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Critiques de Gabriel Garcia Marquez (1231)
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L'Amour aux temps du choléra

L'amour au temps du choléra aurait pu s'intituler l'amour à l'épreuve du temps. Car c'est bien longueur de temps que nous fait vivre Gabriel Garcia Marquez avec ce roman d'une incroyable densité romanesque. L'amour serait-il lui aussi une maladie, comme le choléra, une menace sur la vie des gens.



Amour à l'épreuve du temps, mais aussi du qu'en-dira-t-on. Quand d'aucuns voudraient prétendre qu'à partir d'un certain âge l'amour devient indécent. Amour à l'épreuve de l'assiduité du lecteur aussi, de la part d'un auteur qui veut le faire s'imprégner de l'alanguissement du soupirant éconduit. Il faudra au lecteur à la fois affronter la vie d'un couple légitime livré à son quotidien dont on sait combien il est un tue-l'amour et endurer l'attente résignée d'un amoureux qui ronge son frein.



Mais le style est là pour soutenir l'intérêt quand les événements se font désirer pour relancer l'intrigue. L'écriture de l'auteur nobelisé est là avec toute sa puissance au service de l'oeuvre romanesque. Une écriture sûre de son fait, érudite tout en restant accessible. Une écriture d'une remarquable précision qui dissèque les caractères, analyse les émotions et livre au lecteur l'intimité de ses personnages ainsi mise à nue. Véritable effeuillage psychique qui dévoile leur palette sentimentale à l'épreuve des codes moraux d'une société dans son époque. Comme un écorché de psychologie humaine pour nous faire endurer une vie d'asservissement à la passion.



Avec L'amour au temps du choléra on n'est pas aux confins du fantastique comme dans Cent ans de solitude, on est au plus profond de l'être, à tenter de palper ce secret qui fait qu'une personne s'éprend d'une autre. Amour indifférent à l'érosion du temps. Attendant son heure, même si dans la bonne société en ce début de XXème siècle il fait détourner le regard lorsqu'il s'expose dans la grande maturité. L'alanguissement ne décourage pas son lecteur lorsqu'il est soutenu par la formidable écriture de Gabriel Garcia Marquez.

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Douze contes vagabonds

Pour qui a vécu l'expérience unique en son genre de l'immersion intense dans la narration longue et les phrases sans fin des romans de Garcia Marquez, ces Douze contes vagabonds sont d'abord une surprise: il sait faire court! et le fait merveilleusement bien, avec un art consommé de la nouvelle, exercice particulièrement difficile à réaliser.



Pas pour l'ami Gabriel, dont la prose est aussi réjouissante en format court que dans les méandres infinis de Cent ans de solitude ou L'automne du patriarche, bien que l'auteur nous avoue lui-même avoir longuement peaufiné pendant de nombreuses années ces douze histoires, pour certaines initiées plusieurs décennies avant la parution du recueil.

C'est ainsi une sorte de testament ou autobiographie littéraire que ces douze contes, qui nous emmènent à la fois sur les terres d'une vieille Europe latine sillonnée par l'auteur dans ses jeunes années et dans ces contrées oniriques teintées de mystère propres à l'auteur.

On y croise un vieux dictateur à la rue, des figures de femmes hors des normes par leur beauté, leur caractère ou leur parcours, une barque fendant les flots dans un appartement et jusqu'à un cadavre immortel dans une valise, le tout maculé de traces de sang dans la neige.



Un recueil magique, condensé de l'univers de ce poète de l'humanité, qui se déguste comme un alcool vieilli jusqu'au nectar.
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L'Automne du patriarche

Difficile de trouver les mots pour parler de ce livre tant il ne ressemble à aucun autre. « L’automne du patriarche » est un roman unique, je n’ai jamais rien lu de tel.



J’avais déjà goûté l’écriture de Garcia Marquez avec le sublime « cent ans de solitude », avec « l’automne du patriarche » l’auteur va encore plus loin dans le travail d’écrivain. Le résultat m’a moins touchée que dans « cent ans de solitude » qui m’avait littéralement émerveillée par sa beauté et sa musicalité poétique, ici l’écriture est moins enchanteresse. Mais pas moins brillante. Si le sentiment ressenti à la lecture de « l’automne du patriarche » n’est pas l’émerveillement, il est indéniable que le travail d’écrivain fourni ici force le respect. L’expérience de lecture est unique et laisse une impression étrange. Ces phrases longues de plusieurs pages, alambiquées, changeant de narrateur en cours de route, qui mélangent passé et présent m’ont donné l’impression d’un torrent littéraire qui m’a saisi le cerveau, l’a mâché pour ensuite le recracher. Je suis sortie de cette lecture exsangue mais heureuse d’avoir goûté une telle expérience littéraire.



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Chronique d'une mort annoncée

Il y a quelque chose d'immédiatement jouissif dans l'écriture de Garcia Marquez, qui pose d'emblée un univers baroque et immersif, et est animée d'un mouvement propre à altérer le rythme interne de son lecteur, que l'auteur semble venir prendre par la main en lui disant : "Viens, assieds-toi là, je vais te raconter une histoire, et cette histoire je vais te la faire à l'envers."

Et c'est bien à l'envers qu'elle débute cette chronique, avec une mort annoncée dès la première ligne mais à peine a-t-on commencé à remonter le fil des événements qui vont conduire à l'assassinat de Santiago Nasar que les repères temporels se brouillent et se bousculent, la plume de l'ami Gaby virevoltant de personnages en témoins et de points de vue en contrepoints, jusqu'à la saisissante sanglante scène finale.

Grand plaisir de retrouver après « Cent ans de solitude » le bouillonnement unique de sensations que procure cet auteur singulier entre tous !

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Chronique d'une mort annoncée

Dans un petit village des Caraïbes, les habitants s'endorment enfin après la grande fête donnée à l'occasion du mariage de Bayardo San Roman et d'Angela Vicario.



Mais à deux heures du matin, le jeune marié ramène tout d'un coup Angela à la maison de ses parents. Il la répudie car elle a menti sur sa virginité au moment du mariage.



Quand les jumeaux Pedro et Pablo Vicario, les frères d'Angela, rentrent à la maison, ils décident de venger l'honneur familial en tuant Santiago Nasar, celui qui, d'après leur soeur, est responsable de sa répudiation.





Crónica de una muerte anunciada est un récit d'une force surprenante malgré sa brièveté. Quelle puissance dans les termes utilisés, quel suspense ressenti grâce au coup de génie de l'auteur : commencer par la fin, c'est-à-dire la mort de Nasar, avant de nous expliquer les faits ayant mené à ce désastre.



C'est par le biais d'un narrateur qui semble enquêter a posteriori sur la mort de Nasar que García Márquez nous explique les faits. Minute par minute, la situation est analysée en profondeur et les différentes implications et raisons de l'assassinat commis par les frères Vicario se dévoilent petit à petit.



Désir de vengeance, bien entendu. Mais pas seulement. Obligation, pour deux jeunes hommes, de blanchir l'honneur familial en faisant couler le sang d'un homme dont la culpabilité n'est pourtant pas établie avec certitude. Alors qu'en fait, ni Pablo ni Pedro ne semble ravi de commettre cet acte irréparable. Au fur et à mesure de l'explication des faits par le narrateur, on se rend compte que, si les jumeaux racontent à tout le monde ce qu'ils s'apprêtent à faire, c'est parce qu'ils espèrent être arrêtés avant les faits. Ils souhaitent que quelqu'un, n'importe qui, même une femme, les empêchent de tuer Nasar. Ou, tout au moins, qu'on prévienne leur future victime, afin que Nasar se mette à l'abri ou soit en mesure de se défendre.



Les frères Vicario ne sont pas des assassins, ce sont les us et coutumes de leur société qui ont véritablement tué Nasar. De manière indirecte, mais aussi sûrement que les couteaux utilisés par les jumeaux. Si la virginité d'une femme avant le mariage n'était pas aussi importante dans ce petit village reculé des Caraïbes, si Angela n'avait pas menti sur l'identité du responsable, si elle avait avoué à son futur mari qu'elle n'était pas vierge, si quelqu'un avait prévenu Nasar, si celui-ci avait fait la grasse matinée au lieu de se lever tôt pour apercevoir le bateau de l'évêque passer sur le fleuve derrière le village... Ce sont tous ces éléments très divers et apparemment sans aucun lien entre eux qui mènent Nasar à sa perte.



Et le pire, dans tout cela, c'est que la quatrième de couverture nous apprend que c'est un événement réel similaire qui a inspiré cette nouvelle (vu le peu de pages, je pense que c'est le terme le plus approprié) à García Márquez :



" Acaso sea Crónica de una muerte anunciada la obra más «realista» de Gabriel García Márquez, pues se basa en un hecho histórico acontecido en la tierra natal de escritor. "



(" Cronica de una muerte anunciada est sans doute l'oeuvre la plus " réaliste " de Gabriel Garcia Marquez, puisqu'elle se base sur un fait historique qui s'est déroulé dans le pays natal de l'écrivain. ")



On a d'ailleurs plus d'une fois l'impression que, lorsque le narrateur parle, c'est en fait García Márquez qui s'exprime à travers lui. L'auteur aurait-il lui-même enquêté sur ce fait divers qui l'a marqué au point de lui inspirer une histoire ? Mystère.



Toutefois, malgré ce réalisme, la part de " magie ", typique du de l'auteur, ne manque pas. Ainsi, le village décrit ici rappelle Macondo, cette bourgade imaginaire, décor des Cent ans de solitude de García Márquez. Et pour être sûr que son récit marque les esprits, l'auteur n'hésite pas à faire marcher et parler un Santiago Nasar agonisant qui, tout en retenant les entrailles qui tombent hors de son ventre, parvient à rentrer chez lui en faisant le tour de la maison (les frères Vicario l'ont tué alors que Nasar essayait de rentrer chez lui par la porte de devant, fermée à clé) à crier à une voisine : " Ils m'ont tué ".
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Cent ans de solitude

« Le monde était si récent que beaucoup de choses n'avaient pas encore de nom et pour les mentionner, il fallait les montrer du doigt. »

En 1967, Gabriel Garcia Marquez révolutionne la littérature romanesque avait son chef d'oeuvre Cent ans de solitude. Un nouveau genre littéraire n'avait pas encore de nom. Il ne serait être montré du doigt comme une oeuvre de fantasy, il sera désigné du terme de « réalisme magique ».

Un roman précurseur sur lequel « le regard lui-même, subjectivement, se fait magique » et dont la « captivante contamination du réel par la magie n'a cessé de gagner du terrain […] », dixit André-François Ruaud qui résume parfaitement ce bouleversement du genre dans son article Réalisme magique dans le Panorama illustré de la fantasy & du merveilleux : « Cent ans de solitude imposa par son seul charme une relecture magique de la réalité, une vision étonnamment non-réaliste et métaphorique au sein d'une « littérature générale » traditionnellement plutôt soucieuse de véracité et de mimétisme, dominée par le réalisme en dépit de la multitude des approches qu'elle peut receler. Monsieur Garcia Marquez réenchanta les lettres ! ».

Cent ans de solitude est une oeuvre dense de réalisme magique et également de réalisme tragique, de réalisme poétique. Un réel enchantement. Un chef d'oeuvre drôle, bouleversant et inoubliable, que je peine à imaginer adapté en série TV… même signée Netflix... qui aurait obtenu des héritiers de Gabriel Garcia Marquez les droits d'adaptation…

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Journal d'un enlèvement

Ce livre n'est pas un roman mais un récit de faits qui se sont déroulés en Colombie au début des années 1990.

Pour faire pression sur le gouvernement qui compte extrader vers les Etats-Unis les narcotrafiquants pris dans les mailles du filet, le cartel de Medellin par le biais de Pablo Escodar fait enlever des journalistes et des notables. Détenus dans des conditions précaires, à la limite du supportable, Escobar n'aura de cesse de négocier la libération des otages demandant sans arrêt de nouvelles revendications. Un jour il réclame l'amnistie pour tous, le lendemain il accepte qu'on lui construise une prison dorée ... en fait il passe son temps à mener tout le monde en bateau.

Nous suivons tour à tour toutes les parties de l'histoire : les otages bien sûr, les membres du gouvernement, les familles, les geôliers, les contacts, le contexte politique national et international… tous les faits sont décrits dans les moindres détails.

S'appuyant sur des témoignages, Gabriel Garcia Marquez se livre plus à un récit journalistique qu'a un réel travail d'écrivain. Pourtant on ne ressent aucune lassitude à la lecture, le seul bémol est le nombre d'intervenants, faut vraiment se concentrer pour se rentrer tous les noms dans la tête et se rappeler qui est qui.

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L'Automne du patriarche

Gabriel Garcia Marquez est un grand écrivain avec un style truculent.

L'automne du patriarche est une farce. Gabriel Garcia Marquez a du plus subir que moi les dictateurs. et donc c'est très fort de sa part de dénoncer les dictatures par une farce dans un style truculent. Malheureusement, je n'ai pas su m'élever à la hauteur du roman, je n'ai pas pris de plaisir à le lire et je n'ai rien appris sur les dictatures Latino Américaines. J'espère changer mon goût pour l'écriture de Gabriel Garcia Marquez, dans une prochaine lecture.

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Douze contes vagabonds

Recueil de douze nouvelles comme son titre l'indique. Douze nouvelles de longueur et d'intérêt très inégaux, rien de bien transcendant en ce qui me concerne.



Je ne suis pas une adepte du genre "nouvelle" donc ma déception tient sans doute en grande partie à ça. J'ai l'impression qu'il y a un peu de tout (et n'importe quoi) : politique, fantastique, romantisme, absurde... l'auteur aurait sa propre définition du vagabondage, vraisemblablement associée à l'éclectisme.



J'avoue que je suis même passée complètement à côté de certains récits, simplement parce que je ne les ai pas compris ! Seul réel bon point de cette courte lecture, la découverte, grâce au challenge NOBEL, d'une plume sud-américaine dont j'ignorais tout et qui, pour ne pas être désagréable à lire, ne m'a pas aimantée pour autant.





Challenge NOBEL 2013 - 2014
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Cent ans de solitude

Grandeur et décadence de la lignée Buendia, dans le petit village de Macondo, oublié des vivants et hanté par les morts.



Pour apprécier ce roman, le lecteur doit lâcher prise et se laisser porter par la plume de l’auteur. Ne pas tenter de remettre les événements dans l’ordre, ne pas tenter de tout comprendre, ne pas tenter de s’y retrouver dans l’arbre généalogique, ne pas tenter de rationnaliser l’ensemble… telle est la clé du plaisir de cette lecture.

Parce que la plume est belle, poétique, riche en figure de style, un peu perchée aussi. Une famille sur plusieurs générations, où l’économie de prénom multiplie les Aureliano et les Arcadio. Un village à la frontière du réel qui condense à lui seul l’histoire de la Colombie, entre guerres et progrès. Un réalisme magique qui intègre tant le surnaturel à l’intrigue qu’on ne distingue plus, avec le temps, la réalité de l’onirique.



Le texte est dense et se lit lentement. Je ne peux nier avoir parfois succombé à l’ennui sur quelques pages de-ci de-là. Mais il y a toujours eu un petit quelque chose qui a réveillé mon intérêt. Pas que les personnages m’aient passionnée, je les ai mélangés entre eux durant la majorité de ma lecture ; mais l’écriture de Garcia Marquez m’a vraiment emportée par moment. Certaines phrases, longues, se lisaient comme un poème. Certains événements, incongrus, m’ont fait sourire. Certaines tirades, rares, m’ont même fait rire.

Je craignais d’ouvrir ce roman, de ne pas y trouver la magie que d’autres lecteurs y détectaient. C’est à la faveur d’une lecture commune que je m’y suis lancée et je ne le regrette pas. Je comprends maintenant les références qui y sont faites quand on parle, par exemple, du premier roman d’Isabel Allende. Et je comprends aussi pourquoi, quand des auteurs se lancent dans le réalisme magique, ceux-ci éprouvent parfois des difficultés à convaincre leurs lecteurs. Parce qu’ici l’exercice atteint un certain paroxysme duquel il doit être bien compliqué de s’approcher.

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L'Automne du patriarche

Comment, en vacances au bord de l’eau, est-il possible de lire un roman d’un grand auteur, où une phrase se prolonge sur un nombre incalculable de pages ? J’abdique à la 122. Manque de concentration ? Je n’y comprends rien. Un dictateur qui vit entre 107 et 232 ans et meurt plusieurs fois. Quelques phrases crues qui font rire.
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Cent ans de solitude

J’ai « lu en audio » ce chef d’œuvre et il me faut rendre un double hommage : cette traduction est superbe, la langue y est riche, vivante et seule la version espagnole, inaccessible hélas pour moi, peut je suppose procurer la même plénitude. Puis le lecteur (une version anonyme, introuvable sur les sites dédiés où l’écoute d’extraits m’a horripilé) est simplement génial. Affublé d’un léger accent hispanique, chaque chapitre commençant par cette litanie ; « Vous écoutez cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez », ces quelques mots chauds comme une promesse de voyage ont suffi à me plonger instantanément dans le roman. Sa diction était remarquable, son rythme envoutant, il fallait bien cela pour se lancer dans les 14 heures d’écoute . . .

Ce roman est considéré comme un point de repère dans l’édification de l’identité littéraire de l’Amérique du sud.

Marquez crée un univers baroque, magique où réalité et fantaisie se côtoient de manière unique. On est dans un roman historique c’est sûr, mais ce qui s’y passe ne peut avoir lieu dans le monde réel. Mythe, mémoire, prophétie, les frontières sont abolies mais nous n’en avons pas conscience.

Village de Macondo, famille Buendia (« bouènndya »), les péripéties s’enchaînent sur 6 générations et ces noms deviennent tellement familiers que José Arcadio Buendia, son fils le colonel Aureliano Buendia, et son petit-fils Arcadio le dictateur me semblent exister réellement aujourd’hui.

Lisez ce roman qui contient à lui seul toute la mémoire de l’Amérique du Sud mais bien plus encore.

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L'Automne du patriarche

Wouaouh ! Quel bouquin !

Préparez vous à l'apnée littéraire, la jouissance du mot, la schizophrénie de l'écriture, attendez vous à suer, à vous essouffler, à souffrir, à supporter les pires odeurs, ce livre, c'est bien plus qu'un roman. Avez-vous déjà lu un roman où plusieurs personnes parlent à la première personne du singulier dans une même phrase, ne vous attendez pas à un récit linéaire, rigoureux, le temps n'a plus de forme, dans ce roman, le temps incalculable de l'éternité va se terminer car chaque phrase est une éternité. le roman est constitué de six chapitres, un seul paragraphe par chapitre, et parfois une seule phrase… Ouf ! Laissez-moi reprendre ma respiration...

Le récit raconte la vie de ce général improbable, d'un petit pays des Caraïbes, à partir du jour de sa mort (normal, c'est Gabriel Garcia Marquez qui raconte !), jusqu'au jour de sa mort, pratiquement toute l'histoire se passe dans sa résidence, le texte est une longue logorrhée constituée de bribes de témoignages accumulés, on s'embrouille parfois, on s'y perd, et les mots chantent, ont des couleurs, de la lumière, des sons… et tant d'autres vertus au delà de nos sens, les pires horreurs deviennent des merveilles et vice versa. L'écriture de Gabriel Garcia Marquez est unique, fantastique, bariolée, baroque et vulgaire à la fois, lire ce livre est une expérience unique qui va bien plus loin que celle de “Cent ans de solitude”. Il pousse les possibilités des mots au delà des limites, il triture la syntaxe pour en faire quelque chose d'inédit.

C'est une relecture, 35 ans après, il m'avait vraiment impressionné à l'époque, mais j'avais oublié à quel point, il reprend directement la première place sur mon île déserte. Il y a des livres fous, géniaux, il y en a d'autre qui font réfléchir, qui font rêver, qui nous réveillent, qui nous remuent, des livres ou l'écriture et époustouflante, celui-ci est tout cela et bien plus encore.

Quel putain de bouquin !
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Cent ans de solitude

Que dire de ce chef d’œuvre ? Il marque pour moi, la découverte de cette littérature sud-américaine et de son « réalisme magique » si particulier. Epopée foutraque et sensuelle où passent guerilleros et révolutions , des enfants à queue de cochon et des fantômes attachés à des arbres . Une merveille
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Mémoire de mes putains tristes

Un narrateur dont on ne connaît pas le nom (décidemment, c'est une manie dansles romans pour ce Challenge 15 Nobel) se réveille la veille de ses 90 ans. Dans sa jeunesse, cet homme a assidûment fréquenté les maisons closes de sa ville - au point d'être plusieurs fois couronné "client de l'année" par plusieurs d'entre elles - mais, à la veille de son anniversaire, il se rend compte que cela fait près de vingt ans qu'il a cessé cette pratique. Pourtant, Rosa Cabarcas, une tenancière de maison close qu'il a bien connue, l'a souvent relancé...

Aujourd'hui, notre homme se sent près à retrouver les chambres de Rosa. Mais il impose à Rosa une condition : la fille qu'elle lui fournira doit être vierge.



Gabriel Garcia Marquez est l'un de mes auteurs préférés. Sa plume magnifique lui permet de transformer les sujets les plus scabreux en véritable poésie ; ainsi, dans ce Mémoire de mes putains tristes, la simple description d'une maison close délabrée devient un vrai poème, car l'auteur a la bonne idée de nous parler de l'environnement qui l'entoure : la forêt toute proche, le vent qui souffle doucement dans le peu de cheveux que son héros conserve sur son crâne, la chaleur moite de cette ville sud-américaine que le narrateur connaît si bien,...

Les principaux thèmes traités par Garcia Marquez dans ce court roman sont la vieillesse et - aussi étrange que cela puisse paraître étant donné le titre - l'amour. Le narrateur se réveille un beau matin à l'aube de son 90e anniversaire et ne sait toujours pas comment il a atteint ce jour. Lui se sent encore jeune ; ce sont les autres et certains objets (notamment les miroirs) qui lui renvoient l'image d'un homme âgé. D'après lui, les changements physiques que l'on remarque chez soi-même sont tellement infimes que la vieillesse nous tombe dessus sans crier gare. Et, alors que mentalement, on a toujours 20 ans, physiquement, on a l'air centenaire.

Ce genre de réflexion nous accompagne tout le long du récit, car notre narrateur écrit des chroniques pour un journal local et décide justement, dans les premières pages du récit, que sa chronique hebdomadaire sera consacrée à son anniversaire.

Le second thème récurrent est, comme je l'ai signalé plus haut, l'amour. Car contre toute attente, notre héros tombe amoureux de la jeune fille que Rosa Cabarcas a déniché pour lui. Il ne connaît même pas le nom de cette fillette (car elle n'a que 14 ans) pauvre, mais décide de l'appeler Delgadina.

Peu à peu, sa passion pour Delgadina commence à l'envahir tout entier : il ne pense plus qu'à elle et s'imagine même la voir près de lui dans sa maison, quand il travaille ou quand il lit. Notre héros rajeunit de vingt ou trente ans, allant jusqu'à faire de la bicyclette dans les rues de sa ville sous les yeux ébahis des passants (la bicyclette est en réalité destinée à Delgadina, mais notre homme ne résiste pas à l'envie de la tester). Ses chroniques dominicales pour le journal deviennent de véritables lettres d'amour à la jeune fille et commencent à inspirer de nombreux lecteurs, qui n'hésitent pas à se manifester à la rédaction du journal.

Le plus étrange dans l'histoire, c'est que malgré - ou peut-être à cause de - cette passion dévorante, la relation entre Delgadina et notre narrateur reste presque totalement platonique : quelques caresses et quelques baisers de sa part sont les seuls contacts physiques échangés entre ce couple pas comme les autres.

Il est donc étrange de lire un tel récit, mêlant les vies d'un vieux bonhomme de 90 ans et d'une jeune vierge qui pourrait être son arrière-petite-fille. Mais Gabriel Garcia Marquez est le spécialiste des récits étranges, à la limite du merveilleux et, une fois encore, son talent de conteur est parvenu à me passionner pour ce récit atypique, que j'ai lu en quelques heures à peine. Mêlant avec beaucoup de talent l'humour et la mélancolie, Mémoire de mes putains tristes aborde des thèmes universels (même si sa manière de les aborder diffère des récits habituels à ce sujet). Vieillir et aimer n'est-ce pas le sort de chacun d'entre nous ?



Challenge 15 Nobel : 11/15
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Nous nous verrons en août

Passons outre le débat sur la légitimité de la parution de ce roman posthume...et les longues postfaces justifiant sa parution...revenons à l'essentiel, la lecture d'un roman de Gabriel Garcia Marquez dans lequel on retrouve les thèmes chers à l'auteur, la fugacité de l'amour, ses mensonges, l'humanité du sexe, la recherche d’un équilibre entre les sentiments et le plaisir.

Le personnage principal est « (…) Ana Magdalena Bach (…) âgée de quarante-six ans, dont vingt-six vécus en bon termes avec son mari (…) », chaque 16 août elle se rend sur l’île où est enterrée sa mère et y passe une nuit dans « l’hôtel le plus vieux et le plus déchu de tous. » avant de prendre le bac du retour le lendemain matin à neuf heures.

Elle comprendra au fil du récit pourquoi sa mère a choisie d’être enterré dans cette île, et comment par-delà la mort sa mère continue de diriger sa vie…

Ce 16 août-là, « (…) elle se sentit délurée, allègre, capable de tout (…) » ; au bar de l’hôtel, « Le pianiste attaqua le Clair de lune de Debussy dans un arrangement hasardeux pour boléro (…) » ; « (…) juste en face d’elle, un homme singulier vêtu de lin blanc(…) » ; le lendemain au réveil « (…) la conscience brutale qu’elle avait forniqué et dormi pour la première fois de sa vie avec un homme qui n’était pas son mari la foudroya. »

« L’homme (…) lui avait ouvert les yeux sur la réalité de son mariage, jusqu’alors soutenu par un bonheur de convention qui esquivait les divergences pour ne pas trébucher contre elles, comme on cache la poussière sous le tapis. »

Elle se rassure, « Au moins cinq de ses amies s’adonnaient à des amours furtives qui les assouvissaient en même temps qu’elles préservaient la stabilité de leur union matrimoniale. » et « (…) cette coucherie sans amour qu’elle considéra, en son for intérieur comme une affaire entre elle et son mari (…)» ne la regarde qu’elle, tant qu’il l’ignore.

J’ai retenu de ce roman, même si le thème en est trivial, la capacité de Garcia Marquez à nous faire entrer dans le personnage d’Ana, à nous faire comprendre la motivation de ses actes, à douter avec elle, à partager ses certitudes critiquables. Elle seule détient la clef de sa liberté et la possibilité d’un retour à ce qui jusqu’alors avait été pour elle la norme. Plusieurs fois elle évite la sortie de route.

Le roman pose la question du mensonge et de la possibilité de vivre éternellement avec un secret dont on sait que sa divulgation mettre à bas non seulement nos certitudes bancales mais aussi celles de ceux avec lesquels nous vivons.

Il explore également la relation des vivants à la mort et à leur façon de rendre hommage aux disparus.

Avec l’espièglerie qui le caractérise, l’auteur sème le récit de références littéraires - l’Etranger d’Albert Camus, l’anthologie des contes fantastiques de Borgès et Bioy Casares, Le journal de l’année de la peste de Daniel Defoe, le Dracula de Bram Stoker- musicales – Aaron Copland, Le beau Danube bleu, le concerto pour violon de Brahms, Mozart et Schubert mort à 35 et 31 ans ; Ernest Chausson mort d’une chute de bicyclette – mais aussi d’autres comme la référence à l’école Montessori…

Un roman qui m’a permis de retrouver l’auteur que je n’avais pas lu depuis sa dernière publication.

A lire assurément…









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Chronique d'une mort annoncée

Tout a déjà été dit : petit roman aussi court qu'exceptionnel, nouvelle où les sentiments et l'inéluctable sont parfaitement représentés, ...



C'est un petit bijou que nous a offert là Garcia Marquez !



Lisez-le si comme moi vous étiez passé à côté. Cela en vaut vraiment la peine !
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Cent ans de solitude

Lorsque la famille Buendia s'exile vers une contrée reculée, encore inhabitée, pour y fonder Macondo, on l'imagine livrer un combat contre une nature vierge et hostile avec tous les dangers auxquels se confrontent les pionniers. On se rend très vite compte que Gabriel Garcia Marques ne fait que transplanter la graine de l'humaine condition dans une terre nouvelle pour l'y observer dans sa germination et sa croissance. Espérant sans doute la voir tirer enseignement d'une civilisation qui a montré ses imperfections et lui donner l'occasion de nourrir une nouvelle prospérité.



Il s'affranchit de la contrainte du tangible dans le seul but de se focaliser sur les thèmes qu'il veut développer avec l'artifice d'un laboratoire à ciel ouvert. L'expérience démontrera pourtant rapidement que, peu importe le terroir, les gènes prévalent. La petite société ainsi constituée reproduit à son niveau les travers que la culture à plus grande échelle avait développés. La plante humaine reste humaine. La transplantation n'a pas épuré son ADN des tares congénitales et originelles qui la caractérisent.



La dérision peut se montrer d'une redoutable efficacité pour traiter de sujets graves. Autant qu'un réalisme magique pour focaliser sur le fond du sujet et s'affranchir d'une forme trop encombrée de ses codes moraux et sociaux, quand ce n'est pas mystiques. Carcan cousu au fil de l'histoire et propre à distraire de l'essentiel. Les références bibliques sont pourtant lisibles. Mais pourquoi refaire le scenario d'une genèse quand un est déjà prêt pour servir de support à une démonstration.



Observateur froid et objectif de l'expérience, le narrateur regarde prospérer les nouveaux sujets, les décrivant retourner à leurs vieux démons, "prisonnier de la solitude et de l'amour et de la solitude de l'amour", mais leur ôtant la gravité "à prouver l'existence de Dieu à l'aide de subterfuges au chocolat."



La consanguinité origine de tous les maux. L'observation d'une communauté réduite au périmètre de Macondo peut-elle avoir valeur de généralisation ? le petit cercle, symbolisé par celui que trace le colonel Aureliano autour de lui, peut-il s'extrapoler à l'échelle de la planète, pour prouver l'enfermement de l'humaine condition dans le cycle de l'éternel recommencement, éternelle dégénérescence ? N'y a-t-il point d'échappatoire à toutes ces obsessions qui font rejaillir "les plus anciennes larmes de l'humanité." D'échappatoire à cette condition qui "poussent des gamines à se mettre au lit pour ne plus avoir faim."



Même si j'ai peiné sur l'arborescence d'un arbre généalogique dans lequel on confond ramure et racines, qui se termine en queue de cochon, je n'ai pu qu'applaudir des deux mains ce burlesque sévère et foisonnant. Il n'est que de lire à la page 440, éditions Points, le viol consenti d'Amaranta Ursula par Aureliano – je ne sais plus le combien, mais cela importe peu. C'est ce genre de ravissement à la virtuosité qui nous fait rejoindre la voix de ceux qui plaident pour classer cet ouvrage parmi les cent meilleurs de tous les temps.



Au lecteur d'être à la hauteur !



"Il ne lui était jamais venu à l'idée que la littérature fût le meilleur subterfuge qu'on eût inventé pour se moquer des gens, comme le démontra Alvaro au cours d'une nuit de débauche. Il fallut un certain temps à Aureliano pour se rendre compte qu'un jugement si arbitraire n'avait d'autre source que l'exemple même du savant catalan, pour qui le savoir était peine perdue s'il n'était possible de s'en servir pour inventer une nouvelle manière d'accommoder les pois chiches."

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Cent ans de solitude

Je n’avais jamais rien lu de tel, c’est à la fois exaspérant et jubilatoire. Comment rester insensible à cette histoire tirée par…une queue de cochon ? Au final, on se trouve un peu penaud d’avoir attendu si longtemps pour pénétrer cet univers onirique dont la découverte vous a été tellement recommandée…

Au début est l’amour ; mais ils sont cousins et leurs parents craignant que leurs enfants ne se voient affligés comme un autre cousin « d’une queue de cochon qui lui couta la vie le jour où un ami boucher s’offrit à la lui couper d’un coup de hachoir »s’opposent à leur mariage. « José Arcadio, avec l’insouciance de ses dix-neuf ans, résolut le problème avec une simple phrase : peu m’importe d’avoir des petits cochons pourvu qu’ils parlent ».

Alors José Arcadio et Ursula s’enfuient et arrivés nulle part fondent un village, qu’ils nomment Macondo, puis une famille avec trois enfants : José Arcadio, Aureliano et Amaranta. La saga des Buendia (bonjour en espagnol) commence ainsi ; dès le début on est pris de vertige par un récit surnaturel et fantastique dans un environnement parfaitement rationnel.

Pour achever d’égarer le lecteur qui s’obstinerait à rester cartésien, les prénoms des différents membres de la famille sont redondants et ce sur sept générations. On tente bien de dresser un arbre généalogique pour retrouver la filiation des différents personnages mais c’est rapidement, au fil des naissances hors mariages et des adoptions successives, peine perdue. Il y a toujours un José Arcadio ou un Aureliano pour ne pas être celui que vous croyez qu’il est.

Pendant plus de cent ans va défiler, un peu comme sur les feuilles perforées du piano mécanique offert par le soupirant d’une des filles de la maison, le destin de la famille au milieu de l’histoire (très) agitée de la Colombie : ses guerres civiles, ses révolutionnaires, son église et ses bananeraies gérées par « les amerloks » (l’United Fruit Co n’est pas citée mais on la reconnait) dont le quartier « clôturé par un grillage électrifié » est comparé à « un gigantesque poulailler ».

Les thèmes se succèdent et s’interpénètrent (comme les membres de la famille et du village) : l’isolement (plutôt que la solitude du titre), l’inceste qui va avec l’isolement, l’amour (plutôt physique au gré d’une nature très généreuse pour certains des mâles Buendia), la guerre et le désir de pouvoir qui s’abrite derrière les idéaux révolutionnaires.

L’église (nous sommes en Amérique Latine) est elle aussi présente sans modération : l’un des arrières petits enfants sera, dès sa naissance, destiné par sa mère à devenir…pape ! Certains autres dont la naissance et la filiation incertaines pourraient poser problème sont déclarés trouvés dans un panier d’osier (le Nil n’est pas évoqué mais on ne peut s’empêcher d’y penser) ; une des filles disparait dans les cieux (à la manière de l’assomption de la Vierge Marie) et la pluie dure si longtemps (« il plut pendant quatre ans onze mois et deux jours ») qu’il est impossible de ne pas songer à un déluge biblique.

Le choix d’un narrateur anonyme permet de débiter d’un ton détaché et tout à fait normal des événements qui ne le sont pas du tout. Ce décalage fait le sel extraordinaire de ce récit improbable.

Les personnages reçoivent la visite des morts et les vivants choisissent le jour et l’heure de leur trépas. C’est très pratique car il est ainsi possible de remettre au futur mort les courriers des vivants à destination des morts plus anciens… «vers trois heures, il y avait déjà une grande boite pleine de missives. Ceux qui préféraient ne pas écrire confièrent à Amaranta des messages oraux qu’elle consigna dans un cahier avec le nom du destinataire et sa date de décès…ne vous faîtes pas de soucis…la première chose que je fais en arrivant, c’est de demander à le voir pour lui remettre votre message».

« Ursula dut fournir un gros effort pour respecter sa promesse de mourir quand il aurait cessé de pleuvoir »

Le récit est truffé d’images parfois très poétiques, parfois très drôles :

« Cette passion s’avérait si pressante, alors qu’ils s’apprêtaient à manger, (qu’) ils reposaient les couverts pour s’en aller dans leur chambre mourir de faim et d’amour »

« Le père Nicanor était un vieil homme endurci par l’ingratitude de son ministère »

« Ce grand escogriffe dont les vents faisaient se faner les fleurs »

« Le colonel Aureliano Buendia fut à l’origine de trente-deux soulèvements armés et autant de fois vaincu. De dix-sept femmes différentes, il eût dix-sept enfants mâles. Il échappa à quatorze attentats, à soixante-trois embuscades et à un peloton d’exécution. Il survécut à une dose massive de strychnine…qui eût suffi à tuer un cheval…mais jamais il ne permit qu’on le prenne en photo »

« Aux femmes qui l’assiégèrent de leur convoitise,…il proposa de se mettre en loterie à dix pesos le numéro… et lorsqu’il ne resta plus que deux papiers au fond du chapeau, on put établir de qui il s’agissait _ Cinq pesos de plus pour chacune, proposa José Arcadio, et je me partage entre vous deux »

« La guerre, reléguée au grenier des mauvais souvenirs trouva un éphémère rappel dans l’éclatement des bouchons de champagne ».

Ces quelques citations ne sont qu’un infime échantillon de ce qu’on trouve dans cette (très) extraordinaire saga de la famille « Bonjour » qui se termine, bien entendu, en «queue de cochon ».

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Douze contes vagabonds

Douze contes tous aussi différents les uns des autres dans le style incontestable de Gabriel Garcia Marquez. Il faut trouver la réponse à l'écriture et au choix des contes dans le prologue qu'a écrit l'auteur. Je cite : "Lorsque j'ai commencé "Chronique d'une mort annoncée", en 1979, j'ai constaté qu'entre un livre et un autre je perdais l'habitude d'écrire et qu'il m'était de plus en plus difficile de me remettre au travail. Alors, entre octobre 1980 et mars 1984, je me suis imposé la discipline d'écrire chaque semaine un récit pour des journaux de différents pays, afin de garder la main...

... les douze contes de ce livre. Au mois de septembre 1991 et après deux autres années de travail discontinu, ils étaient prêts à être publiés... Comme j'avais décrit les différentes villes d'Europe où ils se déroulent en faisant appel à ma mémoire et de loin, j'ai voulu mettre à l'épreuve la fidélité de souvenirs vieux de presque vingt ans, et j'ai fait un rapide voyage de reconnaissance à Barcelone, Genève, Rome et Paris.

Ni les unes ni les autres n'avaient plus rien à voir avec le souvenir que j'en avais... Et pourtant, je tenais la solution. J'avais enfin trouvé ce qui me manquait pour terminer mon livre et que le seul cours des ans pouvait me donner : la perspective du temps.

À mon retour, après ce voyage heureux, j'ai récrit tous les contes du début à la fin en huit mois fébriles au long desquels je n'ai eu nul besoin de me demander où finit la vie et où commence l'imagination ...

Prologue écrit à Cartagena de Indias, avril 1992.

— De préférence à une analyse des contes qui sont très courts, j'ai choisi d'évoquer les motivations qui ont amené Gabriel Garcia Marquez à les écrire.
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