Chan-Malik explique d'ailleurs que King et Malcolm X avaient plus en commun que ce que l'histoire nous a laissé croire :
« On dépeint dans la presse Malcolm X et King comme deux antagonistes, et cette impression perdure jusqu'aujour'dhui, posant que l'un était pour l'intégration, la paix et l'amour, et l'autre pour la libération des Noirs par tous les moyens nécessaires, quitte à prendre les armes. On veut dépeindre Malcolm X comme un agitateur, comme cet insurgé dont le discours plus libéral des droits civiques doit se débarrasser. Même si Malcolm et Martin amorcèrent leurs combats dans des lieux très différents, à la fin de leur vie, leur pensée et leur façon d'aborder les problèmes de leur époque convergeaient vraiment. »
Projetées dans un monde en constante mutation et confrontées non seulement à des conflits internes, mais aussi à une oppression externe due à la suprématie blanche, les Églises noires durent répondre à l'impatience de leurs membres. Cette insatisfaction, fondée dans ce monde et non dans celui à venir, visait à libérer les Noirs des contraintes de la ségrégation et à leur accorder une pleine participation à ce pays que leurs ancêtres avaient édifier sans rémunération, ni gratitude, ni reconnaissance de leur humanité.
Aux yeux de l'historienne Evelyn Brooks Higginbotham, de Harvard :
L'Église a deux identités. L'une d'elles consiste à être oppressive envers les femmes. C'est intéressant, car, en étudiant l'esclavage et l'Église du maître, le même genre de message s'adresserait à l'esclave. Ainsi, lorsque les femmes commencent à réclamer leur autonomie, elles dénoncent cette double contradiction. Je pense que, pour les hommes, céder aux femmes signifiait de bien des façons, dans leur tête, une émasculation. Puis ils avaient la Bible, pour leur dire qu'ils étaient censés dominer. Seulement, les femmes l'avaient aussi et pouvaient répliquer : « Les Écritures disent plus que ça, mes chers. »