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Citations de Gwen Strauss (19)


La pensée limite la compréhension. Tandis que j’écris ce récit, je me demande si le langage, à son tour, limite la pensée. Les familles que j’ai interrogées, les descendants des neuf femmes qui se sont évadées ce jour-là en Allemagne, disent tous la même chose : leur mère, leur grand-mère ou leur tante ne pouvait pas décrire complètement ce qu’elle avait vécu. Il y a une limite à ce que l’on peut dire, et même si ces femmes ont raconté leur histoire , il restait toujours une part de non-dit.
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Les camps de travail forcé constituent une gigantesque source de profit pour la machine de guerre nazie. Les industriels allemands paient le gouvernement pour cette main-d’œuvre et l’argent va directement dans les caisses du Parti. Les SS louent les prisonnières au prix de quatre reichsmarks par jour, à dix-neuf entreprises allemandes, notamment Krupp, BMW,IG Farben et Siemens. Germaine Tillion, qui travaille comme secrétaire dans le camp, a pu constater les bénéfices considérables amassés par Himmler et ses comparses sur le dos des déportées. Leur maintien en vie ne coûte presque rien et, de surcroît, les nazis revendent ce qu’ils leur ont volé, y compris les dents en or qu’ils arrachent. En septembre 1943, Rudolf Bingel, le dirigeant de Siemens, est si satisfait des bénéfices qu’il a engrangés, qu’il offre 100 000 marks au « cercle des sympathisants » de Himmler. Les banques ont elles aussi profité de cette manne, et elles sont restées largement impunies après la défaite de l’Allemagne.
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La foule brandit les clichés en les agitant frénétiquement, les familles veulent qu’on regarde « leur » photo, celle d’une mère, d’une sœur, d’une tante. Des photos de mariage, des scènes de pique-nique avec de radieuses jeunes filles, des mères tenant dans leur bras de gros bébés joufflus. Les visages ne leur disent rien, elles n’identifient personne. Et les gens, de leur côté, essaient de reconnaître un être cher parmi ces femmes squelettiques, épuisées, aux traits émaciés, qui leur lancent des regards apeurés.
Elles ont l’impression de rentrer dans un monde qui leur est étranger. À moins que ce ne soit elles qui proviennent d’une autre planète. Quoi qu’il en soit, le sentiment d’aliénation qu’elles éprouvent est total. Elles ne savent pas quoi faire. C’est comme si la déception qui règne sur le quai était de leur faute. Elles sont coupables d’avoir survécu. Pourquoi elles, et pas ces femmes magnifiques sur les photos ? Pourquoi sont-elles en vie, et pas l’être cher qu’on attendait ? Qui sont ces créatures étranges et squelettiques, sinon des imposteurs ?
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Hélène se dit que parfois, il est vraiment facile de jouer sur les préjugés de ces hommes. Ils sont incapables d’imaginer un seul instant un sabotage dans l’usine. Avec ces bonnes femmes idiotes, à moitié mortes de faim ! Une sorte d’exultation l’envahit. Elle peut encore résister. Les actes de sabotage aident toutes ces femmes à se sentir vivantes et utiles.
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Au début du XXe siècle, des centaines de milliers d’Espagnols ont quitté leur pays dans un premier temps pour des raisons économiques, ensuite avec l’avènement du franquisme. En France, ils se retrouvent souvent en situation précaire. Le gouvernement phalangiste les déchoit de leur nationalité et l’État français refuse de les reconnaître, d’autant que beaucoup sont rentrés clandestinement. On les parque dans le Midi, dans des camps que les nazis utiliseront plus tard pour leurs propres fins.
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De même qu’il est difficile de savoir combien de prisonnières à peine libérées, ou combien d’Allemandes, ont été violées par les soldats soviétiques, les chiffres concernant les viols commis par les soldats américains n’ont pas été établis, et les estimations sont sans aucun doute en deçà de la réalité. Après avoir reçu des rapports alarmants, les autorités militaires se sont débarrassées du problème en accusant les Noirs.
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De Gaulle a créé l’ordre de la libération pour que soient reconnus les héros de la Résistance, mais sur les 1038 compagnons, seuls six sont des femmes, dont quatre sont décédées avant la fin de la guerre. Il a demandé aux femmes de se mettre en retrait pour laisser les hommes recevoir les honneurs. Les Français avaient subi assez d’humiliations. Germaine Tillion rappelle : « Dans la France de 1940, il n’y avait plus d’hommes, c’étaient les femmes qui ont démarré la Résistance. Les femmes qui n’avaient pas le droit de vote, pas de compte en banque, pas d’emplois, mais qui étaient capables de résister. »
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Nombre d’anciens prisonniers sont décédés dans les jours qui ont suivi la libération, 15 000 rien qu’à Bergen-Belsen, par exemple. Certains survivent assez longtemps pour être libérés, puis lâchent prise. Il n’est pas rare que des familles ayant rejoint en hâte un hôpital de campagne pour retrouver un proche rescapé n’arrivent que pour lui dire adieu.
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Quelques 2000 femmes ont ainsi été tondues en public et exposées à la vindicte populaire. Elles doivent payer pour l’humiliation de la France et la collaboration de Vichy. Pétain, déjà, avait stigmatisé le corps des femmes en rendant la dénatalité responsable de la choquante rapidité avec laquelle l’armée française avait été mise en déroute par les troupes allemandes. Les tondues sont ostracisées de leur village, de leur foyer. Les enfants nés de ces unions avec l’ennemi en porteront la honte toute leur vie. Quel contraste par rapport à tous les hommes qui se sont enrichis grâce au marché noir, ont collaboré ou commis des méfaits bien pires encore, et qui continueront de vivre en toute impunité.
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En partageant ces « repas », ce sont des souvenirs qu’elles savourent, sans que ce soit trop douloureux. Il est dangereux de penser aux proches qu’on a perdus, un enfant, un conjoint, un père ou une mère. La douleur peut faire perdre l’esprit, la mémoire risque de vous entraîner dans une spirale mortelle. En partageant le souvenir d’un bon repas, les femmes retrouvent leur humanité sans que la souffrance soit trop aiguë. Les recettes les relient au monde extérieur, à leur vie d’avant et à leur vie après. Et elles créent un lien avec les autres groupes de déportées. Tout le monde mange, tout le monde a un plat préféré. Il n’est pas donné à tous de pouvoir écrire une chanson ou un poème, mais le souvenir d’un bon repas est universel.
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En l’écoutant, Nicole imagine un autre espace-temps. Elle comprend le pouvoir du langage, et que l’on peut s’évader par la parole.
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Fin novembre, le champ qu’elles aperçoivent de l’autre côté des barbelés se couvre de neige. Le dimanche, des familles viennent se promener dans le coin. Poussant des landaus, tenant leurs enfants par la main, elles contemplent les étranges créatures parquées derrière le grillage, les femmes décharnées en pyjama rayé, comme exposées en cage.
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« Cette histoire ne peut raconter que le destin de quelques femmes, parmi tant d’êtres humains qui ont lutté pour conserver leur dignité malgré les conditions dégradantes et malgré les efforts des nazis pour les anéantir », me lança-t-elle d’une traite comme si elle avait préparé sa réponse à l’avance.
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La nuit du 17 août 1943, les Alliés ont bombardé l’usine de Peenemünde, centre de recherche et de fabrication des V2, mais l’ingénieur Wernher von Braun a réussi à sauver les plans, et dix jours après, la production a redémarré en secret en Thuringe, dans des galeries souterraines. C’est ce qui deviendra le camp de Dora-Mittelbau.
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M. Gérard Fromm, spécialiste de la transmission transgénérationnelle des traumatismes psychiques à écrit : ce que les êtres humains ne peuvent pas endiguer de leur expérience-ce qui représente un traumatisme insurmontable, insoutenable, inconcevable- est exclu du discours social, mais très souvent se transmet à la génération suivante sous forme de sensibilité affective ou d'imperiosité chaotique.
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Avant de voler la liste des nazis, Odette a ramassé des bouts de papiers sur le sol de l'usine de la Hasag et fabriqué un cahier de fortune. Elle y mentionne qui se trouve avec elle dans le camp, qui a été transferé, ou assassiné.
(...)
Tout ce travail clandestin révèle son obsession de faire connaître la vérité.

(...), je sens la présence de toutes ces personnes qui, comme Odette, ont risqué leur vie pour consigner et sauvegarder ce qu'elles pouvaient.
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Selon certaines estimations, 100 000 femmes ont été violentées par les occupants soviétiques. Lors de sa publication en 1959, ce recit a été vilipendé parcequ'il portait atteinte à l'honneur des femmes allemande.
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-Est-ce tout ce que vous avez réussi à sauver, mon enfant ?
-Non, madame. J'ai aussi sauvé ma vie.
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Je comprend désormais à quel point il est important de préserver ces lieux témoins, mais en même temps, quelque chose en moi voudrait que la nature reprenne ses droits.
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