Hörbuch-Tipp der Woche: Honigtot
Les ouvrages de tous les auteurs que l'on trouvait reliés en cuir fin dans la bibliothèque de Gustav, parmi lesquels ceux d'Heinrich Mann et de son frère Thomas, le prix Nobel de littérature, d'Heinrich Heine et de Kurt Tucholsky, périrent dans les flammes.
- " Là où l'on brûle les livres, on brûlera un jour des hommes" dit Gustav à Elisabeth en citant Heine.
Elle-même avait depuis longtemps dépassé le stade de la peur. La mort était la mort et faisait sa moisson quand bon lui semblait. À la guerre, il n’y avait pas de vainqueur et pour l’instant, seuls les morts avaient vu la fin de cette guerre-là.
Les souvenirs sont des bêtes voraces, et pendant que j’écrivais ce livre, je me suis souvent sentie exposée sans protection aux tempêtes de mes émotions. Mon effrontée de petite-fille prétend que c’est mon grand âge qui me rend sentimentale. Si ce n’était que cela, j’en serais trop heureuse.
Et au cœur de la guerre, elle avait vécu un amour si bouleversant qu’il la réchauffait encore. Mais elle avait également enduré des épreuves dont elle avait refoulé le souvenir dans les recoins les plus reculés de son âme. Était-elle vraiment prête à les tirer de l’obscurité, tous ces esprits et ces démons de son passé, à être de nouveau confrontée à eux ?
La réponse était oui. Elle avait une dette à régler et elle était dépositaire d’un secret qu’elle ne voulait pas emporter dans la tombe.
Quel cours aurait pris le destin de l'Europe si Hitler avait été admis à l'Académie des beaux-arts de Vienne ? Une seconde guerre mondiale aurait-elle éclaté ? Aurait-on lancé la première bombe atomique ?
L'expansion du communisme aurait-elle été moins importante, de même que la guerre froide qui en aurait resulté ? L'Allemagne et Berlin auraient-elles été divisées et le mur de Berlin aurait-il -il été construit ?
On mène le monde à l’abîme et en détournant les yeux, exactement comme autrefois. C’est la même politique d’apaisement qu’il y a quatre-vingts ans, et ça m’horrifie. Mais l’essentiel, n’est-ce pas, c’est que l’industrie mondiale de l’armement prospère…
« Tout cela est vraiment aussi triste que stupide, songeait Gustav.
Le monde pourrait être un paradis si seulement les hommes étaient capables de vivre en paix » ..
Ce seront des intérêts économiques qui détermineront a l'avenir la marche du monde. le capital est la nouvelle idole qu'il honorera désormais.
« L’instinct du mal ressemble d’abord à un passant ,
puis à un invité et enfin au maître de la maison » .
Talmud. , Bavli Sukka 52.
Le pays point grand-père en parlait souvent. Il évoquait un endroit lointain dans une contrée lointaine, des prairies illuminées par le rouge des coquelicots, des arbres courbés sous le poids des fruits, un endroit où l'air sentait toujours l'été. Je ne comprenais pas pourquoi il avait quitté ce pays de conte de fée. Un jour, je l'ai regardé ; il m'a observé un long moment puis m'a dit "Ma petite chérie, tu ne peux pas comprendre. La guerre est une voleuse".