À l'occasion de la 20ème édition du festival "Quais du Polar" à Lyon, Gabino Iglesias vous présente son ouvrage "Le diable sur mon épaule : un barrio noir" aux éditions Sonatine.
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Note de musique : © mollat
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Par exemple, pour ce qui est de mon arrivée aux Etats-Désunis, tout a commencé dans le club de Mexico, El Colmillo. Une boite assez mal fréquentée, surtout l'arrière-salle. Un peu comme une jolie fille avec un cul crade.
Le problème de l'humanité, c'est que quelles que soient les horreurs qu'on imagine, elle sera toujours capable de faire pire. Nous sommes des êtres vils et abjects qui se vautrent dans la fange qu'ils ont créée, les yeux tournés vers un ciel empoisonné qu'ils ont peuplé de fantômes qui les aident à trouver le sommeil la nuit et qui leur fournissent des excuses pour faire ce qu'ils font.
Quand tu traverses la frontière, celle-ci conserve une partie de toi. Elle te coupe jusqu'à l'os, t'empêchant de cicatriser. Elle perfore des endroits qu'aucune lame ni aucune balle ne peut atteindre et elle te mutile d'une manière que tu ne peux pas comprendre.
Quand on t'enlève un être cher, non seulement l'illusion s'effondre, mais c'est comme si tu te retrouvais soudain jeté dans un cachot, entouré de murs oppressants. La haine devient un cancer qui te ronge de l'intérieur et le seul remède est la vengeance. Le sang. L'action. Les gens disent tout un tas de conneries sur la vengeance, mais comment quelque chose qui paraît si bon, si libérateur, et si légitime pourrait-il être mauvais ?
— Je sais pas où t’as vécu, tout ce temps-là, mais figure-toi qu’il y a beaucoup de gens qui peuvent pas blairer ton accent et ta couleur de peau. T’as la chance d’avoir des papiers, c’est déjà ça, mais t’auras beau te les agrafer sur le front, ça fera pas changer d’avis tous les racistes de ce pays, tu vois ce que je veux dire ? Avec cent mille dollars en poche et un costume sur mesure, tu vaudras toujours moins qu’un Blanc avec vingt dollars dans son portefeuille et un jean troué.
Parce que même si Dieu est d'excellent conseil, il y a des situations où il vaut mieux se laisser guider par le diable.
Je n'avais jamais compris comment on pouvait juger un être humain à sa couleur de peau ou à son origine. Un tel niveau de stupidité me dépassait.
Il existe un endroit par-delà le chagrin où les sentiments sont si puissants qu'aucun mot ne peut les décrire.
La frontière est un endroit où les ossements ne sont jamais enterrés assez profond et où les larmes des familles brisées et le sang des innocents se mêlent aux plantes, à l'air et à la terre. C'est cette noirceur qui donne au fleuve sa couleur verte et son odeur si particulière. Certaines choses ont un fond tout en demeurant insondables. Et l'obscurité infinie tapie dans cette artère de jade pousse certains Blancs à appuyer sur la détente, même si c'est une femme ou un enfant dans le viseur.
Quand tu traverses la frontière, tu voles en éclats, tu cesses d'être toi et tu deviens une nouvelle personne qui n'a sa place nulle part, qui n'a ni foyer ni racines. Revenir en arrière est impossible et avancer équivaut à sauter dans un ravin en croisant les doigts pour qu'il ne soit pas trop profond, pour que les pierres ne t'ecorchent pas trop dans ta chute et pour que le monstre qui t'attend au fond ne soit pas trop affamé.
Je songeai que religion et violence allaient souvent de pair dans leur façon de flirter avec la mort, mais qu'à la fin, c'était systématiquement la mort qui remportait la partie.