on veuille avancer
ben c'est bref
mais d'un coup j'imagine un peu mieux ce truc bizarre
qui veut que je dure encore un petit peu
et c'est comme sourire moi je dis
comme un putain d'ivrogne parti pisser
en pleine nuit au bord du bord d'un précipice
les bars c'est pas bon ni pour le bronzage ni pour sentir bon
soudain ton père te manque
sa vulnérabilité surtout
soudain ton père te manque
et tu as le visage triste d’être ici
tu ne sais pas trop pourquoi
peut-être à cause du temps
peut-être à cause de l’endroit
peut-être à cause du temps
peut-être à cause de rêves impossibles
chanson d’amour pour personne
musique de film qui n’existe pas
MON ESPRIT EST UN CHIEN
mon esprit est un chien
ni ciel ni terre ni ciment juste mon souffle dans les champs
vides qui craquent comme des canettes comme des coquilles
il fait vraiment bon ce soir
la vie et le temps ne se percutent pas en me laissant des
cicatrices dans la vallée l'air frais qui circule me régale
le vieux raciste alcoolisé a réussi à choper le dernier bus
les artistes et les avocats ont arrêté de frimer
l'institutrice qui voulait se faire des amis sans pour autant
tomber enceinte est rentrée chez elle
il n'y a donc plus personne pour venir tout gâcher en ouvrant
sa gueule plus personne à fuir ou à faire fuir
il fait vraiment bon ce soir
mon esprit est un chien
chanson ratée
il neige sur les cerisiers en fleurs
il neige la plus neuve des neiges
je rêve mais je suis bien réveillé
ils ne sont pas assez assassinés les politiciens qui inventent de
nouvelles guerres
brigadiers et brigands sous un maillot différent font parfois partie
de la même équipe
les filles hélas finissent toutes par se ressembler
il neige sur les cerisiers en fleurs
il neige la plus neuve des neiges
il faut vite que je redevienne important à moi-même
les gens sont des nuages
Extrait 1
que tu sois prêt ou pas la vie avance
les gens sont des nuages
et tu fais confiance à un type qui te dispense le meilleur
de sa philosophie tout en vendant de l'oxycodone à des
lycéens
faudrait pas que tu traines et tu traines à mort
faudrait que tu dégages loin de là et tu le fais pas
l'écluse
le restau routier
le terrain de football aux cages rouillées
la fille obèse et ennuyeuse
les gendarmes qui t'ont à l'œil
petite ville typique tenue par les zombies de dieu
leur histoire en résumé c'est comme d'habitude l'histoire
d'une spoliation
…
bâtard titre de noblesse
je suis ici et c'est toujours la journée des chiens moches et des bras en écharpe et des machines à punir vite pour qui chaque cœur chic est une cible potentielle
lorsque cette réalité me fait souffrir et que les statistiques sont brindilles mortes
j'en choisis une autre où vue de face une ligne droite forme un point
où toutes les histoires n'en forment plus qu'une
où tu me dis paranoia
où je te dis lucidité
où tes les armes dont je me barde proviennent exclusivement de mes blessures
bâtard titre de noblesse
quand je me laisse aller à la gentillesse des gens bien jamais je n'oublie la franchise des monstres
mais ne parlons plus des choses tristes…
mais ne parlons plus des choses tristes
de la laideur sordide du quotidien
de la vie qui nous pousse à faire des mauvais choix
parlons des raccourcis à travers les ruelles et les immeubles
désaffectés
de la couleur grise des tourterelles
des ombres qui volent que sont les libellules
de l'herbe géante
des bouleaux
de l'infini du ciel
des 29 km par seconde de la terre qui se déplace
il fait si bon ici en amont du fleuve non loin du pont abandonné
dans la grandeur de quelques feuillus
dans la musique qui ne s'entend pas
dans cette force inconcevable qui prodigue de si délicates caresses
il fait si bon ici