AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Ninie067


J’avance la main vers la gueule. Le chien penche la tête et la renifle. Une main parfumée au jasmin, manucurée de beige, adoucie par une crème qui me fait des promesses de jeunesse.

Le chien s’en fout de la jeunesse de mes mains. Il me frôle de sa truffe. Un frémissement me parcourt le corps tout entier. Lentement, d’une douceur exquise, une langue rose glisse sur ma peau.

« Ne me lèche pas, chien, c’est plein de crème, tu vas être malade. »

Il ne m’écoute pas. Sa langue arpente chaque recoin de ma main, entre les doigts, sur la veine à fleur de peau du poignet. Je fixe le sol, ses pattes blanches sur la couverture en polaire rouge. J’ai lu quelque part que les chiens n’aiment pas qu’on les regarde dans les yeux. Qu’ils le reçoivent comme un geste d’intimidation. Je connais des hommes comme ca aussi.

Je touche la tête de la bête, son crane osseux, ses oreilles veloutées comme les pétales d’une rose. Nos regards se croisent, incertains et effrayés.

Le temps s’arrête.

Je ne sais pas nommer ce que je sens. Une marée qui monte. Deux solitudes. Une reconnaissance tacite de nos besoins respectifs. La truffe humide et froide d’un chien abandonné qui trouve la main chaude et fragile d’une fille désemparée.
Commenter  J’apprécie          50





Ont apprécié cette citation (3)voir plus




{* *}