AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Gérard Streiff (43)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'espion qui a vaincu Hitler, Richar Sorge



Même si le titre de l’ouvrage sonne un tantinet racoleur, il n’est indéniable que Richard Sorge, en tant qu’individu sans pouvoir officiel, a joué, comme agent secret, un rôle déterminant dans le déroulement final de la Deuxième Guerre mondiale.



Ce rôle crucial a résulté dans une véritable bibliothèque de documents, biographies, comptes-rendus et monographies, de valeur hélas fort inégale, sur les prouesses de cet espion soviétique.



Du tout premier livre que j’ai lu sur Sorge comme adolescent j’ai aussi bien oublié le titre que son auteur. En 1981, par contre j’ai beaucoup apprécié de Robert Guillain (1908-1998) "L’Espion qui sauva Moscou", ainsi que d’Alain-Yves Berger "Richard Sorge a-t-il gagné la guerre ?" de 2012.



Je mentionne en passant l’intéressant film documentaire français d’Yves Ciampi "Qui êtes-vous Monsieur Sorge ?" de 1961.



Richard Sorge est né le 4 octobre 1895 à Adjikent, près de Bakou en Azerbaïdjan, de père ingénieur des mines allemand et de mère russe.

Éduqué à Berlin, ou sa famille s’était installée, il s’est porté volontaire comme soldat de l’armée allemande durant la Première Guerre mondiale. En 1916, il fut sérieusement blessé au front et boitera toute sa vie.



Après la guerre, il a obtenu un doctorat en sciences politiques et est parti à Moscou, où il est devenu membre du Parti communiste et où il a reçu un entraînement comme agent secret.

En 1930, il est envoyé par le NKVD (prédécesseur du KGB) à Shanghai sous la couverture de journaliste pour le quotidien allemand "Frankfurter Zeitung" et 2 ans plus tard à Yokohama.

Personnage pittoresque, instruit et charmant, il a réussi en un minimum de temps au Japon à gagner l’amitié de figures importantes tant allemandes, tel l’ambassadeur Eugen Ott, que nippones, tel le conseiller du Premier ministre, Hotsumi Ozaki.



C’est en 1941 que Richard Sorge a envoyé à Moscou ses 2 télégrammes qui le rendront illustre comme meilleur espion du XXe siècle :

- l’information que Hitler allait lancer l’opération Barbarossa ou l’invasion nazie de la Russie, le 22 juin 1941, et

- l’information que l’armée japonaise allait lancer une opération militaire dans le sud-est asiatique fin 1941.



Le premier message n’a eu aucune suite par la faute de Staline qui croyait qu’il s’agissait de la propagande anglo-américaine, ce qui a permis aux nazis d’envahir un pays sans la moindre préparation de défense armée.



Le second message, en revanche, a changé le cours de la guerre et de l’histoire, puisqu'il a permis au maréchal Gueorgui Joukov de transférer son armée de 400.000 hommes de la frontière orientale de l’URSS vers l’ouest en renforcement de Moscou, sous menace imminente nazie, ce qui a résulté en la bataille de Stalingrad et le tournant de la guerre, en février 1943.



Le livre de Gérard Streiff, sorti dans l’éminente collection "Histoire & Société" des Oskar Éditions de Paris, est axée sur la période du premier message, en avril 1941, à la pendaison de Richard Sorge à Tokyo le 7 novembre 1944, peu après l’exécution d’Hotsumi Ozaki.



Comme cette collection de livres est essentiellement destinée à la jeunesse, l’ouvrage est rédigé dans un langage relativement simple qui se lit très vite et contient en annexe un mini-dossier documentaire visant à restituer l’épisode de la vie mouvementée de Richard Sorge dans son contexte historique précis.

Commenter  J’apprécie          392
Le puzzle Kanapa

La nostalgie, camarades !



Bon, en fait, n'ayant pas la chance d'avoir eu des parents communistes, ce livre fut pour moi une plongée dans un univers que je soupçonnais riche mais sans réellement le connaitre. L'occasion d'une Masse Critique fit le larron, et je remercie Babelio et les éditions La Déviation.



Visiblement, l'auteur a fait ces derniers temps une fixette sur le personnage : une thèse, publiée, dont il a également extrait un premier essai et enfin ce livre. Normal aussi : Jean Kanapa fut son mentor au PCF où il le recruta, jeune homme, pour la section politique extérieure (la Polex) qu'il dirigeait alors.



L'objet du livre est donc de rendre justice à Jean Kanapa, personnage qui a suscité des inimitiés tenaces et des formules assassines, en le montrant sous ses divers jours.



Etait-il ce stalinien intransigeant, se fâchant avec quasiment tous ses amis au gré des dissensions idéologiques ?

Etait-il ce « crétin » ainsi désigné par Jean-Paul Sartre, qui fut son professeur de lycée, son premier mentor dans le Paris germanopratin d'après-guerre puis son ennemi de classe ? Kanapa avait ainsi publié un essai « L'existentialisme n'est pas un humanisme », ce qui prouve au moins qu'il ne manquait pas d'humour. Mais le qualificatif lui resta collé à la peau, jusqu'à la une de Libération à l'annonce de son décès.

Etait-il enfin cet apparatchik « courtisan » (autre qualificatif qui lui fut attribué), dont les proximités successives avec les premiers secrétaires Thorez, Waldeck-Rochet et Marchais lui valurent de finir au Bureau Politique, malgré la défiance durable de Jeanette Thorez-Vermeersch et Jacques Duclos.

Probablement oui, mais pas que.



Il fut d'abord le fils d'un banquier, et la révolte contre le petit monde bourgeois dont il était issu le mena vers les communistes, aidé en cela par leur action dans la résistance. Il fut aussi un romancier prometteur, qui se contraria lui-même pour se consacrer à l'action et la réflexion politiques. Il fut un père absent (pour l'enfant de son premier lit) puis un père aimant et attentif (pour les filles de son deuxième lit). Il fut un doctrinaire aux ordres, donc, sans états d'âme apparents, mais fut aussi profondément ému par le roman le Monument d'Elsa Triolet dénonçant la soumission de l'art au parti.



Il fut un peu aventurier aussi, n'hésitant pas à aller vivre d'abord à Prague, pour les besoins de la Nouvelle Revue Internationale, une émanation de la volonté de raviver une internationale communiste à la fin des années 50 et dans les années 60. Où apparemment, même les représentants Russes le craignaient, du fait de son intelligence, de sa puissance de travail et de sa pugnacité. Puis à Moscou, correspondant pour L'Humanité pendant la fin de l'ère Khrouchtchev, en pleine déstalinisation donc, et au tout début de la glaciation Brejnevienne. D'où il partit en laissant une ex-femme est deux filles. A La Havane, enfin, pour y ouvrir un bureau de correspondant de L'Humanité.



Il fut surtout un acteur discret des évolutions du PCF pendant les décennies 60 et 70 : la déstalinisation, l'abandon des diktats dans le champ artistique, l'euro-communisme (un peu avorté côté PCF), la fin de la « dictature du prolétariat », l'union de la gauche… Discret parce qu'il avançait éventuellement plus vite que ce que le Bureau Politique ou les Fédérations étaient prêts à communiquer largement aux militants. Restant alors toujours fidèle en public à la ligne fixée par la direction du PCF et s'efforçant probablement de s'y conformer aussi en privé.



Bref un homme bien plus complexe que son apparence le laisse supposer. Et contrairement à la terrible « on ne peut pas être à la fois communiste, intelligent et honnête » de Raymond Aron, il semble qu'il ait réussi à concilier son intelligence et son érudition manifestes avec une honnêteté sans faille dans son adhésion fidèle à l'idéal communiste. Même si cette dernière, du fait des louvoiements de la doctrine officielle, impose parfois de faire fi des envies intellectuelles ou des sentiments. Droit dans ses bottes de partisan mais bien moins « crétin » que l'image qu'il donnait ou qu'on a voulu lui donner.



Juste un point : sur l'union de la gauche, il s'est quand même autant que ses camarades fait rouler dans la farine par Mitterand et on peut donc, vu son rôle prééminent, le rendre en grande partie responsable du déclin du PCF qui suivit à partir de la seconde moitié des années 70. Mais l'auteur ne s'y attarde pas.



Et le livre alors ?

Bien qu'il soit court et très facile à lire, il est passionnant. Je ne savais quasiment rien de tout ce que je raconte au-dessus, c'est dire s'il est dense. Mais sans être pesant, parce que si plaisamment écrit. C'est vraiment une introduction attrayante à la grande aventure des idées dans le PCF des années 50 à 78, date de la disparition prématurée du grand fumeur Kanapa.

Commenter  J’apprécie          256
Le puzzle Kanapa

Je remercie Monsieur Gérard Streiff, les Éditions La Déviation et également Babelio pour l’envoi de ce livre surprenant.

J’avoue que mon souhait était d’apprendre et de comprendre « l’engouement » des français pour le PCF et les différentes facettes de ce dernier dans le monde. En fait, la guerre froide m’intéresse, m’interroge et m’intrigue, moi qui demeure dans la vieille Europe et ne suis pas si Manichéenne que d’ autres citoyens ayant d’autres vécus ou d’autres fantasmes.

Le personnage de Jean Kanapa est très intéressant et heureusement car il faut par ailleurs avoir une certaine connaissance des événements historiques et politiques pour suivre le contexte, ce n’ est pas toujours très aisé.

L’homme en revanche est fascinant dès lors que l’on accepte de l’accepter comme tel, avec ses errances, ses balbutiements, ses revirements, ses réflexions, ses changements.

C’est une très belle lecture que je n’ ai pas exploitée à fond pour des raisons personnelles mais sur laquelle je reviendrai car aussi bien l’homme que l’histoire du mouvement méritent que nous nous attardions.

Enfin, ce n’est que mon avis de rêveuse un peu perchée ;-)

Commenter  J’apprécie          230
Ben Bella et la libération de l'Algérie

Ce documentaire prend une tonalité de fiction pour ce qui touche la vie du personnage choisi avant 1962, année de l’indépendance de l’Algérie. L’auteur a su présenter là des évènements de la vie de Ben Bella, fils de paysans de Marnia en Algérie, en soulignant certains côtés dramatiques qui lui donnent l’ossature d’un héros à la frontière de l’agent secret. Le récit se poursuit en présentant l’œuvre du président Ben Bella en matière de politique nationale et internationale.



Les pages documentaires ponctuellement illustrées proposent une chronologie de l’Algérie coloniale de 1830 à 1962, un interview de l’auteur afin d’expliciter certaines dimensions de la vie de Ben Bella et une filmographie de treize œuvres allant de "Pépé le Moko" en 1937 à "L’Ennemi intime" en 2007.



Si le récit de la vie de Ben Bella jusqu’en 1962 convient très bien à des jeunes de moins de quatorze ans, par contre pour tout ce qui constitue le reste de l’ouvrage le lectorat capable de poursuivre en bonne intelligence sera plus âgé.



Cet ouvrage constitue une propédeutique pour les lycéens à la lecture de "La Guerre d'Algérie : discours et textes officiels" du même auteur et chez le même éditeur.

Commenter  J’apprécie          180
La guerre d'Algérie : textes et discours

Il s’agit d’un titre qui présente des documents forts intéressants et forts variés autour de la Guerre d’Algérie. De plus à côté de ces documents produits entre 1954 et 1962 on trouvera un dossier destiné à éclairer les documents antérieurement proposés, on y prend connaissance des dates qui ont marqué l’Algérie coloniale sur toute la période de la guerre et l’année de l’indépendance (1954-1962), une brève présentation d’acteurs (Ferhat Abbas, Messali Hadj dont on a inversé nom et prénom, Henri Alleg, Francis Jeanson, Marcel Bigeard, Jacques Massu ...) où certains ont droit à leur date de décès et d’autre pas ce qui est regrettable, une liste de sigles et une composition des gouvernements provisoires algériens à côté des noms des présidents du conseil puis du premier ministre français Michel Debré ainsi que du premier président de la Ve république (celui de la IVe finissante n’est pas proposé).



Les documents permettent d’approcher les objectifs des nationalistes algériens, des partisans de l'Algérie française et des divers gouvernements ainsi que la perception qu’ont les métropolitains du conflit. Aux côtés d’un sondage d’opinion on trouve par exemple un tract de l’OAS ou des documents officiels.



À de très rares exceptions les textes ne reçoivent aucune phrase introductive ni grille de questions visant à permettre au jeune de comprendre plus facilement le contenu de ce qui est offert à sa lecture. Cet ouvrage n’est accessible directement que par des adultes ayant des notions de base sur la Guerre d’Algérie. Un lectorat de lycéens peut en tirer profit s’il a lu auparavant par exemple " Ben Bella et la libération de l’Algérie " du même auteur.

Commenter  J’apprécie          160
Un soldat allemand dans la Résistance française..

"Un soldat allemand dans la résistance française, le courage de désobéir" est un hommage aux allemands ayant combattu le nazisme à travers l'histoire vraie de Hans Heisel.

Ce roman a été édité par Oskar éditeur dans la collection "Histoire et Société" qui sélectionne des sujets se prêtant à la discussion et à la réflexion, complétés par un cahier documentaire en fin d'ouvrage.

L'ambition est louable et les étapes de la réflexion de Heisel assez bien amenées. Gérard Streiff fait le job, sans passion mais de manière efficace.

Le dossier documentaire illustré est léger (l'essentiel étant consacré à l'interview de l'auteur), mais il faut souligner que Hans Heisel n'ayant pas cherché les honneurs et étant assez peu connu, les sources manquaient probablement.

Dommage car son parcours étonnant mériterait d'être mieux connu.
Commenter  J’apprécie          80
Les pilleurs de fresques

Autant dire que ce livre a été choisi au hasard parmi la bibliothèque de mon compagnon.Lui-même ne l’a pas encore lu. Revenons à la critique proprement dite. Je ne connaissais pas cet auteur Jeunesse et je pense qu’on n’entend plus parler de lui. Mais bon, je ne suis peut-être pas la référence pour les auteurs jeunesse. Pour moi, Les pilleurs de Fresques est une histoire gentillette qui se termine bien mais qui me restera pas longtemps en mémoire…

Commenter  J’apprécie          80
La Collection

Déjà à la première citation "Tout a déjà été dit, mais comme personne n'écoute, il faut toujours recommencer" d'André Gide le décor est planté !

Alors allons y, faites un peu travailler votre mémoire. Si je vous dis le camp de Natzwiller-Struthof.... Ça vous rappelle quelque chose ? Moi, oui, il y a bientôt 50 ans une visite touristique en Alsace, le folklore, les maisons très fleuries, et puis la visite de ce camp avec cette pièce, cette salle avec cette table carrelée où un guide expliquait ce qui se faisait là!

Je ressens encore aujourd'hui les frissons d'horreurs et me souviens de la lecture qui a suivi : les médecins maudits qui retrace l'histoire de ce camp de la mort. Souvenir : Nuit et brouillard » (en allemand Nacht und Nebel, ou NN).

Il faut effectivement ne jamais oublier notre Histoire, ces heures noires liées à la folie d'une idéologie terrifiante. Ce roman mêle fort habilement une reconstitution et une fiction relatant l'horreur imaginée par quelques "docteurs". Cette mise en pratique a eu lieu sur le territoire français.

Qu'importe les noms, qu'importe la véracité de l'intrigue.... On parle de meurtre avec alibi médical .... Se servir d'humain pour de pseudos expériences scientifiques, l'horreur absolue. La collection n'est pas un récit historique ennuyeux, non, nous découvrons une région qui a gardé les traces du siècle dernier dans sa chair. Oui c'est bien dans cette jolie vallée des Vosges qu'a été construit ce camp à l'origine de travail pour l'exploitation de granit rose, puis d'études sur des armes chimiques avec les tests réalisés sur des êtres humains, puis d'assassinats pour constituer "La Collection" musée de l'horreur ! Seul le calendrier ne permettra pas de voir se réaliser cette exposition.

C'est pour dénoncer ces attitudes qu'il faut lire et faire lire ce livre : À la mémoire de ces 57 hommes et 30 femmes assassinés et pour démontrer l'inacceptable !
Commenter  J’apprécie          80
Octobre à Paris

La Kronik d'Eppy Fanny pour Collectif Polar

L’histoire : Celle de Chloé Bourgeade, qui travaille comme détective privée pour l’agence « Le Sémaphore », sous la coupe de Marike Créac’h.

Une nouvelle enquête vient de lui être confiée par la patronne.

Un nouveau client, Pierre Leglay, DRH dans la grande distribution, vient de perdre son père dans des circonstances étranges. Retrouvé noyé sur un terrain qu’il connaissait par cœur. De plus il n’avait aucun souci de santé.

Le père de Pierre était policier en retraite. En fouillant dans les affaires du défunt, le fils a trouvé la photocopie d’un vieux tract, deux feuillets recto verso. Le texte indique « Un groupe de policiers républicains déclare… » et porte la date du 31 octobre 1961.

Le tract, non signé, évoque de façon détaillée les diverses phases de la répression d’une manifestation parisienne des Algériens, qui a eu lieu le 17 octobre 1961. Les policiers qui informent, via ce tract, y donnent des noms, dont ceux de plusieurs responsables, qui ont supervisé, couvert, voire même encouragé ces crimes. Dont Leglay père.

La mort du retraité serait-elle due à une vengeance, après tant d’années ?

Chloé, au titre de son enquête, va remonter le temps. Se plonger dans les archives, tenter de trouver des témoins, s’imprégner des lieux. Son enquête n’est pas forcément la bienvenue.

L’agence est visitée et elle reçoit des menaces.

C’est que cette sale guerre, qui n’a dit son nom officiellement qu’en 1999, divise encore et toujours. Et il est des secrets que l’État souverain ne souhaite pas voir ressurgir, quitte à les minimiser, voire à les nier !

Chloé a déjà entendu parler de la manifestation indépendantiste d’octobre 1961, et de sa répression sanglante. En revanche elle ne savait pas que des policiers, via ce tract, s’étaient adressés à leurs collègues pour alerter.

Extrait P.17 :

« Elle lit : « les tortionnaires jetèrent des dizaines de leurs victimes dans la Seine qui coule à quelques mètres. (…) M. Papon, préfet de police, et M. Leglay, de la police municipale, assistaient à ces horribles scènes » ».

Racine, bibliothécaire cultivé, avec qui elle partage beaucoup, à commencer par leur péniche, lui confirme l’authenticité du tract.

La guerre d’Algérie est revenue dans l’actualité. Chloé écoute les émissions, les débats, court les réunions. La voici dans la salle de celle organisée par l’association « octobre », qui réunit des historiens et des témoins de la manifestation de 1961.

L’intervention d’un journaliste algérien attire particulièrement son attention. Il s’agit d’Ihsane Khider, dont le père et l’oncle sont venus en France en 1950 pour travailler. Son père, Tayeb, a été embarqué par la police en septembre 1961.  Il assista à des horreurs et fut lui-même battu et jeté à la Seine. Terrorisé, enfermé chez lui après ce qui lui est arrivé, il ne participa pas à la manifestation du 17 octobre. Ça lui sauva la vie.

Son frère Lounes, l’oncle d’Ihsane, se rendit à la manifestation. Il n’en revint jamais.

Chloé se présente à Ihsane. Elle souhaite en savoir plus.

Ihsane lui raconte le retour de Papon en 1959 à la préfecture de police. Il rapporte dans ses bagages la milice harkie, qu’il a créée, et qui était chargé d’infiltrer les fellaghas. Une milice d’état sur le sol parisien. Une milice totalement en marge des lois.

Ils vont rencontrer un témoin de l’époque qui va dérouler, pour eux, les horreurs du passé. Ce que subissait les « clients » de ces caves. Et ceux, nombreux, qui n’ont pas supporté les tortures et n’en sont jamais ressortis.

Chloé, atterrée, va découvrir la vérité sur ce passé français peu glorieux. Un ulcère purulent, dont le pus, épais et nauséabond, ne cesse de dégouliner encore aujourd’hui.

Un autre policier retraité, identifié comme vieux facho, meurt lui aussi. La vengeance continue-t-elle ?

Extrait P.37 :

« Chloé, songeuse, ferme son écran. Drôle d’histoire, décidément, drôle d’enquête : un bonze l’épie, un corbeau lui distille des informations (merci), un flic boit la tasse, un autre s’enflamme. Elle ne comprend pas bien le mode d’emploi. Et elle a horreur de ne pas comprendre. »

Chloé ira au bout de son enquête.

Nous la retrouverons prochainement dans une autre histoire.

J’aime à penser que Gérard y travaille.

Ce récit partiellement fictif est une excuse pour nous parler, avec brio, d’une page de notre histoire dont certains démentent encore la véracité ou la minimise, et dont d’autres, pour des raisons peu glorieuses, sont nostalgiques.

Le fait que Gérard soit journaliste nous offre un ouvrage particulièrement documenté et construit. Le tract qui est abordé dans ce roman a existé. C’est sa lecture par l’auteur qui a donné naissance à cet ouvrage. CF. son intervention lors du salon du polar Noir et Social de Vitry S/Seine – Lien YT

https://youtu.be/jCWOGylbKHw

Ce livre est pour moi une lecture indispensable et devrait être étudié dès la 4ème, avec d’autres, dont Meurtres pour mémoire de Didier Daeninckx, et les livres de Paulette Péju (sortis initialement en novembre 1961 et saisis par la police de Papon).

A mettre donc entre toutes les mains pour réveiller les consciences et rétablir la vérité !
Lien : https://collectifpolar.wordp..
Commenter  J’apprécie          70
Le bouclier de Gergovie

La collection Courants noirs de Gulf stream est vraiment à découvrir, et même si tous les titres ne se valent pas, on y trouve des pépites comme Ami, entends-tu de Béatrice Nicodème, ou l'Empire invisible de Jérôme Noirez.

Je ne dirais pas que Le bouclier de Gergovie est une pépite, mais c'est un roman très intéressant sur la guerre entre les Gaulois et les Romains, avant Alésia.

Les héros, des jumeaux, ne peuvent se résoudre à accepter la disparition de leur mère. Ils sont persuadés qu'elle est retenue en otage par les Romains, et leur instinct ne les trompe pas... En partant à sa recherche, ils vont découvrir un secret stratégique et rencontrer le fameux Vercingétorix.

Il manque un peu de suspense à cette enquête sur fond historique, mais j'ai beaucoup aimé la description de la vie quotidienne, le personnage du druide, et Epona, l'héroïne, jeune fille courageuse qui va devoir s'engager dans les combats.

Commenter  J’apprécie          50
Octobre à Paris

Se souvenir du 17 octobre 1961 ...

Ce livre au titre d'objet de mémoire, une lecture simple, agréable qui lève une partie du voile sur ces "événements" et apporte quelques précisions sur ce tract :«Déclaration d'un groupe de policiers républicains» (1) qui a longtemps été passé sous silence comme beaucoup d'autres faits de cette période qui ont été cachés et tus.

Se souvenir du 17 octobre 1961 ...

Soixante ans plus tard, la préfecture de police devra rendre publique ses archives sur ce qui s'est passé le 17 octobre ...

Ce jour est arrivé, l'actualité de ce jour là a été légèrement évoquée ....

Qu'en est il de l'ouverture des archives ?

Ce qu’on trouve :

"Dossiers de morts classées sans suite, concernant des Français musulmans d'Algérie (FMA), Algériens ou Français, intervenues entre 1960 et 1962 dans le département de la Seine."

Suit une longue liste avec une longue, très longe liste de noms ...

AMMAR Ramdane : AHMED Cherif : BENLAZAR Bénamar : GAREH Ammar : BENMABROUK Hamedr : LOUARI Mohamed, BEN SI AMARA Mohan : DJEDDI Ali, POLLART Clément: ZAIDI Mohand Areski, AHMANANCHE Areski, PUTZE Guy 7909 : BENMINNI Bouzid : DOUADI Ahmed : YAHIA Chérif : YAHIAOUI Mohamed : BELAMATRAK Métaïche : MELLAH Ali : ABDOU Boualem, ABDALLAH Mohamed : GARAOUI Saïd : KEDJAR Fatma : BOUCETTA Rabah : AMIRI Belaïd : SAFAR Slimane, AIT KHELIFA Abderaman : HEDIR Mohand : MADOURI Abdelbaki : DJABER Mohamed : BENKERROU Salah : TEBOUB Amar : NASRI Saïd : BETATACHE Ahmed : FMA non identifié : GRIMI Ahmed : LOUALI Ali : BENSAID Amar : TOUMANI Aïssa : SALHI Mohand, CHAKRI Ouamar, CHAKRI Abderramane : HOUCINE Ben Ali : LHOUCINE Ben Belkheir Ben Ali, BEN ALI Ahmed Ben Brik : AKKOU Mokhtar, AIT CHABANE Tayeb, CROUY Robert : BESSAH Mohand : MESBAHI Hocin : CHEIKH Benziane : BELOUNIS Saïd : SI AHMED Mohamed : MAINA Ahmed : CHERGUI Ahmed : MAZOU Octave : MOUKKES Salem : ABDALLAH Ben El Houssane : BESSAH Mohand : MOKHTARI Missoum : FMA non identifié : 3 FMA non identifiés : BERIANE Chabane : FMA non identifié : DEHMECHE Bensaouche : SAHRAOUI Khemissi : GOUDJIL Mohand : KERKOUB Amar : BELAID Mouloud : LOUASLI Larbi : AIT ABDEL MALEK Mohand : KHERCHI Hamimi : IFRIEHDADDENE Saïd : SALAH Abdelazi : RABIA Mohamed : CHAIB Tayeb : MAHDI Ahmed : DAHMANI Mohamed : HOCINI Mohamed : MOUMENE Mouloud : TOULOUM Mohamed : FMA non identifié : ZEMAN (ou JEMAN) Rabah : GUESRI Ameur : SAIFI Amar : BELAID Alloua : BOUANOUINA Ali : BRAHIMI Mohamed : ASELGOU Amokrane : HENOUDA Abdelkader : DOUBAL Mohand : LOUAIL Ouari, KEDDOU Abdel : SMAIL Ahmed : SOUMARE Samba, CHELLAL Arab : HAMOUMEN Fatima : MAADADI Tahar : YALAOUI Larbi, DJAHNIT El Hadi, BENCHIKH Salem : MERAOUCH Moussa : BOUCHERIF Tahar : FMA non identifié : FMA non identifié : FMA non identifié : BENMEDDOUR Meddour : AOUINAT Mohand : BARACHE Rabah : BEDOUCI Mohamed : ENSIGHAOUI Lazhar : RAULET Georges : MEHANI Ramdane : BEN IGHLIL Abdallah : SADOU Mohamed : MEHRAZ Chérif, MESSILI Saïd : KARA Brahim : ADNANT Abdallah : BOUHARRAT Tahar : FERHAT Mohamed
: DEROUECHE Ahmed : ABLAGH M'Barek : BARECK Larbi : FMA non identifié : BEZZAOUYA Abdelkader : DARADJI Lemouar : LAHCENE Ben Homad : AZZOUT Mohamed : SNP Mohamed, TRANIN Lucie : KHODJA Messaoud : LOUNAS Ali, MONOT Pierre, CHRISTY-MAAS Paul : SOUDED Ali : Cadavre masculin non identifié : Cadavre masculin non identifié : KHAROUNI Hachémi : AOUF Ali : ADRAR Salah : HUTINET Louis : BOUGHAZI Mohamed : FMA non identifié : MOUALEK Ahmed : Cadavre masculin non identifié : Cadavre masculin non identifié : MEKIDECHE Aoues : FMA non identifié : BOUDJEMAH Saïd : MOHAMED Ben Abd.

La liste vous a semblé longue ... rassurez vous moi aussi, j'ai pris mon courage à deux mains pour retranscrire tous ces patronymes ... mais serait il admissible de ne pas les nommer tous ?

D'en oublier certains !

Derrière tous ces noms, il y a un numéro de dossier ... "Délai de communicabilité : Vous pouvez consulter librement ces documents." Voilà ce qui est précisé !





(1) Mejesaistout nous précise :

L'«Humanité Dimanche» à paraître jeudi

a retrouvé les auteurs du tract anonyme intitulé: «Déclaration d'un groupe de policiers républicains» édité après la terrible répression policière de la manifestation du 17 octobre 1961, alors que Maurice Papon était préfet de police. Ce tract, premier récit détaillé du massacre de quelque 200 Algériens de Paris, fut confectionné par des policiers communistes et des dirigeants de la fédération de Paris du PCF. Emile Porzer, alors secrétaire de l'Amicale des communistes de la police, Roger Trugnan, permanent chargé du suivi de cette amicale, Jean Chaunac, gardien de la paix, qui ont tous trois contribué à l'élaboration et à la diffusion de ce tract, témoignent dans les colonnes de l'hebdomadaire qui publie in extenso le texte de la déclaration des policiers républicains.

Commenter  J’apprécie          40
Camarade Duras

Je suis hésitante pour faire la critique de la pièce de théâtre de Gérard Streiff « Camarade Duras » au titre un peu trompeur et surtout à la construction assez rigide.

Ce n'est pas l'histoire de Marguerite Duras communiste qui est racontée mais le sujet est vraiment très intéressant. L'auteur évoque la soviétisation du PCF à la fin des années 40 et les pratiques d'exclusion des camarades qui ne se plient pas au mouvement réaliste prolétarien grandissant ou qui critiquent les dirigeants.



Ce qui est bien décrit ce sont les courants germanopratins et on voit bien les luttes de clans entre intellectuels : les existentialistes avec Sartre, les réalistes prolétariens avec Aragon et le groupe de la rue Saint-Benoît avec Duras.



Dans les cellules du PCF, il y avait de l'ambiance et les camarades passaient des heures en réunions pour débattre. Mais après l'euphorie de l'après-guerre il y a eu des tensions et un soir, au café Bonaparte à Saint-Germain-des-Prés, les amis se lâchent et se moquent de Laurent Casanova, membre du comité central du PCF et chargé des relations avec les intellectuels, en le traitant de mac. C'est une occasion pour exclure ceux qui ne sont pas dans la ligne.

Militante de terrain, Duras s'est engagée mais n'a jamais été dans la compromission. En 1949, elle voulait déjà quitter le parti mais comme Streiff l'indique : à l'époque on ne quitte pas le parti c'est lui qui vous quitte. Ceci-dit, on ne peut pas parler de procès. Il y a eu une réunion de cellule où la majorité a voté mollement pour l'éviction de plusieurs membres dont Marguerite Duras puis une commission d'enquête qui ne les afflige pas mais qui leur reproche leur manque de confiance en l'union soviétique. Il ne pouvait donc pas en être autrement.



Moments particulièrement importants pour comprendre comment les choses se passaient de l'intérieur. Mais le texte m'a semblé un peu sommaire et, bien que je ne l'ai pas vu jouer, je n'aime pas la mise en scène avec alternance entre passé et présent. Il y a 4 actes dans 4 lieux, le café Bonaparte, l'appartement de la rue Saint-Benoît, la réunion de cellule et la salle d'attente de la commission d'enquête. Et Chaque fois, Duras jeunes avec ses amis qui alterne avec Duras âgée parlant à un jeune journaliste et expliquant la scène (au cas où on n'aurait pas compris). Je n'aime pas beaucoup ce parti pris de mise en scène qui donne un côté documentaire. Je pense que le théâtre permettait d'apporter quelques choses de plus.

Enfin, si la pièce est montée, c'est sûr, j'irai la voir.



Commenter  J’apprécie          40
Rouge sur blanc

En moins de 13 pages on a tout : le suspense, l'Histoire, la politique, le meurtre et même un cours d'oenologie. C'est rondement mené !
Commenter  J’apprécie          40
La Guerre des petits soldats

Le personnage de Gustave, jeune adolescent volontaire et attachant, est la clé de voûte de ce poignant et prenant récit. Avec une grande sensibilité et une grande pudeur, Gérard Streiff évoque le passage à l’acte de ce garçon qui semblait prédestiner à aller sur le front : à l’école, n’aimait-il pas s’amuser à passer « ses troupes » en revue ?



Gustave étonne et émeut. Ses réflexions d’enfant qu’il est encore offrent un regard »neuf » sur la violence des combats, le quotidien des tranchées et les blessures. Un passage émouvant : celui où l’adolescent, blessé, partage le quotidien des gueules cassées.



La réalité historique est racontée avec talent ; on plonge dans la vérité du moment sans que le texte ne verse dans le morbide.



Un magnifique roman où il est question de volonté, de solidarité et d’amitié ; un recueil qui peut être lu tant à titre personnel que dans un cadre pédagogique.
Commenter  J’apprécie          41
Maudit détroit

Une histoire d'amitié sur fond de "boat people", ces personnes qui tentent par divers moyens de pénétrer en Espagne par ce "maudit détroit" de Gibraltar. Le jeune Alexis va se rendre compte de la détresse de ces gens grâce à Bachir , un jeune marocain qu'il sauvera d'une bagarre musclée. Cet acte courageux va lui attirer des ennuis....

Une histoire qui met en lumière un sujet sensible, surement peu connu des enfants.
Commenter  J’apprécie          40
Octobre à Paris

Un livre coup de poing dont on ressort sonné. Ce romane est en format court (130 pages) mais quelle densité. L'auteur y aborde la répression d'une manifestation des algériens en octobre 1961, en plein contexte de guerre d'indépendance de l'Algérie. C'est poignant de la première à la dernière page ; cela suscite l'effroi et l'indignation et nous rappelle les pages sombres de l'histoire française. Cela nous confronte également aux relations complexes entre la France et l'Algérie ; qui perdure encore aujourd'hui. C'est une vraie belle découverte dont on ne ressort pas indemne.
Commenter  J’apprécie          30
Retour de flamme à l'américaine

Deux crimes visent la communauté américaine de Paris. L'ambassade s'alarme, les autorités itou. Les pistes ne manquent pas mais trop de pistes tuent la piste. Magali, journaliste de la revue Papiers Nickelés et son ami libraire Racine mènent l'enquête, où se télescopent des histoires d'hier et d'aujourd'hui, le fantôme de Kissinger et la silhouette d'Archie Shepp, le souvenir du Vietnam et l'ombre de la NSA.

Avec un style vif et enlevé, la plume de Gérard Streiff fait mouche. On s'interroge, on savoure les dialogues, on veut aider nos deux détectives amateurs à dénouer cette imbroglio qui a des répercutions bien plus inquiétantes qu'ils ne le soupçonnaient.

On aime aussi retrouver tout au long de cette énigme les références culturelles, cinématographiques et littéraire ou encore musicales que sème notre auteur.

Alors attention de ne pas vous laisser prendre par ce "Retour de flamme à l'américaine"

Un très court roman à découvrir pour le plaisir
Lien : https://collectifpolar.com
Commenter  J’apprécie          30
La Guerre des petits soldats

Critique d'Audren :



Lire se livre m'a plu car nous sentons que Gustave a vraiment une vocation pour la guerre. Tout commence en 1914, son père est évidemment réquisitionné pour la guerre. Gustave pendant ce temps s'imagine une petite fausse guerre avec ses amis, mais un jour il apprend que malheureusement son père est décédé par les gaz allemand. Bien sûr Gustave comme toute sa famille est attristé. C'est à ce moment là que que j'ai beaucoup aimé ce livre : le mental de Gustave est énorme. Car oui, Gustave décide de prendre son courage, et décide d'aller venger son père en allant à la guerre. Gustave a seulement 13 ans, mais comment y aller ? Il a profité d'une sortie avec sa famille pour y aller. C'est vraiment grâce à ce moment-là car nous savons qu'à partir de là il y a un réel suspense qui se créé.

Gustave devient un héros grâce a un journaliste qui est dans un article le décrivant comme un héros.
Commenter  J’apprécie          20
Une vie de résistante : Marie-Claude Vaillant..

Difficile avec un tel personnage, dans un texte si court, de ne pas verser dans l’hagiographie. L’auteur y parvient en refusant de l’enfermer dans la légende.
Lien : http://www.humanite.fr/elle-..
Commenter  J’apprécie          20
Un soldat allemand dans la Résistance française..

En quelques cents pages, Gérard STREIFF raconte l’itinéraire de Hans Heisel, et à sa suite de Kurt Hälker et Arthur Eberhard, depuis le soldat respectueux jusqu’au Résistant français.(...)
Lien : http://siletaitencoreunefois..
Commenter  J’apprécie          20




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Gérard Streiff (103)Voir plus

Quiz Voir plus

Cherchez l'intrus- Littérature étrangère

Agatha Christie

Témoin à charge
Témoin muet
Témoin indésirable
Témoin indirect

16 questions
42 lecteurs ont répondu
Thèmes : titres , écrivain , intrusCréer un quiz sur cet auteur

{* *}