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3.6/5 (sur 62 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : La Tronche , le 10/03/1963
Biographie :

Gilles Rozier est un écrivain et traducteur français.

Né dans une famille juive ashkénaze, il est spécialiste de littérature yiddish. Il est écrivain, traducteur du yiddish, de l'hébreu et de l'anglais, éditeur et chroniqueur littéraire.

Après des études à l’ESSEC (1981-1984), il a suivi les enseignements de yiddish de Rachel Ertel et Yitskhok Niborski à Paris, et d’Avrom Nowersztern à Jérusalem. Après une courte carrière dans la distribution, il est entré à la Bibliothèque Medem en 1994 en tant que directeur et a soutenu un doctorat de littérature sur l’œuvre de l’écrivain yiddish Moyshe Broderzon, sous la direction de Rachel Ertel en 1997.

Il a enseigné le yiddish à l’Université Paris VII et au Centre Medem pour le yiddish, puis à la Maison de la culture yiddish, ainsi que dans les université d’été de Paris (Maison de la culture yiddish) et de Varsovie (Fondation Szalom).

Romancier et poète il se consacre à la préservation d'une culture menacée par l'oubli, celle des Juifs d'Europe de l'Est. Il est auteur de nombreux romans, dont "Un amour sans résistance" (2003) (traduit en douze langues et adapté au théâtre en 2019) et "D’un pays sans amour" (2011) (traduit en six langues).

Il a été directeur de la Maison de la culture yiddish-Bibliothèque Medem de 1994 à 2014 et a rejoint le conseil d’administration à la cessation de ses fonctions.

En 2016, il a fondé avec Anne-Sophie Dreyfus les éditions de l'Antilope.

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Source : http://auteurs.arald.org
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Les littératures Yiddish et hébraïques - Carte blanche aux éditions de L'ANTILOPE avec Gilles Rozier et Anne-Sophie Dreyfus - samedi 30 septembre 2023, 14h-15h, Château du Val Fleury, Gif-sur-Yvette (Paris-Saclay) Festival Vo-Vf, traduire le monde (les traducteurs à l'honneur)


Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Mon père avait la République chevillée au corps. C'était sa religion. Hors la République point de Salut. Il n'aurait jamais inscrit ses enfants dans le privé, alors mon frère et moi avons toujours fréquenté l'école publique. Il ne s'agissait pas seulement d'une foi infaillible dans son enseignement institué sous la troisième République en bras armé de la Nation. Il avait la conviction que le brassage était le ferment de la vie en société.
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La mémoire est une pelote de laine, un nœud de serpents, des grains de riz dans un bocal, un jeu de mikado. Comment tel souvenir est-il invité à remonter à la surface de cet embrouillamini ?
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Les écrivains peuvent faire mal sans le vouloir. En convoquant le dévoilement de leur existence, ils emportent celle d'autres qui ne demandent qu'à vivre en paix. Ils embarquent dans leur cérémonie des vies qui ne sont pas les leurs.
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Le moment est simplement venu de me remémorer, le souvenir remonte parce le magma de la mémoire est une substance mouvante et que, comme un océan finit par déposer sur la rive un corps englouti, ma mémoire se décide à la régurgiter.
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Je me souviens du slogan clamé sur toutes les ondes après la première crise pétrolière, celle de 1973. La France s’est lancée dans la chasse au « gaspi » et les spots annonçaient : « En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées. »
En 1978, mon père nous promettait l’exil au Québec si l’Union de la gauche remportait les élections législatives. J’ai commencé à m’imaginer sur un traîneau tiré par des chiens, dans des forêts bien plus denses que nos forêts des Alpes et des étendues de neige bien plus immenses que les nôtres.
1979. La gauche n’était pas passée mais nous sommes quand même partis. Dans le Pas-de-Calais. Mon père y était muté. Il a fallu recommencer une vie, se faire des nouveaux amis. C’était peut-être mieux ainsi.
1975, rien. Le rien du journal de Louis XVI en date du 14 juillet 1789. Rien dans l’histoire de France, rien dans ma vie, seulement cette classe de cinquième 2 au collège de Vizille, un bourg traversé l’hiver par les skieurs de l’Europe entière en route vers l’Alpe d’Huez.
Vizille ensommeillée en aval de la grise vallée de la Romanche dont les rares habitants ne voient le soleil que quelques heures par jour en été, jamais en hiver. Vizille, son château édifié par le connétable de Lesdiguières, son collège flambant neuf construit sur le modèle d’Édouard-Pailleron à Paris. En 1973, l’incendie du collège Édouard-Pailleron avait fait vingt morts.
Il s’était passé quelque chose en 1975, mais je l’avais éjecté de ma mémoire, placé dans un recoin de mon cerveau.
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Le collège s'appelait les Mattons avec deux t, mais à l'oreille, le nom donnait la sensation d'une prison. Qui avait eu l'idée de donner à l'établissement le nom du quartier ? Quel conseil municipal de cette mairie communiste, quel recteur d'académie avait préféré ces relents pénitentiaires au souvenir d'un prestigieux homme de lettres ?
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Avez-vous déjà vu parmi les champs de neige
Des hommes gelés en rangs l'immobile cortège ?

Sans un souffle étendus , marbrifiés et bleus ,
Leurs corps sont là , pourtant la mort n'est pas en eux .

Car leur âme gelée a des lueurs fugaces ,
Poisson doré saisi dans sa vague de glace .

Ni muets ni bavards : chacun pense sans bruits ;
Le soleil a gelé lui aussi dans la nuit .
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INCIPIT
L’ardoise tenue par cette adolescente blonde indique « année scolaire 1974-1975 », mais sans la précision, l’on comprendrait au premier coup d’œil que la photo a été prise dans les années 1970. La professeure de mathématiques exhibe une coiffure à la Mireille Darc dans Le téléphone rose, version brune. Les cols de chemise sont pointus, les pantalons évasés, « pat’ d’éph » comme on disait.
Il est assis au premier rang, le deuxième à partir de la gauche. Il a les cheveux longs mais sans outrance, une coiffure beaucoup moins exubérante que celle de ses camarades, on devine qu’il n’ose pas l’excès de ces années où pourtant presque tout est permis. Il est habillé de bleu, pantalon de toile bleue, chemise ciel, blouson bleu. La couleur dictée par sa mère. « Un enfant aux yeux bleus porte du bleu. » Il est assis au premier rang parce qu’il est petit. Il a un an d’avance. Bon élève, donc. Son corps n’est pas encore passé à la moulinette de l’adolescence alors le photographe ne l’a pas placé à côté de Vincent et de Pierre, le blond et le brun debout au dernier rang, les deux seuls garçons sur la ligne de crête parmi une série de filles longues comme des tiges de marguerites : Pascale, Christine, Ghislaine, Éva, Josiane, Marylène. Peut-être est-il devant, collé à la prof de maths, parce qu’il est bon élève, un peu fayot même, il a toujours aimé l’école, il adorait le maître en primaire, et à présent les professeurs du collège. En classe, il est souvent le premier à répondre. Sur son visage, un sourire à peine esquissé. De la tristesse dans son regard. On me le dit encore : j’ai une tristesse dans la pupille dont je ne parviens pas à me départir. Car lui, c’est moi. Enfin pas tout à fait. Un moi à plus de quarante ans de distance, un collégien dont je ne me souviens guère, un garçon encore niché auquel je n’ai plus vraiment accès. Il s’est perdu dans le lointain pays de l’enfance, dans l’épais brouillard des années passées. Elles se sont agglomérées les unes aux autres et ont laissé une masse de souvenirs et d’oublis, série de flashs aspirés par une matière noire, un flou dans lequel il faut sans cesse poser des balises afin qu’il ne se transforme définitivement en chaos.
J’ai un souvenir très vif de la mort du général de Gaulle en 1970. Je me souviens du visage de mon père quand il a appris la nouvelle à la radio. Il perdait son père spirituel, celui qui accompagnait sa vie depuis l’enfance. Je ne comprenais pas très bien comment la mort d’un chef d’État pouvait tant l’affecter et je me suis tu, me contentant d’observer.
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Vous me demandez, jeune homme, de convoquer des souvenirs que je n'ai cessé de solliciter pendant des années, mais il m'avait semblé ces derniers temps que l'heure était arrivée de les laisser en paix, non qu'une quelconque quiétude m'eût envahie ; seulement, les jours passant, puis semaines, mois et enfin décennies, il paraissait vain de vouloir capter une parcelle de mémoire, une réminiscence qui fût, si ce n'était consolatrice, du moins apaisante.
Vous me priez de raconter d'un monde à jamais englouti, et quand bien même je parviendrais à replacer les événements dans l'ordre exact où ils se sont déroulés, ou plutôt celui dans lequel ma mémoire les a fixés, comment pourrais-je vous faire respirer l'air d'un temps qui n'est plus, vous donner à sentir les effluves du marché, les choux, les pommes de terre, les poulets dans leur cage avant qu'ils passent sous la lame de l'abatteur, les harengs en saumure, restituer l'odeur persistante de tabac de l'Union des écrivains où j'ai passé mes premières années, courant à quatre pattes entre les bottes d'un poète de Galicie et celles d'un romancier des bas-fonds, et quand bien même je le pourrais, que vous disent ces noms, Markish, Warszawski, Singer, Rawicz, au regard de ce qu'ils m'évoquent ? Avez-vous jamais entendu ceux de Zusman Segalowicz et Yekhiel-Yeshaye Trunk ? Peut-on partager ce que l'autre ne connaît pas ? Comment pourrais-je rappeler cette époque et ces lieux dans votre langue alors qu'aux tables de l'Union, on parlait yiddish surtout, hébreu un peu, polonais pour jurer et d'autres langues des confins, usant de vocables que certains membres avaient rapportés de leurs Babylones, des baragoins pour ainsi dire. Le roumain, l'ukrainien, le russe vous sont lointains, inexistants presque, tant vous baignez dans l'Occident, alors qu'ils me constituent. Même après tout ce temps, je les entends mais saurai-je les reproduire ? Et plus que le son de chacune séparément - car vous les entendez à Moscou, Bucarest, Lviv, Varsovie, Tel-Aviv ou New York - c'est le concert qu'elles formaient toutes ensemble, et ne formeront plus, que je ne saurais vous restituer tel que je l'ai entendu, il bourdonne encore en moi, à me rendre folle. Certains jours, je voudrais qu'il me quitte, que le dernier violon de cet orchestre cesse son crin-crin comme les musiciens de la Symphonie des adieux délaissent un à un la fosse d'orchestre après avoir mouché leur chandelle.
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J’avais cheminé dans la vie, presque toujours avec la sensation que je n’étais pas maître de mon destin, comme si j’avais pris place à l’avant d’une locomotive et qu’à l’approche d’un aiguillage, j’ignorais si la machine emprunterait les rails de droite ou ceux de gauche. Et le chemin de fer n’avait cessé de proposer de nouveaux aiguillages, de sorte que quarante ans plus tard j’étais incapable de reconstituer le trajet, la suite de hasards, de rencontres, de fuites, d’injonctions, de tentatives d’échappement et de décisions qui m’avaient amené à vouer ma vie au yiddish, à l’hébreu, aux langues juives. Etait-ce vraiment lévénement qui avait tout déclenché, comme le coup de sifflet d’un chef de gare, me lançant dans cette course folle, cette vie étourdie?
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