AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de François Ruffin (101)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Ce pays que tu ne connais pas

Ruffin, c'est le député-reporter, modèle de représentation parlementaire, tant il à tissé de liens avec la France, « notre » France - Oligarchie auto-bannie. C'est le mec qui fait rentrer le peuple, en maillot de foot, à l'Assemblée ; ce qu'on lui a vivement reproché, retenue sur salaire en prime.



Ruffin, c'est aussi un homme de coeur. Ça crève les yeux comme une balle de LBD40. Un coeur à Gauche pour équilibrer un esprit droit. Un coeur capable de saigner des blessures du peuple, innervé qu’il est, pour mieux en dénoncer les causes, tenter quelque chose.



Ruffin écrit, Ruffin décrit. La vie de ces « Jojo » en gilet jaune et des autres ; sans gilet de sauvetage eux, mais dans la même galère. Ça rame dans la cale, sécession sur le pont.

Éparpillées aux quartes vents, des fragments de vie dépeignent une France omise des capitaines, invisible même, haut-perchée qu’est la vigie Elyséenne.



Ruffin accuse, Ruffin excuse. Tantôt cynique, tantôt critique, c’est aussi la vie du jeune M-o-n-a-r-c* qu’il décortique.

Cette France, il tente de lui faire comprendre pourquoi il ne peut pas la comprendre. Comprendra-t-il ? Lira-t-il au moins ?

Rien n'est moins certain...

Enarque, Banquier, Ministre… du Candidat au Chef d'Etat, une collection de titres, un palmarès sinistre pour un tel cuistre.

Tout ça bien sûr, au seul mérite.

« -Merci copain.

-De rien Lapin ».

Insatiable séducteur, accumulateur de sponsors. Arnaud, Niel, Drahi… bien pratiques pour l'arène médiatique. Hermand, Jouyet, Attali... bien pratiques pour l’arène étatique.



Ruffin, c'est pas de la littérature, c'est le cri des vies qu'on rature.



* Anagramme fortuit
Commenter  J’apprécie          837
Ce pays que tu ne connais pas

On ne présente plus François Ruffin, député LFI, journaliste (fondateur de Fakir), documentariste (Merci Patron!) et surtout défenseur des plus humbles. On ne présente pas non plus Emmanuel Macron...

Curieusement, ces deux hommes que tout oppose se connaissent de longue date puisqu'ils fréquentaient le même lycée, celui de La Providence à Amiens. Mais s'ils se sont côtoyés dans leur jeunesse, ils n'ont jamais sympathisé et suivront des chemins bien différents, faculté de lettres et école de journalisme pour l'un, ENA pour l'autre. 



En 2017, Emmanuel Macron devient Président et François Ruffin, député de la Somme sous l'étiquette de La France insoumise. Il n'y a plus d'amitié possible. 



Quand, fin 2018, le mouvement des gilets jaunes se déploie sur toute la France, François Ruffin est à leurs côtés. Partageant les sandwichs, se chauffant les mains aux braseros des ronds-points, le journaliste recueille la parole de ceux qui ne s'expriment jamais, ceux que Jean-Pierre Raffarin appelait "La France d'en bas". Ce sont des caissières, des ouvriers, des auxiliaires de vie. Ils s'appellent Patrice, Martine ou Mohammed. Ils sont français, ils travaillent et pourtant ils n'arrivent pas à joindre les deux bouts. S'ils sont là, dans le froid, c'est pour crier leur colère et leur déception. Car parmi eux, certains ont voté Emmanuel Macron, persuadés qu'avec lui, leur vie serait un peu meilleure. Mais un an plus tard, le constat est amer. Leur vie n'a pas changé, c'est la même, en un peu pire.



Alors en cette fin 2018, François Ruffin rédige "Ce pays que tu ne connais pas", une longue lettre ouverte au Président de la République. Retraçant le parcours d'Emmanuel Macron depuis ce fameux lycée d'Amiens, François Ruffin analyse cette formidable ascension vers le pouvoir. Car dès l'ENA, de bonnes fées, déguisées en puissants hommes d'affaires se sont penchées sur le berceau politique d'Emmanuel Macron, lui ouvrant un impressionnant carnet d'adresses et lui offrant de solides soutiens financiers. Puis les médias ont pris le relais, ce fameux "quatrième pouvoir" qui peut faire et défaire la carrière d'un homme en quelques articles. Emmanuel Macron a très tôt compris l'utilité de se constituer un réseau influent et toute cette partie du livre consacrée aux amitiés utiles, aux complicités médiatiques qui ont ouvert la voie vers l'Elysée est passionnante.



Alors oui, François Ruffin est un homme en colère, un homme de combat. Et ce qu'il reproche à Emmanuel Macron n'est pas tant de côtoyer "La France d'en haut" que de ne pas voir celle d'en bas. Il dénonce l'imposture d'un homme qui, alors qu'il préparait son élection, a fait croire à beaucoup de français qu'il défendait aussi des valeurs de gauche. Mais comme le souligne si bien François Ruffin, pouvait-il encore défendre ces valeurs, une fois installé sur le trône? Car accepter l'aide de banquiers et d'hommes d'affaires, c'était déjà choisir son camp et, surtout, c'était s'engager à ne pas le trahir. 



Derrière l'humour qui souvent m'a fait rire, le livre est un document à charge, c'est vrai. Mais c'est bien plus qu'un cri de révolte, c'est aussi le fruit d'un long travail de recherche, richement documenté. En homme droit et intègre, François Ruffin a voulu mettre des noms sur ces "grosses ficelles", ces hommes influents qui attachent Emmanuel Macron. Il pointe aussi du doigt les dérives d'une ambition démesurée. Mais surtout, il a voulu donner une voix à tous ceux que la misère a réduits au silence. Ceux-là dont le bulletin de vote compte autant que le bulletin d'un ministre mais qui n'iront plus forcément voter, parce qu'ils ne croient plus en rien. C'est pour eux que François Ruffin est devenu député, par amour, tout simplement. Car l'homme a le cœur pur et incroyablement généreux. Il s'est placé du côté des faibles pour leur montrer qu'ensemble ils pouvaient devenir forts. Et s'il siège à l'Assemblée, ce n'est ni pour la gloire ni pour les grasses indemnités qu'il reverse d'ailleurs en partie à des associations. Contrairement à nos dirigeants, sa richesse ne se compte pas en actions Pfizer. Le trésor de François Ruffin, c'est le lien fraternel et la clarté d'une vie politique sans compromis.

Commenter  J’apprécie          5417
Ce pays que tu ne connais pas

Après dix-huit mois de mandature et un événement social considérables (le mouvement des Gilets Jaunes), François Ruffin a décidé de publier un nouvel essai journalistique, Ce pays que tu ne connais pas, écrit comme un appel à la raison et au réel adressé au président de la République Emmanuel Macron.



Une construction duelle

François Ruffin a décidé de construire ce nouveau récit politique par un face-à-face entre deux personnalités liées par un même lieu : un lycée d’Amiens, où se sont côtoyés sans se connaître Emmanuel Macron et François Ruffin justement. L’un est devenu président de la République, l’autre son opposant. Comment est-ce possible et qu’est-ce qui les différencie tant ? alors qu’on pourrait supposer qu’un parcours similaire aurait pu les rapprocher, c’est l’inverse qui se produit. Dans ce face-à-face sociologique, l’auteur se met en scène, comme il le fait dans ses deux films (Merci patron ! et J’veux du soleil !, ce dernier co-réalisé avec Gilles Perret), mais met en lumière un troisième personnage, qui est la constante référence pour jauger l’un et l’autre à l’aune de l’actualité : le peuple. Comment Emmanuel Macron et François Ruffin pensent-ils leur rapport aux classes populaires ? L’avantage d’une telle construction est qu’elle permet de mettre facilement en perspective des prises de position différentes sur des événements communs (cet ouvrage est publié en plein mouvement des Gilets jaunes, ce n’est évidemment pas anodin) et des moments personnels de chacun des deux protagonistes.



Un style pamphlétaire

Afin de réaliser ce duel politique, François Ruffin a opté pour un style franc et direct, comme il en a l’habitude en fait dans d’autres publications qu’il a déjà réalisées. Cet ouvrage se veut une adresse directe au président Macron afin de régler le principal problème de son pouvoir « jupitérien » : son éloignement constant de la vie quotidienne de la plupart des gens, des classes populaires. Pour montrer cet état de faits, l’auteur use donc de phrases parfois crues, parfois alambiquées, mais toujours dans un but précis : démontrer la déconnexion chronique du pouvoir présidentiel d’avec ses administrés. Faisant partie de la classe moyenne intellectuelle qui sait que le basculement de sa classe doit se faire d’abord dans les esprits, l’auteur fait acte militant avec cet ouvrage et nous fait réfléchir, en tant que lecteur et citoyen, à notre proximité très relative avec M. Macron et notre proximité bien plus réelle avec ceux que François Ruffin vient faire témoigner par son discours.



Du pur journalisme de terrain

On peut détester le personnage, trouver le style trop direct même, mais par contre il est difficile de ne pas voir dans cet ouvrage une belle forme de journalisme de terrain. Bien sûr, le député-reporter est parti sur le terrain avec un angle de reportage, mais il a surtout accumulé chiffres accablants, anecdotes croustillantes et interviews en masse. On en apprend de belle, évidemment. Les lecteurs du journal Fakir (« Journal fâché avec tout le monde. Ou presque ») ne seront pas perdus, puisqu’on retrouve ici le ton volontairement roublard du reporter amiénois. C’est ainsi l’occasion de faire se côtoyer au sein d’un même récit et de pages communes l’aide-soignante au bord du burn-out et le banquier d’affaires qui oublie qu’il y a des gens derrière les millions d’euros qu’il administre, l’ouvrier et le représentant politique qui lui rend visite sans piger un broc de qu’il fait toute la journée, ou même le chômeur et l’homme politique qui va l’enjoindre à ne pas attendre tout de l’autre. L’ensemble est efficace par son caractère implacable.



Ce pays que tu ne connais pas est donc un bon essai d’actualité qui saisit la portée des structures dans notre prise en compte de la réalité ; dommage bien sûr que l’auteur lui-même fasse ce comparatif instructif avec le président Macron, mais il n’empêche que l’exercice fait mouche et est bien utile en ce moment.



Commenter  J’apprécie          390
Ce pays que tu ne connais pas

Les portraits de deux adolescents sont extraits de vieilles photos de classe et sont associés dans un montage. A gauche, François Ruffin, les épaules voûtées, semble réservé et mal à l'aise. A droite, Emmanuel Macron affiche sous les boucles de ses cheveux un sourire enjôleur. Les deux hommes ont fréquenté le même établissement privé à Amiens mais leurs destins ont suivi des voies diamétralement opposées. Dans « Ce pays que tu ne connais pas », François Ruffin s'adresse directement à Emmanuel Macron. Ses propos sont – on s'en doute – féroces. Il lui reproche son arrogance, son mépris et son manque d'empathie. Des défauts qu'il cherche à comprendre, parfois avec maladresse quand il tente de fouiller la psyché de l'élu. Heureusement, l'auteur quitte rapidement la veine pamphlétaire. Il est bien plus redoutable quand il retrace la trajectoire éclair de son rival qui ne doit rien au hasard ou à la chance. Emmanuel Macron a travaillé pendant des années* à se construire un réseau, à additionner les amitiés, à fréquenter les grands patrons et les cercles du pouvoir. Autant de soutiens précieux pour sa future campagne qu'il saura remercier une fois élu. L'auteur dénonce une élite politique et économique solidaire, organisée et cupide qui nage dans le grand bain du conflit d'intérêt. Je connaissais mal le travail de François Ruffin (je n'ai jamais lu son journal et je n'ai pas vu son documentaire). Ce livre semble se nourrir des articles et des ouvrages préalablement publiés. Il rappelle ses combats menés comme journaliste ou député (Whirlpool, Goodyear, le scandale de la Dépakine). Il nous fait part de son goût pour le réel et de sa volonté de plonger dans l'arrière-cour de la «mondialisation heureuse», de partir sur les routes à la rencontre des « laissés pour compte » pour les écouter et leur donner la parole. Dans « Ce pays que tu ne connais pas », François Ruffin poursuit son projet de représenter le « pays réel » et de dénoncer l'imbrication du pouvoir politique, du pouvoir de l'argent et du pouvoir des médias. Une entreprise qu'il mène avec passion (depuis vingt ans), talent et... désintérêt.







* Ruffin cite l'ancien secrétaire d'Etat Christian Eckert qui révélait dans son livre qu'à Bercy, les Macron organisaient simultanément un apéritif et deux dîners dans trois salles de réception avant de rejoindre une autre sauterie en seconde partie de soirée. Tout ça sur le budget du ministère et pour préparer une campagne personnelle…

Commenter  J’apprécie          382
Je vous écris du front de la Somme

Curieux de savoir ce que contenait cet essai de François Ruffin, je n'ai pas été déçu du voyage.

L'auteur illustre par les faits qu'il rapporte, les propos de l'anthropologue du bassin minier Séréna Boncompagni " le grand enjeu politique qui prédispose à un vote Rassemblement National, c'est l'assistanat."

A la question lancinante de savoir pourquoi l'électorat ouvrier a déserté les partis de la gauche traditionnelle Ruffin apporte des réponses concrêtes qui dépassent les postures d'appareil.

Loin de considérer que ces électeurs épousent toutes les thèses du FN, il apporte avec précision une analyse très fine de la réalité de ce que vit cet électorat au quotidien, dont la gauche traditionnelle ne parle jamais.

Il fustige ainsi des postures trop souvent partisanes prenant en compte plus des logiques d'appareils que la volonté d'apporter des réponses à ces attentes.

Il explique notamment, comment par une action de terrain, à l'écoute des électeurs, par exemple à Amiens Nord, la tendance au vote FN a pu être inversée, ce qui pouvait sembler hors d'atteinte.

Mais dit-il, "(...) je ne veux pas devenir l'arbre qui cache la forêt." en pointant du doigt la submersion par le FN de nombreuses régions de France.

Il appelle la gauche à un sursaut et à une requalification de son logiciel anti RN, marqué par des slogans qui n'ont plus cours et ne signifient rien aux yeux de ceux qu'ils sont sensés faire changer d'avis.

Les "jugements" fustigeant les électeurs et non pas les raisons qui les poussent à faire le choix RN "(..) signent surtout notre renoncement."

Le coup est rude, mais salutaire !

Il enfonce le clou : il n'y a "pas de déterminisme géographique." "il ne faut pas opposer quartier et campagne" même si les résultats électoraux peuvent laisser entendre le contraire.

"JLM bien en avant dans les cités, en retrait dans les zones pavillonnaires."

C'est la politique d'accession à la propriété à marche forcée, pronée par tous les gouvernements depuis 40 ans, souvent pour des raisons opposées, qui est la cause de situations économiques inextricables, lorsque les services publics disparaissent, que l'emploi se délocalise, que la voiture devient essentielle pour la vie de tous les jours.

Comment faire alors ?

Travailler et vivre ensemble répond Ruffin.

En privilégiant le terme travail, il s'inscrit en faux contre les thèses sur "la fin du travail" ou même le "revenu universel". Mais il ne se situe pas pour autant du côté de l'utopie, mais du côté d'une utilisation différente des gains de productivité dans les entreprises pour la redéployer vers des tâches aujourd'hui essentielles et non financées comme celles liées à la transition écologique.

Le vivre ensemble repose sur des projets nationaux dont le pays manque cruellement depuis 40 ans. Projets nationaux reposant sur la reconnaissance des métiers oubliés ou jugés mineurs.

"C'est là que la gauche a perdu : qu'a-t-elle à dire sur le travail, aux travailleurs, de leur utilité ? Alors que c'est une leçon du premier confinement (...) la société a besoin de travail mais de quel travail ? (...) (former aux métiers) qui oeuvrent au bien commun"



Un souffle d'oxygène sur le débat politique qui manque d'ampleur aujourd'hui et se perd dans les méandres des appareils....







Commenter  J’apprécie          352
Ce pays que tu ne connais pas

A mon humble avis, ce livre est une fine et brillante analyse du personnage présidentiel Macron.

Quelle pertinence !

La transition d'un personnage à l'autre se fait tout en justesse, aussi touchante que révoltante.

Ce livre me paraît être d'utilité publique pour tout ce qui est écrit dedans et surtout parce qu'il me fait l'effet d'être une soupape de sécurité, mais jusqu'à quand ?

Du grand François Ruffin !
Commenter  J’apprécie          352
Le temps d'apprendre à vivre : La bataille de..

En partant de témoignages de personnes ayant des difficultés à joindre les deux bouts, depuis quelques années, François Ruffin développe son argumentation autour du modèle capitaliste qui exige toujours plus de nous, provoquant stress, burn-out et manque de disponibilités pour des besoins élémentaires tels que la vie familiale, le soutien et tout simplement le temps de respirer et profiter.

Il en vient enfin à cette réforme qui fait l'actualité, fruit de ce modèle capitaliste qui va à l'encontre de notre bien-être mais aussi, plus largement, de l'environnement, un manque de discernement, ou de préoccupation, qu'il reproche au gouvernement actuel.

François Ruffin explique de manière claire, simple et compréhensible ce vers quoi devraient se tourner nos élus avant de penser à cette réforme et propose un autre modèle.

J'ai trouvé ce court essai très intéressant et convaincant, donc merci à Babelio pour cet envoi; j'ai constaté aussi que Ruffin avait déjà écrit pas moins de 24 autres ouvrages dans lesquels j'ai bien envie de me plonger.
Commenter  J’apprécie          284
Ce pays que tu ne connais pas

Ce livre est surtout une analyse de la bêtise sidérale des chers électeurs qui votent sans barguigner depuis la IIIème république pour des élus adoubés par l 'oligarchie financière française, lesquels parfaitement dressés, feront exactement là ou elle leur dira de faire



Merci donc cher François de nous tendre ce miroir ou peut se contempler génération après génération, la matière première qui nourrit les puissants.
Commenter  J’apprécie          267
Ce pays que tu ne connais pas

En ce début d’année 2019, l’actualité est chargée pour François Ruffin ! Après l’annonce de la sortie de son nouveau documentaire intitulé « J’veux du soleil » et consacré aux Gilets jaunes (vu et avant-première, à voir absolument !), le député de la Somme sort en parallèle un livre surprise consacré cette fois au président. Une sorte de biographie non officielle de Macron, dont Ruffin oppose le parcours au sien. Ce n’est aujourd’hui un secret pour personne, bien que les deux hommes se connaissent depuis peu, le hasard fait qu’ils ont grandi dans la même ville (Amiens) et ont fait leurs études dans le même lycée privé (la Providence) à peu près au même moment (il s’agissait en fait d’un camarade de classe de sa sœur aînée).



Les similitudes s’arrêtent toutefois là : Ruffin opte rapidement pour une carrière de reporter en Picardie et se met au service de tous « ces gens qu’on ne voit pas » : les intérimaires, les aides-soignants/aides-soignantes, les chômeurs/chômeuses, les ouvriers/ouvrières… Du journalisme (il créé son journal « Fakir » en 1999 et écrit pour Le Monde diplomatique ou encore Acrimed), il passe à l’écriture (« Les Petits Soldats du journalisme », « Leur grande trouille »…), puis au cinéma (avec son documentaire consacré à Bernard Arnoult : « Merci patron ! »), puis à la politique, avec son élection en 2017 en tant que député de la première circonscription de la Somme. Si la méthode change, l’objectif reste toutefois le même : donner de la visibilité à cette « France d’en-bas », celle qu’on ne voit ni à la télévision, ni dans les journaux, et encore mois dans les institutions : « 88 % des personnes montrées dans les sujets d’information appartiennent au CSP+. La même chose qu’à l’Assemblée : les ouvriers-employés comptent pour 2,7 % des députés. Quand les diplômés – médecins, avocats, DRH, consultants, enseignants, journalistes… - trustent les sièges. Et ce Parlement se prétend « représentation nationale » ! Étrange démocratie où la majorité est invisible. ». Avec beaucoup d’humilité et de lucidité, Ruffin nous parle de son travail, de son long combat sur le terrain auprès des travailleurs en passe d’être licenciés, des précaires, des oubliés, bref, de « ceux qui ne sont rien ». Il nous parle aussi de ses prises de consciences depuis son accession au statut de député, de la quasi-absence de contre-pouvoir (« Je ne veux plus de président, tout court, plus de président-soleil, astre autour duquel la vie tourne, avec sa cour et ses députés-toutous, président qui concentre en lui (presque) tous les pouvoirs, plus intelligent que soixante millions d’habitants, et qui se prend tantôt pour « la figure du roi absent », tantôt pour « quelque chose de napoléonien », le président-despote, comme Montesquieu définissait le despotisme : ce régime « où un seul entraîne tout par sa volonté et par ses caprices »), à la parodie de débat et de démocratie qu’offre cette Assemblée qui vote au pas et à des cadences infernales (« Avec les missions et les commissions, les projets de lois, dont vous nous gavez, à nous faire siéger du lundi au dimanche, sept jours sur sept, et des sessions extraordinaires l’été, tous les jours et parfois la nuit, à faire passer le glyphosate à 2 heures du matin. Quel temps me reste-t-il pour les gens ? Pour respirer ? Pour lire ? Pour écrire ? Pour penser ? »).



Le véritable sujet du livre de Ruffin n’est toutefois pas lui-même, mais sa Némésis : Emmanuel Macron. Macron dont il retrace lui aussi le parcours, en s’appuyant sur les biographies officielles, les interviews, les articles de presse. Un parcours en totale opposition avec le sien, celui d’un homme charismatique qui n’a pas son pareil pour séduire ses interlocuteurs, et qui a toujours gravité dans le même cercle : celui de l’argent et du pouvoir. Les « gens qui ne sont rien », Macron ne les côtoie pas, il ne les connaît pas. Non, son entourage à lui, c’est plutôt « les premiers de cordés » : des milliardaires, des énarques, des banquiers d’affaires et des patrons de grandes entreprises ou de grands médias. Autant de gens qui auront, chacun leur tour, un rôle déterminant dans la carrière de cet homme qui prétend (avec un aplomb formidable) qu’il s’est « construit tout seul ». Tout seul, mais avec l’aide tout de même de ses « amis » du Medef, d’Henry Hermand (c’est lui qui réglera le mariage des Macron au Touquet et qui signera au couple un chèque de 550 000 euros pour l’achat de leur appartement à Paris), de Jean-Pierre Jouyet (ancien secrétaire d’état sous Sarkozy, ancien banquier, ancien inspecteur général des finances qui l’introduira dans l’équipe de campagne de François Hollande), de Xavier Niel (PDG de Free qui court sur toutes les antennes vanter les qualités de ce « super président »), de Bernard Arnault (patron de LVMH et première fortune française avec qui Macron déjeune régulièrement), et puis de Patrick Drahi, de Bolloré, de Lagardère… Bref, le gratin ! C’est édifiant, c’est révoltant, et le pire, c’est l’arrogance, c’est l’hypocrisie qui permet à cet homme qui prétend « s’être fait tout seul » de sortir qu’un chômeur ne doit pas « tout attendre de l’autre » ou que la vie politique doit être moralisée : « Dès votre élection, vous avez promu une « loi de moralisation de la vie publique » Vous ! Vous qui incarnez la corruption d’un système pourri, mité, d’une démocratie décrépite, digérée par l’oligarchie, si sûre de sa force qu’elle installe son banquier à l’Élysée ! Vous, avec votre entourage, qui n’est fait que de ça, de conflits d’intérêts, de stock-options, de conseils d’administration, de collusion avec les firmes privées ! Et « moralisation » ! Vous osez tout ! ».



Avec « Ce pays que tu ne connais pas », François Ruffin signe une tribune à charge contre Macron dont il démystifie brillamment l’image qui nous est vendue depuis des années sur les papiers glacés des magasines et dans les reportages complaisants. D’un petit génie ayant accédé aux plus hautes fonctions de l’état à force de travail et de détermination tout en se prétendant de gauche (« mais la gauche, ça se mérite ! »), Macron est ravalé au rang d’intellectuel raté, charismatique, oui, mais dont le seul mérite réside dans le fait d’avoir bien su s’entourer de gens puissants qui l’ont porté jusqu’au sommet de l’état. Un sommet en haut duquel les Marie, les Peggy, les Zoubir, bref, les gens ordinaires qui constituent la majeure partie de la population française, n’existent tout simplement pas.
Commenter  J’apprécie          233
Paix intérieure et paix sociale

Un petit livre stimulant, qui fait du bien, qui invite à sortir de la résignation, c'est toujours bienvenu dans une société qui cherche quand même plus souvent à éteindre qu'à stimuler ce quelque chose en nous qui nous dépasse, cet élan qui nous pousserait à agir pour autre chose que notre intérêt personnel, pour un monde plus juste, meilleur.

La démarche est plutôt sympa: un dialogue entre un député athée et un évêque - la religion et la politique sont deux domaines très clivants, du coup, dans une période où on a tendance à se recroqueviller dans notre bulle, « la culture du dialogue » revendiquée par Adrien Louandre, à l'origine du projet de ce livre, est appréciable.

Au-delà de leurs divergences, François Ruffin et Mgr Olivier Leborgne se retrouvent dans une opposition commune à un ultralibéralisme qui soumet tout au profit, dans leur refus d'un économisme étroit qui fait peu de cas de l'humanité.

Le livre aborde des thèmes importants dans la réflexion de l'un ou l'autre des interlocuteurs, par exemple le problème de la répartition des richesses: « les 9,3% de la valeur ajoutée qui, en trente ans, ont glissé de la part du travail à la part du capital, ce qui représente trois semaines de congés payés par an; le triplement des dividendes des actionnaires passés de 4% à 12%; les 500 premières fortunes de France qui ... ont vu leur part dans le PIB passer de 6 à 24% ». Malgré cela, lorsqu'un rapport parlementaire explique que la maltraitance dans les EHPAD est causée par les sous-effectifs de personnels, la ministre répond que « La France n'en a pas les moyens budgétaires » alors qu'on vient de supprimer l'impôt sur la fortune pour les actionnaires sans que cela pose aucun souci budgétaire malgré le coût de 3,5 milliards d'euros.

Autres sujets abordés: l'urgence des combats à mener pour ce qui concerne l'écologie; les migrants et les rapports entre l'Occident, les multinationales, et les pays du Sud; les lanceurs d'alerte; le fait d'être habité par le Christ ou par des hommes qui ont mené des combats qui les dépassaient et qui vous portent au-delà de vous-même; le sentiment d'impuissance, la résignation, qui affaiblissent la vie démocratique...



Merci aux Éditions TempsPrésent et à Babelio pour ce livre intéressant, qui se lit bien tout en abordant de vrais problèmes.
Commenter  J’apprécie          220
Paix intérieure et paix sociale

Un petit livre en passe de devenir mon livre de chevet ...

Une petite cinquantaine de pages qui se lisent simplement, au détour d'un petit moment de pause dans nos vies trépidantes. Il est bien rare que je relise un ouvrage, et celui-ci en fait partie.

Une sorte de bouée à laquelle j'ai tendance à m'accrocher, vers laquelle j'aime à revenir, comme un temps de respiration et d'espérance ...



J'admets volontiers que mon introduction à ce billet est un peu ... Exagérée peut-être ? Et pourtant ... Ce "dialogue" entre Mgr Olivier Leborgne, évêque d'Amiens, et @ François Ruffin, député France Insoumise de la Somme, est vivifiant à bien des égards.



Il souffre bien sûr du défaut de ce type d'ouvrage. Le terme de dialogue est un peu excessif, puisque le livre n'est que la retranscription des réponses faites par ces deux hommes publics aux questions posées sur la spiritualité, la foi, la politique, l'engagement dans la cité, et tant d'autres thèmes que je ne saurais tous les énumérer ici. C'est d'ailleurs le second écueil de cet ouvrage, ou plus exactement son côté très frustrant ! J'aurais tant aimé que cet échange soit plus long, plus étoffé, que chacun puisse, en temps réel, réagir aux propos de l'autre ...



Reste que cet opuscule revêt pour moi un caractère essentiel. D'une part parce que mon histoire personnelle, du point de vue de mes croyances politiques et religieuses, me rapprochent des idées défendues, évoquées par Mgr Leborgne et François Ruffin. La "bonne sœur rouge" à l'origine de leur rencontre est une de mes tantes ... Les chiens ne font pas des chats, selon l'expression consacrée ... D'autre part parce que ce dialogue, même en partie fictif, est porteur d'espérance et d'humanité, de foi en l'homme. Parce que ces lignes, tout autant qu'elles dressent un constat parfois terrible - et surtout terriblement lucide, par exemple sur les ravages de l'ultra libéralisme ou de l'individualisme à outrance - portent en elles une invitation à se battre, à s'investir, chacun à son niveau, avec ses moyens, et au-delà de toute considération partisane. Symboliquement, cette invitation, ces mots, sont ceux d'un athée revendiqué (c'est du moins comme çela que je le ressens) et d'un prélat de l'Eglise catholique. J'ai parfois ressenti durant cette lecture un même sens de l'engagement, un même appel à une forme de résistance que dans le petit opus de Stéphane Hessel, "Indignez-vous".



De la parole aux actes ... Le pas est parfois bien grand, mais nul doute que je me replongerai de nouveau dans ces pages pour y puiser une foi en l'homme et en ses justes et légitimes combats sans cesse renouvelée.
Commenter  J’apprécie          212
Ce pays que tu ne connais pas

J’ai longtemps hésité à l’acheter et à lire ce texte. J’ai pris une claque avec l’Archipel Français de Jêrome Fourquet. Avec ce brûlot je prends un crochet du gauche.

Je vous écris ce que ce document m’inspire :



- Ce document m’a mis mal à l’aise.

- Je suis dégoûté par Monsieur Emmanuel Macron, ce n’est pas quelqu’un de bien, il oublie son peuple, il est tenu en laisse par sa caste.

- Du coup j’ai envie qu’il s’en aille, simplement.

- C’est un livre qui donne envie de se révolter contre toutes les injustices qu’il dénonce.

- Oui, comme Monsieur François Ruffin je n’ai pas envie de voir changer la devise d’origine « Liberté, Egalité, Fraternité » de mon grand pays la France, même si elle est pure illusion, remplacé par « Inégalité, Loi de la jungle, Optimisation fiscale ».

- Parce que je préfère cette illusion ou nous sommes Libres.

- Parce que mon cœur aime le partage.



Le plus grave est cette laisse qui entrave la liberté de choix de Monsieur Macron. Bref, à vous de comprendre ce document orienté France Insoumise, à vous de juger. Je passe à autre chose avec joie.

Commenter  J’apprécie          202
Je vous écris du front de la Somme

En introduction de ce court ouvrage, François Ruffin s'excuse du style de cet essai en expliquant que son activité de député ne lui laisse pas suffisamment de temps pour se retirer et se consacrer à l'écriture, mais il aurait été dommage qu'il ne publie pas ces réflexions sur la place du travail dans la société. On pourrait certes déplorer un côté un peu décousu, mais le contenu est tellement intéressant que cela ne m'a absolument pas dérangée.

François Ruffin écrit du front de la Somme, mais il aurait tout aussi bien pu écrire depuis la Lorraine (région également touchée par la désindustrialisation et confrontée à la montée du RN), et c'est sans doute pour cela que ce livre m'a tant touchée et intéressée.
Commenter  J’apprécie          190
Ce pays que tu ne connais pas

Ce livre est un pamphlet, un réquisitoire, une lettre ouverte… C'est une attaque virulente, violente, contre le président Macron. Qu'on attende pas ici de la nuance ; c'est une attaque contre Emmanuel Macron, et, un point, c'est tout !... C'est d'ailleurs un petit peu le petit point négatif de ma lecture : un peu de réflexion, un peu de mise en perspective n'aurait pas fait de mal. Toutefois, pour l'essentiel, je pense que ce texte demeure bon ; c'est-à-dire, que, si la mise en perspective manque, ce texte est néanmoins très efficace. On sent l'indignation de François Ruffin, et on la partage.

Il faut prendre ce texte pour ce qu'il est : une attaque contre Emmanuel Macron, avec les défauts inhérents au genre, et notamment le manque de nuance, mais aussi tout ce que le genre peut offrir d'intéressant.
Commenter  J’apprécie          190
Ce pays que tu ne connais pas

L'Insoumis François Ruffin nous livre ici un pamphlet anti-Macron. Il fait habilement alterner des portraits d'hommes et de femmes rencontrés sur le terrain avec des épisodes éclairants de la vie d'Emmanuel Macron. Surgissent deux mondes qui s'opposent : celui de l'oligarchie et, pour le dire simplement, le peuple. De par son parcours de vie, Macron ignore le peuple, et ne l'appréhende qu'à travers les chiffres et une idéologie, le néolibéralisme, pensée unique véhiculée par son parcours scolaire jusqu'à l'Ena et entretenue par ses fréquentations.

Voilà donc le livre (parfois trop vite écrit, mais c'est une question de point de vue et de sensibilité) d'un militant, d'un homme engagé, sincère, conséquent et profondément humain.
Commenter  J’apprécie          181
Ce pays que tu ne connais pas

François Ruffin a publié sans prévenir “Ce pays que tu ne connais pas”, une longue lettre au vitriol à Emmanuel Macron. Voici ce qu’on peut en retenir.

Le premier uppercut de Ce pays que tu ne connais pas (Les Arènes), le livre au vitriol de François Ruffin adressé à Emmanuel Macron, vient de la citation mise en exergue. Elle est signée Paul Ricœur, le philosophe dont le chef de l’Etat se dit proche, et qu’il considère comme son mentor : “Le danger aujourd’hui, est que la direction des affaires soit accaparée par des oligarchies de compétences, associées aux puissances d’argent”. Pendant 218 pages, le député de la Somme, membre du groupe parlementaire de la France insoumise (LFI), s’applique à montrer que cette mise en garde était prophétique, et qu’Emmanuel Macron l’a lui-même réalisée.

Dans Ce pays que tu ne connais pas, le député-reporter accuse le chef de l’Etat de surdité sociale : “Vous parlez d’une France que vous ne connaissez pas, c’est ‘le monde social vu d’en haut’, aplani, aplati, comme Yann Arthus-Bertrand regarde la Terre depuis son hélicoptère”. Il remonte pour cela à l’époque où tous deux ont fréquenté le même lycée huppé, celui de La Providence, à Amiens. Ruffin en profite pour dissiper le mythe selon lequel ils s’y seraient connus, et que leur rivalité daterait de cette époque. En fait, ils ne se sont “jamais croisés” : “Nos deux années d’écart, et ma discrétion, nous en ont prémunis.” Seule sa sœur, plus âgée, l’a connu : “On se tirait la bourre pour la première place, lui confie-t-elle. On s’entendait plutôt bien. Les vieux l’adoraient.” Ruffin dit garder de cette époque la hantise des grilles qui le coupaient du reste du monde. Ces grilles qui, aujourd’hui, se seraient refermées sur l’actuel chef de l’Etat, le rendant hermétique au “peuple” sans qu’il s'en soit même rendu compte, au point qu’il est devenu le “président des ultra-riches”.

Au fil des chapitres, le député-reporter, qui fait coup double avec son film sur les “gilets jaunes”, J’veux du soleil (sortie prévue le 3 avril), retrace leurs destins croisés. Alors que le président, dont il fustige la “morgue”, ne regarde plus les citoyennes et les citoyens “qu’à travers des statistiques, des rapports, des textes de loi”, lui se dit “boulimique du réel, jamais mieux qu’au milieu d’eux, plongé dans le peuple”.

"De la lutte des salariés d’Ecopla à celle des ouvriers de Whirlpool, en passant par Goodyear, il relate ses rencontres avec les invisibles de la République, au fil des fermetures d’usines. Et le parcours parallèle de l’énarque devenu banquier d’affaires, ministre, puis président grâce au réseau qu’il s’est tissé dans la France d’en haut. “De votre naissance jusqu’à aujourd’hui, vous êtes le fruit de l’entre-soi bourgeois. Vous êtes le produit d’une ségrégation sociale, hors du peuple, loin du peuple, et maintenant contre le peuple”, assène François Ruffin, avec la même verve qui l’avait poussé à écrire sa fameuse “lettre à un président haï”.

Dans ce réquisitoire qui semble avoir été écrit d’une traite, comme poussé par l’explosion sociale qui secoue la France depuis le 17 novembre, François Ruffin convoque donc des éléments de ses reportages passés pour Là-bas si j’y suis (l'émission défunte de France Inter) ou Fakir, pour donner chair à la souffrance sociale qu’Emmanuel Macron ignore à ses yeux. En négatif, rejoignant l’analyse des sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot dans leur dernier livre, il entend montrer l’illégitimité de M. Macron, dont l’élection relèverait d’un “cas d’école qui marque l’imbrication du pouvoir politique, du pouvoir de l’argent, et du pouvoir des médias”. Apparemment écrit dans l’urgence, de la même manière que son film, J’veux du soleil, a été tourné et monté en un temps record, le petit livre rouge de Ruffin prend donc la forme d’un pamphlet sans concessions. Il le confesse d’ailleurs : “Tel est mon ADN professionnel, personnel : une certaine sauvagerie”.

On apprend donc peu de choses – l’hostilité tenace de François Ruffin envers Emmanuel Macron n’est pas un secret. Hormis peut-être cette anecdote sur la venue du candidat d’En marche ! sur le site de Whirlpool, le 26 avril 2017. Ce jour-là, Emmanuel Macron, qui passe après le coup de com’ réussi de Marine Le Pen, est chahuté par la foule. Ce serait grâce à François Ruffin et à un délégué CFDT, Patrice Sinoquet, que le candidat aurait sauvé sa chemise. “Vous mesurez le paradoxe ? Ce sont vos deux opposants les plus résolus qui, ce jour-là, peut-être, vous ont sauvé la mise. Moi, bon, mon CV, vous le connaissez. Mais Patrice Sinoquet, délégué CFDT, certes, mais militant frontiste aussi, un historique, tendance Jean-Marie. La vie est étrange, non ? Car nous vous avons bel et bien épargné, sinon la violence et les coups, le goudron et les plumes, du moins les cris, les crachats, les jets de canettes, les ‘Macron dégage !’ qui auraient plombé votre image, qui auraient signé le divorce, définitif, d’emblée, avant même le scrutin, entre vous et cette France en souffrance”, écrit Ruffin.

Sur le fond, le réalisateur de Merci patron ! décrit une France coupée en deux, dans laquelle “88% des personnes montrées dans les sujets d’information appartiennent aux CSP+” (selon le baromètre diversité du CSA), où les ouvriers-employés ne comptent que pour 2,7% des députés à l’Assemblée, et où la classe intermédiaire, qui dispose des armes de ses diplômes, doit faire un choix : “Au service de qui allons-nous mettre nos armes ? Au service des nouveaux seigneurs, ou de leurs serfs ? Vous êtes à l’intérieur, à l’intérieur des grilles, pour l’éternité. J’ai choisi l’autre camp, délibérément, au grand air”.
Lien : https://abonnes.lesinrocks.c..
Commenter  J’apprécie          172
Le temps d'apprendre à vivre : La bataille de..

C'est un ouvrage qui se lit très vite.

Je le recommande car il explique clairement ou nous sommes actuellement.

Il nous montre dans les grandes lignes l'histoire des retraites en France.

Merci Ambroise Croizat qui n'est pas assez connu du grand public.

Monsieur Balladur pourquoi avoir voulu arrêté sur la belle ligné de Ambroise Croizat.

Il pose la question du rapport au temps dans nos sociétés.

La question des répartitions est aussi présente dans se manifeste.

Au début du livre, il y a des témoignages sur des personnes proches de l'âge de la retraite.

Celui de l'aide à domicile m'a beaucoup touché.

Je recommande cet essai de François Ruffin surtout à l'heure ou on veut nous faire travailler plus longtemps.

Merci à lui et son équipe pour avoir fait ce document
Commenter  J’apprécie          150
Paix intérieure et paix sociale

C'est une très douce conversation, un bel entretien, où deux personnes humaines s'écoutent humblement et se répondent avec respect. Il y parlent de sociale, de foi et de relations humaines, de colère et d'amour.

J'ai envie de conclure par deux phrases :



Mgr Leborgne :

... Si l'Église était parfaite, il n'y aurait pas de place pour moi. Or il y a de la place pour tous dans l'Église.



Mr François Ruffin :

Mon christ, c'est d'abord celui qui chassait les marchands du temple.
Commenter  J’apprécie          150
Je vous écris du front de la Somme

François Ruffin a fait un travail de recherche pour l'écriture de ce livre.

Il mentionne des philosophes comme Emmanuel Told.



Je n'ai pas aimé qu'il glorifie Jean Luc Mélanchon et une certaines lecture de sa vision de la gauche.



Néanmoins, je rejoins toutes les autres approches de son livre.



J'ai trouvé malin, le fait qu'il interroge les personnes sur s'il partent en vacances et si quand il était enfant cela était aussi le cas.

Hélas, le constat des vacances en dit long sur notre pourvoir d'achat.



Il y a des témoignages qui date de 2006 dans son essai, c'est regrettable qu'il puisse transposé en 2022 soit 16 ans après .La situation n'a pas changé cela n'a fait que s'érodaient concernant la perte du pourvoir d'achat.



Merci à lui donner de la visibilité aux salariés, aux ouvriers car lui il au moins ne les a jamais oubliés.



C'est livre dresse aussi une analyse claire de pourquoi le RN rassemble d'avantage.



Il y a une idée que je trouve génial et hélas pas assez relayé quand j'ai entendu pour tout le monde.

Que vous soyez Vincent Bolloré , Bernard Arnault ou Yvette à Kernevel, José à Givors vous ayez droit au même prestation sociale et non au de la d'un seul vous avez rien.



François Ruffin montre dans ligne de son livre que le collectif est le plus important.



Au plaisir de lire les prochains.



Commenter  J’apprécie          140
Ce pays que tu ne connais pas

J'avais offert ce livre à un ami admirateur de François Ruffin et proche de La France Insoumise. Il ne l'a pas lu, mais moi oui.

Ce que j'ai lu c'est un homme en colère, une juste colère, un grand humaniste qui n'en peut plus de voir les financiers se rincer la bouche (et autre) sur le dos des gens ordinaires, de ceux qui vont travailler simplement tous les matins. Certes, parfois François Ruffin, dans sa colère, me paraît empreint d'une forme de naïveté. Comme s'il découvrait la collusion de l'argent et du pouvoir. Mais dans ce livre il va au bout. Au bout de la mise en place d'un état totalitaire, privé de médias indépendants (il le démontre avec une force et des précisions consternantes mais implacables), complètement subordonné aux argentiers. Ecrit en 2018-2019, certaines pages prennent une lumière diabolique aujourd'hui. Il faut le lire pour le croire car l'argumentation n'est pas discutable.

Ce n'est certainement pas un chef d"oeuvre littéraire mais la dénonciation de la privation de nos droits fondamentaux peut se passer, me semble-t-il, de fioriture. Et comment comprendre, car François Ruffin démonte pas à pas, ou case par case, comment un petit personnage , en utilisant les financiers et les médias, s'arroge le pouvoir (et donc aujourd'hui tous les pouvoirs)... cela me rappelle quelques-uns tristement connus dans l'histoire.
Commenter  J’apprécie          130




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de François Ruffin (703)Voir plus

Quiz Voir plus

QUESTIONNAIRE LE CID

Qui aime secrètement Rodrigue?(Acte 1)

Chimène
L'infante
Elvire
Leonor

16 questions
576 lecteurs ont répondu
Thème : Le Cid de Pierre CorneilleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}