Citations de Fred Uhlman (246)
Certains affrontent la mort avec indifférence, non parce qu’ils sont courageux, mais parce qu’ils ont moins d’imagination.
Un ami pour qui j'aurai volontiers donné ma vie.
Puis la fierté de son maintien, ses manières, son élégance, sa beauté.
Mais en étais-je bien certain? Etait-il absolument hors de question que la porte pût s'ouvrir pour lui laisser passage? Et n'étais-je pas, en cet instant même, en train de prêter l'oreille pour entendre son pas?
Je saisis le fascicule et j'étais sur le point de le mettre en pièce lorsque, au dernier moment, je retins ma main. M'armant de courage, tremblant, je l'ouvris à la lettre "H" et lus:
"Von Hohenfels, Conrad, impliqué dans le complot contre Hitler. Exécuté."
Politics were the business of grown-up people ; we had our own problems to solve. And of these we thought the most urgent was to learn how to make the best use of life - quite apart from discovering what purpose, if any, life had and what the human condition would be in this frightening and immeasurable cosmos. These were questions of real and eternal significance, far more important to us than the existence of such ephemeral and ridiculous figures as Hitler and Mussolini.
L'homme peut être libre sans être grand, mais aucun homme ne peut être grand s'il n'est pas libre.
Khalil GIBRAN
Et moi même son fils, je ne pouvais m'empêcher de voir que ma mère-qui n'a jamais été très coquette- était belle. Je n'ai jamais oublié le jour- j'avais alors six ou sept ans- où elle entra dans ma chambre pour m'embrasser et me dire bonsoir. Elle était habillée pour un bal et je la regardais fixement comme si elle eût été une étrangère. je m'accrochai à son bras, refusant de la laisser partir, et me mis à pleurer, ce qui la bouleversa. Eût-elle pu alors se rendre compte que je n'étais ni malheureux, ni malade, mais que dans mon émotion je venais de la voir objectivement, pour la première fois de ma vie comme une créature séduisante avec une personnalité bien à elle ?
Je ne puis me rappeler exactement le jour où je décidai qu'il fallait que Conrad devînt mon ami, mais je ne doutais pas qu'il le deviendrait. Jusqu'à son arrivée, j'avais été sans ami. Il n'y avait pas, dans ma classe, un seul garçon qui répondît à mon romanesque idéal de l'amitié, pas un seul que j'admirais réellement et qui eût compris mon exigence d'une confiance, d'une abnégation et d'un loyalisme absolus.
Il entra dans ma vie en février 1932 pour n'en jamais sortir. Plus d'un quart de siècle a passé depuis lors, plus de neuf mille journées fastidieuses et décousues, que le sentiment de l'effort ou du travail sans espérance contribuait à rendre vides, des années et des jours, nombre d'entre eux aussi morts que les feuilles desséchées d'un arbre mort.
"Je puis me rappeler le jour et l'heure où, pour la première fois, mon regard se posa sur ce garçon qui allait devenir la source de mon plus grand bonheur et de mon plus grand désespoir." #Julien
"Ne les vois-tu pas brûler? m'écriai-je avec désespoir. N'entends-tu pas leurs cris? Et tu as l'aplomb de justifier la chose parce que tu n'es pas assez courageux pour vivre sans ton Dieu. De quelle utilité est pour toi ou pour moi un Dieu impuissant et cruel? Un Dieu assis sur les nuages et tolérant la malaria, le choléra, la famine et la guerre?"
Noble est
celui qui tombe au front de la
bataille,
combattant bravement pour son
pays natal,
et pitoyable est celui qui, choisissant d'ètre
un renégat,
un sans-patrie, de ses champs fertiles a pris
la fuite.
Désormais, la question essentielle n'était plus de savoir ce qu'était la vie, mais de décider de ce qu'il fallait faire de cette vie sans valeur, et pourtant, en quelque sorte, d'un prix unique. Comment l'employer ? Pour quelle fin ? Seulement pour son propre bien ? Pour le bien de l'humanité ? Comment tirer le meilleur parti de cette mauvaise affaire ?
(Folio p 53)
... il n'existait pas de père divin ou, s'il existait, il ne souciait pas de l'humanité et, par conséquent, était aussi inutile qu'un dieu païen.
Mon père détestait le sionisme. L'idée même lui paraissait insensée. Réclamer la Palestine après 2000 ans n'avait pas pour lui plus de sens que si les Italiens revendiquaient l'Allemagne parve qu'elle avait été jadis occupée par les romains. Cela ne pouvait mener qu'à d'incessantes effusions de sang car les juifs auraient à lutter contre tout le monde arabe.
Il entra dans ma vie en février 1932 pour n'en jamais sortir.
Tu savais que la terre avait au moins deux ou trois mille millions d'années, qu'elle durerait jusqu'à ce que le soleil refroidisse et qu'alors toute trace de vie disparaîtrait. L'homme civilisé, au regard de l'éternité, n'existait que pendant l'espace d'une seconde et une autre seconde suffirait pour qu'il disparaisse à jamais, avec toutes ses oeuvres: de Rembrandt à Michel-Ange, d'Homère à Shakespeare.
Quand je te reprochai d'avoir là une vision désespérée de l'existence -- si toutefois tu disais la vérité -- qui ne pouvait que conduire au suicide et que je te demandai comment tu faisais pour affronter la vie, tu me répondis que bien qu'au regard de l'univers aucun être humain n'eût d'importance, il n'en restait pas moins vrai que certaines choses comptaient au niveau de la vie personnelle. Les relations humaines par exemple, en particulier l'amitié, l'amour, la loyauté, l'honnêteté, la beauté, la vérité et la compassion. Cela aussi n'était qu'illusion mais donnait en quelque sorte un sens à la vie. Il fallait faire comme si Dieu existait, comme si la vie était importante -- car elle l'était pour chacun d'entre nous. C'est bien ce qui rendait intolérable la destruction des vies humaines, surtout pendant les guerres, car chaque existence était aussi unique qu'une étoile.
Bien entendu, quelques Allemands ont inévitablement croisé mon chemin, de braves gens qui avaient fait de la prison pour s'être opposés à Hitler. Je me suis assuré de leur passé avant de leur serrer la main. Il faut être prudent avant d'accepter un Allemand. Qui sait si celui auquel on parle n'a pas trempé ses mains dans le sang de vos amis ou de votre famille? Mais, pour ceux-là, aucun doute n'était possible. En dépit de leurs états de services dans la résistance, ils ne pouvaient s'empêcher d'éprouver un sentiment de culpabilité et j'en avais du regret pour eux. Mais, même avec eux, je prétendais avoir du mal à parler allemand.
Jusqu'alors, j'avais pris comme allant de soi l'existence d'un Dieu tout-puissant et bienveillant, créateur de l'univers. Mon père ne m'avait jamais parlé de religion, me laissant le libre choix de ma croyance. Je surpris un jour une conversation où il disait à ma mère qu'en dépit du manque de preuve contemporaine, il croyait qu'un Jésus historique avait existé, un Juif d'une grande douceur, d'une grande sagesse, qui enseignait la morale, un prophète comme Jérémie ou Ézéchiel, mais ne pouvait absolument pas comprendre que quiconque pût tenir ce Jésus pour le "Fils de Dieu". Il trouvait blasphématoire et répugnante la conception d'un Dieu omnipotent capable de regarder passivement son fils subir cette atroce et lente mort sur la croix, un "père" divin, qui n'éprouverait même pas, comme un père humain, l'impulsion d'aller au secours de son enfant.
Mes blessures ne sont pas cicatrisées et chaque fois que l'Allemagne se rappelle moi, c'est comme si on les frottait de sel.
Comment eût-il pu, lui ou quiconque au XXe siècle, croire au diable et à l’enfer ?